20.07.2017, 12:54
Merci pour ta réponse, cher Daniel.
Les réactions extrêmes, comme celle de Reaumursebastopol, restent heureusement à la marge - et dans ce cas précis, elle est souterraine, sinon comment expliquer ce pseudo
Les Français, d'une manière générale, ont heureur du changement et horreur d'être bousculés dans leurs habitudes. Même les plus progressistes
Qu'on touche à Frodon Sacquet, et - pour certains - ça devient un drame, à propos duquel il devient urgent de s'exprimer. Quitte à tenir des propos qui ressemblent plus à des sorties de route qu'à des analyses mûrement travaillées.
(Il n'y a pas si longtemps, j'étais moi même le premier à écrire des horreurs sur ce menteur opportuniste de Peter Jackson et sa "trilogie" ratée).
La nouvelle traduction est une très grande réussite.
Elle fera date, pas seulement parce qu'elle est soutenue par une communauté de qualité, mais parce que le texte est brillant en lui même: plus frais, plus précis, plus érudit, plus proche du ton de l'oeuvre originale, et libéré du carcan clacissiste, archaïsant et monocorde dans lequel s'était enfermé Ledoux.
Et ces poèmes et chants traduits. Quelles merveilles !
On préfère Sacquet à Bessac ? Grands-pas à l'Arpenteur ? Saroumane à Saruman ?
Peu importe ! Le texte est le plus important. Le goût pour les noms compte, certes, mais compte peu. Il viendra avec le temps, fusionnant inévitablement avec la force du texte.
Moi j'aime l'Arpenteur, et tous les autres.
Et j'aime aussi Grand'Peur, ce coup de génie de subtil connaisseur de Tolkien. Car la traduction n'est pas qu'une question de mot pour mot, mais aussi une question de transmission d'ambiance.
Forêt noire ? Bois sombre ? Noiresylve ? Mirquevoûte ?...
Et quoi ? Toutes les forêts sont sombres, non ?
Mais derrière Mirkwood, il y a plus que de l'obscurité. Il y a une terreur sous-jacente, qu'exprime le toponyme en VO, chargé du poids de son inspiration mythique, mais qu'aucune adaptation littérale ne saura rendre.
Grand'Peur, je le redis tout en étant conscient de ma position minoritaire, est un coup de génie.
Moi, c'est le Comté, avec lequel j'ai (un peu) de mal.
Est-ce que ça m'a empêché d'apprécier la redécouverte inespérée du Seigneur des Anneaux ? Absolument pas.
Finalement, plus les choix de traduction nous éloignent du texte de Ledoux et mieux c'est ! Et pas seulement pour la nomenclature et les contraintes juridiques qui vont avec.
La richesse du français permet ces alternatives et ces variations. Le talent et l'intelligence du traducteur fait le reste pour se rapprocher encore mieux de l'esprit du texte original.
C'est aussi, je le crois sincèrement, une question vitale, pour faire perdurer l'intérêt francophone autour du roman et le rendre accessible à d'autres générations.
Et quoi de mieux que laisser le choix aux uns et aux autres, entre une version historique délicieusement surannée et une version rythmée et variée pour l'avenir.
Si Reaumursebastopol n'aime pas la purge que représente pour lui la nouvelle traduction, il reste - heureusement pour lui - quelques exemplaires encore accessibles du texte de Ledoux, qui - Ô miracle - ne s'est pas désintegré à la sortie du texte de Daniel...
Quoi qu'il en soit, cher Daniel, merci encore pour ta disponibilité, ta classe, et ton talent.
I.
Les réactions extrêmes, comme celle de Reaumursebastopol, restent heureusement à la marge - et dans ce cas précis, elle est souterraine, sinon comment expliquer ce pseudo

Les Français, d'une manière générale, ont heureur du changement et horreur d'être bousculés dans leurs habitudes. Même les plus progressistes

Qu'on touche à Frodon Sacquet, et - pour certains - ça devient un drame, à propos duquel il devient urgent de s'exprimer. Quitte à tenir des propos qui ressemblent plus à des sorties de route qu'à des analyses mûrement travaillées.
(Il n'y a pas si longtemps, j'étais moi même le premier à écrire des horreurs sur ce menteur opportuniste de Peter Jackson et sa "trilogie" ratée).
La nouvelle traduction est une très grande réussite.
Elle fera date, pas seulement parce qu'elle est soutenue par une communauté de qualité, mais parce que le texte est brillant en lui même: plus frais, plus précis, plus érudit, plus proche du ton de l'oeuvre originale, et libéré du carcan clacissiste, archaïsant et monocorde dans lequel s'était enfermé Ledoux.
Et ces poèmes et chants traduits. Quelles merveilles !
On préfère Sacquet à Bessac ? Grands-pas à l'Arpenteur ? Saroumane à Saruman ?
Peu importe ! Le texte est le plus important. Le goût pour les noms compte, certes, mais compte peu. Il viendra avec le temps, fusionnant inévitablement avec la force du texte.
Moi j'aime l'Arpenteur, et tous les autres.
Et j'aime aussi Grand'Peur, ce coup de génie de subtil connaisseur de Tolkien. Car la traduction n'est pas qu'une question de mot pour mot, mais aussi une question de transmission d'ambiance.
Forêt noire ? Bois sombre ? Noiresylve ? Mirquevoûte ?...
Et quoi ? Toutes les forêts sont sombres, non ?
Mais derrière Mirkwood, il y a plus que de l'obscurité. Il y a une terreur sous-jacente, qu'exprime le toponyme en VO, chargé du poids de son inspiration mythique, mais qu'aucune adaptation littérale ne saura rendre.
Grand'Peur, je le redis tout en étant conscient de ma position minoritaire, est un coup de génie.
Moi, c'est le Comté, avec lequel j'ai (un peu) de mal.
Est-ce que ça m'a empêché d'apprécier la redécouverte inespérée du Seigneur des Anneaux ? Absolument pas.
Finalement, plus les choix de traduction nous éloignent du texte de Ledoux et mieux c'est ! Et pas seulement pour la nomenclature et les contraintes juridiques qui vont avec.
La richesse du français permet ces alternatives et ces variations. Le talent et l'intelligence du traducteur fait le reste pour se rapprocher encore mieux de l'esprit du texte original.
C'est aussi, je le crois sincèrement, une question vitale, pour faire perdurer l'intérêt francophone autour du roman et le rendre accessible à d'autres générations.
Et quoi de mieux que laisser le choix aux uns et aux autres, entre une version historique délicieusement surannée et une version rythmée et variée pour l'avenir.
Si Reaumursebastopol n'aime pas la purge que représente pour lui la nouvelle traduction, il reste - heureusement pour lui - quelques exemplaires encore accessibles du texte de Ledoux, qui - Ô miracle - ne s'est pas désintegré à la sortie du texte de Daniel...
Quoi qu'il en soit, cher Daniel, merci encore pour ta disponibilité, ta classe, et ton talent.
I.