23.04.2009, 08:01
Comme vous le savez peut-être, Hiswelókë propose une études des noms de rois en ar(a).
Comme Meneldur l'a suggéré, il pourrait être intéressant de compléter celle-ci en étudiant les noms des autres rois de la lignée d'Isildur.
En voici déjà la liste complète, avec quelques notes :
Rois d'Arnor
> Valandil -> ami des Valar (Vala + -ndil "ami")
> Eldacar -> heaume elfique (= Elfhelm) (Elda "Elfe" + kára "heaume", cf. PE 17, p. 114)
> Arantar -> roi-seigneur ? (aran + tar "seigneur légitime")
> Tarcil -> seigneur des Hommes, Númenórien (tar- "seigneur" + -kil, suffixe dérivé de KHIL "suivre (derrière)" (Étym. ; PE 17, p. 101), qui donna l'eld. com. *tāra-khil (Étym.) > tarakhildī > q. tarkildi, ancien nom des Atani ou Edain (PE 17, p. 101)
> Tarondor -> seigneur de la terre ? (tar + (o)ndor "terre" [avec sundóma préfixée, cf. Etym, NDOR-)
> Valandur -> serviteur des Valar (Vala + -ndur)
> Elendur -> serviteur des étoiles / des Elfes (Elen + -ndur)
> Eärendur -> serviteur de la Mer (Earë "Mer" + -ndur)
Rois d'Arthedain
> Amlaith -> ??
Une analyse alternative est proposée par David Giraudeau, se fondant sur un découpage aml-aith : la terminaison -aith se retrouve dans s. belaith 'puissant' (PE17:115), s. edraith 'secours, aide' (PE17:38 ), et s. Lalaith 'rire' (CoH:34). Autrement dit, elle signifierait #'quelque chose (ou quelqu'un) qui' :
bel-aith = #'quelque chose qui est puissant' (cf. s. beleg 'grand, formidable', PE17:115)
edr-aith = #'quelque chose qui aide' (cf. s. erda- 's'ouvrir', PE17:45)
Lal-aith = #'quelque chose qui rie' (cf. la racine LALA- 'rire' (PE17:159) et le q. lala- 'rire' (XII:359)
Dans cette hypothèse, Aml-aith pourrait signifier #'Celui qui ?'. La question demeure de comprendre la signification du premier élément. Mais cette formation n'existe pas en tant que telle en sindarin (pas d'un point de vue étymologique). Se pourrait-il que ce nom soit une combinaison de quenya et de sindarin ? Dans cette optique, j'ose avancer une théorie assez "capilotractée" : l'élément aml- aurait été emprunté au quenya mais aurait été à l'origine alm- (cf. q. alme 'une bonne chose, une 'bénédiction', une bonne fortune', PE17:146) qui évolua en aml- (forme plus aisée à prononcer) par métathèse. La rareté de la forme aml- pencherait pour cette idée.
Autrement dit Amlaith *'Celui qui est fortuné', ce qui ne serait pas sans rappeler le titre d'Éomer devenu roi : Éadig, signifiant en vieil anglais 'prospère, riche, saint'.
Cependant, il convient de noter qu'Amlaith n'hérita que du tiers du royaume de son père, le reste étant partagé entre ses deux frères. Un nom lié à la prospérité serait donc forcément ironique. Il semblerait d'ailleurs que ce soit cette occasion qui l'ait poussé à prendre un nom sindarin et non plus quenya (cf. SdA, App. A n. 17), ce qui permettrait d'écarter l'idée qu'il ait reçu ce nom à la naissance. En effet, tous les enfants des premiers rois d'Arnor semblent avoir porté un nom quenya dès leur naissance (cf. le nom des quatre fils d'Isildur, CLI, p. XXX). Le partage du royaume d'Arnor étant dû à des dissensions entre les trois fils d'Eärendur (cf. SdA, App. A, p. XXX), il semble de plus raisonnable de le placer largement après la naissance d'Amlaith.
> Beleg -> large, grand (beleg "large, grand", cf. PE 17, p. 115)
> Mallor -> or doré (?) (sind. mal- "jaune, doré" ; -lor forme lénitée (?) de glaur, i laur « lumière dorée » dans les mots composés)
Pour une mutation vocalique -au- -> -o-, voir justement glaur vs. Glorfindel, taur vs. tor-, baur vs. Celebrimbor, etc.
> Celepharn -> pierre d'argent (sind. celeb "argent", dérivé de KYÉLEP- (Étym.) + sarn "petite pierre" : sind. anc. kelepe + sarn > sind. celep-sarn > celepharn par mutation douce du s en h (cf. Edhelharn "Pierre elfique" dans la Lettre du Roi, SD, p. 128-131).
> Celebrindor -> puissant d'argent, noble d'argent (sind. celebrin-, cf. Celebrindal « au pied d'argent » et taur, lénité daur. Voir aussi Mallor pour -au- -> -o-)
Noter qu'il existe un homonyme taur « forêt », mais que le sens « forêt d'argent » apparaît assez peu probable dans le contexte.
> Malvegil -> épée dorée (sind. mal- + megil "épée")
Autres
> Elendur : serviteur des étoiles / des Elfes (Elen "étoile" + -ndur "serviteur")
> Aratan : roi humain ou roi des hommes (ar(a)- "roi" + atan "homme")
> Ciryon : navire-homme (cirya "navire" + -on [terminaison masculine])
> Gilraen -> Parée d'une résille sertie de petites gemmes (VT 42)
> Dirhael -> homme sage (sind. dîr "homme" + -hael (de sael ?) "sage", cf. Étym, radical DER)
> Ivorwen -> jeune fille-cristal ? (sind. #ivor (?) "crystal" moyen sind. *iυr, sind. anc. *imre, dérivé de I-MIR, forme augmentée de mîr "joyau")
-wen "jeune fille")
> Gilbarad -> tour d'étoiles (sind. gil "étoile" + barad "tour")
Comme Meneldur l'a suggéré, il pourrait être intéressant de compléter celle-ci en étudiant les noms des autres rois de la lignée d'Isildur.
En voici déjà la liste complète, avec quelques notes :
Rois d'Arnor
> Valandil -> ami des Valar (Vala + -ndil "ami")
> Eldacar -> heaume elfique (= Elfhelm) (Elda "Elfe" + kára "heaume", cf. PE 17, p. 114)
> Arantar -> roi-seigneur ? (aran + tar "seigneur légitime")
> Tarcil -> seigneur des Hommes, Númenórien (tar- "seigneur" + -kil, suffixe dérivé de KHIL "suivre (derrière)" (Étym. ; PE 17, p. 101), qui donna l'eld. com. *tāra-khil (Étym.) > tarakhildī > q. tarkildi, ancien nom des Atani ou Edain (PE 17, p. 101)
> Tarondor -> seigneur de la terre ? (tar + (o)ndor "terre" [avec sundóma préfixée, cf. Etym, NDOR-)
> Valandur -> serviteur des Valar (Vala + -ndur)
> Elendur -> serviteur des étoiles / des Elfes (Elen + -ndur)
> Eärendur -> serviteur de la Mer (Earë "Mer" + -ndur)
Rois d'Arthedain
> Amlaith -> ??
Une analyse alternative est proposée par David Giraudeau, se fondant sur un découpage aml-aith : la terminaison -aith se retrouve dans s. belaith 'puissant' (PE17:115), s. edraith 'secours, aide' (PE17:38 ), et s. Lalaith 'rire' (CoH:34). Autrement dit, elle signifierait #'quelque chose (ou quelqu'un) qui' :
bel-aith = #'quelque chose qui est puissant' (cf. s. beleg 'grand, formidable', PE17:115)
edr-aith = #'quelque chose qui aide' (cf. s. erda- 's'ouvrir', PE17:45)
Lal-aith = #'quelque chose qui rie' (cf. la racine LALA- 'rire' (PE17:159) et le q. lala- 'rire' (XII:359)
Dans cette hypothèse, Aml-aith pourrait signifier #'Celui qui ?'. La question demeure de comprendre la signification du premier élément. Mais cette formation n'existe pas en tant que telle en sindarin (pas d'un point de vue étymologique). Se pourrait-il que ce nom soit une combinaison de quenya et de sindarin ? Dans cette optique, j'ose avancer une théorie assez "capilotractée" : l'élément aml- aurait été emprunté au quenya mais aurait été à l'origine alm- (cf. q. alme 'une bonne chose, une 'bénédiction', une bonne fortune', PE17:146) qui évolua en aml- (forme plus aisée à prononcer) par métathèse. La rareté de la forme aml- pencherait pour cette idée.
Autrement dit Amlaith *'Celui qui est fortuné', ce qui ne serait pas sans rappeler le titre d'Éomer devenu roi : Éadig, signifiant en vieil anglais 'prospère, riche, saint'.
Cependant, il convient de noter qu'Amlaith n'hérita que du tiers du royaume de son père, le reste étant partagé entre ses deux frères. Un nom lié à la prospérité serait donc forcément ironique. Il semblerait d'ailleurs que ce soit cette occasion qui l'ait poussé à prendre un nom sindarin et non plus quenya (cf. SdA, App. A n. 17), ce qui permettrait d'écarter l'idée qu'il ait reçu ce nom à la naissance. En effet, tous les enfants des premiers rois d'Arnor semblent avoir porté un nom quenya dès leur naissance (cf. le nom des quatre fils d'Isildur, CLI, p. XXX). Le partage du royaume d'Arnor étant dû à des dissensions entre les trois fils d'Eärendur (cf. SdA, App. A, p. XXX), il semble de plus raisonnable de le placer largement après la naissance d'Amlaith.
> Beleg -> large, grand (beleg "large, grand", cf. PE 17, p. 115)
> Mallor -> or doré (?) (sind. mal- "jaune, doré" ; -lor forme lénitée (?) de glaur, i laur « lumière dorée » dans les mots composés)
Pour une mutation vocalique -au- -> -o-, voir justement glaur vs. Glorfindel, taur vs. tor-, baur vs. Celebrimbor, etc.
> Celepharn -> pierre d'argent (sind. celeb "argent", dérivé de KYÉLEP- (Étym.) + sarn "petite pierre" : sind. anc. kelepe + sarn > sind. celep-sarn > celepharn par mutation douce du s en h (cf. Edhelharn "Pierre elfique" dans la Lettre du Roi, SD, p. 128-131).
> Celebrindor -> puissant d'argent, noble d'argent (sind. celebrin-, cf. Celebrindal « au pied d'argent » et taur, lénité daur. Voir aussi Mallor pour -au- -> -o-)
Noter qu'il existe un homonyme taur « forêt », mais que le sens « forêt d'argent » apparaît assez peu probable dans le contexte.
> Malvegil -> épée dorée (sind. mal- + megil "épée")
Autres
> Elendur : serviteur des étoiles / des Elfes (Elen "étoile" + -ndur "serviteur")
> Aratan : roi humain ou roi des hommes (ar(a)- "roi" + atan "homme")
> Ciryon : navire-homme (cirya "navire" + -on [terminaison masculine])
> Gilraen -> Parée d'une résille sertie de petites gemmes (VT 42)
> Dirhael -> homme sage (sind. dîr "homme" + -hael (de sael ?) "sage", cf. Étym, radical DER)
> Ivorwen -> jeune fille-cristal ? (sind. #ivor (?) "crystal" moyen sind. *iυr, sind. anc. *imre, dérivé de I-MIR, forme augmentée de mîr "joyau")
-wen "jeune fille")
> Gilbarad -> tour d'étoiles (sind. gil "étoile" + barad "tour")
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland