Alors cher Hofnarr, c'était une question très difficile, mais aussi très belle !
Tant, que je vais me tenter (pour une fois !) à un message d'explication un peu long.
Il me semble que la force particulière de ces trois contes est de former une véritable trilogie, chacun mettant l'accent sur un thème littéraire classique : le tragique pour Turin, la grandeur épique pour Gondolin, l'amour plus fort que la mort avec Beren et Luthien. Insérés dans l'ensemble plus vaste du légendaire, je suis, depuis ma première lecture du Silmarillion, en admiration quant à leur capacité de pouvoir être lus à part (comme en témoigne les dernières éditions) et en même temps indissociablement de l'ensemble du Légendaire. Sensible au phénomène de réécriture, j'aime l'idée que les Elfes produisent des variations sur chacune de ses histoires, car cela indique leur caractère inépuisable et mythique.
Je dirai que celui qui me parle le moins est celui de Turin. Cela ne veut pas dire que je ne l'apprécie pas énormément, notamment à cause de sa composition et de sa puissance suggestive. Glaurung est un méchant mémorable, tant lié à l'histoire et au destin de Turin que ce dernier ne semble pas pouvoir lui survivre. J'aime aussi son amitié avec Beleg, et son issue terrible. Cependant, je suis toujours un peu "fâché" avec ce personnage orgueilleux, qui pourrait régler ses problèmes plus facilement qu'il ne le pense. Il y a cet étouffement tragique (voulu, orchestré, magistral) qui ne manque pas d'affecter ma lecture, mais qui prend le risque de me repousser un peu !
Le conte de Gondolin est certainement l'une des plus grandes histoires que j'ai jamais lues. "Les plus belles histoires sont celles que l'on ne raconte pas" (je cite de mémoire, ce ne doit pas être les mots exacts) : à ce titre Gondolin est le meilleurs exemple. Je m'étais précipité sur les Contes perdus pour avoir le récit de la bataille qui s'y trouve. Mais bien sûr, aussi trépidante que fut cette lecture, elle n'était pas ce que j'avais cherché : le style, l'histoire, étaient d'une autre tradition. Gondolin pour moi, c'est le récit des années 60 publié dans Contes et Légendes inachevés : nous quittons Tuor et Voronwë devant la dernière porte de Gondolin. Ce conte est pour moi une immense suggestion, des faits héroïques mentionnés (Echtelion et Gothmog, Glorfindel et le Balrog, Turgon attendant la mort dans son palais...) mais dont l'immensité ne permet pas une narration complète. La tension dramatique a de quoi transporter tout du long.
Et enfin, mon choix pour le sondage, le conte de Beren et Luthien. C'est celui qui me procure ce fameux sentiment euchatastrophique que je ne retrouve quasiment qu'avec Le Seigneur des Anneaux. Je ne suis pas non plus déçu ici sur les réécritures du conte : je relis souvent avec un plaisir délectable le lai qu'Aragorn chante aux Hobbits près du Mont Venteux. Ils s'en vont sans tristesse ! Je suis fasciné par le geste de Luthien de pleurer devant Mandos. Comment peut-elle aller jusqu'à lui en traversant la mer ? C'est impossible ! Je crois que le conte nous dit ici que l'amour va au-delà de l'impossible. Si ce n'est pas toujours le cas, le conte nous laisse avec ce sentiment, devant ces deux héros qui peuvent disparaître dans la forêt, sans plus être gêné par le monde. C'est dire si c'est une réponse aux désirs fondamentaux qui sont en nous !
Je rajouterai enfin l'épisode du sacrifice de Findrod Felagund, mon personnage favori du Premier Age, qui m'émeut également à chaque relecture.
Tant, que je vais me tenter (pour une fois !) à un message d'explication un peu long.
Il me semble que la force particulière de ces trois contes est de former une véritable trilogie, chacun mettant l'accent sur un thème littéraire classique : le tragique pour Turin, la grandeur épique pour Gondolin, l'amour plus fort que la mort avec Beren et Luthien. Insérés dans l'ensemble plus vaste du légendaire, je suis, depuis ma première lecture du Silmarillion, en admiration quant à leur capacité de pouvoir être lus à part (comme en témoigne les dernières éditions) et en même temps indissociablement de l'ensemble du Légendaire. Sensible au phénomène de réécriture, j'aime l'idée que les Elfes produisent des variations sur chacune de ses histoires, car cela indique leur caractère inépuisable et mythique.
Je dirai que celui qui me parle le moins est celui de Turin. Cela ne veut pas dire que je ne l'apprécie pas énormément, notamment à cause de sa composition et de sa puissance suggestive. Glaurung est un méchant mémorable, tant lié à l'histoire et au destin de Turin que ce dernier ne semble pas pouvoir lui survivre. J'aime aussi son amitié avec Beleg, et son issue terrible. Cependant, je suis toujours un peu "fâché" avec ce personnage orgueilleux, qui pourrait régler ses problèmes plus facilement qu'il ne le pense. Il y a cet étouffement tragique (voulu, orchestré, magistral) qui ne manque pas d'affecter ma lecture, mais qui prend le risque de me repousser un peu !
Le conte de Gondolin est certainement l'une des plus grandes histoires que j'ai jamais lues. "Les plus belles histoires sont celles que l'on ne raconte pas" (je cite de mémoire, ce ne doit pas être les mots exacts) : à ce titre Gondolin est le meilleurs exemple. Je m'étais précipité sur les Contes perdus pour avoir le récit de la bataille qui s'y trouve. Mais bien sûr, aussi trépidante que fut cette lecture, elle n'était pas ce que j'avais cherché : le style, l'histoire, étaient d'une autre tradition. Gondolin pour moi, c'est le récit des années 60 publié dans Contes et Légendes inachevés : nous quittons Tuor et Voronwë devant la dernière porte de Gondolin. Ce conte est pour moi une immense suggestion, des faits héroïques mentionnés (Echtelion et Gothmog, Glorfindel et le Balrog, Turgon attendant la mort dans son palais...) mais dont l'immensité ne permet pas une narration complète. La tension dramatique a de quoi transporter tout du long.
Et enfin, mon choix pour le sondage, le conte de Beren et Luthien. C'est celui qui me procure ce fameux sentiment euchatastrophique que je ne retrouve quasiment qu'avec Le Seigneur des Anneaux. Je ne suis pas non plus déçu ici sur les réécritures du conte : je relis souvent avec un plaisir délectable le lai qu'Aragorn chante aux Hobbits près du Mont Venteux. Ils s'en vont sans tristesse ! Je suis fasciné par le geste de Luthien de pleurer devant Mandos. Comment peut-elle aller jusqu'à lui en traversant la mer ? C'est impossible ! Je crois que le conte nous dit ici que l'amour va au-delà de l'impossible. Si ce n'est pas toujours le cas, le conte nous laisse avec ce sentiment, devant ces deux héros qui peuvent disparaître dans la forêt, sans plus être gêné par le monde. C'est dire si c'est une réponse aux désirs fondamentaux qui sont en nous !
Je rajouterai enfin l'épisode du sacrifice de Findrod Felagund, mon personnage favori du Premier Age, qui m'émeut également à chaque relecture.