07.11.2016, 01:07
Comme Baradon, j'ai considéré le "pour moi" et l'ai placé en écrivain-culte. Il ne peut en être autrement si je considère le rôle qu'il joue dans ma vie, et le simple contenu de ma bibliothèque suffirait à m'en convaincre. Non seulement y occupe-t-il un espace substantiel, mais une grande partie en dehors de lui strictement lui est cependant redevable. Je doute que le Kalevala, les Mabinogion, Beowulf, pas mal d'ouvrages norrois et j'en passe y auraient figuré autrement. Tout ce qui j'ai lu en fantaisie vient in fine de ma lecture de Tolkien, car je ne lisais à peu près pas ce genre, en dehors du conte merveilleux, avant de le découvrir lui (ou plutôt, de le redécouvrir). En un sens, je pourrais aussi mettre dans le lot toute ma substantielle bibliothèque de linguistique, qui découle en bonne partie de mon intérêt pour ses langues inventées.
Personnellement, une richesse majeure de sa création tient, en plus de ce qu'elle contient en soi, à tout ce à quoi elle fait référence et qu'elle m'a fait aimer... avant d'y revenir avec une vision enrichie.
Le placer comme écrivain de manière générale est autrement plus délicat, en admettant que cela ait un sens et qu'il y ait une échelle unique pour ce genre de choses. Car comment définir le "grand auteur" : par le succès, et alors immédiat ou dans le temps ? par l'influence sur d'autres auteurs, avec les mêmes questions de temps ? par la variété de l'oeuvre ? par la nouveauté dans l'art de la langue ?
Fondamentalement, le jugement va dépendre de la place que l'on accorde à la fantaisie au sein de la littérature, car c'est le seul genre qu'il a pratiqué de manière vraiment substantielle, en tant que créateur, s'entend (cela exclut ses travaux universitaires, qui cependant ne sont pas sans lien). Là, il occupe de toute évidence une place prééminente, voire "culte". Dans la littérature en général, c'est beaucoup plus douteux. Il est difficile à placer dans son siècle, et à maints égards il continue plus certains courants du XIXe qu'il ne s'inscrit dans ce qui s'est développé au XXe. Il a pratiqué maintes formes et styles, mais n'en a pas réellement créé - j'exclus le domaine très spécial des langues inventées, qu'il est difficile de faire rentrer dans la "littérature".
Enfin, il y a le fait notable qu'une grande partie de son oeuvre n'a été connue que de manière posthume, et que nous sommes toujours à la découvrir. En ce sens, il est sans doute encore trop tôt pour évaluer toute son importance. Revenons dans un siècle ou deux et voyons ce qui en reste...
Personnellement, une richesse majeure de sa création tient, en plus de ce qu'elle contient en soi, à tout ce à quoi elle fait référence et qu'elle m'a fait aimer... avant d'y revenir avec une vision enrichie.
Le placer comme écrivain de manière générale est autrement plus délicat, en admettant que cela ait un sens et qu'il y ait une échelle unique pour ce genre de choses. Car comment définir le "grand auteur" : par le succès, et alors immédiat ou dans le temps ? par l'influence sur d'autres auteurs, avec les mêmes questions de temps ? par la variété de l'oeuvre ? par la nouveauté dans l'art de la langue ?
Fondamentalement, le jugement va dépendre de la place que l'on accorde à la fantaisie au sein de la littérature, car c'est le seul genre qu'il a pratiqué de manière vraiment substantielle, en tant que créateur, s'entend (cela exclut ses travaux universitaires, qui cependant ne sont pas sans lien). Là, il occupe de toute évidence une place prééminente, voire "culte". Dans la littérature en général, c'est beaucoup plus douteux. Il est difficile à placer dans son siècle, et à maints égards il continue plus certains courants du XIXe qu'il ne s'inscrit dans ce qui s'est développé au XXe. Il a pratiqué maintes formes et styles, mais n'en a pas réellement créé - j'exclus le domaine très spécial des langues inventées, qu'il est difficile de faire rentrer dans la "littérature".
Enfin, il y a le fait notable qu'une grande partie de son oeuvre n'a été connue que de manière posthume, et que nous sommes toujours à la découvrir. En ce sens, il est sans doute encore trop tôt pour évaluer toute son importance. Revenons dans un siècle ou deux et voyons ce qui en reste...
Le langage a à la fois renforcé l'imagination et a été libéré par elle. Qui saura dire si l'adjectif libre a créé des images belles et bizarres ou si l'adjectif a été libéré par de belles et étranges images de l'esprit ? - J. R. R. Tolkien, Un vice secret