15.11.2015, 12:18
(25.10.2015, 02:53)Daniel Lauzon a écrit : "Ranger" n'a pas d'équivalent en français.
[...]
Dire que le mot "Coureur" ne correspond à aucune définition du terme anglais est une fausseté. Sauf, bien sûr, si on se limite aux définitions du dictionnaire bilingue. Oui, oui, celui-là. Mais quid de cette définition du Oxford: A person or thing that wanders or ranges over a particular area or domain: 'rangers of the mountains' ? Ou est-ce que nous devons considérer les Rangers comme des gardes forestiers (définition 1) ? Non, je n'ai rien inventé...
Je ne suis pas tout à fait d'accord, ou alors cela dépend de ce que l'on définit par "équivalent". Effectivement, il n'y a pas de correspondant étymologique de même sens, vu que le terme anglais dérive in fine du verbe anc. fr. rengier "ranger, arranger", sens qui a prévalu en français.
Par contre, jusqu'à Tolkien, le sens dominant de l'angl. ranger était celui de "forestier", dans toutes les applications de ce terme. Il aurait donc été possible de traduire en utilisant ce terme. D'ailleurs, si l'on considère d'une part qu'il y a des sylves sauvages aussi bien en Ithilien qu'en Rhudaur, le mot ne s'écarte pas trop de la géographie imaginaire de Terre du Milieu. A fortiori si l'on prend le terme de "forêt" dans son acception initiale en ancien français : "territoire soustrait à l'usage général et dont le roi se réserve la jouissance". Ainsi le terme, qui correspond bien à la définition anglaise générale, pourrait évoquer tous ses sous-entendus, puisque le forestier peut aussi bien être l'habitant de la forêt, que celui qui la parcourt habituellement ou la garde. Et ce n'est pas un terme particulièrement flatteur non plus.
Pour autant, j'ai bien écrit "possible" et non "souhaitable", puisqu'il y a justement d'autres points à prendre en compte dans une traduction de roman que la pure équivalence terme à terme.
(25.10.2015, 11:41)Lomelinde a écrit : Je suis au regret d'annoncer que malgré les dizaines de définitions des termes ranger et range, aucune ne renvoie à une notion qui pourrait, de près ou de loin, évoquer une mouvement rapide tel que la course.
Pour ma part, le terme de "Coureur" est un de ceux auxquels j'ai applaudi lors de la nouvelle traduction de Daniel. En effet, il évoque pour moi les fameux coureurs des bois de Nouvelle-France et reprend donc une bonne part des acceptions auxquelles je faisais allusion plus haut : le coureur des bois est aussi bien celui qui vit dans la forêt (et est méprisé par les citadins à cause de cela), que celui qui s'y aventure, voire y mène des missions au nom du roi. Je comprends tout à fait pourquoi il est venu aussi naturellement sous la plume de Daniel.
D'ailleurs, si on s'intéresse à la polysémie, le coureur sans qualificatif est aussi un "éclaireur", "celui qui pénètre dans une terre ennemie" (sens II B du TLFi), ce qui constitue même le sens le plus ancien du mot (attesté dans l'Eneas vers 1160). C'est donc un terme éminemment apte à traduire ranger, avec un degré d'adéquation au moins égal à "rôdeur" et qui possède de plus l'avantage de la brièveté par rapport à "forestier".
Sur ce, je m'éclipse : j'ai un mariage à préparer...
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland