(31.07.2017, 21:19)Elendil a écrit : Je ne vois aucun problème à poser la question de l'existentialisme chez Tolkien, même si cela correspondrait plus à une grille de lecture spécifique qu'à un thème trouvant un écho visible dans ce qu'on sait de lui. Après, cela a l'intérêt d'aborder l'écrivain selon un angle original, ce qui peut toujours apporter du neuf.
Ce n'est pas moi qui me plaindrait que l'on aborde Tolkien selon un angle original, loin s'en faut, dans la mesure où c'est ce que je m'efforce de faire moi-même, depuis longtemps maintenant...

Mais j'avoue que vouloir rapprocher Tolkien - d'après précisément ce que l'on sait de lui - de l'existentialisme, me parait une démarche... disons... assez délicate, même si, certes, on peut toujours se poser la question, bien sûr.
(31.07.2017, 21:19)Elendil a écrit : Que chacun ne puisse voir que midi à sa porte, quelle que soit la hauteur à laquelle il s'efforce de s'élever ou la distance qu'il s'efforce de prendre, c'est une évidence. Mais n'es-tu pas en définitive le meilleur chantre du débat que tu dénonces, à la manière d'Isengar qui ramenait naguère toutes les discussions à Peter Jackson pour mieux dénoncer ses méfaits ?
Nullement. Je préférais bien plutôt ne pas le voir plus ou moins sous-jacent en tant d'occasions (même si on peut toujours ne parler que de "modèles mentaux")...

(31.07.2017, 21:19)Elendil a écrit : Il me semble que la dichotomie que tu établis est un brin réductrice. Une lecture agnostique du SdA ne me dérange nullement (une lecture athée... j'attends de voir sur pièce, car j'ai des doutes), par contre, l'inconséquence dans l'analyse est quelque chose qui m'a toujours hérissé.
La dichotomie est réductrice sur la forme simplement parce que, comme je l'ai écrit, tout cela mériterait un peu plus qu'un message sur un forum. Le monde, même vu depuis la planète Tolkien, ne se divise pas entre athées existentialistes et croyants chrétiens, bien évidemment : les rapports que l'on peut entretenir avec la spiritualité peuvent être si variés, si variables, et c'est heureux... Mais je pense que cela nous définit toujours suffisamment pour que cela puisse apparaître dans le regard que l'on peut avoir sur l'œuvre d'un auteur comme Tolkien, dans ses aspects philosophique et spirituel... Rechercher le point d'équilibre n'est pas facile, dans ce cas comme dans d'autres, et c'est pourquoi j'ai notamment apprécié la nuance du propos de Leo Carruthers dans son dernier livre, le sujet (Tolkien et la religion) valant bien, précisément et pour le moins, un livre.
En tout cas, je te rejoins sur le fait qu'il faut être rigoureux lorsque l'on entend essayer de proposer une certaine lecture philosophique ou morale de l'œuvre de Tolkien, surtout à la lumière de sa réception plus ou moins récente. Si Marquis reconnait lui-même, dans le texte de sa conférence, que son approche est schématique, à mes yeux sa méthode consistant à "tordre l'intrigue pour la faire correspondre à un modèle mental", comme tu l'écris justement, ne peut, à tout le moins, que susciter des interrogations sur ce qui anime au juste sa démarche, au-delà des analogies variées que chacun peut faire personnellement en tant que lecteur. Je ne veux pas préjuger du point de vue de Marquis outre-mesure, mais je pense qu'il aurait en tout cas avantage à bien faire la part des choses entre l'œuvre littéraire et son auteur d'une part (dans toute leur complexité), et la réception de ceux-ci (dans toute sa diversité et son inévitable part de déformation).
Amicalement,
Hyarion.
EDIT : correction d'une coquille
All night long they spake and all night said these words only : "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish." "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish," all night long.
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)