01.06.2015, 11:38
Citation :Je n'en demeure pas moins convaincu que les choix faits par D.L. sont très radicaux et qu'ils peuvent heurter le lecteur "historique" français moyen de Tolkien (dont je suis).Sans doute, mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont mauvais. L'ancien n'est pas toujours meilleur.
Citation :Dans l'expression "gratuite" il faut bien appeler un chat un chat lorsque l'on ne perçoit pas la logique d'ensemble... hors celle-ci ne m'apparaît guère, malgré les explications de tous ici dont il semble que pour la majeure partie d'entre eux,ils soient partie prenante de cette nouvelle traduction, par conséquent, il est aussi très logique d'en discuter la neutralité et la partialité.
Citation : C'est mon droit de lecteur de la remettre en cause. Mon droit de lecteur ne prétend à aucune rationnalité, ni à un jugement qui soit "justifié", c'est du pur ressenti, cette sensation à la lecture indicible qui vous permet de vous évader, par l'évocation, la sonorité, le chant des mots, la narration, bref, le talent de l'écrivain... Et surtout "les racines" des mots, celles qui sous-tendent le récit par leur force evocatoire, car derrière chaque nom, même le plus humble, il y a une histoire. En choisissant des noms propres et des noms de lieux aussi caractéristiques, on orient délibérément le lecteur vers un univers tout autre, différent, aux sonorités "modernes" celles que l'on retrouve sur les panneaux d'autoroute moderne et sur les cartes Michelin... C'est ce choix que je critique, il procède d'une esthétique qui n'est pas selon moi conforme à l'esprit de Tolkien. Je pense qu'il manque une relecture etymologique à cette nouvelle traduction, quelqu'un qui aurait été à même de faire un lien entre les différentes propositions afin d'en valider la conformité...
Tu commences par évoquer ton droit de lecteur de ne pas voir ou rechercher de rationalité dans la traduction pour finir par proposer une conformité et une validation étymologique. Avoue que c'est antinomique.
Par essence, l'étymologie est le fait de rationaliser la création de mots. De plus, on ne répètera jamais assez, la nouvelle traduction s'est basée sur les règles étymologiques émises par Tolkien pour traduire les noms propres du SdA, ils ne proviennent pas de nulle part. Il y a donc à la fois une conformité et une rationalité, et un respect du texte de Tolkien, puisque Daniel Lauzon a suivi ces règles, cherchant à s'approcher au plus près de l'étymologie de la VO adaptée au français. L'exemple de la traduction de Bree en Brie en est l'exemple parfait.
Citation :Et une relecture "affective" aurait sans doute permis d'adoucir certains de ces choix sans en dénaturer autant la saveur.L'affect, ça ne se conduit pas. J'ai personnellement beaucoup plus d'affect désormais pour cette nouvelle traduction que pour celle de Ledoux. Alors qui peut se permettre d'être le juge ultime ? Si cette nouvelle traduction existe, c'est sûrement aussi qu'elle a été d'une manière ou d'une autre validée par la famille Tolkien.
Citation :Sur "La Comté", il est assez amusant de noter que Vincent Ferré, dans la vidéo sur youtube consacrée à cette nouvelle traduction, continue à utiliser le féminin...Comme beaucoup de lecteurs que nous sommes. La nouvelle traduction n'a qu'une année, trois pour celle du Hobbit, à comparer aux quarante de la première. Elle n'a pas eu le temps de s'installer pleinement, surtout face à un mur d'incompréhension comme tu peux en être l'exemple.
Citation :De plus, je pense sincèrement qu'un canadien de langue française ne peut pas avoir la même sensibilité qu'un français sur ces questions d'onomastique, et c'est là, selon moi, que réside le problème. Les connaissances linguistiques universitaires et les compétences de traducteur, aussi élevées soient-elles ne peuvent pas remplacer le ressenti culturel d'un natif par rapport à sa propre langue, aux noms qui l'environnent depuis sa naissance, ce qu'il sait de ce nom par rapport à la région à laquelle il fait référence, par rapport au "background" culturel de tel nom de lieu (ou de famille).Ca serait d'abord oublier que Daniel Lauzon n'est pas un amateur, qu'il connait très bien le style de Tolkien depuis une dizaine d'années, qu'il a beau être canadien, il connait très bien français (sans doute mieux que beaucoup de gens nés en métropole) et ça serait également oublier que l’œuvre ne passe pas du traducteur à la presse sans être relue par l'équipe éditoriale. Donc non, l'argument de la nationalité n'est aucunement valable.
Citation :J'aimerai par exemple beaucoup savoir comment dans la nouvelle traduction, est traduite la partie ou Tolkien parle, dans la même phrase, des "Hauts des Galgals" et de "tertres" environnants (ou quelque chose comme ça)... En traduisant "Hauts des Galgals" par "tertre" on se tire soi-même une flêche dans le pied car on se trouve confronté à une répétition.
Je pense qu'il s'agit de ce passage :
Citation :Soudain, les paroles de Tom laissèrent les bois et s’en furent remonter le jeune cours d’eau, sauter les chutes d’eau bouillonnantes, gambader sur les cailloux et les rochers usés, et parmi les fleurs menues, dans l’herbe serrée et les fissures humides, pour aboutir enfin au flanc des Coteaux. Ils eurent vent des Grands Tertres et des monticules verts, et des anneaux de pierre sur les collines, et dans les creux parmi les collines. Des moutons bêlaient en troupeaux. Des murs verts s’élevaient et des murailles blanches. Il y avait des forteresses sur les hauteurs. Des rois de petits royaumes se battaient entre eux, et le jeune Soleil flamboyait sur le métal rouge de leurs épées neuves aux lames assoiffées. Il y eut des victoires et des défaites ; des tours tombèrent, des forteresses furent incendiées, et des flammes montèrent dans le ciel. L’or fut amoncelé sur les catafalques de rois et de reines morts ; des monticules furent érigés et les portes de pierre refermées ; et l’herbe recouvrit tout. Les moutons vinrent brouter l’herbe pour un temps, mais bientôt, les collines furent de nouveau vides. Une ombre surgit de contrées obscures et lointaines, et les ossements furent dérangés sous les monticules. Des Esprits des Tertres hantèrent les endroits creux avec un tintement d’anneaux sur des doigts glacials, et de chaînes d’or au vent. Des cercles de pierres levées grimaçaient comme des bouches édentées dans le clair de lune.
Citation : Je ne le retrouve pas... mais quand bien même il s'agit d'un cas d'espèce qui illustre parfaitement mon propos.Es-tu aussi sûr que ça soit un cas d'école ?
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?