03.11.2019, 01:22
Je n'ai jamais détaillé mes propres choix (alors que j'invite tout le monde à le faire et que je me réjouis chaque fois que quelqu'un s'y attelle!).
* La représentation des femmes et des races dans l'œuvre de Tolkien
Certes, Tolkien n'est pas misogyne ; et son racisme ne me semble pouvoir appartenir que du domaine de l'hypothèse (même si je pense à titre personnel qu'on a plus d'éléments qui la corroborent que d'éléments qui l'infirment). Il n'empêche : les femmes, dans l'œuvre de Tolkien, occupent soit une position quasi hiératique (c'est le cas de Melian, de Galadriel), soit ne sont que des faire-valoir (Rosie, Arwen, Finduilas, Idril). Elles sont souvent 'parfaites' au sens où il n'y a guère de personnages féminins négatifs (avec des exceptions comme Miriel, Morwen, Erendis et Beruthiel, chacune à sa façon, et qui constituent, surtout pour Morwen, des personnages féminins un peu intéressants). Deux exceptions me viennent en tête : Eowyn, qui à mon avis est un très mauvais contre-exemple puisque, si elle se lance dans la bataille, ce n'est pas par courage, mais parce que quelque chose est cassé chez elle qui la pousse à partir au-devant de la mort, et quand cette ombre sera levée, elle se rangera bien tranquillement à son rôle d'épouse ; et Tinuviel.
J'ai déjà soutenu plus haut que le Hobbit et le Seigneur des Anneaux met finalement en scène des "clubs" masculins (le Conseil d'Elrond, la Fraternité, la Compagnie de Thorin) où les femmes n'ont simplement pas leur place.
* Le culte rendu à Tolkien
En tant qu'iconoclaste compulsif, cette tendance à sacraliser Tolkien, à considérer qu'il ne faut pas entacher son œuvre avec des adaptations, que le moindre de ses brouillons a un intérêt littéraire (par exemple, quel intérêt a The Story of Kullervo, sinon pour la recherche ? Pour moi, aucun, même si j'utilise ce livre à titre de "matériel d'étude".), m'est assez insupportable.
* Les langues inventées
Ici, je vais y aller franchement : je n'aime pas l'approche qu'a Tolkien des langues, tout simplement. Pour dire les choses de manière un peu caricaturale, il en a une approche assez globalement grammairienne. Pour lui, apprendre une langue, c'est emprunter une grammaire à la bibliothèque, et apprendre par cœur des mots, des déclinaisons, des règles syntaxiques, etc. Quand il crée une langue, il cherche grosso modo à faire la même chose. C'est une approche des langues qui, là encore dit sans ambages, ne m'intéresse pas. Ce que j'aime, dans les langues, c'est ce qu'elles ont de glissant, d'inexplicable, ces structures qui, quand on les considère attentivement, ne devraient pas avoir de sens, et pourtant sont utilisée quotidiennement ; bref, c'est tout ce qui ne fait pas système, tout ce qui dont d'elles une entité fluide, mouvante, et forcément un peu informe. Ce n'est pas cet aspect qui intéresse Tolkien au premier chef, vraisemblablement.
Après, je ne me suis plongé dans les centaines d'écrits linguistiques extrêmement techniques et détaillés, et sans doute, un passionné des langues de Tolkien trouvera trop facilement matière à me contredire. Il n'empêche : pour moi, l'approche des langues n'a pas à prendre cet aspect extrêmement fouillé, précis, détaillé et technique. C'est dans ma vision des choses contraire à ce qui fait la vie, le ressort d'une langue.
Ensuite, je suis d'accord avec Tikidiki pour dire qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre les affirmations de Tolkien comme quoi il écrit une "mythologie pour ses langues". C'est, disons, ce qu'il aime bien croire et bien dire. Y souscrire intégralement, c'est à mon avis faire preuve d'un peu de cette dévotion cultuelle que j'évoquais plus haut. Les motifs narratifs et mythologiques sont dérivés d'un corps de légendes préexistant au légendaire au tolkienien, par exemple, et il les articule en un tout nouveau, puissant et cohérent. Par ailleurs, le dessin, et donc la puissance de visualisation singulière de Tolkien, ainsi que la poésie, préparent à mon avis bien mieux les récits du légendaire que ne le fait le lexique Qenya de 1915. Quant au Seigneur des Anneaux, l'écart avec la langue me paraît encore plus important.
Certes, il y a l'onomastique. Mais si associer quelques syllabes de manière un peu régulière ("dor" = pays, "mor" = noir, "annon" = porte), par exemple, est plaisant, d'autant plus que ce n'est nulle part explicité ce qui ménage la satisfaction de les retrouver, cela ne constitue pas l'assise du roman. Si les auteurs de fantasy ultérieurs ont utilisé des noms fantoches comme Faêrun ou Glorantha, c'est bien parce que, pour la plupart des lecteurs de Tolkien, les noms n'ont guère plus qu'un effet phonesthétique, qu'on peut reproduire de manière un peu hasardeuse et avec plus ou moins de succès.
Enfin, Tolkien joue certes, à l'occasion, avec les langues ; mais à l'occasion seulement. Leur rôle narratif est marginal. Il n'hésite pas ainsi à faire usage d'un "westron" bien commode, un peu comme le "Basic" dans Star Wars, qui évite d'avoir à se frotter aux problèmes de l'inter-communication. Donc, j'aurais tendance à minimiser l'importance des langues de Tolkien en tant que composante cruciale de ses récits.
* La représentation des femmes et des races dans l'œuvre de Tolkien
Certes, Tolkien n'est pas misogyne ; et son racisme ne me semble pouvoir appartenir que du domaine de l'hypothèse (même si je pense à titre personnel qu'on a plus d'éléments qui la corroborent que d'éléments qui l'infirment). Il n'empêche : les femmes, dans l'œuvre de Tolkien, occupent soit une position quasi hiératique (c'est le cas de Melian, de Galadriel), soit ne sont que des faire-valoir (Rosie, Arwen, Finduilas, Idril). Elles sont souvent 'parfaites' au sens où il n'y a guère de personnages féminins négatifs (avec des exceptions comme Miriel, Morwen, Erendis et Beruthiel, chacune à sa façon, et qui constituent, surtout pour Morwen, des personnages féminins un peu intéressants). Deux exceptions me viennent en tête : Eowyn, qui à mon avis est un très mauvais contre-exemple puisque, si elle se lance dans la bataille, ce n'est pas par courage, mais parce que quelque chose est cassé chez elle qui la pousse à partir au-devant de la mort, et quand cette ombre sera levée, elle se rangera bien tranquillement à son rôle d'épouse ; et Tinuviel.
J'ai déjà soutenu plus haut que le Hobbit et le Seigneur des Anneaux met finalement en scène des "clubs" masculins (le Conseil d'Elrond, la Fraternité, la Compagnie de Thorin) où les femmes n'ont simplement pas leur place.
* Le culte rendu à Tolkien
En tant qu'iconoclaste compulsif, cette tendance à sacraliser Tolkien, à considérer qu'il ne faut pas entacher son œuvre avec des adaptations, que le moindre de ses brouillons a un intérêt littéraire (par exemple, quel intérêt a The Story of Kullervo, sinon pour la recherche ? Pour moi, aucun, même si j'utilise ce livre à titre de "matériel d'étude".), m'est assez insupportable.
* Les langues inventées
Ici, je vais y aller franchement : je n'aime pas l'approche qu'a Tolkien des langues, tout simplement. Pour dire les choses de manière un peu caricaturale, il en a une approche assez globalement grammairienne. Pour lui, apprendre une langue, c'est emprunter une grammaire à la bibliothèque, et apprendre par cœur des mots, des déclinaisons, des règles syntaxiques, etc. Quand il crée une langue, il cherche grosso modo à faire la même chose. C'est une approche des langues qui, là encore dit sans ambages, ne m'intéresse pas. Ce que j'aime, dans les langues, c'est ce qu'elles ont de glissant, d'inexplicable, ces structures qui, quand on les considère attentivement, ne devraient pas avoir de sens, et pourtant sont utilisée quotidiennement ; bref, c'est tout ce qui ne fait pas système, tout ce qui dont d'elles une entité fluide, mouvante, et forcément un peu informe. Ce n'est pas cet aspect qui intéresse Tolkien au premier chef, vraisemblablement.
Après, je ne me suis plongé dans les centaines d'écrits linguistiques extrêmement techniques et détaillés, et sans doute, un passionné des langues de Tolkien trouvera trop facilement matière à me contredire. Il n'empêche : pour moi, l'approche des langues n'a pas à prendre cet aspect extrêmement fouillé, précis, détaillé et technique. C'est dans ma vision des choses contraire à ce qui fait la vie, le ressort d'une langue.
Ensuite, je suis d'accord avec Tikidiki pour dire qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre les affirmations de Tolkien comme quoi il écrit une "mythologie pour ses langues". C'est, disons, ce qu'il aime bien croire et bien dire. Y souscrire intégralement, c'est à mon avis faire preuve d'un peu de cette dévotion cultuelle que j'évoquais plus haut. Les motifs narratifs et mythologiques sont dérivés d'un corps de légendes préexistant au légendaire au tolkienien, par exemple, et il les articule en un tout nouveau, puissant et cohérent. Par ailleurs, le dessin, et donc la puissance de visualisation singulière de Tolkien, ainsi que la poésie, préparent à mon avis bien mieux les récits du légendaire que ne le fait le lexique Qenya de 1915. Quant au Seigneur des Anneaux, l'écart avec la langue me paraît encore plus important.
Certes, il y a l'onomastique. Mais si associer quelques syllabes de manière un peu régulière ("dor" = pays, "mor" = noir, "annon" = porte), par exemple, est plaisant, d'autant plus que ce n'est nulle part explicité ce qui ménage la satisfaction de les retrouver, cela ne constitue pas l'assise du roman. Si les auteurs de fantasy ultérieurs ont utilisé des noms fantoches comme Faêrun ou Glorantha, c'est bien parce que, pour la plupart des lecteurs de Tolkien, les noms n'ont guère plus qu'un effet phonesthétique, qu'on peut reproduire de manière un peu hasardeuse et avec plus ou moins de succès.
Enfin, Tolkien joue certes, à l'occasion, avec les langues ; mais à l'occasion seulement. Leur rôle narratif est marginal. Il n'hésite pas ainsi à faire usage d'un "westron" bien commode, un peu comme le "Basic" dans Star Wars, qui évite d'avoir à se frotter aux problèmes de l'inter-communication. Donc, j'aurais tendance à minimiser l'importance des langues de Tolkien en tant que composante cruciale de ses récits.