Je pense que tu as tout à fait raison sur cette question des bracelets.
En fait, j'ai présenté cette vieille note de Botkine, qui prend exactement ton contre-pied, pour rappeler que la recherche a grandement évolué depuis un siècle et demi et que les contextes d'écriture et de traduction des uns et des autres sont évidemment très liés aux connaissances du moment.
Par exemple, lorsque Tolkien traduit Beowulf vers 1926, et même lorsqu'il présente la conférence Beowulf, the Monsters and the Critics en 1936, que sait-on de l'avancée des recherches sur cette question éminemment précise des bracelets d'allégeance dans les sociétés germaniques du Nord ?
Les découvertes majeures de Sutton Hoo n'ont lieu qu'en 1939, et les publications sérieuses sur l'analyse du trésor n'interviennent - sauf erreur de ma part - qu'à partir des années 60.
Autant dire que l'opinion tranchée d'un Botkine de la fin du XIXè siècle n'aurait pas pu être complètement remise en cause à l'époque, et ceci vaut peut-être aussi pour un Tolkien "pré-Sutton" (si je puis m'exprimer ainsi) à qui il me semble compliqué d'attribuer la clé d'un duo philologique beag/ring même si on sait les belles intuitions qui ont guidé ses travaux en la matière.
De plus, Christopher Tolkien précise dans sa préface que son père a pu modifier des éléments de traduction de son Beowulf à la lumière de nouvelles découvertes linguistiques... mais qu'il prenait aussi la liberté de ne pas le faire.
Ainsi, rien ne nous empêche d'imaginer que Tolkien, réalisant tardivement que son ring (tu l'as noté, c'est un mot qui est loin d'être neutre dans son œuvre), n'en est peut-être finalement pas un, il décide de ne rien changer (il avait le loisir de remplacer explicitement par bracelet) et de laisser malicieusement planer une de ces ambiguïtés linguistiques intertextuelle dont il avait le secret (après tout, cette traduction était un texte "maison" pas destiné à être publié)
Bref, l'affaire n'est pas simple. Et c'est pour cette raison qu'à mon humble avis, même si je suis convaincu que tu as raison, il ne faut pas trop se hâter à jeter le pierre à Christine Laferrière, au moins sur ce point
I.
Edit : PS, je te laisse savourer les choix de traduction de Botkine, décrits dans les premières lignes de son "Avertissement", en préface de la traduction. Toute une époque !
En fait, j'ai présenté cette vieille note de Botkine, qui prend exactement ton contre-pied, pour rappeler que la recherche a grandement évolué depuis un siècle et demi et que les contextes d'écriture et de traduction des uns et des autres sont évidemment très liés aux connaissances du moment.
Par exemple, lorsque Tolkien traduit Beowulf vers 1926, et même lorsqu'il présente la conférence Beowulf, the Monsters and the Critics en 1936, que sait-on de l'avancée des recherches sur cette question éminemment précise des bracelets d'allégeance dans les sociétés germaniques du Nord ?
Les découvertes majeures de Sutton Hoo n'ont lieu qu'en 1939, et les publications sérieuses sur l'analyse du trésor n'interviennent - sauf erreur de ma part - qu'à partir des années 60.
Autant dire que l'opinion tranchée d'un Botkine de la fin du XIXè siècle n'aurait pas pu être complètement remise en cause à l'époque, et ceci vaut peut-être aussi pour un Tolkien "pré-Sutton" (si je puis m'exprimer ainsi) à qui il me semble compliqué d'attribuer la clé d'un duo philologique beag/ring même si on sait les belles intuitions qui ont guidé ses travaux en la matière.
De plus, Christopher Tolkien précise dans sa préface que son père a pu modifier des éléments de traduction de son Beowulf à la lumière de nouvelles découvertes linguistiques... mais qu'il prenait aussi la liberté de ne pas le faire.
Ainsi, rien ne nous empêche d'imaginer que Tolkien, réalisant tardivement que son ring (tu l'as noté, c'est un mot qui est loin d'être neutre dans son œuvre), n'en est peut-être finalement pas un, il décide de ne rien changer (il avait le loisir de remplacer explicitement par bracelet) et de laisser malicieusement planer une de ces ambiguïtés linguistiques intertextuelle dont il avait le secret (après tout, cette traduction était un texte "maison" pas destiné à être publié)

Bref, l'affaire n'est pas simple. Et c'est pour cette raison qu'à mon humble avis, même si je suis convaincu que tu as raison, il ne faut pas trop se hâter à jeter le pierre à Christine Laferrière, au moins sur ce point

I.
Edit : PS, je te laisse savourer les choix de traduction de Botkine, décrits dans les premières lignes de son "Avertissement", en préface de la traduction. Toute une époque !
