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(24.12.2014, 12:29)ISENGAR a écrit : Citation :Ainsi, le nom de famille Deephallow devient Grandcroix, pour bien illustrer la connotation spirituelle du terme original.
Tabernacle ! je n'avais pas vu ça comme ça :p
I.
... Oui, mais d' après Ingieris, on prononce plutôt "tabernak"... si tu veux être dans le coup. Hein ? Bon.
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Bonjour,
Je viens de remarquer un petit détail :
Dans le tome I de la nouvelle trad. du SdA, toutes les mentions "Angmar" sont sous la forme "de l'Angmar" :
Citation :le Sire-Sorcier de l'Angmar - p.20
le mal venu de l'Angmar - p.244
gagnés par l'ombre de l'Angmar - p.265
Sauf là, où la version "d'Angmar" est utilisée :
Citation :le roi maléfique de Carn Dûm, au pays d'Angmar - p.194
Pourquoi cette différence ?
(Surement due à une obscure règle orthographique )
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13.02.2015, 15:43
(Modification du message : 13.02.2015, 15:45 par Daniel Lauzon.)
Après "pays de", je ne mets pas souvent l'article défini. Pensez-y : "le pays du Mordor", ça sonne faux : il y a redondance sur le plan grammatical. Je pense que l'usage me donne raison là-dessus. Toutefois de façon générale, je mets l'article devant tous les noms de pays (Beleriand, Gondor...) et Angmar ne fait pas exception.
Pour "Sire Sorcier de l'Angmar", je crois que j'aurais pu faire un choix différent : j'ai peut-être été trop pressé de "rétablir" l'usage correct pour le nom Angmar, qui n'est pas différent de Gondor ou Mordor. Mais on aurait pu avoir "Sire Sorcier d'Angmar" comme on a "Roi de France" (i.e. pas d'article). Merci d'avoir soulevé ce point.
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Petit mot de Dominique Bourgois concernant la nouvelle traduction :
https://www.actualitte.com/international...-55401.htm
Citation :L'éditrice juge par ailleurs que les traductions vieillissent vite et nécessitent d'être actualisées, notamment lorsque « certains termes ne passent plus ». Le mot « moricaud » par exemple, a été modifié dans la toute récente retraduction du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien par Daniel Lauzon, « non pas pour être politiquement correct, mais parce que ça ne veut rien dire ».
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Vu sur le forum Elbakin : la sortie de la nouvelle traduction du SdA Tome 2 serait prévue en Septembre ?
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Pour l'instant, on n'a aucune information certaine de notre côté, mais puisque l'information que tu as vu Elbakin semble venir du stand Bourgois et même s'il faut toujours prendre des pincettes avec les infos de seconde main, on peut raisonnablement s'y fier. Si le second tome avait dû paraître avant (avril ou mai selon les calendriers habituels de Bourgois), ça aurait sans doute déjà été annoncé.
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Merci Druss. Attendons (avec impatience) une annonce officielle de Christian Bourgois. Huum Elbakin et non pas Ebalkin, désolé
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En réponse à Pelargien, débunkons un peu tout ça :
(19.05.2015, 12:03)Pelargien a écrit : La haricotière : faverole, fève qu'on donne au bétail ?!
au revoir l'image si simple et bucolique au profit d'un terme vraiment abscon ! La VO est Bamfurlong. Demande à n'importe quel anglais ou anglophone, le terme lui semblera, à dessein, aussi obscur que ne l'est Faverolle à un français, là où la référence cachée à la fève de Faverolle et à bean dans Bamfurlong est directement visible dans Haricotière.
Citation :sanglebuc : Serreceinture
du coup on perd l'homonymie avec Brandebouc et toute la familiarité des sonorités en bouc, buc, boc...
Quelle homonymie ? Tolkien n'a à peine créé une homonymie (mais surtout pas sur le bouc/buc) avec Brandybuck puisque la VO est Bracegirdle.
Citation :Serretronc: enlevez Serr, rajoutez un é et vous vous retrouvez avec un etr... vraiment pas très heureux au niveau sonorité
Alors oui, c'est certain qu'avec ce genre de commentaire, on va loin dans la discussion étymologique et sémantique. Le fait est qu'il n'y a pas de é et que le nom est visuellement décomposable en Serre-tronc. Donc franchement, ce genre de remarques, on s'en passe.
Citation :Chateau brande pourtant bien français revient anglicisé-hispagnolisé avec Castel Brandy (alors que plus loin, on revient à Boischâtel, car Castelbois ne convient pas)??? Faudrait savoir
Typiquement, il doit s'agir là soit d'un choix pour respecter l'ordre des racines Wood-hall/Bois-châtel (Boiscastel n'est pas heureux), inversées chez Ledoux.
Castel Brandy garde le Brandy de Brandy Hall, en lien avec le nom de la famille Brandybuck/Brandibouc. Pour information, castel est très français (ça vient du provençal ou de l'ancien français), on le trouve dans des noms bien de chez nous (Castelnaudary, par exemple), dont châtel est une variante d'écriture. Eh oui.
Citation :Les habitants de Brée deviennent des habitants de Brienne...
Non, ils deviennent les Briennais parce que Bree devient Brie (de même étymologie que son confrère de la VO).
Citation :Elfinesse n'est quand même pas des plus élégants (on dirait un nom de margarine)
Mais c'est un nom propre traduisant Elvendom, là où Ledoux a fait un contournement en utilisant "monde elfique".
Citation :Longterrrier devient Troulong (quelle misère)
Peut-être la seule fois où je serai d'accord avec toi, c'est moins heureux, mais ça s'oppose à l'utilisation de Terrier pour Burrows.
Citation :Pays de la Colline Verte : Côtes Vertes... côte dans le sens "pente", côte dans le sens "bord de mer", côte dans le sens "os"...? Allez la colline, ouste ! Rien à faire dans le paysage hobbit...
Idem pour les Côtes Blanches... pourquoi apporter de la confusion et de l'imprécision à des termes pourtant bien précis, simples et immédiatement compréhensibles ?
Côte dans le sens tout bête de versant de colline, de la même famille qu'un coteau, là aussi tout ce qu'il y a de plus français. Mais soit, si la critique pour la Colline Verte est valable, elle ne l'est pas forcément pour Côtes Blanches qui traduit White Downs et pas Hills.
Citation :Et le merveilleux "Ouistrenesse", pourquoi le changer en un vulgaire "extrême"...
En fait, la traduction Extrême Ouest n'a rien à voir avec Ouistrenesse, laquelle devient Occidentale pour traduire Westernesse. Extrême Ouest n'a rien à voir non plus avec Lauzon, puisqu'il s'agit d'un terme de Ledoux pour traduire Uttermost West, que Lauzon rend par Ouest Absolu.
Citation :En quoi la loi forcerait-elle à produire des imprécisions ou à revenir à des termes aussi peu "logiques", "flous", "alambiqués", puisés ici et là dans des régionalismes ou des anachronismes et SANS AUCUN LIEN ENTRE EUX, si ce n'est une vague impression puisée entre les romans de cape et d'épée (Estoc, sire, Val, Gaillard), de vieux mots régionaux et des incohérences.
Mais justement, ils sont ni flous, illogiques ou alambiqués, puisqu'ils ont été réfléchis pour correspondre à la logique étymologique que Tolkien a mise dans ses noms et son œuvre. Il ne faut juste pas balayer d'un revers de main tout ce qui nous semble ne pas aller de soit et chercher à comprendre, comme un anglais le fait lorsqu'il voit ces mêmes noms.
Citation :le demi-elfe devient Semi-elfe, alors que le Semi-homme devient demi-homme..
Certes, ici l'explication est plus tortueuse. Mais il faut supposer qu'un hobbit est bien un demi-homme par la taille (l'autre moitié n'existe pas), alors que semi implique qu'il y a deux moitiés présentes puisqu'un descendant d'un elfe et d'un humain aura une moitié de sang humain et l'autre de sang elfique.
Citation :Pourquoi cette "globalisation" de la langue ? Pourquoi tourner le dos à tout le légendaire et l'héroïque et vouloir "banaliser" à ce point ? Je ne m'explique pas, mais alors pas du tout la logique de M. Lauzon sur les noms propres.
Au contraire, la logique de cette nouvelle traduction est de rendre le tout cohérent avec l'ensemble du légendaire. Il est mal venu de nier ça après des lustres de critique de la traduction de Ledoux et l'inhomogénéité avec les textes existants alors, notamment le Hobbit.
Citation :Je lis partout que sa nouvelle traduction est plus fluide et plus moderne, qu'il y a un nouveau souffle... Seulement, en voyant les correspondances de traduction, cela ne me donne pas DU TOUT envie... si c'est pour lire un espèce de Game of Thrones mousquetairisé, alors NON MERCI.
En se faisant une idée sur un seul tableau de noms propres, tu n'auras jamais la vision sans filtre de ce que donne véritablement le roman dans cette traduction, avec ces noms dans leur contexte. On est loin, très très loin d'un Game of Thrones ou Des Mousquetaires.
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19.05.2015, 16:17
(Modification du message : 19.05.2015, 16:19 par ISENGAR.)
(19.05.2015, 13:02)Druss a écrit : En se faisant une idée sur un seul tableau de noms propres, tu n'auras jamais la vision sans filtre de ce que donne véritablement le roman dans cette traduction, avec ces noms dans leur contexte.
... Et du coup, Pelargien, ta critique perd en consistance, en crédibilité et en légitimité si tu n'as pas au moins fait l'effort de lire préalablement le texte traduit qui fait l'objet de tes récriminations.
Les questions de goûts et de couleurs qui ne sont pas compatibles, c'est évidemment tout à fait respectable, à condition qu'on sache de quoi on parle
I.
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Merci à Druss pour ces explications que j'approuve du début à la fin : elles reflètent entièrement la réalité du texte anglais et de mes choix. Je n'ai rien à ajouter.
Sinon que le nom "Elfinesse" est un terme employé par Tolkien (comme gallicisme ; cf. Westernesse) dans ses écrits des années 1920-30. Il traduit très bien "Elvendom", que je ne voulais pas décomposer (et diluer). Ce passage étant, à mon sens, l'un des plus poignants de tout le livre.
Citation :Au pied de la colline, Frodo trouva Aragorn droit et silencieux comme un arbre ; mais dans sa main était une petite fleur dorée d’elanor, et une lueur paraissait dans ses yeux. Il était enveloppé d’un doux souvenir ; et Frodo sut, en le regardant, qu’il voyait les choses comme elles avaient été il fut un temps en ce même lieu. Car la sévérité des années avait quitté le visage d’Aragorn, et il paraissait vêtu de blanc, tel un jeune seigneur grand et beau ; et en des mots de la langue elfique il parlait à quelqu’un que Frodo ne pouvait voir. Arwen vanimelda, namárië ! dit-il, puis il respira profondément, et, se détournant de ses pensées, il regarda Frodo et sourit.
« C’est ici le cœur de l’Elfinesse sur terre, dit-il, et mon cœur y demeure à jamais, à moins qu’une lumière n’attende au-delà des sombres chemins qu’il nous reste encore à parcourir, vous et moi. Venez ! » Et, prenant la main de Frodo dans la sienne, il quitta la colline de Cerin Amroth pour ne plus jamais y revenir de son vivant.
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Merci pour cette citation ; c'est à mes yeux le passage le plus émouvant, le plus profond et le plus mystérieux du livre... C'est d'ailleurs celui que je lis à ceux que je souhaite convaincre de se laisser une chance d'entrer dans ce roman.
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Je suis globalement d'accord avec les remarques de Druss.
Je reconnais toutefois que Boischâtel, qui traduit Woodhall et Castel Brandy, qui correspond à Brandy Hall auraient sans doute mérité d'être uniformisés : sur la base de la toponymie française du centre de la France, qui correspond peu ou prou aux choix de traduction de Daniel Lauzon, on aurait pu envisager un Brandy-le-Châtel du meilleur effet (et du coup peut-être inverser Boischâtel en Châtelbois pour préserver la différence entre les deux toponymes anglais ?) Ce pourrait être une opportunité d'amélioration si une édition révisée débarrassée des coquilles subsistantes devait voir le jour.
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que Tolkien a mis près de dix ans à finaliser et à revoir sa toponymie, et qu'il ne s'est pas privé de réviser certains détails jugés erronés en 1966, soit douze ans après la publication initiale. Il faudrait donc relativiser les quelques incohérences de traduction qu'on peut détecter ici et là. D'autant que toute nostalgie mise à part, si la traduction du SdA par Daniel ne peut être considérée parfaite (c'est impossible), elle a déjà le mérite d'être significativement plus cohérente que celle qu'avait mise au point Francis Ledoux (même si celle-ci était déjà assez réussie sur de nombreux points). Et je ne reviens pas sur l'avantage d'avoir enfin une traduction du Hobbit qui utilise la même toponymie que celle du SdA, tellement c'est évident.
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Sans volonté de participer activement à cette discussion que je suis néanmoins avec grand intérêt, je tenais à souligner la place occupée par la nostalgie qu'évoque Elendil, dans les réactions que les lecteurs peuvent avoir face à cette nouvelle traduction. Je n'ai pas encore eu loisir de lire cette nouvelle traduction et je n'ai pas de compétences étymologiques suffisamment poussées pour me permettre de donner un jugement arrêté. Simplement, des échos que j'ai pu avoir sur le choix des noms, je comprends en partie les réactions "violentes" du type de celles de Pelargien.
Je ne dis pas qu'elles sont fondées "rationnellement" mais un rapport à une oeuvre est aussi sentimental, charnel. Les Hauts des Galgals resteront encore longtemps dans mon esprit sous cette appellation par exemple. Maintenant, cela ne dit rien sur la qualité du travail de Daniel Lauzon, simplement sur ma capacité "émotionnelle" à le recevoir. J'ai repoussé ma lecture de la nouvelle traduction uniquement pour cette raison jusqu'à présent.
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(21.05.2015, 09:29)Elendil a écrit : Je reconnais toutefois que Boischâtel, qui traduit Woodhall et Castel Brandy, qui correspond à Brandy Hall auraient sans doute mérité d'être uniformisés : sur la base de la toponymie française du centre de la France, qui correspond peu ou prou aux choix de traduction de Daniel Lauzon, on aurait pu envisager un Brandy-le-Châtel du meilleur effet (et du coup peut-être inverser Boischâtel en Châtelbois pour préserver la différence entre les deux toponymes anglais ?) Ce pourrait être une opportunité d'amélioration si une édition révisée débarrassée des coquilles subsistantes devait voir le jour.
Oui mais comme je disais, si tu proposes de réinverser les deux racines ça ne mime plus la VO.
Par ailleurs, j'ai le sentiment que Daniel (qu'il me corrige si je me trompe) a uniformisé partout l'usage du tiret. Il les a remis là où il y en avait (Hobbiterie-en-armes, par exemple) et supprimé là où ils sont absents chez Tolkien (Castel Brandy) alors que Ledoux avait un peu trop tendance à en mettre un peu partout où ça l'arrangeait (Fin-de-Haie, Par-delà-la-Colline, Chateau-Brande, etc.). Brandy-le-Châtel n'irait pas dans ce sens (d'autant que là aussi tu inverses les mots et que tu perds en mimétisme).
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(21.05.2015, 09:42)Baradon a écrit : Je ne dis pas qu'elles sont fondées "rationnellement" mais un rapport à une oeuvre est aussi sentimental, charnel. Les Hauts des Galgals resteront encore longtemps dans mon esprit sous cette appellation par exemple. Maintenant, cela ne dit rien sur la qualité du travail de Daniel Lauzon, simplement sur ma capacité "émotionnelle" à le recevoir. J'ai repoussé ma lecture de la nouvelle traduction uniquement pour cette raison jusqu'à présent.
On ne nie pas la réception émotionnelle, seulement c'est très différent du rejet pur, simple et parfois assez violent sur la seule foi des noms propres sortis du contexte.
Il ne faut pas oublier non plus qu'il est plus facile pour un site comme le nôtre de faire un tableau de comparaison et une analyse de l'onomastique que de la prose, surtout lorsque l'onomastique est le principal sujet critique. Pour autant, on a présenté plusieurs extraits de la seconde traduction du Hobbit et de la extraits, et dans l'ensemble, les gens ce sont toujours plus globalement arrêtés sur les noms propres que sur le style, malheureusement.
J'espère, Baradon, que tu trouveras l'envie de la lire et que tu l'apprécieras. Ce ne sera pas pour autant synonyme du rejet de l'ancienne traduction.
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(21.05.2015, 09:44)Druss a écrit : Oui mais comme je disais, si tu proposes de réinverser les deux racines ça ne mime plus la VO.
En l'occurrence, la place de l'adjectif est fréquemment inversée en français et en anglais, donc ça reste parfaitement logique (sauf bien sûr si Daniel a systématiquement respecté l'ordre anglais dans sa toponymie, mais je n'ai pas le temps de vérifier ça).
(21.05.2015, 09:44)Druss a écrit : Par ailleurs, j'ai le sentiment que Daniel (qu'il me corrige si je me trompe) a uniformisé partout l'usage du tiret. Il les a remis là où il y en avait (Hobbiterie-en-armes, par exemple) et supprimé là où ils sont absents chez Tolkien (Castel Brandy) alors que Ledoux avait un peu trop tendance à en mettre un peu partout où ça l'arrangeait (Fin-de-Haie, Par-delà-la-Colline, Chateau-Brande, etc.). Brandy-le-Châtel n'irait pas dans ce sens (d'autant que là aussi tu inverses les mots et que tu perds en mimétisme).
Pour la toponymie, Ledoux suivait généralement l'usage français, et je lui donne parfaitement raison là-dessus. "Château-Brande" est l'un des rares points discutables, puisqu'en français on peut distinguer entre le toponyme pur et dur (avec tiret) et le bâtiment lui-même (sans tiret, mais aussi sans majuscule à "château", contrairement à l'usage anglais). En revanche, si "castel" reste occasionnellement dans l'usage courant occitan, ce n'est à ma connaissance pas le cas de "châtel". Par exemple, dans la commune de Marcilly-le-Châtel, on parle bien du "château Ste-Anne" et non du **châtel Ste-Anne.
Par voie de conséquence, il reste assez cohérent de traiter le nom comme un vrai toponyme et de mettre les tirets suivant l'usage français. Cela dit, Daniel pourrait aussi bien uniformiser dans l'autre sens, opter pour garder Castel Brandy et changer Boischâtel en Boiscastel, ou, mieux, en Boscastel, afin d'obtenir une forme occitane crédible. Il y a toutefois une autre raison qui s'opposerait à cette modification : les toponymes en -y sont nettement plus typiques du Nord de la France et je ne suis pas sûr qu'on les retrouve dans le domaine occitan (il faudrait faire une vérification pour laquelle je n'ai pas le temps, mais je crois que l'équivalent occitan est -ac). Et incidemment, on a très peu, voir aucun autre nom purement occitan dans les toponymes du Comté de Daniel, aussi opter pour la forme "châtel" permettrait de renforcer la cohérence du tout. Complexités de la toponymie...
NB : Accessoirement, Daniel Lauzon a effectivement eu raison de remettre des tirets à Hobbiterie-en-armes, mais on sort là de la toponymie.
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(21.05.2015, 09:42)Baradon a écrit : Sans volonté de participer activement à cette discussion que je suis néanmoins avec grand intérêt, je tenais à souligner la place occupée par la nostalgie qu'évoque Elendil, dans les réactions que les lecteurs peuvent avoir face à cette nouvelle traduction. Je n'ai pas encore eu loisir de lire cette nouvelle traduction et je n'ai pas de compétences étymologiques suffisamment poussées pour me permettre de donner un jugement arrêté. Simplement, des échos que j'ai pu avoir sur le choix des noms, je comprends en partie les réactions "violentes" du type de celles de Pelargien.
Je ne dis pas qu'elles sont fondées "rationnellement" mais un rapport à une oeuvre est aussi sentimental, charnel. Les Hauts des Galgals resteront encore longtemps dans mon esprit sous cette appellation par exemple. Maintenant, cela ne dit rien sur la qualité du travail de Daniel Lauzon, simplement sur ma capacité "émotionnelle" à le recevoir. J'ai repoussé ma lecture de la nouvelle traduction uniquement pour cette raison jusqu'à présent. Clairement la première fois, quand j'ai tapé ce message-ci dans mon esprit c'était "WHHHHHHHHHAAAAAT !!".
Au final, il y a des choses que j'aime (Bessac, Fendeval...) , des choses que j'aime moins (Grand'Peur...).
Je garde les deux :
- la version de Ledoux restera dans mon cœur comme mon premier "amour" avec son côté mythique et archaïque (pas péjorativement)
- la version de Lauzon a ma préférence parce qu'elle me rapproche plus de l'original et qu'elle est quand même plus fluide à lire et contemporaine
Il n'est pas question de renier l'existence de la version de Ledoux, juste donner la possibilité de raconter l'histoire de deux façons différentes, comme si on avait deux conteurs différents.
Je recommande vivement de commencer par la version audio du Hobbit, c'est là qu'on ressent bien la différence de conteur justement. On a presque l'impression de revivre la toute première lecture.
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Citation :J'espère, Baradon, que tu trouveras l'envie de la lire et que tu l'apprécieras. Ce ne sera pas pour autant synonyme du rejet de l'ancienne traduction.
Druss, à dire le vrai, cette discussion me donne vraiment envie de m'y plonger. Reste à acquérir l'ouvrage maintenant ^^
Citation :Il n'est pas question de renier l'existence de la version de Ledoux, juste donner la possibilité de raconter l'histoire de deux façons différentes, comme si on avait deux conteurs différents.
Je recommande vivement de commencer par la version audio du Hobbit, c'est là qu'on ressent bien la différence de conteur justement. On a presque l'impression de revivre la toute première lecture.
J'aime vraiment ta façon de présenter et ressentir les choses, Zelph. Lors du Reading Day à Paris, nous avions des versions différentes du Sda et lors de notre lecture à plusieurs, les différences étaient sensibles mais les voix (voire les voies ^^) se sont agréablement mêlées, je trouve.
J'ai pris beaucoup de plaisir à ma lecture du Hobbit nouvelle traduction, beaucoup plus qu'en me rendant au cinéma (ce qui n'était pas difficile). Espérons qu'il en soit alors de même pour le SdA!
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01.06.2015, 11:09
(Modification du message : 01.06.2015, 11:16 par Pelargien.)
Effectivement, il faut davantage voir cette nouvelle trad comme une seconde lecture, une seconde proposition à côté de celle de Ledoux.
Je n'en demeure pas moins convaincu que les choix faits par D.L. sont très radicaux et qu'ils peuvent heurter le lecteur "historique" français moyen de Tolkien (dont je suis). Dans l'expression "gratuite" il faut bien appeler un chat un chat lorsque l'on ne perçoit pas la logique d'ensemble... hors celle-ci ne m'apparaît guère, malgré les explications de tous ici dont il semble que pour la majeure partie d'entre eux,ils soient partie prenante de cette nouvelle traduction, par conséquent, il est aussi très logique d'en discuter la neutralité et la partialité.
C'est mon droit de lecteur de la remettre en cause. Mon droit de lecteur ne prétend à aucune rationnalité, ni à un jugement qui soit "justifié", c'est du pur ressenti, cette sensation à la lecture indicible qui vous permet de vous évader, par l'évocation, la sonorité, le chant des mots, la narration, bref, le talent de l'écrivain... Et surtout "les racines" des mots, celles qui sous-tendent le récit par leur force evocatoire, car derrière chaque nom, même le plus humble, il y a une histoire. En choisissant des noms propres et des noms de lieux aussi caractéristiques, on orient délibérément le lecteur vers un univers tout autre, différent, aux sonorités "modernes" celles que l'on retrouve sur les panneaux d'autoroute moderne et sur les cartes Michelin... C'est ce choix que je critique, il procède d'une esthétique qui n'est pas selon moi conforme à l'esprit de Tolkien. Je pense qu'il manque une relecture etymologique à cette nouvelle traduction, quelqu'un qui aurait été à même de faire un lien entre les différentes propositions afin d'en valider la conformité...
Et une relecture "affective" aurait sans doute permis d'adoucir certains de ces choix sans en dénaturer autant la saveur.
Sur "La Comté", il est assez amusant de noter que Vincent Ferré, dans la vidéo sur youtube consacrée à cette nouvelle traduction, continue à utiliser le féminin...
De plus, je pense sincèrement qu'un canadien de langue française ne peut pas avoir la même sensibilité qu'un français sur ces questions d'onomastique, et c'est là, selon moi, que réside le problème. Les connaissances linguistiques universitaires et les compétences de traducteur, aussi élevées soient-elles ne peuvent pas remplacer le ressenti culturel d'un natif par rapport à sa propre langue, aux noms qui l'environnent depuis sa naissance, ce qu'il sait de ce nom par rapport à la région à laquelle il fait référence, par rapport au "background" culturel de tel nom de lieu (ou de famille).
J'aimerai par exemple beaucoup savoir comment dans la nouvelle traduction, est traduite la partie ou Tolkien parle, dans la même phrase, des "Hauts des Galgals" et de "tertres" environnants (ou quelque chose comme ça)... En traduisant "Hauts des Galgals" par "tertre" on se tire soi-même une flêche dans le pied car on se trouve confronté à une répétition.
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Peux-tu nous retrouver la phrase originale dont tu parles stp ?
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Je ne le retrouve pas... mais quand bien même il s'agit d'un cas d'espèce qui illustre parfaitement mon propos.
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Citation :Je n'en demeure pas moins convaincu que les choix faits par D.L. sont très radicaux et qu'ils peuvent heurter le lecteur "historique" français moyen de Tolkien (dont je suis).
Sans doute, mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont mauvais. L'ancien n'est pas toujours meilleur.
Citation :Dans l'expression "gratuite" il faut bien appeler un chat un chat lorsque l'on ne perçoit pas la logique d'ensemble... hors celle-ci ne m'apparaît guère, malgré les explications de tous ici dont il semble que pour la majeure partie d'entre eux,ils soient partie prenante de cette nouvelle traduction, par conséquent, il est aussi très logique d'en discuter la neutralité et la partialité.
Citation : C'est mon droit de lecteur de la remettre en cause. Mon droit de lecteur ne prétend à aucune rationnalité, ni à un jugement qui soit "justifié", c'est du pur ressenti, cette sensation à la lecture indicible qui vous permet de vous évader, par l'évocation, la sonorité, le chant des mots, la narration, bref, le talent de l'écrivain... Et surtout "les racines" des mots, celles qui sous-tendent le récit par leur force evocatoire, car derrière chaque nom, même le plus humble, il y a une histoire. En choisissant des noms propres et des noms de lieux aussi caractéristiques, on orient délibérément le lecteur vers un univers tout autre, différent, aux sonorités "modernes" celles que l'on retrouve sur les panneaux d'autoroute moderne et sur les cartes Michelin... C'est ce choix que je critique, il procède d'une esthétique qui n'est pas selon moi conforme à l'esprit de Tolkien. Je pense qu'il manque une relecture etymologique à cette nouvelle traduction, quelqu'un qui aurait été à même de faire un lien entre les différentes propositions afin d'en valider la conformité...
Tu commences par évoquer ton droit de lecteur de ne pas voir ou rechercher de rationalité dans la traduction pour finir par proposer une conformité et une validation étymologique. Avoue que c'est antinomique.
Par essence, l'étymologie est le fait de rationaliser la création de mots. De plus, on ne répètera jamais assez, la nouvelle traduction s'est basée sur les règles étymologiques émises par Tolkien pour traduire les noms propres du SdA, ils ne proviennent pas de nulle part. Il y a donc à la fois une conformité et une rationalité, et un respect du texte de Tolkien, puisque Daniel Lauzon a suivi ces règles, cherchant à s'approcher au plus près de l'étymologie de la VO adaptée au français. L'exemple de la traduction de Bree en Brie en est l'exemple parfait.
Citation :Et une relecture "affective" aurait sans doute permis d'adoucir certains de ces choix sans en dénaturer autant la saveur.
L'affect, ça ne se conduit pas. J'ai personnellement beaucoup plus d'affect désormais pour cette nouvelle traduction que pour celle de Ledoux. Alors qui peut se permettre d'être le juge ultime ? Si cette nouvelle traduction existe, c'est sûrement aussi qu'elle a été d'une manière ou d'une autre validée par la famille Tolkien.
Citation :Sur "La Comté", il est assez amusant de noter que Vincent Ferré, dans la vidéo sur youtube consacrée à cette nouvelle traduction, continue à utiliser le féminin...
Comme beaucoup de lecteurs que nous sommes. La nouvelle traduction n'a qu'une année, trois pour celle du Hobbit, à comparer aux quarante de la première. Elle n'a pas eu le temps de s'installer pleinement, surtout face à un mur d'incompréhension comme tu peux en être l'exemple.
Citation :De plus, je pense sincèrement qu'un canadien de langue française ne peut pas avoir la même sensibilité qu'un français sur ces questions d'onomastique, et c'est là, selon moi, que réside le problème. Les connaissances linguistiques universitaires et les compétences de traducteur, aussi élevées soient-elles ne peuvent pas remplacer le ressenti culturel d'un natif par rapport à sa propre langue, aux noms qui l'environnent depuis sa naissance, ce qu'il sait de ce nom par rapport à la région à laquelle il fait référence, par rapport au "background" culturel de tel nom de lieu (ou de famille).
Ca serait d'abord oublier que Daniel Lauzon n'est pas un amateur, qu'il connait très bien le style de Tolkien depuis une dizaine d'années, qu'il a beau être canadien, il connait très bien français (sans doute mieux que beaucoup de gens nés en métropole) et ça serait également oublier que l’œuvre ne passe pas du traducteur à la presse sans être relue par l'équipe éditoriale. Donc non, l'argument de la nationalité n'est aucunement valable.
Citation :J'aimerai par exemple beaucoup savoir comment dans la nouvelle traduction, est traduite la partie ou Tolkien parle, dans la même phrase, des "Hauts des Galgals" et de "tertres" environnants (ou quelque chose comme ça)... En traduisant "Hauts des Galgals" par "tertre" on se tire soi-même une flêche dans le pied car on se trouve confronté à une répétition.
Je pense qu'il s'agit de ce passage :
Citation :Soudain, les paroles de Tom laissèrent les bois et s’en furent remonter le jeune cours d’eau, sauter les chutes d’eau bouillonnantes, gambader sur les cailloux et les rochers usés, et parmi les fleurs menues, dans l’herbe serrée et les fissures humides, pour aboutir enfin au flanc des Coteaux. Ils eurent vent des Grands Tertres et des monticules verts, et des anneaux de pierre sur les collines, et dans les creux parmi les collines. Des moutons bêlaient en troupeaux. Des murs verts s’élevaient et des murailles blanches. Il y avait des forteresses sur les hauteurs. Des rois de petits royaumes se battaient entre eux, et le jeune Soleil flamboyait sur le métal rouge de leurs épées neuves aux lames assoiffées. Il y eut des victoires et des défaites ; des tours tombèrent, des forteresses furent incendiées, et des flammes montèrent dans le ciel. L’or fut amoncelé sur les catafalques de rois et de reines morts ; des monticules furent érigés et les portes de pierre refermées ; et l’herbe recouvrit tout. Les moutons vinrent brouter l’herbe pour un temps, mais bientôt, les collines furent de nouveau vides. Une ombre surgit de contrées obscures et lointaines, et les ossements furent dérangés sous les monticules. Des Esprits des Tertres hantèrent les endroits creux avec un tintement d’anneaux sur des doigts glacials, et de chaînes d’or au vent. Des cercles de pierres levées grimaçaient comme des bouches édentées dans le clair de lune.
Citation : Je ne le retrouve pas... mais quand bien même il s'agit d'un cas d'espèce qui illustre parfaitement mon propos.
Es-tu aussi sûr que ça soit un cas d'école ?
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Je ne suis sans doute pas très cohérent, mais tes arguments ne sont pas non plus imparables, ... tu ne réponds pas sur le ressenti de ces noms qui évoquent bien ce que je dis, et non pas un univers de Fantasy. J'aimerai beaucoup lire ce que dit Tolkien sur la façon dont on doit traduire les noms de lieux et de personnages (autres que ceux dont il dit qu'ils ne doivent pas être traduits).
Oui c'est un cas d'école car appeler un lieu par un nom spécifique comme tertre, cela induit forcément que dans la même phrase où le mot choisi est utilisé comme un nom commun, il sera impossible de traduire la phrase sans dénaturer la version originale ! Tertre est un mot très spécifique, déjà utiliser "tumulus" cela en change le sens... tout comme "rotondité", "hauteur",...
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Je t'ai répondu sur l'affect, ça englobe les deux. Chacun est libre de voir ce qu'il lui chante dans les noms, c'est un fait, mais ça n'en fait pas une vérité. Je ne vois aucune différence entre cette traduction, l'ancienne et un autre univers de fantasy (d'ailleurs il faudra qu'on me définisse ce qu'est un univers de fantasy et sous quelle forme doivent être les noms censés le représenter...), si ce n'est que cette nouvelle traduction est cohérente avec le reste des œuvres déjà traduites et respecte au mieux les indications de Tolkien sur ces points.
Les indications de Tolkien sont disponibles dans l'ouvrage The Lord of the Rings : A Reader's Companion.
Sur le passage des tertres, voyons plutôt la VO, plutôt que s'évertuer à passer par l'ancienne traduction :
Citation :Suddenly Tom’s talk left the woods and went leaping up the young stream, over bubbling waterfalls, over pebbles and worn rocks, and among small flowers in close grass and wet crannies, wandering at last up on to the Downs. They heard of the Great Barrows, and the green mounds, and the stone-rings upon the hills and in the hollows among the hills. Sheep were bleating in flocks. Green walls and white walls rose. There were fortresses on the heights. Kings of little kingdoms fought together, and the young Sun shone like fire on the red metal of their new and greedy swords. There was victory and defeat; and towers fell, fortresses were burned, and flames went up into the sky. Gold was piled on the biers of dead kings and queens; and mounds covered them, and the stone doors were shut; and the grass grew over all. Sheep walked for a while biting the grass, but soon the hills were empty again. A shadow came out of dark places far away, and the bones were stirred in
the mounds. Barrow-wights walked in the hollow places with a clink of rings on cold fingers, and gold chains in the wind.’ Stone rings grinned out of the ground like broken teeth in the moonlight.
On y parle de Great Barrows et de green mounds. Rien qui ne soit très obscur. Ledoux utilise tertres pour mounds là où Lauzon utilise monticules, moins connoté que tertres... ou que tumulus. Et traduire Great Barrows par Grands Tertres ou Grands Tumulus, franchement, les deux sont synonymes dans le dictionnaire.
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bonjour à tous,
il y aurait sans doute beaucoup à dire, mais je n'ai pas encore pu lire tous les échanges. je réagis seulement à ceci :
"je pense sincèrement qu'un canadien de langue française ne peut pas avoir la même sensibilité qu'un français sur ces questions d'onomastique, et c'est là, selon moi, que réside le problème"
plusieurs questions me viennent : qu'est ce qu'un Français, d'un point de vue linguistique ? je ne sais où vit celui qui a écrit cette phrase, mais ce que je sais, 1/ c'est la diversité du français et le nombre de particularités locales. 2/ et que lorsque l'on demande à des étudiants français de définir des termes, sans dictionnaire, ils sont rarement d'accord sur le sens. et ils se fâchent, même.
Bref, gardons nous de tout nombrilisme, linguistique ou autre.
quant au fait que Daniel Lauzon est québécois, c'est un fait ; ce qui le place dans une position linguistique idéale pour traduire Tolkien - entre autres parce que pratiquant la réflexivité, dans sa traduction, il est vigilant. outre le fait que personne ne connait aussi bien que lui la langue & le style de JRR Tolkien (et de Christopher Tolkien).
il ne faudrait pas non plus négliger le travail de relecture que je réalise - étant né dans l'ouest de la france, mais à la lisière du centre et un peu vers le sud de cette lisière, j'ai appris un français qui peut être considéré comme linguistiquement recevable ?
cordialement à tous,
VF
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01.06.2015, 15:26
(Modification du message : 01.06.2015, 16:27 par Pelargien.)
Un autre exemple :
"Il était vêtu d'une grande cape noire et d'un capuchon de même couleur...."
Si l'on s'accorde sur le cadre médiéval dans lequel s'inscrit le Seigneur des anneaux (mis à part LA Comté) seuls les paysans portaient des capuchons (le chaperon à collerette qu'on voit sur les enluminures) séparés du vêtement du haut, c'est un signe caractéristique de la différence entre seigneurs et manants... Et encore le terme est impropre car il recouvre différents types de couvre-chefs... Il est donc fort vraisemblable que le cavalier noir portait une cape à capuchon, et non pas une cape ET un capuchon. Ledoux traduit par "une cape à capuchon", historiquement, il est dans le vrai.
Cloak and hood correspond bien à une cape à capuchon, or la traduction est faite au mot à mot et induit un contresens vestimentaire... Une cape et un chapeau (hood) alors qu'il fallait traduire la globalité du terme "cloak and hood" et non pas comprendre "cloak and (a) hood". autant dire que pour la description du nazgul, figure centrale du SDA il fallait prendre son temps pour bien vérifier les termes et relire aussi d'un point de vue historique, pour donner un peu de corps aux descriptions qui sont si riches chez Tokien.
Les capes de voyage ou ordinaires portées par la noblesse comportaient un capuchon intégré, comme la coule des moines... seules les capes d'apparât ou de cérémonie, tels le manteau de sacre de Henri II conservé à la cathédrale de Bamberg, ne comportaient pas de capuchon, en tout cas il n'en portaient certainement pas avec un "capuchon" séparé venu d'un manant...
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02.06.2015, 03:03
(Modification du message : 02.06.2015, 03:15 par Hisweloke.)
Citation :... seuls les paysans portaient des capuchons ... séparés du vêtement du haut
Pour le cavalier noir, je ne sais pas, mais dans le Hobbit, on a plusieurs expressions qui laissent largement supposer que les capuchons sont séparés, quand bien même initialement mentionnés par un "cloak and hood", "hood and cloak", voir même un "hooded cloak". Je laisse au lecteur l'exercice de recherche. Pour les Nains, donc, "cloak and hood", c'est vraisemblablement séparable (quoique que probablement fixable ensemble) et non intégré en une seule pièce. Mais il doit s'agir, icitte, de vulgaires paysans.
Ho Antilegôn.
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(01.06.2015, 11:09)Pelargien a écrit : De plus, je pense sincèrement qu'un canadien de langue française ne peut pas avoir la même sensibilité qu'un français sur ces questions d'onomastique, et c'est là, selon moi, que réside le problème.
Ça ne tient pas la route. Il m'étonnerait qu'un Marseillais ait la même sensibilité onomastique qu'un Lillois ou un Nantais. On se demande même si ça l'intéresse.
En attendant, cette nouvelle traduction me donne des envies. Outre la suite des HoMe (en particulier les X et XI) je voudrais une nouvelle traduction du Silmarillion et surtout des CLI.
J'ai l'impression d'être un peu exigent, là.
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Anar kaluva tielyanna
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Je colle ici cette article qui n'a rien à voir avec Tolkien, mais qui je trouve apporte une autre vision à propos des traductions :
http://thibaultdelavaud.fr/2014/04/28/la...-mauvaise/
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
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