31.07.2017, 21:19
(31.07.2017, 17:07)Hyarion a écrit : J'espère, pour ma part, que prétendre voir de l'existentialisme dans l'œuvre de J. R. R. Tolkien ne constitue pas, de facto, un moyen de contournement "athée" de la question du catholicisme dans l'œuvre de Tolkien, pour ne faire finalement que renforcer la certitude "d'en face" selon laquelle la foi chrétienne serait heureusement là pour donner, seule, non seulement un sens (supposé) à la vie, mais aussi toute sa valeur/saveur à l'œuvre de Tolkien...
Je ne vois aucun problème à poser la question de l'existentialisme chez Tolkien, même si cela correspondrait plus à une grille de lecture spécifique qu'à un thème trouvant un écho visible dans ce qu'on sait de lui. Après, cela a l'intérêt d'aborder l'écrivain selon un angle original, ce qui peut toujours apporter du neuf.
En fait, les trois écueils principaux me semblent assez particulier à la méthode employée par Marquis. Le premier est de s'attaquer à son œuvre par le versant du SdA, qui est tout sauf existentialiste : c'est un peu comme tenter une lecture catholique de la Peste. Du coup, Marquis est contraint de ne s'intéresser qu'au périple de Frodo pour éviter de considérer que ce périple n'existe qu'au travers d'une quête précise et prédéterminée. C'est tordre l'intrigue pour la faire correspondre à un modèle mental, ce qui est une mauvaise pratique scientifique, mainte fois dénoncée par Dumézil en matière anthropologique. Les EdH auraient déjà été un terrain nettement plus favorable, comme tu le soulignes.
Le second problème est d'assimiler le Frodo de Tolkien à la génération Y. Je crains fort que cela ne marche sur quasiment aucun niveau. Il y aurait éventuellement du grain à moudre du côté des films, mais cela demanderait une distinction très nette des deux œuvres.
Le dernier souci est que Marquis conclut finalement en signalant qu'au prisme de cette lecture, le SdA peut être un message d'espoir à la génération Y. L'espoir et l'absurde faisant mauvais ménage, cela me laisse à penser que Marquis a lu Camus tout aussi superficiellement qu'il a lu Tolkien.
(31.07.2017, 17:07)Hyarion a écrit : Ou alors simplement banalement révélateur, une fois de plus, de la récurrence de ce vieux "débat" sous-jacent entre croyants et incroyants, feignant de considérer tous, tolkienophiles, que l'on puisse discuter véritablement d'une supposée passion commune, alors que chacun voit, en vérité, midi à sa porte, en partant de ce qu'il croit être l'intelligence, et avec tous les inconvénients que cela comporte...
Que chacun ne puisse voir que midi à sa porte, quelle que soit la hauteur à laquelle il s'efforce de s'élever ou la distance qu'il s'efforce de prendre, c'est une évidence. Mais n'es-tu pas en définitive le meilleur chantre du débat que tu dénonces, à la manière d'Isengar qui ramenait naguère toutes les discussions à Peter Jackson pour mieux dénoncer ses méfaits ?

Il me semble que la dichotomie que tu établis est un brin réductrice. Une lecture agnostique du SdA ne me dérange nullement (une lecture athée... j'attends de voir sur pièce, car j'ai des doutes), par contre, l'inconséquence dans l'analyse est quelque chose qui m'a toujours hérissé.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland