20.11.2004, 00:26
Citation :le livre des contes perdus, comme tout le reste des HOME, est la version premiere et complete de l'histoire de la terre du milieu (et d'ea et d'arda), donc il fait partie du cycle et de l'histoire officielle.Ce n'est pas exact, puisque HoMe s'tale sur presque 50 ans. Les tomes 10 et 11 de HoMe constitue les versions "finales" du légendarium (dans l'état où Tolkien les laissa), sur lesquelles Christopher se basa pour composer le Silmarillion.
Les tomes 6 à 9 sont consacrés à l'histoire de la rédaction du SdA : rien à voir avec le Silmarillion. De même, le dernier tome fourni des versions préparatoires des Appendices (toujours rien à voir avec le Silmarillion), ainsi que des textes tardifs (et incomplets, puisqu'il s'agit de début de romans) comme Tal Elmar et The Return of The Shadow qui ne sont pas reliés directement au Silm : le premier raconte l'arrivée des Númenóreens en TdM vu du point vue des "indigènes", le second est une "suite" du SdA, situé peu après la mort d'Eldarion (le fils d'Aragorn).
Contrairement à ce qu'affirme "eru iluvatar", je pense qu'il y a bien des différences plus que significatives entre le Silmarillion et les Contes Perdus, que ce soit au niveau des personnages (certains des CP ont le rôle de plusieurs du Silm, les Valar des CP, très humains, proche des dieux de l'Olympe dans leurs défauts et faiblesses, sont très différents de ceux du légendaire ultérieur), de l'hitoire (des passages sont notablement plus développés que toutes les versions ultérieures, comme la Chute de Gondolin par exemple, mais d'autres sont à peine esquissées au niveau d'ébauche, comme l'histoire d'Earendil par exemple) ou de la trame générale de l'hitoire (la "Venue de l'Avant" des Elfes des CP n'a strictement rien à voir avec aucun motif du légendaire tel qu'il fut ultérieurement envisagé par Tolkien, pas même l'assaut des Valar contre Melkor).
Tenter de concilier les deux est une vue utopique, à mon avis vouée à l'échec. Bien sûr, le simple fait que Tolkien ait conservé ses premiers écrits légendaires peut faire penser qu'ils recelaient des éléments importants à ses yeux et qu'il pensait peut-être conserver ou inclure dans les versions ultérieures, mais en l'absence d'écrits explicites à ce sujet, toute tentative de mélanger la matière ancienne avec les autres strates historiques de la composition (complexe) du Silmarillion me semble périlleuse et contestable. L'écheveau des trames narratives, des généalogies, des personnages est bien trop complexe et emmêlé pour pouvoir être réarrangé sans dommages. Et même si une tentative satisfaisante voyait le jour, ce ne serait sans doute pas la version du légendaire que Tolkien envisageait et on obtiendrait la même chose que ce que Christopher a fait, mais en pire (seul l'auteur aurait pu le faire : on ne peut le faire à sa place puisqu'on ne peut dire à priori ce qu'il aurait conservé ou rejeté).
Enfin, le simple fait linguistique exclut toute tentative de reprendre des morceaux d'histoire et de les réincorporer dans un gloubiboulga silmarillionesque : le gnomique et l'eldarissa des années 15-20, malgré quelques ressemblances et éléments déjà présents, n'ont rien à voir avec le sindarin et le quenya du SdA. Il est très probable que la plupart des noms, dans la Chute de Gondolin par exemple, auraient été lourdement émendés par Tolkien en vue d'une incorporation dans le légendaire tel qu'il le concevait dans les années 50-60, et l'histoire aurait sans doute été révisée, amenant de nouveaux motifs narratifs, des réécritures, etc. Bref, on aurait pas eut de version plus complète mais d'autres versions inachevées, différentes.
Il faut accepter les Contes Perdus pour ce qu'ils sont : une autre version du légendaire, divergente, archaïque. D'un point de vue externe on peut l'apprécier comme étant la base des versions ultérieures, avec déjà nombre d'éléments et de motifs présents, mais aussi des divergences notables. D'un point de vue interne, on peut considérer qu'il s'agit d'une version des légendes très déformée par de multiples copies, transmissions (surtout s'il s'agit des écrits rapportés par Eriol, un marin du IVe ou du VIe siècle de notre ère).