12.03.2005, 22:23
Thibaud Mercier - Chanson de l'éveil de Dùrin
Quand le monde était jeune et les montagnes vertes,
Et dans une contrée immobile et déserte,
Quand nulle tache encore ne ternissait la Lune,
Et qu'encore aucun être n'avait tracé de runes,
Lors Dùrin s'éveilla et marcha solitaire.
Il foula et nomma les montagnes, les pierres,
Et les cobes sans nom. Puis il but la vierge eau,
La limpide eau des puits et des vivants ruisseaux ;
Il regarda enfin dans le lac du Miroir
Et vit une couronne d'étoiles dans le noir
Belles comme des gemmes sur un long fil d'argent,
Sur l'ombre de sa tête, comme un pur ornement.
Ah ! le monde était beau, les montagnes altières,
Aux glorieux jours anciens et aux temps millénaires
D'avant la triste chute de bien des puissants rois,
De justes seigneurs des Royaumes d'Autrefois,
Nargothrond, Gondolïn, ceux là, qui, maintenant,
Au-delà de la Mer, de la Mer d'Occident,
Sont passés à jamais ! Nargothrond, Gondolïn !
Que le monde était beau en l'Ere de Durin !
Son trône était brillant, finement ciselé,
Dans de superbes salles aux mille piliers,
Tapissées par l'argent et recouvertes d'or
Et fermées par des portes aux merveilleux décors,
Les Runes du pouvoir du grand Roi. Et là-bas,
La glorieuse Lumière répandait son éclat :
La lueur de la Lune, du Soleil, des étoiles,
Dans de brillantes lampes de limpide cristal,
Jamais voilées par l'ombre ou les nuages blancs
Là-bas étincelait, belle, éternellement.
Là, tombait le marteau sur l'enclume de Fer.
Là, gravait le graveur sur les plus dures pierres ;
Là, l'on accumulait le béryl et l'opale,
Les diamants plus brillants que des milliers d'étoiles,
Les corselets brillants et les belles armures,
Les boucliers d'argent aux dessins de dorure,
Là, se forgeaient les lames et les perçantes lances,
Plus belles et plus fortes que des armées immenses.
Le peuple de Dùrin était lors inlassable,
Car au coeur des montagnes la Musique insatiable
S'éveillait, et comblait leurs labeurs ; et là-bas,
La harpe était pincée et diffusait la joie,
Les trompettes chantaient et emplissaient les cours :
La musique vibrait comme une rare Fleur !
Hélas, le monde est gris, les montagnes sont vieilles,
Plus aucune musique n'enchante les oreilles,
Et le feu de la forge est d'un gris froid de cendre ;
Les sales de Dùrin sentent l'Ombre s'étendre
Jusque sur son tombeau ; Au cour de son royaume,
Les ténèbres ont grandi. Maintenant Elle trône,
La Mort, en la Moria, à Khazad-Dum. Pourtant,
Encore de nos jours le étoiles d'Antan
Apparaissent noyées dans le Lac du Miroir,
Et là gît sa couronne en un signe d'espoir,
Aux sinistres lueurs d'un malheureux Soleil,
Jusqu'à ce qu'à nouveau le roi Dùrin s'éveille.
Poème original :
The world was young, the mountains green,
No stain yet on the Moon was seen,
No words were laid on stream or stone
When Durin woke and walked alone.
He named the nameless hills and dells;
He drank from yet untasted wells;
He stooped and looked in Mirrormere,
And saw a crown of stars appear,
As gems upon a silver thread,
Above the shadow of his head.
The world was fair, the mountains tall,
In Elder Days before the fall
Of mighty kings in Nargothrond
And Gondolin, who now beyond
The Western Seas have passed away:
The world was fair in Durin's Day.
A king he was on carven throne
In many-pillared halls of stone
With golden roof and silver floor,
And runes of power upon the door.
The light of sun and star and moon
In shining lamps of crystal hewn
Undimmed by cloud or shade of night
There shone for ever fair and bright.
There hammer on the anvil smote,
There chisel clove, and graver wrote;
There forged was blade, and bound was hilt;
The delver mined, the mason built.
There beryl, pearl, and opal pale,
And metal wrought like fishes' mail,
Buckler and corslet, axe and sword,
And shining spears were laid in hoard.
Unwearied then were Durin's folk
Beneath the mountains music woke:
The harpers harped, the minstrels sang,
And at the gates the trumpets rang.
The world is grey, the mountains old,
The forge's fire is ashen-cold
No harp is wrung, no hammer falls:
The darkness dwells in Durin's halls
The shadow lies upon his tomb
In Moria, in Khazad-dûm.
But still the sunken stars appear
In dark and windless Mirrormere;
There lies his crown in water deep,
Till Durin wakes again from sleep.
Quand le monde était jeune et les montagnes vertes,
Et dans une contrée immobile et déserte,
Quand nulle tache encore ne ternissait la Lune,
Et qu'encore aucun être n'avait tracé de runes,
Lors Dùrin s'éveilla et marcha solitaire.
Il foula et nomma les montagnes, les pierres,
Et les cobes sans nom. Puis il but la vierge eau,
La limpide eau des puits et des vivants ruisseaux ;
Il regarda enfin dans le lac du Miroir
Et vit une couronne d'étoiles dans le noir
Belles comme des gemmes sur un long fil d'argent,
Sur l'ombre de sa tête, comme un pur ornement.
Ah ! le monde était beau, les montagnes altières,
Aux glorieux jours anciens et aux temps millénaires
D'avant la triste chute de bien des puissants rois,
De justes seigneurs des Royaumes d'Autrefois,
Nargothrond, Gondolïn, ceux là, qui, maintenant,
Au-delà de la Mer, de la Mer d'Occident,
Sont passés à jamais ! Nargothrond, Gondolïn !
Que le monde était beau en l'Ere de Durin !
Son trône était brillant, finement ciselé,
Dans de superbes salles aux mille piliers,
Tapissées par l'argent et recouvertes d'or
Et fermées par des portes aux merveilleux décors,
Les Runes du pouvoir du grand Roi. Et là-bas,
La glorieuse Lumière répandait son éclat :
La lueur de la Lune, du Soleil, des étoiles,
Dans de brillantes lampes de limpide cristal,
Jamais voilées par l'ombre ou les nuages blancs
Là-bas étincelait, belle, éternellement.
Là, tombait le marteau sur l'enclume de Fer.
Là, gravait le graveur sur les plus dures pierres ;
Là, l'on accumulait le béryl et l'opale,
Les diamants plus brillants que des milliers d'étoiles,
Les corselets brillants et les belles armures,
Les boucliers d'argent aux dessins de dorure,
Là, se forgeaient les lames et les perçantes lances,
Plus belles et plus fortes que des armées immenses.
Le peuple de Dùrin était lors inlassable,
Car au coeur des montagnes la Musique insatiable
S'éveillait, et comblait leurs labeurs ; et là-bas,
La harpe était pincée et diffusait la joie,
Les trompettes chantaient et emplissaient les cours :
La musique vibrait comme une rare Fleur !
Hélas, le monde est gris, les montagnes sont vieilles,
Plus aucune musique n'enchante les oreilles,
Et le feu de la forge est d'un gris froid de cendre ;
Les sales de Dùrin sentent l'Ombre s'étendre
Jusque sur son tombeau ; Au cour de son royaume,
Les ténèbres ont grandi. Maintenant Elle trône,
La Mort, en la Moria, à Khazad-Dum. Pourtant,
Encore de nos jours le étoiles d'Antan
Apparaissent noyées dans le Lac du Miroir,
Et là gît sa couronne en un signe d'espoir,
Aux sinistres lueurs d'un malheureux Soleil,
Jusqu'à ce qu'à nouveau le roi Dùrin s'éveille.
Poème original :
The world was young, the mountains green,
No stain yet on the Moon was seen,
No words were laid on stream or stone
When Durin woke and walked alone.
He named the nameless hills and dells;
He drank from yet untasted wells;
He stooped and looked in Mirrormere,
And saw a crown of stars appear,
As gems upon a silver thread,
Above the shadow of his head.
The world was fair, the mountains tall,
In Elder Days before the fall
Of mighty kings in Nargothrond
And Gondolin, who now beyond
The Western Seas have passed away:
The world was fair in Durin's Day.
A king he was on carven throne
In many-pillared halls of stone
With golden roof and silver floor,
And runes of power upon the door.
The light of sun and star and moon
In shining lamps of crystal hewn
Undimmed by cloud or shade of night
There shone for ever fair and bright.
There hammer on the anvil smote,
There chisel clove, and graver wrote;
There forged was blade, and bound was hilt;
The delver mined, the mason built.
There beryl, pearl, and opal pale,
And metal wrought like fishes' mail,
Buckler and corslet, axe and sword,
And shining spears were laid in hoard.
Unwearied then were Durin's folk
Beneath the mountains music woke:
The harpers harped, the minstrels sang,
And at the gates the trumpets rang.
The world is grey, the mountains old,
The forge's fire is ashen-cold
No harp is wrung, no hammer falls:
The darkness dwells in Durin's halls
The shadow lies upon his tomb
In Moria, in Khazad-dûm.
But still the sunken stars appear
In dark and windless Mirrormere;
There lies his crown in water deep,
Till Durin wakes again from sleep.