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France Culture a lancé sur les réseaux la question :
Quel est le livre que vous n'avez jamais réussi à terminer ?
Dans ce palmarès Le Seigneur des Anneaux arrive malheureusement en 4ème position.
(Je n'ai cependant pas trouvé le nombre de réponses pour savoir si l'échantillon est significatif.)
https://www.franceculture.fr/litterature...ussi-finir
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
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Pourquoi malheureusement ? Je trouve ça plutôt rassurant qu'il ne soit pas à la première place justement.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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Il aurait quand même été préférable qu'il n'y soit pas du tout
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C'est parce qu'ils ou elles n'ont pas eu dans les mains la nouvelle traduction de Daniel Lauzon.
Anar kaluva tielyanna
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Ou bien qu'ils n'ont lu que les premiers chapitres de la communauté de l'anneau avec les hobbits :p j'avoue que j'ai sauté une centaine de pages avant de vraiment lire le reste...
Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel
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Je trouve ça plutôt représentatif, d'après ce que j'ai entendu ici et là.
On parle de traduction, c'est vrai qu'elle joue un rôle, mais le style de Tolkien n'est déjà pas le plus fluide qui soit.
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La plupart des retours que j'ai reçus font état d'un abandon avant l'arrivée dans la Moria, voir avant Imladris. Heureusement que nos Hobbits ont eu plus de persévérance !
Mais même si le style de Tolkien reste un peu trop riche pour une digestion facile, la traduction peut jouer pour beaucoup, selon qu'elle amplifie ou assouplie les formes du texte originel. En l'occurrence, je trouve que la nouvelle traduction est quand-même beaucoup plus fluide et légère ! Ça faisait un bail que je n'avais plus relu aussi vite le SDA (mais c'est peut-être l'attrait de la nouveauté). J'ai l'impression de découvrir des paysages pour la première fois, un vrai plaisir... Et je cerne bien plus facilement certains personnages, tels que Sam ou Eomer. Il faudrait tester sur des cobayes ayant abandonné en cours de route avec l'ancienne traduction !
I. M.
For east or west all woods must fail...
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Après, il faut remettre en perspective ce résultat : si autant de monde échoue à finir le SDA, c'est peut-être que beaucoup de monde le commence. Ainsi, il y a sans doute moins de monde à abandonner la lecture de l'Assommoir... Pour abandonner un livre, il faut déjà le commencer ! Surtout que quelqu'un qui se met à lire Zola, a priori, c'est quelqu'un qui sait à peu près à quoi il s'attaque. Quelqu'un qui commence le SDA, il y a plus de chance pour que ce soit le premier bouquin qu'il ouvre depuis Harry Potter. Et ce n'est pas une critique, c'est à peu près ce qui m'est arrivé il y a 15 ans
Ceci dit, les personnes sondées sur France Culture ont peut-être, qui sait, lu l'intégralité de l'oeuvre de Zola et bloqué sur Tolkien. C'est arrivé à une ancienne coloc, et on s'aime bien quand même ^^
I. M.
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Les différents abandons dont on m'a parlé c'était :
- le prologue où on comprend pas pourquoi on parle de tout ça
- la vieille forêt et Tom Bombadil, passage trop long
- le conseil d'Elrond, fin du premier livre sans avoir l'impression d'avoir commencé vraiment l'histoire
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
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08.10.2017, 14:38
(Modification du message : 08.10.2017, 14:42 par Hofnarr Felder.)
En même temps, si on regarde le reste du palmarès, le Seigneur des Anneaux n'a pas de raison de pâlir. Il s'agit visiblement des livres dont les gens abandonnent la lecture, alors même que ce sont des monuments reconnus de la littérature. Qu'il y figure est donc, bien au contraire, un gage de reconnaissance plus qu'autre chose.
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(08.10.2017, 14:38)Hofnarr Felder a écrit : En même temps, si on regarde le reste du palmarès, le Seigneur des Anneaux n'a pas de raison de pâlir. Il s'agit visiblement des livres dont les gens abandonnent la lecture, alors même que ce sont des monuments reconnus de la littérature. Qu'il y figure est donc, bien au contraire, un gage de reconnaissance plus qu'autre chose.
Tout à fait, ça fait sérieux
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Ma conjointe adore les films mais n'a jamais réussi à lire le livre. Je pense que le SDA ne s'adresse pas à ceux qui aime uniquement les livres en tant que roman mais qui aiment se plonger dans un univers. Attention je ne dis pas que c'est mieux ou moins bien.
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La traduction de Ledoux a peut-être détourné certains lecteurs, qui sait, mais elle n'a pas empêché beaucoup d'autres d'entrer dans l'oeuvre de Tolkien (traduite) pour autant. Oui, il est intéressant de voir si la situation change avec la nouvelle traduction de Daniel Lauzon (très réussie selon moi, même si je n'ai pas lu l'ensemble).
Mais il faut aussi ou surtout regarder ce qu'il se passe chez les anglophones : là, il n'y a pas de médiation dans le rapport au texte, le rapport est direct.
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(08.10.2017, 13:36)Tikidiki a écrit : On parle de traduction, c'est vrai qu'elle joue un rôle, mais le style de Tolkien n'est déjà pas le plus fluide qui soit.
Pour la traduction, on a effectivement déjà bien parlé des forces et des faiblesses de Ledoux. Mais dire que le style de Tolkien ne serait pas fluide, je n'irais pas forcément jusque là.
Evidemment, si l'on parle du style des CP ou du Sigurd, je veux bien. Mais le Hobbit et le SdA ont un style éminemment fluide.Le seul point éventuellement difficile serait le vocabulaire, extrêmement riche chez Tolkien, donc plus difficilement accessible à quelqu'un pour qui l'anglais ne serait pas la langue maternelle. A ce titre, le SdA est certainement plus difficile qu' Harry Potter...
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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Je pense qu'il s'agit plutôt du style très descriptif que de la façon d'écrire.
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Je le pense aussi. Le voyage de Frodo, Sam et Gollum en Ithilien est un assez bon exemple de suites de descriptions très longues, qui contribuent certes à poser l'univers, à ouvrir sur d'autres horizons, et à nourrir cette atmosphère de richesse et de grandeur qui fait l'une des principales forces de l'œuvre, mais n'en demeurent à mon avis pas moins, du point de vue du rythme de la narration, un frein difficilement discutable.
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Effectivement, le SdA est descriptif. Nettement moins que les romans de Zola ou Balzac, mais ce n'est pas non plus de l'action sans interruption. Cela peut effectivement rebuter ceux qui souhaitent un rythme rapide ou une succession de péripéties alignées les unes derrière les autres.
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Je ne sais pas. Balzac n'est vraiment pas ma tasse de thé mais je trouve les descriptions chez Zola plus à-propos. Elles viennent poser une scène, un tableau, avec quelques traits. Les descriptions tolkieniennes me semblent au contraire s'éloigner de la narration, en divertir. En quelque sorte, si on considère une scène dans une maisonnée, Zola décrira l'intérieur, la chaleur du feu, les ustensiles usuels, le bois rêche de la table, quand Tolkien décrirait les champs qu'on aperçoit par la fenêtre, ce qu'on trouverait en descendant la route qui passe à quelques mètres de la maison, la rivière qui passe à quelques centaines de mètres derrière elle et le bois touffu plus au nord.
Il ne faut pas rentrer dans la caricature. L'écrivain n'effectue pas un choix binaire entre des descriptions à la Tolkien qui peuvent s'étendre sur trois ou quatre chapitres, et des péripéties rebondissantes et palpitantes à la Gemmell. Ursula le Guin, puisqu'elle est populaire ici, me paraît trouver un équilibre beaucoup plus juste. Dans les Tombes d'Atuan, on ne peut pas dire que les péripéties soient nombreuses, et il y a de longs passages descriptifs ; mais tout me semble nourrir un objectif jamais perdu de vue, tout concourt vers un même point de fuite qui ouvre le roman en grand et happe complètement le lecteur dans son atmosphère (oui, j'aime beaucoup ce petit chef d'œuvre moderne).
On peut donc très bien être rebuté par Tolkien, sans pour autant réclamer de l'aventure à tout va. Dans la même ligne, j'évoquerai Lovecraft, dont le style est très pictural ; tout est dans l'atmosphère, la coloration particulière.
Peut-être y a-t-il aussi, chez Tolkien, un décalage entre les longueurs descriptives, et le tour général des événements. C'est la Guerre de l'Anneau, toute la Terre du Milieu est sans dessus dessous et Tolkien nous entraîne faire de la randonnée pendant cent pages. Quand je lis ces passages, il y a toujours en moi quelque chose qui crie "mais qu'est-ce que j'en ai à faire de deux Hobbits qui font de l'escalade dans la rocaille, je voudrais être là-bas, avec Aragorn, avec Merry, avec Gandalf !" Il me semble au contraire que, chez Zola, les descriptions sont plus généralement en début d'ouvrage, ou en début d'acte. Quand l'action démarre, il ne s'en éloigne plus que rarement.
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