25.07.2017, 11:58
C'est un commentaire joliment développé 
Le temps est un des thèmes majeurs de l'oeuvre, mais il se rapporte surtout aux sociétés, d'abord dans son rapport avec la grandeur et la décadence, et ensuite avec la peur de la mort. Car même la peur de la mort des Nùmenoréens, qui est pourtant une angoisse on ne peut plus personnelle à la base, est jugée à l'aune de la morale divine. C'est le fait de s'écarter du chemin tracé par Dieu qui est important pour Tolkien et qui signifie la corruption des Nùmenoréens ainsi que leur nécessaire destruction. Il critique et aborde ainsi davantage les sociétés que l'homme, car la vieillesse n'est que peu abordée et la nostalgie, prégnante dans toute l'oeuvre, est surtout celle de la grandeur passée des royaumes. C'est un temps bien différent de celui de Camus, Tolkien s'attaquant plus aux grands âges et aux époques. D'ailleurs, depuis la Submersion de Nùmenor, les Hommes ne vivent plus dans ce rejet de la mort, ils l'ont, au moins en partie, acceptée. Le parangon de cette sagesse est Aragorn, qui décide de mourir plutôt que de vieillir sur le trône, et les Nazgûls étaient ses exacts opposés.
La psychologie n'est pas l'angle favori de Tolkien, et son propre dessein remplace souvent à propos les potentielles velléités der ses personnages. La question du choix d'Aragorn m'est semble-t-il balayée. Contrairement au film où il manifeste un premier refus de son héritage, dans les livres Aragorn se prépare toute sa vie durant pour l'instant où il pourra s'en emparer. En ce sens, oui, l'essence précède l'existence. Mais peut-il en être autrement dans un monde où Eru tire les ficelles de toutes parts, veut que l'Unique soit récupéré par Bilbon puis par Frodon, quand Gandalf le guide à Fondcombe en espérant qu'il aille en Mordor ? La petite place de l'humain est bien négligeable au regard de la Terre du Milieu, c'est la principale critique faite aux habitants de la Comté qui ne se soucient guère de l'extérieur.
Là où je ne suis pas d'accord avec la théorie mentionnée, c'est le fait que Frodon grandisse en se saisissant de l'Unique. On pourrait déjà rappeler que Frodon est depuis bien longtemps adulte lorsqu'il fait ce choix (l'âge du Christ). Mais c'est surtout en accomplissant la quête qu'il finit par grandir spirituellement, se payant même le luxe, à la fin, de surplomber par sa sagesse un Saroumane corrompu et déchu. Mais la correspondance Frodon = Génération Y me semble complètement vue par le petit bout de la lorgnette.
Concernant les Anneaux et la révolte des Elfes contre le temps, le dessein des Elfes était bien de conserver, mais il s'agissait de "bonne magie" et non de sorcellerie, au contraire du procédé par lequel Sauron permit aux Humains de ne pas mourir. On peut dire que les Elfes désiraient figer le Temps, mais le terme de révolte me semble trop fort, trop contestataire de l'ordre divin, et trop général alors que cela ne concerne qu'une minorité d'Elfes. La plupart partent directement pour Valinor où le temps était également figé : la révolte n'est pas contre le temps qui passe, leur souci est leur propre décadence face à la croissance des Hommes qui s'emparent progressivement de l'histoire d'Arda. Leur temps est "révolu" et contre cela, les Elfes ne peuvent rien.

Le temps est un des thèmes majeurs de l'oeuvre, mais il se rapporte surtout aux sociétés, d'abord dans son rapport avec la grandeur et la décadence, et ensuite avec la peur de la mort. Car même la peur de la mort des Nùmenoréens, qui est pourtant une angoisse on ne peut plus personnelle à la base, est jugée à l'aune de la morale divine. C'est le fait de s'écarter du chemin tracé par Dieu qui est important pour Tolkien et qui signifie la corruption des Nùmenoréens ainsi que leur nécessaire destruction. Il critique et aborde ainsi davantage les sociétés que l'homme, car la vieillesse n'est que peu abordée et la nostalgie, prégnante dans toute l'oeuvre, est surtout celle de la grandeur passée des royaumes. C'est un temps bien différent de celui de Camus, Tolkien s'attaquant plus aux grands âges et aux époques. D'ailleurs, depuis la Submersion de Nùmenor, les Hommes ne vivent plus dans ce rejet de la mort, ils l'ont, au moins en partie, acceptée. Le parangon de cette sagesse est Aragorn, qui décide de mourir plutôt que de vieillir sur le trône, et les Nazgûls étaient ses exacts opposés.
La psychologie n'est pas l'angle favori de Tolkien, et son propre dessein remplace souvent à propos les potentielles velléités der ses personnages. La question du choix d'Aragorn m'est semble-t-il balayée. Contrairement au film où il manifeste un premier refus de son héritage, dans les livres Aragorn se prépare toute sa vie durant pour l'instant où il pourra s'en emparer. En ce sens, oui, l'essence précède l'existence. Mais peut-il en être autrement dans un monde où Eru tire les ficelles de toutes parts, veut que l'Unique soit récupéré par Bilbon puis par Frodon, quand Gandalf le guide à Fondcombe en espérant qu'il aille en Mordor ? La petite place de l'humain est bien négligeable au regard de la Terre du Milieu, c'est la principale critique faite aux habitants de la Comté qui ne se soucient guère de l'extérieur.
Là où je ne suis pas d'accord avec la théorie mentionnée, c'est le fait que Frodon grandisse en se saisissant de l'Unique. On pourrait déjà rappeler que Frodon est depuis bien longtemps adulte lorsqu'il fait ce choix (l'âge du Christ). Mais c'est surtout en accomplissant la quête qu'il finit par grandir spirituellement, se payant même le luxe, à la fin, de surplomber par sa sagesse un Saroumane corrompu et déchu. Mais la correspondance Frodon = Génération Y me semble complètement vue par le petit bout de la lorgnette.
Concernant les Anneaux et la révolte des Elfes contre le temps, le dessein des Elfes était bien de conserver, mais il s'agissait de "bonne magie" et non de sorcellerie, au contraire du procédé par lequel Sauron permit aux Humains de ne pas mourir. On peut dire que les Elfes désiraient figer le Temps, mais le terme de révolte me semble trop fort, trop contestataire de l'ordre divin, et trop général alors que cela ne concerne qu'une minorité d'Elfes. La plupart partent directement pour Valinor où le temps était également figé : la révolte n'est pas contre le temps qui passe, leur souci est leur propre décadence face à la croissance des Hommes qui s'emparent progressivement de l'histoire d'Arda. Leur temps est "révolu" et contre cela, les Elfes ne peuvent rien.