18.11.2019, 04:10
(Modification du message : 18.11.2019, 09:48 par Daniel Lauzon.)
J'irai dans l'ordre, et au choix... il y a beaucoup à dire. Mais tout d'abord : bonjour ! 
Ouistrenesse, ouistrain. (Westernesse, Westron). Le rapport avec l'Ouest (et donc, avec Númenor), d'une importance primordiale, est totalement occulté. Une étonnante création de Francis Ledoux qui n'est pas sans un certain charme, qui a le mérite d'être phonétiquement très proche, et c'est tout ce qu'on peut en dire. "Ouistre", ne serait qu'une fantaisie, une invention s'appuyant (ou non) sur des notions de linguistique générale. Quelle que soit son origine, le choix est discutable pour la raison mentionnée ci-dessus.
Ouf! Pause réflexion.
..."On ne traduit pas pour se démarquer, il me semble, mais pour être le plus fidèle possible au texte d'origine."...
Sage. Il n'est pourtant pas interdit de le faire, tenez, "La" Comté, par exemple. N'était-ce pas une heureuse idée? D'un certain point de vue. En voici un autre.
Comté. nom masculin, est le mot français usuel qui désigne la subdivision territoriale d'Angleterre que les Anglais nomment Shire. (Les countys anglais sont tout autre chose et n'ont rien à voir dans cette discussion.) Le Shire fictionnel est un reflet de l'Angleterre rurale d'une époque pas si lointaine. Ce n'est pas la Franche-Comté, ni aucune région française à laquelle on peut penser; et il n'est pas non plus question d'un fromage de quelque nature que ce soit. En effet, Le Seigneur des Anneaux exige un niveau de lecture supérieur à celui d'un enfant du primaire, merci de l'avoir rappelé.
Toujours là? Arrêtons-nous encore un instant, question de souffler.
..."Une traduction qui transpire et veut se rapprocher de la "culture" actuelle, dans toute sa pauvreté."...
N'est-ce pas? Ce désir de faire jeune! Alors que le "c'était mieux avant", lui, est indémodable.
Bon. Je m'en voudrais d'étaler ici une prose aride et pétentieuse. Alors tâchons de démêler ce qui peut l'être sans se répandre en explications pédantesques. Car avec un peu de bonne foi, on peut aussi répondre soi-même à ses propres questions.
1. Question. "Mes gars", n'est pas écrit par Tolkien, ca vient d'ou ?
2. Observation. Lad ne signifie pas "tout", mais gars.
(3. Déduction. Le traducteur a effectué un transfert.)
(4. Considération. Le traducteur s'est peut-être autorisé une licence supplémentaire dans les passages en vers. Chose qui se comprendrait et qui se fait depuis que les Italiens ont commencé à faire des proverbes.)
Je mets entre parenthèses pour ne brusquer personne. À chacun le loisir de développer, ou non, sa réflexion.
Continuons sur le chemin de la déduction.
"Legros, en prenant Huge comme racine de Huggins peut être..."
Alors là, oui. Ou plutôt, non.
"Cependant, on peut aussi rapprocher Huggins de hug (etreinte), comme Baggins de Bag (sac). Bref bref bref..."
On peut, on peut... En fait, non, on ne peut pas. Le petit détail qui coince est que ce nom de famille est du genre patronymique. Huggins, c'est le fils de Hugh. Alors, au lieu de proposer Guillaume Câlinou (William Huggins, étreinte), on pourrait le traduire par Guillaume de Hugues, par exemple. Cela serait parfaitement juste et rigoureux. Mais bref.
Quelqu'un a aussi proposé, il y a bien longtemps, "Georges Pétasite" pour traduire Barliman Butterbur. Cela aussi est parfaitement juste. Si toutefois quelqu'un a cru un jour qu'une traduction génialement définitive de ce nom finirait par être trouvée, ce n'est certes pas l'inventeur de Georges Pétasite, que je passerai sous silence pour cette fois. D'ailleurs, il serait envisageable, pour être parfaitement à la page, d'élaborer par le génie informatique une sorte de "Barliman Name Generator" qui conjuguerait au hasard variétés céréalières et noms de plantes basses en forme de poires évasées (si j'ai bien compris la démonstration); ou de "plantes à grosses fleurs tombantes et à tige épaisse", pour en rester plutôt à la citation de Tolkien donnée dans la citation non référencée qui a été laissée plus haut. Enfin, vous voyez, c'est un peu compliqué, ces choses-là.
Dommage, car il se fait tard. Je vais devoir faire court. Mais avant de m'arrêter, j'invite - par mesure de précaution, et pour éviter une bien malencontreuse levée de boucliers contre la trop souvent malmenée première traduction de Francis Ledoux - j'invite, donc, tous les violonistes, altistes, gambistes, etc., petite formation, grand orchestre, enfin, peu importe, à me contacter d'avance pour tout problème concernant le nom Archet ; je leur demande de bien vouloir comprendre que Ledoux s'est simplement conformé à la consigne de Tolkien en conservant ce nom tel quel, et que c'est un bien malheureux hasard si, en français, nous avons un mot homographe (mais pas homophone) qui fait penser à une baguette à crins d'équidés.
Il en va de même pour le Brie de Lauzon (tel est pris qui croyait prendre ?), ou pour le golfe de Lune, que l'on pourrait, un peu étourdiment certes, prendre pour un terrain de sport de balle sur le satellite naturel de notre Terre.
Que retenir de tout cela ? Oserais-je suggérer : que toute traduction a ses mérites, mais qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs ? Et pour rester dans le domaine proverbial... que si Paris vaut bien une messe, Tolkien vaut bien un fromage ?
Amicalement
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Ouistrenesse, ouistrain. (Westernesse, Westron). Le rapport avec l'Ouest (et donc, avec Númenor), d'une importance primordiale, est totalement occulté. Une étonnante création de Francis Ledoux qui n'est pas sans un certain charme, qui a le mérite d'être phonétiquement très proche, et c'est tout ce qu'on peut en dire. "Ouistre", ne serait qu'une fantaisie, une invention s'appuyant (ou non) sur des notions de linguistique générale. Quelle que soit son origine, le choix est discutable pour la raison mentionnée ci-dessus.
Ouf! Pause réflexion.
..."On ne traduit pas pour se démarquer, il me semble, mais pour être le plus fidèle possible au texte d'origine."...
Sage. Il n'est pourtant pas interdit de le faire, tenez, "La" Comté, par exemple. N'était-ce pas une heureuse idée? D'un certain point de vue. En voici un autre.
Comté. nom masculin, est le mot français usuel qui désigne la subdivision territoriale d'Angleterre que les Anglais nomment Shire. (Les countys anglais sont tout autre chose et n'ont rien à voir dans cette discussion.) Le Shire fictionnel est un reflet de l'Angleterre rurale d'une époque pas si lointaine. Ce n'est pas la Franche-Comté, ni aucune région française à laquelle on peut penser; et il n'est pas non plus question d'un fromage de quelque nature que ce soit. En effet, Le Seigneur des Anneaux exige un niveau de lecture supérieur à celui d'un enfant du primaire, merci de l'avoir rappelé.
Toujours là? Arrêtons-nous encore un instant, question de souffler.
..."Une traduction qui transpire et veut se rapprocher de la "culture" actuelle, dans toute sa pauvreté."...
N'est-ce pas? Ce désir de faire jeune! Alors que le "c'était mieux avant", lui, est indémodable.
Bon. Je m'en voudrais d'étaler ici une prose aride et pétentieuse. Alors tâchons de démêler ce qui peut l'être sans se répandre en explications pédantesques. Car avec un peu de bonne foi, on peut aussi répondre soi-même à ses propres questions.
1. Question. "Mes gars", n'est pas écrit par Tolkien, ca vient d'ou ?
2. Observation. Lad ne signifie pas "tout", mais gars.
(3. Déduction. Le traducteur a effectué un transfert.)
(4. Considération. Le traducteur s'est peut-être autorisé une licence supplémentaire dans les passages en vers. Chose qui se comprendrait et qui se fait depuis que les Italiens ont commencé à faire des proverbes.)
Je mets entre parenthèses pour ne brusquer personne. À chacun le loisir de développer, ou non, sa réflexion.
Continuons sur le chemin de la déduction.
"Legros, en prenant Huge comme racine de Huggins peut être..."
Alors là, oui. Ou plutôt, non.
"Cependant, on peut aussi rapprocher Huggins de hug (etreinte), comme Baggins de Bag (sac). Bref bref bref..."
On peut, on peut... En fait, non, on ne peut pas. Le petit détail qui coince est que ce nom de famille est du genre patronymique. Huggins, c'est le fils de Hugh. Alors, au lieu de proposer Guillaume Câlinou (William Huggins, étreinte), on pourrait le traduire par Guillaume de Hugues, par exemple. Cela serait parfaitement juste et rigoureux. Mais bref.
Quelqu'un a aussi proposé, il y a bien longtemps, "Georges Pétasite" pour traduire Barliman Butterbur. Cela aussi est parfaitement juste. Si toutefois quelqu'un a cru un jour qu'une traduction génialement définitive de ce nom finirait par être trouvée, ce n'est certes pas l'inventeur de Georges Pétasite, que je passerai sous silence pour cette fois. D'ailleurs, il serait envisageable, pour être parfaitement à la page, d'élaborer par le génie informatique une sorte de "Barliman Name Generator" qui conjuguerait au hasard variétés céréalières et noms de plantes basses en forme de poires évasées (si j'ai bien compris la démonstration); ou de "plantes à grosses fleurs tombantes et à tige épaisse", pour en rester plutôt à la citation de Tolkien donnée dans la citation non référencée qui a été laissée plus haut. Enfin, vous voyez, c'est un peu compliqué, ces choses-là.
Dommage, car il se fait tard. Je vais devoir faire court. Mais avant de m'arrêter, j'invite - par mesure de précaution, et pour éviter une bien malencontreuse levée de boucliers contre la trop souvent malmenée première traduction de Francis Ledoux - j'invite, donc, tous les violonistes, altistes, gambistes, etc., petite formation, grand orchestre, enfin, peu importe, à me contacter d'avance pour tout problème concernant le nom Archet ; je leur demande de bien vouloir comprendre que Ledoux s'est simplement conformé à la consigne de Tolkien en conservant ce nom tel quel, et que c'est un bien malheureux hasard si, en français, nous avons un mot homographe (mais pas homophone) qui fait penser à une baguette à crins d'équidés.
Il en va de même pour le Brie de Lauzon (tel est pris qui croyait prendre ?), ou pour le golfe de Lune, que l'on pourrait, un peu étourdiment certes, prendre pour un terrain de sport de balle sur le satellite naturel de notre Terre.
Que retenir de tout cela ? Oserais-je suggérer : que toute traduction a ses mérites, mais qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs ? Et pour rester dans le domaine proverbial... que si Paris vaut bien une messe, Tolkien vaut bien un fromage ?
Amicalement
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