28.01.2005, 16:02
Lady-Ewen a écrit :Tiens... Tolkien se décline en statistiques maintenant... !!! Dommage!Toute langue peut être abordée du point de vue statistique (cf. les études récentes sur les mots les plus courants du vocabulaire français, très utiles pour ceux qui veulent enseigner le français usuel à des étrangers), les langues inventées de Tolkien comme les langues réelles de notre monde.
En linguistique, la statistique peut être employée à tous les niveaux de la langue : phonologie, morphologie, lexique, syntaxe. Mais c'est un angle d'approche assez récent puisque l'étude statistique d'une langue nécessite l'établissement de corpus, c'est-à-dire un ensemble d'énoncés attestés dans une langue donnée. Or, seule l'informatisation a rendue possible la réalisation de corpus conséquent et surtout leur étude statistique systématique.
Plus le corpus est important et varié (énoncés littéraires et oraux, car forme écrite et orale d'une langue varient dans leur usage : ex. quasi absence de je et tu dans l'écrit, omniprésence dans l'oral), plus son étude révélera des faits pertinents sur la langue observée, avec cependant une réserve : l'ensemble des énoncés productibes par un locuteur est infini. Donc, même le plus grand corpus ne pourra jamais rendre compte de tous les faits de langue, d'où la nécessité de recourir à l'introspection, c'est-à-dire l'intuition du locuteur.
Pour en revenir à Tolkien et ses langues, je n'ai pas connaissance d'études statistiques systématiques (bien que l'équipe de l'Elvish Linguistic Fellowship ait eut recours à des statistiques, notamment dans la comparaison du qenya "primitif" et du quenya ultérieur et du gnomique avec le sindarin, comem dans l'article Gnomish is Sindarin). De toute façon, ce genre d'étude ne pourra être conduite de façon satisfaisante que lorsque l'ensemble du corpus linguistique de Tolkien aura été publié, ce qui n'est pas encore le cas à ce jour, malgré les efforts récents de l'E.L.F. pour publier les écrits linguistiques inédits du professeur.