29.03.2014, 15:29
Tant pis pour le double message. Je suis en train de lire un petit opuscule dont j'ai récemment fait l'acquisition, intitulé Tolkien & The Silmarillion, de Clyde Kilby. Ce dernier a passé la totalité de l'été 1966 à Oxford, en collaboration très étroite avec Tolkien, dans le but de l'aider à mettre en forme le Silmarillion et à le publier.
Ce livre est très intéressant et donne sur la personnalité de Tolkien un éclairage distinct et complémentaire au livre de Carpenter. Parmi de nombreuses anecdotes intéressantes, que je ne saurais toutes mentionner ici, une a trait à Beowulf (p. 20) :
De cela, on peut déduire que Kilby n'avait pas compris que la traduction de Tolkien était déjà achevée (ou presque) depuis plusieurs décennies, mais que seul le perfectionnisme de Tolkien empêchait qu'elle soit publiée. L'eût-il su qu'il n'aurait pas été surpris, puisqu'il parle de la traduction de Pearl et de Sir Gawain and the Green Knight, dont il savait qu'elle été terminée et n'attendait plus qu'une préface de sa part. Kilby raconte avoir été encouragé par Rayner Unwin à inciter Tolkien à écrire cette préface, mais que Tolkien ne le fit jamais, malgré des suggestions répétées, car il repoussait la tâche de jour en jour, quand bien même il essayait parfois de s'y mettre.
De plus, si Tolkien envisageait toujours publier une traduction de Beowulf dans les années 60, c'est bien qu'il devait considérer que sa traduction avait un certain mérite. Son insistance pour rendre le texte vivant et conforme au style de l'original est d'excellent augure, car cela fait penser à l'objectif qu'il poursuivait en rédigeant sa version de la Légende de Sigurd et Gudrún. Évidemment, cela ne veut pas dire que cette traduction sera forcément facile à lire, vu le goût de Tolkien pour l'usage d'un vocabulaire archaïque dans ses traductions.
Ce livre est très intéressant et donne sur la personnalité de Tolkien un éclairage distinct et complémentaire au livre de Carpenter. Parmi de nombreuses anecdotes intéressantes, que je ne saurais toutes mentionner ici, une a trait à Beowulf (p. 20) :
Clyde Kilby a écrit :He [Tolkien] had serious thoughts of doing a translation of the Anglo-Saxon epic Beowulf but felt the task would be difficult because the poem was so concentrated. Coming over to me, he illustrated his concern by putting his torso almost against mine and, pulling back his fist, insisted that the reader must feel the very sword-thrust into the dragon.
Clyde Kilby, inélégamment et rapidement traduit par votre serviteur, a écrit :Il envisageait sérieusement de traduire l'épopée anglo-saxonne Beowulf, mais percevait que cette tâche serait difficile à cause du laconisme de ce poème. Il vint vers moi et illustra ce problème en rapprochant à l'extrême sa poitrine de la mienne et en retirant son poing, en soulignant que le lecteur devait ressentir le coup d'épée qui perça le dragon.
De cela, on peut déduire que Kilby n'avait pas compris que la traduction de Tolkien était déjà achevée (ou presque) depuis plusieurs décennies, mais que seul le perfectionnisme de Tolkien empêchait qu'elle soit publiée. L'eût-il su qu'il n'aurait pas été surpris, puisqu'il parle de la traduction de Pearl et de Sir Gawain and the Green Knight, dont il savait qu'elle été terminée et n'attendait plus qu'une préface de sa part. Kilby raconte avoir été encouragé par Rayner Unwin à inciter Tolkien à écrire cette préface, mais que Tolkien ne le fit jamais, malgré des suggestions répétées, car il repoussait la tâche de jour en jour, quand bien même il essayait parfois de s'y mettre.
De plus, si Tolkien envisageait toujours publier une traduction de Beowulf dans les années 60, c'est bien qu'il devait considérer que sa traduction avait un certain mérite. Son insistance pour rendre le texte vivant et conforme au style de l'original est d'excellent augure, car cela fait penser à l'objectif qu'il poursuivait en rédigeant sa version de la Légende de Sigurd et Gudrún. Évidemment, cela ne veut pas dire que cette traduction sera forcément facile à lire, vu le goût de Tolkien pour l'usage d'un vocabulaire archaïque dans ses traductions.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland