14.05.2018, 08:06
(Modification du message : 14.05.2018, 08:14 par Hofnarr Felder.)
Bonjour Saeros,
Comme Faerestel, de qui je partage les vues manifestement, je doute que cette nouvelle traduction soit le fait d'un "marchandisage" lié aux films, pour plusieurs raisons :
- il s'est en effet écoulé plus de dix ans entre la parution de ces traductions et les films
- cette nouvelle traduction était appelée de tous leurs vœux par les fans de la première heure de l'ouvrage, et a fait l'objet de très longues concertations avec eux
- le fait justement que les noms ne soient plus les mêmes creusent un peu plus l'écart entre l'adaptation des années 2000 et le lire.
Par ailleurs, je trouve dommage de se focaliser sur le choix des noms, qui ne constitue certes pas l'essentiel de l'ouvrage. D'autant qu'un flou régnait déjà : Tina Jolas, quand elle traduit "Rivendell" pour les Contes et Légendes Inachevés, n'utilise pas Fondcombe : elle garde Rivendell. Francis Ledoux, qui a certes fait un excellent travail, et l'idée n'est pas de lui jeter la pierre, est lui-même passé, de manière un peu déroutante, de "Bilbo Baggins" à "Bilbon Sacquet" d'un livre à l'autre (si bien que tout jeune, à la lecture du Seigneur des Anneaux, je trouvais ce nom proprement odieux). La nouvelle traduction a au moins le mérite (et ce n'est pas le seul) d'harmoniser les traductions du Hobbit, du Seigneur des Anneaux, et de ses appendices ; voire même d'en traduire certaines pour la première fois en français. Rappelons enfin qu'une question de droits obligeait Daniel Lauzon à changer toute la terminologie et le retenait de garder un seul choix de Ledoux, alors même qu'il l'aurait parfois souhaité.
Ensuite, on est forcément tenté de comparer avec l'ancienne traduction, mais c'est un jugement un peu sévère, car la première bénéficie de la relation de familiarité que nous entretenons avec elle. Il est sain, à mon avis, que le traducteur puisse faire un libre choix des termes, sans essayer toujours de se situer par rapport au travail de ses prédécesseurs. Retraduire "par morceaux" aurait donné un tout inhomogène et discordant et une nouvelle traduction d'ensemble était nécessaire (ne serait-ce aussi que parce que le Seigneur des Anneaux, en version originale, n'a pas cessé d'être remanié depuis sa parution il y a plus de soixante ans) et il était sans doute plus simple de reprendre la traduction globalement que de traquer toutes les petites dissonances et tous les changements introduits depuis.
Ce que j'ai personnellement tout spécialement apprécié dans cette traduction, c'est le jeu sur les registres de langage. Les dialogues sont tous succulents, à mon avis, et le personnage de Sam apparaît de manière plus vive et mieux dessiné que précédemment. Après, on peut déplorer, à titre individuel, certains choix (Coureurs, Forêt de Grand'Peur, Fraternité de l'Anneau) mais cela ne devrait peut-être pas obscurcir l'ensemble, qui est très bien pensé et bénéficie d'un effort d'harmonisation inédit en français. Et on peut aussi préférer l'ancienne traduction... Ce n'est certainement pas interdit ! Certains ont raillé l'imparfait du subjonctif employé par Ledoux, mais le style de Tolkien est volontiers suranné, et ce caractère très "1950" était bien rendu par la prose docte et minutieuse de Ledoux.
Enfin, je m'étonne un peu des remarques concernant l'origine québécoise du traducteur. Pour ma part, si on ne m'en avait pas touché mot, j'aurais bien été incapable de m'en rendre compte ; il me semble que le style de Daniel Lauzon s'adresse à tous les lecteurs francophones, sans distinction.
Comme Faerestel, de qui je partage les vues manifestement, je doute que cette nouvelle traduction soit le fait d'un "marchandisage" lié aux films, pour plusieurs raisons :
- il s'est en effet écoulé plus de dix ans entre la parution de ces traductions et les films
- cette nouvelle traduction était appelée de tous leurs vœux par les fans de la première heure de l'ouvrage, et a fait l'objet de très longues concertations avec eux
- le fait justement que les noms ne soient plus les mêmes creusent un peu plus l'écart entre l'adaptation des années 2000 et le lire.
Par ailleurs, je trouve dommage de se focaliser sur le choix des noms, qui ne constitue certes pas l'essentiel de l'ouvrage. D'autant qu'un flou régnait déjà : Tina Jolas, quand elle traduit "Rivendell" pour les Contes et Légendes Inachevés, n'utilise pas Fondcombe : elle garde Rivendell. Francis Ledoux, qui a certes fait un excellent travail, et l'idée n'est pas de lui jeter la pierre, est lui-même passé, de manière un peu déroutante, de "Bilbo Baggins" à "Bilbon Sacquet" d'un livre à l'autre (si bien que tout jeune, à la lecture du Seigneur des Anneaux, je trouvais ce nom proprement odieux). La nouvelle traduction a au moins le mérite (et ce n'est pas le seul) d'harmoniser les traductions du Hobbit, du Seigneur des Anneaux, et de ses appendices ; voire même d'en traduire certaines pour la première fois en français. Rappelons enfin qu'une question de droits obligeait Daniel Lauzon à changer toute la terminologie et le retenait de garder un seul choix de Ledoux, alors même qu'il l'aurait parfois souhaité.
Ensuite, on est forcément tenté de comparer avec l'ancienne traduction, mais c'est un jugement un peu sévère, car la première bénéficie de la relation de familiarité que nous entretenons avec elle. Il est sain, à mon avis, que le traducteur puisse faire un libre choix des termes, sans essayer toujours de se situer par rapport au travail de ses prédécesseurs. Retraduire "par morceaux" aurait donné un tout inhomogène et discordant et une nouvelle traduction d'ensemble était nécessaire (ne serait-ce aussi que parce que le Seigneur des Anneaux, en version originale, n'a pas cessé d'être remanié depuis sa parution il y a plus de soixante ans) et il était sans doute plus simple de reprendre la traduction globalement que de traquer toutes les petites dissonances et tous les changements introduits depuis.
Ce que j'ai personnellement tout spécialement apprécié dans cette traduction, c'est le jeu sur les registres de langage. Les dialogues sont tous succulents, à mon avis, et le personnage de Sam apparaît de manière plus vive et mieux dessiné que précédemment. Après, on peut déplorer, à titre individuel, certains choix (Coureurs, Forêt de Grand'Peur, Fraternité de l'Anneau) mais cela ne devrait peut-être pas obscurcir l'ensemble, qui est très bien pensé et bénéficie d'un effort d'harmonisation inédit en français. Et on peut aussi préférer l'ancienne traduction... Ce n'est certainement pas interdit ! Certains ont raillé l'imparfait du subjonctif employé par Ledoux, mais le style de Tolkien est volontiers suranné, et ce caractère très "1950" était bien rendu par la prose docte et minutieuse de Ledoux.
Enfin, je m'étonne un peu des remarques concernant l'origine québécoise du traducteur. Pour ma part, si on ne m'en avait pas touché mot, j'aurais bien été incapable de m'en rendre compte ; il me semble que le style de Daniel Lauzon s'adresse à tous les lecteurs francophones, sans distinction.