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29.08.2024, 11:23
(Modification du message : 29.08.2024, 11:24 par Mairon.)
C'est vrai à 99%, Druss.
Non, ils ne peuvent pas comparer les différentes versions et choisir celle qui leur convient, comme ils le prétendent.
Bien entendu, c'est difficile de donner des explications par rapport à un projet qui repose tout entier sur d'énormes paradoxes. Mais ils en rajoutent vu leur manière d'aborder l'affaire.
Non, ce genre de choses n'est pas inoffensif par rapport à la réception de l'œuvre originale, notamment dans un monde où on a de plus en plus la possibilité de découvrir un univers de fiction en commençant par des "produits dérivés" et des adaptations...
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(29.08.2024, 11:23)Mairon a écrit : C'est vrai à 99%, Druss.
Non, ils ne peuvent pas comparer les différentes versions et choisir celle qui leur convient, comme ils le prétendent.
Ils disent exactement l'inverse :
Citation :Donc parfois nous n’avions à notre disposition qu’une version et pas une autre. Cela a été libérateur. Si même Tolkien avait des idées différentes sur la façon dont les événements se sont passés, rien ne nous interdit d’avoir une idée intermédiaire voire nouvelle à ce sujet.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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Oui, là j'ai été trop rapide. En revanche, je suppose qu'un néophyte n'aura pas forcément remarqué la subtilité dans leur présentation de l'affaire : ils ont tout un corpus à gérer, or ils n'ont pas accès à "tous les textes" (en fait ils n'ont accès à quasiment aucun des textes), mais ils en sont experts pour essayer de les présenter au néophyte, avec une forte exigence de cohérence, et ce n'est après tout qu'une affaire de détails...
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La véritable fraude se trouve ici : continuer de vouloir se faire passer pour des gens respectueux et connaisseurs de l'oeuvre alors qu'ils se permettent d'écrire une série avec un accès fort limité aux textes. C'est là leur excuse.
Sauf que, s'ils avaient été réellement soucieux de présenter quelque chose qui ait un quelconque rapport, même moindre, avec ce qu'a pu écrire Tolkien, ils ne se seraient pas lancés dans cette entreprise avec si peu de droits. Ce qui prouve, et c'est d'une évidence telle que leur jeu de poudre aux yeux m'agace au plus haut point, que leur soucis premier n'est pas du tout de faire du Tolkien mais de vendre un produit avec la marque Tolkien tamponnée dessus.
Oyez Elfes, vous tous, oyez ! Qu'on ne dise plus jamais des Nains qu'ils sont cupides et désobligeants ! Galadriel
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Incidemment, je suis tombé sur un article du Guardian (en anglais, donc) qui parle des réactions négatives qu'attirent certaines séries télévisées, spécialement celles qui sont des adaptations. Bien évidemment, Les Anneaux de Pouvoir est le premier exemple choisi : " ‘You know your show is garbage!’: inside TV’s biggest backlashes."
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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J'aime bien cet article. Là où beaucoup semblent sous-entendre que la vague de critique négative est due à la couleur de peau, alors que les réactions disproportionnées (réelles, de gens d'extrême droite notamment qui ont toujours voulu s'approprier Tolkien) quant à celle-ci ont surtout eu lieu pendant la promo, avant la sortie de la série, là ils rappellent quand même que la série est avant tout une mauvaise série. Le "wokisme" (je mets entre guillemet car c'est un terme que, je pense, on ne devrait plus utiliser) est passé secondaire voir tertiaire quand tout le monde s'est rendu compte que, au-delà de cette question, c'était juste mal écrit, et qu'en plus, ce n'était pas la pire entorse faite aux textes, loin de là (Rappelons d'ailleurs que, ce que l'article de mentionne pas, c'est que les résultats des Anneaux de Pouvoir ont incontestablement déçu Amazon).
The Boys je ne me prononcerais pas, je n'ai pas lu les comics et j'ai arrêté après la saison 2, car leur promotion à grands coups de "oh, vous avez vu comment on es traaaash olàlà on est traaaash haaan qu'est-ce qu'on est trash" m'a soulé, même s'il m'a paru toujours évident que la série critiquait le discours réactionnaire représenté par le Protecteur.
En revanche, pour la série Watchmen, que je considère comme un chef d'oeuvre, là c'est vraiment une honte. Alan Moore a toujours été très proche des idées défendues par la série (le grand thème de Moore, au-delà du culte de l'Imaginaire, c'est aussi que le pouvoir est toujours répressif) et la trouvaille qui tourne autour du personnage du Juge Masqué est tout bonnement géniale. Rarement j'ai vu un traitement aussi efficace du racisme aux États-Unis dans une histoire de super-héros (à part, bien entendu, quelques arcs des X-Men).
The Acolyte je n'ai pas regardé, mais j'avoue que la tonne de négativité qu'elle se prend en pleine tête me rend curieux
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Le problème, avec la question de la couleur de peau, c'est qu'elle est délicate à traiter. Il y a bel et bien de purs réactionnaires et des trumpistes à l'agenda clair et affiché qui ont pu conspuer la série - notamment en s'en prenant aux acteurs (ce qui est assez révélateur !) - autour de ce sujet, ce qui complique l'affaire. La promotion de la série a pu ensuite utiliser à l'envers cela pour essayer de se "défendre", ce qui a permis de faire passer la pilule aussi pour d'autres aspects, par exemple la question de l'inclusion d'éléments "actuels" dans la série (par exemple, la très étonnante scène où des Númenóréens déclarent que des Elfes sont prêts à leur voler leur travail !
La série assume de présenter les trois catégories d'enfants d'Ilúvatar comme des échos de nos sociétés brassées contemporaines, ce qui, évidemment, ne correspond pas à ce qu'on a dans l'œuvre originale, à sa recherche de vraisemblance antico-médiévale (si on met les Hobbits joliment "anachroniques" de côté) et à ses sources d'inspiration (par exemple, la conception des Elfes chez Tolkien reste très liée à un imaginaire originairement nordique/celtique). Pour moi, cela atténue la cohérence et la vraisemblance de l'univers de la série, mais il est vrai que je la regarde d'un point de vue qui ne peut laisser de côté tout ce que je sais des œuvres originales. On peut sans aucune difficulté proposer, dans un autre monde merveilleux, des conditions qui permettent d'avoir le brassage visible dans la série (notamment sous l'angle de la question elfique), mais le plaquer sur les situations "historiquement plausibles" et correspondant aux intentions auctoriales auxquelles on s'attend chez Tolkien, c'est au minimum compliqué. Encore une fois, je comprends absolument, par exemple, qu'une audience universelle soit gênée de voir que les Elfes, représentant une humanité plus pure, plus "parfaite", correspondent à des physiques européens, mais je ne pense pas que ce soit à l'intérieur d'un univers de fiction dérivé s'estimant "découler" de Tolkien qu'il faudrait "corriger" ce qui serait une "erreur" de Tolkien. Je doute qu'il ait jamais considéré, d'ailleurs, l'affaire sous cet angle.
Je pense aussi que cette approche réduit encore plus l'"historicité" fictionnelle de la série, qui n'a en outre guère les moyens de susciter l'impression de profondeur en dehors du prologue, de quelques références permises et de quelques exceptions (mais considérez la frilosité pour faire le lien direct entre Finrod et Beren, par exemple, permis par LoTR mais compliqué par la question des droits) - à plus forte raison dans la mesure où elle a chamboulé la chronologie.
Il est vrai que les autres défauts de la série ont été ensuite plus relevés que ce genre de sujet, mais il existe encore et n'est pas si secondaire que ça, à plus forte raison au regard de la situation très particulière de la série et de ses intentions. Il y a bel et bien une intention affichée de "modernisation" et de transformation : c'est d'ailleurs ce qui m'irritait dans les propos de l'actrice qui joue Disa (Sophia Nomvete), qui étaient clairement discutables (de mémoire, "à partir de maintenant, c'est comme ça qu'il faut considérer et lire Tolkien" - ce qui est très différent par rapport à un propos qui serait, par exemple "voilà notre proposition pour traiter de ces sujets dans la fantasy d'aujourd'hui").
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Pour la couleur de peau, on s'entend de toute façon plus au moins, comme l'avait montré nos différentes discussions à l'époque de la saison 1. Il ne s'agit pas pour moi de dire que la couleur de peau de certains elfes n'est pas un "problème" (quand il s'agit de fidélité à l'oeuvre j'entends, parce qu'en soit, la série pourrait aussi ne pas être fidèle du tout, et être malgré tout une bonne série, et là, peu importe la couleur de peau). Mais c'est assez délicat justement, de se retrouver sur cette question, tenaillé entre ceux qui conspuent non pour des raisons de respect de l'oeuvre ou de connaissances de l'auteur, mais bien pour des raisons idéologiques qui flirtent avec le nauséabond, et ceux qui veulent imposer à toute forme d'oeuvre actuelle une ligne correspondant à leur idéologie. En fait les deux se rejoignent de ce point de vue là : avoir une oeuvre qui les flatte dans leur opinion politique.
Moi ce qui m'intéresse, c'est le discours chez Tolkien et à quel moment telle décision est pertinente pour une adaptation (et justement, pour ce qui est de la pertinence des elfes à la peau noire chez Tolkien, il me semble qu'on en a largement discuté sur ce forum).
On se rejoint sur les propos de l'actrice, son discours m'avait passablement énervé, à l'époque.
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05.10.2024, 19:48
(Modification du message : 05.10.2024, 19:53 par Mairon.)
Deuxième saison terminée.
Pour une série avec un aussi grand budget général, je continue de trouver étonnant que la taille des peuples et des batailles soit aussi réduite. Jamais plus de quelques centaines de personnes à l'écran. Difficile pour moi de réconcilier le propos d'Adar qui dit avoir convoqué des "légions" d'orques alors que les forces qu'on voit à l'écran équivalent à peine à une légion romaine. Du côté des elfes, les défenseurs semblent excessivement peu nombreux, et la cavalerie venant du Lindon est elle aussi fort réduite.
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Sans parler des dizaines de nains (seulement) qui surgissent plus tard. Sans parler aussi du nombre ridicule de survivants elfiques pour la scène finale. Cela me fait exactement le même effet que dans la scène du départ de Númenor de Galadriel avec quelques bateaux, avec comme accompagnement la musique de Bear McCreary toujours aussi bonne, mais qui semble à des degrés de magnitude bien plus élevés que ce qui est montré à l'écran.
Je me demande les raisons du choix des showrunners sur ce point, puisque les décors eux-mêmes sont généralement bien réalisés. Mon impression reste qu'il est difficile de croire à des enjeux universels face à ce type de bataille et de "petit monde", que j'ai plus l'habitude de voir dans des productions avec des budgets très contraints. Mais finalement, c'est adapté au type de scénario qui est ici livré, avec les stéréotypes et motifs habituels.
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Par exemple, la possibilité que les chefs se rencontrent, la possibilité du duel singulier, le fait de retrouver les chefs/personnages principaux dans l'imminence du péril puisque plus personne n'est là pour les protéger... C'est possible à faire dans d'autres circonstances, mais disons que la série a choisi la voie de la facilité.
Autant d'éléments qui atténuent beaucoup les idées parfois bonnes, quoique discutables, qu'on peut trouver par ailleurs. Même si le bon est parfois mêlé au peu inspiré : faire prophétiser en de tels termes Celebrimbor face à un Sauron qui n'a pas encore forgé l'Anneau unique... va faire passer Sauron pour un idiot encore plus grand qu'il ne l'est durant la saison prochaine.
Je continue d'être très gêné par la communication autour de la "fidélité à l'œuvre", relayé par les bonnes âmes fans de la série. Je vais de ce pas faire une série où Noé, Moïse et Jésus vivent à la même époque...
Là où c'est véritablement gênant, c'est que des gens commencent à dire ou à faire croire que ça éclaire les motivations des personnages dans l'œuvre originale - même si 90% d'entre eux pensent en réalité aux films de Peter Jackson plutôt qu'à Tolkien. Préparez-vous à une vague de "Ah mais j'ai compris, Galadriel était amoureuse de Sauron autrefois !*". Ma parole.
À part ça, le côté dérivatif et risqué de l'entreprise continue de se faire sentir.
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Un duel Galadriel/Sauron était évidemment attendu, mais évidemment ça met en péril la spécificité du combat, plus tard, entre Sauron, Elendil et Gil-Galad.
La confrontation encore à venir de Gandalf avec le mauvais mage ne peut que nuire par le phénomène de "duplication dans une présuite" à ce qui faisait de sa confrontation avec Saruman quelque chose d'unique et d'original.
J'en reste là pour le moment.
* Alors, j'ai envie d'ajouter quand même qu'on a à peu près tous les ingrédients irritants dans une partie de la culture pop contemporaine dans les approches des scénaristes et leur explication. Il faut forcément shipper les personnages. L'amitié, l'admiration, comportent forcément une part de "tension sexuelle" (j'ai entendu ça dans une interview à propos d'Annatar et Celebrimbor). Non mais vraiment... Forcément, au fond, ce sont des choses qui rapportent et qui sont étudiées dans le cahier des charges de la série (les producteurs et showrunners savent comment le public fonctionne, notamment du côté des "fans"). Mais je m'interroge vraiment sur les enjeux derrière l'aspect "rigolo" de l'affaire : je suis très inquiet de voir comment les jeunes générations abordent ce genre de sujet, dans un contexte où la "new romance" est en vogue (d'où le fait évidemment que Galadriel ait pu être tenté par le beau ténébreux qui était le seigneur des ténèbres déguisé, évidemment), par exemple.
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05.10.2024, 23:18
(Modification du message : 05.10.2024, 23:21 par Tikidiki.)
(05.10.2024, 19:48)Mairon a écrit : Mais je m'interroge vraiment sur les enjeux derrière l'aspect "rigolo" de l'affaire : je suis très inquiet de voir comment les jeunes générations abordent ce genre de sujet, dans un contexte où la "new romance" est en vogue (d'où le fait évidemment que Galadriel ait pu être tenté par le beau ténébreux qui était le seigneur des ténèbres déguisé, évidemment), par exemple.
Je n'ai pas compris.
Par contre, qu'il y ait des confusions dans le public entre l'oeuvre originale et son adaptation, c'est inévitable et pas lié à la qualité de la série...
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06.10.2024, 09:13
(Modification du message : 06.10.2024, 09:19 par ISENGAR.)
Mairon, merci pour ces analyses très intéressantes.
(J'aurais certainement des choses à dire, à discuter, à compléter. Mais j'ai fait voeu de silence à propos de cette série, et je n'ai rien vu de cette saison 2, donc je n'en dirai pas plus.)
I.
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06.10.2024, 10:49
(Modification du message : 06.10.2024, 10:51 par Mairon.)
Tikidiki, cela concerne la manière de représenter les relations dans l'industrie culturelle de nos jours.
The Rings of Power est un véritable concentré de l'air du temps sur pas mal de points - c'est ce qui rend l'étude de la série intéressante, notamment en raison de son décalage même avec l'œuvre de Tolkien. On baigne dans un monde culturel qui n'a plus rien à voir - pour le meilleur ou pour le pire. La série illustre aussi assez bien le côté très interactif dans le rapport aux "fans" qu'on ressent de plus en plus depuis l'essor des réseaux sociaux. Autrefois, les fans faisaient des mèmes à partir des scènes. Désormais, on fait des scènes en espérant qu'elles deviennent le support des mèmes.
Ce même rapport existe désormais du côté de ce que les anglophones appellent le shipping : l'invention par les "fans" de relations entre des personnages, même quand ça ne s'appuie sur rien d'évident ou de logique à présent. Désormais, ce sont les concepteurs de la série eux-mêmes qui abordent ce genre de choses dans l'écriture de leurs personnages, soit en modifiant la source (il faut que Galadriel ait une relation trouble avec Sauron incluant une dimension amoureuse/sexuelle - on intègre même la possibilité du "Elrondriel"), soit en permettant spécifiquement le shipping d'arrière-plan des personnages à travers des ambivalences. C'est un moyen de maximiser le suivi du public, désormais revendiqué par les concepteurs/les acteurs eux-mêmes : l'acteur qui joue Sauron déclare que le public a bel et bien le droit de shipper qui il veut - et d'ailleurs, on peut laisser des éléments perler "qui font penser que...".
Le problème que cela pose, finalement, c'est que la relation romantique ou sexuelle devient le point de référence principal, voire exclusif dans un certain nombre de cas ; et les "fans", au lieu d'en rester à ce qui existait auparavant, par exemple "Ah, moi je trouve plaisant d'imaginer Sherlock Holmes et John Watson comme un couple homoromantique", commencent à parler de headcanon et par dire "en fait, Holmes et Watson, c'est un couple et puis c'est tout".
Cela pose problème dès lors qu'on s'intéresse à l'espace réservé à la représentation de l'amitié et d'autres types de relation, et à l'interprétation et à la réception des œuvres.
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Merci pour ce développement, je saisis mieux et je trouve ça intéressant.
Cependant, je trouve ton point de vue très "réactif" vis-à-vis de la série en tant que fait mainstream (davantage que comme sujet de critiques techniques). Tolkien lui-même peut "poser question" (plutôt que problème) au sujet de la représentation des relations entre personnages : il présente des amitiés exclusivement masculines et des relations hommes-femmes toujours au prisme d'une forme d'amour courtois. Pourtant tu le lis probablement de façon distanciée et non comme ayant d'éventuelles conséquences sur nos représentations. Dans les années 50, probablement que cette façon de se représenter les relations était elle aussi "dans l'air du temps" chez ses lecteurs.
Je ne m'en fais pas à ce niveau, je trouve que ça s'inscrit dans un cycle de réinterprétations complètement inhérent aux oeuvres et mythes littéraires. Je trouve qu'on ne peut pas à la fois étudier la littérature, proposer de nouvelles lectures, et finalement pointer qu'une nouvelle lecture est problématique parce qu'elle est mainstream. Le problème dans ce cas n'est pas la lecture.
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06.10.2024, 12:31
(Modification du message : 06.10.2024, 12:33 par Mairon.)
Bien entendu que Tolkien code les relations de ses personnages de cette façon.
Cela étant dit, c'est la difficulté de lecteurs/spectateurs actuels (notamment les plus jeunes) à faire un pas vers cette même interprétation (assez évidente, mais qui demande d'avoir quelques repères culturels) qui me pose problème. C'est la difficulté à s'extraire des catégories actuelles, qui monopolisent l'imaginaire et les représentations de plus en plus tôt, en fait - je n'évoquais pas pour rien la lecture de la new romance, y compris chez des pré-adolescent(e)s (ce qui inquiète des collègues documentalistes et des libraires...).
Par exemple, Gimli n'a pas un "crush" sur Galadriel dans LoTR quand il la rencontre pour la première fois : il entre dans une relation relevant du modèle de l'amour courtois, et ça n'a rien à voir avec un "crush".
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Mais on peut encore entendre ces critiques précisément à propos de Seigneur des Anneaux, justement parce qu'il s'agirait de littérature jeunesse... n'y a-t-il pas là un peu une question de génération ?
Par contre, pour les documentalistes inquiets que des jeunes lisent , mais plus du Tolkien, ça refait ma journée
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06.10.2024, 13:54
(Modification du message : 06.10.2024, 14:05 par Mairon.)
Je suppose que tu écris ça parce que tu ne connais pas le phénomène de la new romance chez les collégiens et lycéens (notamment sous l'angle de la dark romance).
En gros, enfin, on retrouve des pré-adolescents et des adolescents qui lisent, chouette !
Et puis quand on s'intéresse à ce qu'ils lisent, on commence à lire des extraits d' Hadès et Perséphone, par exemple :
Citation :« Why am I naked?” Persephone asked.
“Because you insisted on it,” he answered in a voice void of the barely-restrained desire he’d exhibited in the limo. She didn’t have many memories from last night, but she was sure she’d never forget the press of Hades’ fingers into her thighs, or the delicious friction that sent shockwaves through her body. “You were very determined to seduce me.”
Persephone blushed fiercely, embarrassed. She looked away when she asked, “Did we—”
Hades laughed darkly. Persephone clenched her teeth so hard, her jaw hurt. Why was he laughing? “No, Lady Persephone. Trust me, when we fuck, you’ll remember.” »
Rien de problématique si on pense à des lecteurs et lectrices avertis autour de la majorité.
Quand ce sont des pré-pubères qui se précipitent vers ce genre, c'est assez différent.
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Effectivement, si c'est ce qui se lit désormais vers 10-11 ans, disons que c'est assez différent de mes habitudes de lecture d'antan... Je devais plutôt être à lire l'intégrale des Jules Verne, à cet âge-là. Quoique, à y repenser, c'est sans doute vers cette période que j'ai découvert Salammbô (le roman, précisons, pas la BD de Druillet)... mais au moins, c'était bien écrit.
Après, je ne sais plus où j'ai lu que 80% des élèves de primaire avaient déjà vu du porno hard sur smartphone avant d'arriver au collège...O tempora, o mores, comme disait l'autre...
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Ambedui unt merveillus vasselage :
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