Quelques remarques sur les notes de traduction:
Citation :1 cf. WJ, p. 399, 401 ; N.d.T. : le PE 17 (p. 150) semble mentionner des éléments valarins différents : « √BAN [en lien avec MAN ?] Originellement, cela apparaît avoir simplement fait référence à la “beauté” — mais avec l'implication qu'elle était due à une absence de faute ou de flétrissure. Ainsi q. Arda Vanya “Arda Immaculée” = {val.} A. úχarin. Arda Úvana = Arda Maculée = A. χarina. »
Je ne vois pas où PE 17 permet de supposer "des éléments valarins différents" en la présence de la racine BAN. Il n'y rien qui laisse supposer qu'elle existe en valarin - le fait qu'elle puisse peut-être être reliée à MAN (aussi p. 149) n'exclue pas pour autant qu'il puisse s'agir d'une racine proto-elfique.
L'indication {val.} par la suite donne l'impression que
A. úχarin est un terme valarin (et probablement aussi
A. χarina par symétrie). Peut-être ai-je manqué quelque chose, mais cela me paraît erroné :
úχarin et
χarina ressemblent à des constructions classiques en quenya, avec préfixe négatif
ú- et terminaison adjectivale/participiale
-ina. Il est vrai que la présence d'un
χ est un peu étonnante, mais ces mots ont une structure quenya (et sont d'ailleurs listés comme tels dans l'index de Gilson). Des gloses qui précèdent, on pourrait en déduire que
χar- évoque l'idée de "faute", je me demande si ce n'est pas simplement une forme étymologique pour indiquer qu'on serait face à une racine *KHAR ou *SKAL (et que ce
χ /ch/ aurait évolué en /h/ par la suite). En tout cas, cela ne semble pas vraiment valarin...
Citation :43) N.d.T. : il est tentant de rapprocher ce nom de la signification du quenya Laurelin “Couleur d'or-chantant” (cf. L, p. 307-30. La deuxième partie de ce nom, #-(e)delgorûs serait ainsi en rapport avec le chant, peut-être même un adjectif ou un participe présent signifiant « chantant ».
L'hypothèse est très hasardeuse et plus qu'incertaine, d'autant que le terme apparaît dans la catégorie (2) et non dans la (3) dans Quendi & Eldar, ce qui tendrait à montrer qu'il ne se traduit pas à l'identique.
L'encyclopédie de
Tolkiendil donne :
Citation :Le nom Tulukhedelgorûs contient vraisemblablement l'élément valarin tulukha(n) « jaune » et peut-être uruš « feu ». Le reste du nom n'est pas vraiment interprétable dans l'état de nos connaissances.
Cela me paraît plus plausible, je me rattache assez volontairement à l'interprétation d'Edouard dans son dictionnaire p. 20, 24, 27, avec probablement un terme
*delgo- de la même famille que
delgûmâ "dôme", peut-être avec le sens de "coupe" pour la forme (plutôt que "grappe" comme suggéré par Edouard), soit un arbre "jaune aux coupelles de feu" ou "jaune aux grappes de feu" - quoi qu'il en soit, comme le note Edouard, en adéquation avec sa description dans LR p. 209.
Pour le reste de l'article de Fauskanger, puisqu'on est invité ici à donner son avis, je ne suis évidemment pas d'accord avec lui sur la lecture de
Amanaišâl et
Dušamanûdhân, eux aussi en catégorie (2) et non (3), comme je l'ai déjà indiqué
ailleurs (pour information, c'est un dossier que je reprends dans
La Feuille de la Compagnie n°3, le jour où elle voudra bien être publiée...). Plus généralement, les catégories données par Tolkien seraient intéressantes à mieux étudier (je suis persuadé qu'on peut mieux les exploiter).
Je pense aussi que Fauskanger se trompe sur
igas qu'il isole de
Aþâraigas. Il est plus probable que l'on soit ne présence de
aþâr(a) + *gas avec insertion d'une voyelle épenthétique. Comme pour
Tulukhedelgorûs vs.
uruš, on aurait peut être alors
*gaš, qu'il est tentant de rapprocher de l'orquin
ghâsh...
C'est probablement aussi le cas pour
Phanaikelûth, où *
phan(a) pourrait être rapproché du PHAN elfique (cf. notamment PE p. 173-180).
Question de goût, j'ai toujours trouvé que l'article de Fauskanger était un peu bâclé, et qu'en l'annotant copieusement, on lui faisait presque trop d'honneur... Il y a matière à aller ainsi beaucoup plus loin pour pratiquement chaque terme...
... Par exemple pour l'élément "*
ibri "argent (ou blanc ?)", on pourrait s'interroger sur les rapprochements avec le qenya *BRIN >
vírin "a magic glassy substance of great lucency used in fashioning the Moon, used of things of great and pure transparency", ou encore avec le sindarin
(Eithel) Ivrin, où sens de Ivrin reste incertain, mais les descriptions donnent des "fontaines de cristal" (Lai de Húrin, vers 1526), "réfléchissant leurs visages pâles" (ibid., vers 2177), "étangs vitreux" (Lai de Leithian, vers 1932-1940), etc. = où il semble être question d'une substance cristalline, transparente et/ou vitreuse, voire réfléchissante. Je fait cela de vague mémoire, mais j'avais des notes sur tous ces sujets, si je les retrouve dans mon fatras, je vous les communiquerai... (évidemment, le rapport possible, via le
vírin, entre la lune et Telperion / Ibrîniðilpathânezel n'est sans doute pas anodin !)... Mais bref, l'élément en question gagnerait alors à être
*(i)birin-... (probablement alors avec syncope
ibrini+iniðil > ibrîniðil).
Enfin, petit détail, mais il me semble que les notes 36 à 42 n'apparaissent pas dans l'article sur Tolkiendil !
Didier.