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Bonjour à tous,
Etant moi même en réflexion depuis quelques temps sur l'envie/le besoin d'écrire un roman, je me demandais si parmi notre communauté il y avait une ou des personnes qui s'était déjà essayé à l'écriture?
Une création pourrait on dire, en relation avec le monde de J.R.R Tolkien?
Cela m'intéresse pour pouvoir échanger par la suite.
Peut être certains d'entre vous ont-ils commencé des ébauches sans terminer ce qu'ils avaient entrepris..?
Merci de vos réponses,
Temüge
"Tout ce qui est or ne brille pas,
Tout ceux qui errent ne sont pas perdus [...]"
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Bonjour Temüge,
Tu peux d'abord lire les deux ou trois Nouvelles présentées sur ce site.
Je ne sais pas si tu as déjà un sujet en tête ! La Nouvelle est un bon moyen pour se mettre à l'essai.
Si tu touches à l'univers de Tolkien, il faut faire attention aux droits d'auteur.
Tes écrits pourraient être sous forme "Hommages à Tolkien" : Nouvelles, récits, poèmes, essais, études etc... Il y en a énormément sur le site Tolkiendil.
Le mieux serait évidemment d'inventer ton propre monde et ton propre style d'écriture et, dans ce cas, Tolkien peut s'avérer un très grand guide.
Je me suis fait conseiller d'un Tolkiendili deux sites dédiés à la fantasy, (Elbakin.net et Nestiveqnen qui recherche des auteurs), car c'est le genre où Tolkien s'est le plus investi, et parmi lesquels ses mythes contes récits et légendes décrivent le mieux son univers.
Cordialement, un point de vue...
L'esprit devient ce qu'en font les pensées, car les pensées de quelqu'un déteignent sur son âme. Marc-Aurèle (121-180)
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Bonjour Ingieris,
Tout d'abord, merci pour ces quelques renseignements,
Je ne sais pas encore réellement le sujet qui animera mon roman.. Dans l'idéal, j'aimerai resté rattacher au genre "Heroic Fantasy".
L'oeuvre de Tolkien serait un guide exemplaire, je te donne raison!
J'ai lu dans ton parcours personnel que tu aimais l'écriture,
Comme je suis novice en la matière et que mon niveau rédactionnel est plus que moyen, peut être accepterais-tu que je te demande conseil sur quelques questions qui me taraudent en ce moment...
J'envisage aussi d'assister à un atelier d'écriture, même si l'hésitation est encore de mise.
Cordialement,
PS : As tu déjà écrit des romans?
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Bon dimanche, Temüge
Il me fera plaisir que l'on discute ! Dans la mesure de mes connaissances.
Puisque tu me demandes, sur le site de Tolkiendil, dans les nouvelles que je te suggérais hier, j'ai écrit celle intitulée "Une journée imaginée dans la vie du jeune J.R.R. Tolkien"; ce fut très enrichissant d'amalgamer différents moments de ses jeunes années à l'aide de la biographie de Humphrey Carpenter, et d'en rédiger une petite histoire qui se tient. Mais ce n'est pas de la grande littérature, soyons humble !
Malgré lui, Tolkien a créé dans son sillage un mystère par rapport au génie qui l'habitait, même si on en connaît aujourd'hui beaucoup sur lui, ce mystère perdure. C'était un moyen pour moi de mieux saisir l'homme ; comment arriver dans une seule vie à maîtriser autant de talents, de véhiculer une imagination aussi productive, ajoutons à cela son immense œuvre ? Il est un soleil rayonnant dans ma vie, une source d'épanouissement et il m'inspire telle une muse, disons-le ainsi !
Dans mon Québec natal, je fais partie d'un club d'écriture où nous gribouillons surtout des poèmes et des nouvelles, tu en comprendras facilement la raison. Ce mois-ci, nous avons choisi une "Nouvelle mythologique." Tu parles !!! Ce qui est bien dans un tel groupe, c'est le point de vue des membres sur tes gribouillages, ce qui est drôlement stimulant.
J'ai imaginé un monde de fantasy, il y a plusieurs années, et je m'amuse toujours à inventer toutes sortes d'aventures insérées dans cet univers-là. Rien n'est encore publié. Cependant, c'est un travail auquel je vais m'occuper d'ici peu, ayant un modeste ouvrage à présenter. Car dénicher un éditeur intéressé n'est pas chose facile.
Tout dans l'imaginaire m'est source d'attention ! Les cours d'écriture sont aussi de bons moyens d'améliorer ses connaissances et son style. J'y place un intérêt, à l'occasion.
En espérant que tu auras aimé ces quelques instants de partage !
Cordialement,
Ingieris
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31.03.2014, 09:17
(Modification du message : 31.03.2014, 09:18 par Temüge.)
Texte lu,
cordialement,
Temüge
Je t'es laissé un petit commentaire
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Je sais que cela fait quelques mois que ce fuseau n'a pas été utilisé, mais j'aimerais bien y participer.
En ce moment, je suis dans la création d'un monde, voilà. Je sais c'est projet peut-être un peu trop entreprenant. Mais toute une grande vague d'inspiration foule les plages de mon esprit. Si vous voulez plus d'informations, je vais fonder les bases de mon monde sur des contes ou des poèmes distincts les uns des autres (de ma création, bien sûr).
J'espère ne pas faillir à mon inspiration, et j'espère arriver au terme de la création de mon monde. Bien sûr, c'est un monde et ce seront des récits appartenant au genre Fantasy (l'inspiration me vient moins pour les autres genres).
"Nombreux sont ceux qui vivent et qui méritent la mort. Et d'aucuns meurent qui méritent la vie. Pouvez-vous la leur donner ? Alors ne soyez pas trop ardent à donner la mort au nom de la justice."
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Bonjour Cuthalion,
J'apprécie ta participation à ce sujet. N'oublions jamais que Tolkien est un des seuls auteurs à avoir travaillé toute sa vie sur le même sujet, à part bien sûr quelques titres éparses de contes. Et il n'a jamais pu arrêter de le fignoler. Le Monde qu'il a créé en valait tellement la peine. Il est unique, depuis la création par la musique des Ainur. C'était une idée de génie.
Lorsque Tolkien à commencé à écrire ses premiers poèmes et faire ses premiers dessins, il était loin de la TDM. Mais pas si loin que ça non plus, car son génie était en gestation. Aussi, je te recommande là dessus un livre qui m'a beaucoup appris sur ses débuts d'écrivains: "Tolkien et la grande guerre" de John Garth, publié chez Christian Bourgois en français, en 2014. J'ai dévoré ce livre.
Inventer un monde ne se fait pas en criant lapin. C'est un long processus. Mais quand tu as l'idée, il faut y aller et travailler, comme si on faisait un tricot compliqué.
L'écriture est comme ça : plus on développe son sujet, plus les idées viennent. Je te dis cela, car je le vis moi-même.
J'espère que ce partage te plaira.
Bonne journée,
Ing
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Je suis heureux de partager cette joyeuse aventure avec toi Ing !
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26.08.2014, 00:54
(Modification du message : 26.08.2014, 03:57 par Crayon Volant.)
(25.08.2014, 05:20)Ingieris a écrit : ... Il est unique, depuis la création par la musique des Ainur. C'était une idée de génie.
...
... Au "commencement était le Verbe", or comme il ne peut s' agir de nôtre language "barbare" et dégénéré, il est certainement question d' un "Verbe" universel en harmonie avec la Nature et le tout le Cosmos...
Je ne veux pas diminuer le "génie" de l' auteur, mais remarquons qu' il a su prendre des idées 'pures' (commune pour celle ci à toutes les religions/mythologies), et les adapter à ses fins, tout simplement.
Maintenant si je peux donner mon avis, je crois qu' il faut avoir un certain sens du "Sacré" ou être plus ou moins pieux pour se dédier à une telle tâche de manière à ce que le résultat parle inévitablement (là ou d' autres y verraient le seul savoir académique...). Si Tolkien n' avait eu que le sens de la "fantasy" tel qu' on l' entend et s' il s' était limité à de telles sources d' inspiration, je ne donnerai pas cher de son oeuvre.
Amicalement, comme toujours.
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Allo Crayon Volant,
Pourrais tu élaborer ta pensée. Je ne comprends pas totalement tes liens.
Je suis d'accord pour dire comme toi que Tolkien a puisé ses sources aussi dans le Sacré. Mais je crois que son œuvre est immortelle malgré le sens sacré qu'elle contient. Le génie de Tolkien était si vaste: qualité des textes, imagination des intrigues, poésies pleines de couleurs et d'originalité, invention de langues etc... j'en passe et j'en passe.
C'est pourquoi je conseillais hier à Cuthalion "Tolkien et la grande guerre". C'est dans ce bouquin que j'ai découvert véritablement l'évolution de son génie d'écrivain. Lorsqu'il a commencé à écrire de la poésie, elle n'avait rien de sacré: plutôt poétiquement axée sur son expérience de soldat et du front. Ce n'est qu'à partie du texte sur Earendel qu'il a découvert par hasard, que le sens du sacré a commencé dans son œuvre.
J'attends de voir ta réaction, afin d'avancer dans cette discussion.
Si d'autres veulent se joindre en donnant leurs idées, le partage en sera d'autant plus riche.
À bientôt,
Ing
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Qu'appelez-vous le "Sacré", pourriez-vous m'expliquer plus précisément son sens ?
(Excusez mon inculture...)
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26.08.2014, 12:05
(Modification du message : 26.08.2014, 12:09 par Yirmeyah.)
Citation :Qu'appelez-vous le "Sacré", pourriez-vous m'expliquer plus précisément son sens ?
La religion, le métaphysique, ce qui est rendu sain par d'autres textes fondateurs ( la Bible en l'occurence) : Dieu, certains concepts (la Providence, l'illumination...)
Citation :Si vous voulez plus d'informations, je vais fonder les bases de mon monde sur des contes ou des poèmes distincts les uns des autres (de ma création, bien sûr).
C'est une bonne idée ! Tu en posteras quelques-uns sur le forum/site ?
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(26.08.2014, 12:05)Yirmeyah a écrit : La religion, le métaphysique, ce qui est rendu sain par d'autres textes fondateurs ( la Bible en l'occurence) : Dieu, certains concepts (la Providence, l'illumination...)
[...]
C'est une bonne idée ! Tu en posteras quelques-uns sur le forum/site ?
Pour la première citation, je répondrais : Tout texte de Fantasy a besoin de Sacré, si on le prend dans ce sens-là. Et je pense même que tous (ou quasiment tous) les textes Fantasy ont leur part de Sacré.
Pour la deuxième citation, bien sûr, je les publierai, et j'en serais joyeux ! Mais je crois que c'est hors sujet, dans le sens ou ça na aucun rapport avec le monde de Tolkien.
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26.08.2014, 16:21
(Modification du message : 28.08.2014, 02:06 par Hyarion.)
C'est avec le développement du langage que l'homme a pu développer son aptitude à raconter et à inventer des histoires. Que l'on soit ou non dans le registre du sacré (qui relève de la croyance), les êtres humains - qui ont conscience d'être nés et d'être voués à mourir un jour - ont besoin de ces histoires pour vivre, pour faire face au réel et à sa dimension arbitraire. Ainsi seraient nées les mythes et les légendes, autant d'histoires crées dans une logique de survie, pour définir ce que nous sommes et notre monde comme il va. Libre à chacun d'accorder une dimension sacrée à certaines de ces histoires.
Tolkien, en tant que catholique, percevait le récit de la Bible comme un "mythe vrai", la notion tolkienienne de "subcréation" (appliquée au "Conte d'Arda") devant dès lors être comprise comme quelque-chose procédant de la Création au sens biblique du terme. Voila peut-être pourquoi certains spécialistes (chrétiens) de Tolkien peuvent avoir tendance à vouloir tout ramener à la religion à propos de cet auteur : eux-mêmes inscrivent leur démarche de réflexion dans le cadre d'une histoire qu'ils se racontent, une histoire que les croyants considèrent comme sacrée, mais ce qui n'est pas le cas de ce qui ne sont pas croyants (ou pas autant qu'eux) ou qui croient à autre chose qu'au récit biblique : d'où certains discours d'"initiés" partant parfois de présupposés assez agressifs à l'égard de ceux qui ne pensent pas comme eux pour développer ce qu'ils estiment être la seule "vraie" façon de "comprendre Tolkien".
Ceci dit, on pourrait dire la même chose de ceux qui prétendent avoir un regard purement scientifique, voire technique, sur l'œuvre de Tolkien, et dire qu'eux aussi inscrivent leur démarche dans une histoire qu'ils se racontent, car le rationalisme scientifique et la foi systématique en la valeur des techniques peuvent aussi être interprétés comme des croyances (la science pouvant même être un facteur de diffusion de fictions pour soutenir des théories spéculatives).
Ce qui est assez amusant, avec les regards pluriels que l'on peut avoir sur l'œuvre de Tolkien (et qui sont tous légitimes), c'est qu'il faut toujours qu'il y en ait qui, quelque part, d'une manière ou d'une autre, sans toujours franchement le montrer, se sentent plus "initiés" que les autres, alors qu'en réalité, nous sommes tous des êtres humains, faillibles et imparfaits (et comme je l'ai souvent dit et écrit, Tolkien lui-même n'est pas une idole à vénérer, car il n'était pas moins faillible ou imparfait qu'un autre, même en tant que créateur)...
Il ne faut pas oublier qu'avec Tolkien, comme avec la littérature de fantasy en général, on a affaire, précisément, à de la littérature : dans ce cas-là, ce qui nous est donné à voir et à penser, nous ne sommes pas tenus d'y croire comme à un récit qui serait perçu comme sacré (un "mythe vrai"), mais seulement invité à une suspension consentie de l'incrédulité le temps de la lecture. Or, dans le cas de Tolkien (qui évoque lui-même la chose), j'ai parfois l'impression que certains voudraient que cette suspension d'incrédulité aille au-delà de la lecture du récit de fiction, par "fidélité" à l'auteur et à ce qu'il a dit et écrit, littérature et croyance pouvant finalement se mélanger d'une manière qui n'a cependant pas vocation à être la seule "vraie" manière d'appréhender une œuvre, contrairement à ce que pensent peut-être certains "initiés".
Bref, tout cela pour dire que nous nous racontons tous des histoires, à des degrés divers, des histoires auxquelles il peut être accordé une importance variable. À celles et ceux qui veulent écrire, je conseillerai volontiers (modestement) à la fois de ne pas oublier l'importance qu'ont les histoires dans la vie des êtres humains (cela va des mythes expliquant les origines de l'univers ou le sens de la vie et de la mort... aux messages publicitaires d'aujourd'hui qui sont, eux aussi, des histoires destinées au public consumériste de notre époque) et de ne pas non plus brider pour autant leur créativité personnelle précisément à cause de cela. Au delà de la maîtrise technique de l'art choisi (qui me parait tout-de-même nécessaire), ne calculez pas trop ce que vous voulez créer : le besoin de raconter une histoire, quelle qu'elle soit (avec une dimension sacrée ou non : est-ce, du reste, forcément à l'auteur de le dire, voire d'être conscient d'une telle dimension ?), est probablement inscrit en vous de toute façon...
Et Tolkien n'est évidemment pas l'unique exemple à suivre (lui-même ne se voyait pas comme cela, je pense).
Amicalement,
Hyarion.
(EDIT : correction de coquille.)
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(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)
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Je suis d'accord avec toi, Hyarion.
En fait, l'important dans toutes les histoires d'écriture, c'est d'avoir une idée originale, même si elle a des sources dans d'autres histoires. Et effectivement, toutes les grandes histoires ont tendance à cacher un sens Sacré. Je suis d'accord. Mais peut-être que certains viendront démentir cette idée, ce matin, et c'est correct.
Par exemple, Tolkien a eu l'idée de créer son monde au moyen du chant des Ainur, entendons des chants dont Eru leur avait d'abord donné les thèmes. Il fallait l'avoir cette idée.
Essayons de reconstituer la création d'un monde et nous verrons que des idées géniales de cette sorte, il n'y en a pas tellement, même si on créait un monde à partir de monstres, tels Melkor ou autres.. Car il faut écrire la suite de la création... Les Ainur qui forment une sous branche avec les Valar, Maiar, etc..
Par contre, je ne verrais pas d'intérêt personnel à lire la création du monde à partir de monstres. Ce serait plutôt du domaine du fantastique, que de la Fantasy. Or, je ne suis pas beaucoup intéressé pas le fantastique pur. J'adore la Fantasy. Mais...
J'ai hâte de lire vos réflexions !
J'aime cette discussion, elle peut nous mener très loin...
À la prochaine,
Ing
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(26.08.2014, 16:21)Hyarion a écrit : Et Tolkien n'est évidemment pas l'unique exemple à suivre (lui-même ne se voyait pas comme cela, je pense).
Lui même ne se voyait pas comme cela, je le crois, mais certains "fans" vont même jusqu'à cette idée-là, et ils l'exploitent réellement.
Je veux dire par là que quand on étudie longtemps une oeuvre, d'un auteur quelconque, et qu'on en devient admiratif ou "fan", on s'en inspire forcément (selon moi) (et j'avoue que dans mes écrits, et mes contes, je me rend compte que je m'inspire de Tolkien ; dans la "forme" ou l'"aspect" de son monde, mais aussi dans son style d'écriture. Et je pense que l'on ne peut échapper à cette inspiration extérieure, en tout cas, et malheureusement, pour moi c'est le cas...).
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27.08.2014, 13:43
(Modification du message : 27.08.2014, 13:44 par Yirmeyah.)
Citation :Et je pense que l'on ne peut échapper à cette inspiration extérieure, en tout cas, et malheureusement, pour moi c'est le cas...
On dit habituellement qu'on imite d'abord naturellement, pour ensuite se libérer de l'influence du style et trouver le sien propre...courage !
...sinon, tu peux lire d'autres œuvres pour essayer de multiplier et ainsi diluer tes influences, au moins stylistiquement.
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28.08.2014, 02:42
(Modification du message : 28.08.2014, 04:39 par Hyarion.)
Il n'y a pas de mal à être admiratif de l'œuvre d'un artiste. Le problème vient davantage du fait que si l'on suit la logique du "fan" de façon univoque, on aboutit à une sorte d'enfermement dans l'objet de son admiration, qui devient dès lors une sorte d'idolâtrie qui tourne en rond, quels que soient les faits et gestes du "fan"...
Ce que je veux dire, c'est que l'œuvre de Tolkien, quelle que puisse être son importance, n'a pas vocation à être une fin en soi quand on se place dans le cadre d'un processus créatif. La fantasy ne se réduit pas à Tolkien et Tolkien n'est pas une sorte de monument isolé qu'il faudrait forcément traiter à part dans le champ de la littérature mondiale et a fortiori dans celui de l'histoire des arts.
J'ai parlé précédemment de certains spécialistes (chrétiens) de Tolkien qui peuvent avoir tendance à vouloir tout ramener à la religion à propos de cet auteur. Je pourrais aussi évoquer, dans le même esprit, certains spécialistes des langues inventées par Tolkien qui peuvent, pour leur part, avoir tendance à vouloir tout ramener à l'invention des langues à propos de cet auteur. Dans un cas comme dans l'autre, on a l'impression que certains souhaiteraient presque effacer Tolkien en tant qu'écrivain pour en faire une sorte de phénomène que le commun des mortels ne pourrait pas "comprendre" parce que pour ces spécialistes, ce qui compte le plus, ce n'est pas la littérature, mais uniquement la spécialité qui les intéresse, soit la dimension religieuse chez Tolkien, soit les langues inventées par Tolkien, l'œuvre littéraire de l'auteur étant dès lors quasiment entièrement subordonnée à ces spécialités, ce qui me semble pour le moins discutable, quelle que soit "l'expertise" revendiquée par les spécialistes ("initiés") en question, et quel que soit par ailleurs l'intérêt que l'on peut légitimement avoir à étudier leurs spécialités (qui sont effectivement intéressantes, mais à condition qu'elles ne servent pas à phagocyter l'appréhension et l'éventuelle compréhension que l'on peut avoir de Tolkien et de son œuvre).
Pour moi, J. R. R. Tolkien est avant tout un écrivain. Il peut être perçu comme une totalité, une référence, notamment en matière d'art... mais on peut dire la même chose d'un écrivain comme Marcel Proust, par exemple. Je me souviens que la question de savoir si Tolkien était un écrivain a été posé dans un autre fuseau du présent forum, il y a bientôt déjà deux ans, et je me permets, à ce propos, de renvoyer à ce que j'avais écrit dans cet autre fuseau : http://forum.tolkiendil.com/thread-6740-...#pid125225
Pourquoi est-ce que je parle de tout cela ? Parce que j'ai l'impression que certaines façons d'aborder Tolkien et son œuvre, que l'accent mis très souvent sur certains aspects particuliers de son œuvre, ont tendance à engendrer un regrettable complexe d'infériorité à l'égard de Tolkien en tant qu'écrivain. Chaque auteur potentiel admirant Tolkien peut se dire : "Mais comment pourrai-je faire ne serait-ce que pour me hisser à sa hauteur ?" Un écrivain comme George R. R. Martin, par exemple, a avoué avoir ce complexe d'infériorité, au moins à ses débuts. Et pourtant, plus je vois évoluer la réception de Tolkien auprès du public et l'étude que l'on fait de son œuvre, et plus celle-ci m'apparait comme un point de départ vers d'autres possibles et non comme une fin en soi, c'est-à-dire comme une œuvre que l'on serait condamné à seulement admirer et à imiter sans cesse, enfermé dans un univers certes très riche mais que Tolkien lui-même n'a jamais pu achever comme fantasment de le faire certains de ses "fans". Non, décidément, Tolkien n'est pas un horizon "indépassable", et ce serait d'ailleurs bien triste si c'était le cas.
Cela veut-il dire qu'être admiratif de Tolkien et s'inspirer de lui serait de nature à brider forcément sa propre créativité ? Non, bien sûr, et heureusement. On ne créé pas à partir de rien. Tout artiste a des inspirations et commence par imiter et copier avant de développer ses propres créations originales, son propre style, etc. Il n'y a donc pas lieu de vouloir échapper à l'inspiration extérieure : elle fait forcément partie du jeu. Je pense simplement qu'au bout d'un moment, il faut chercher à s'éloigner un peu de ses sources initiales, pour peu que l'on veuille développer pleinement sa créativité. Évidemment, ce n'est pas facile (et je suis le premier à le reconnaître), mais il ne faut pas oublier que Tolkien lui-même a eu ses inspirations et que son œuvre de fiction ne s'est développée que très progressivement.
Un bon écrivain est généralement un bon lecteur. Pour se faire une idée de toutes les inspirations (modernes) qu'il est possible d'avoir dans le domaine de la fantasy, je recommande volontiers (comme je l'ai souvent fait depuis de nombreuses années maintenant) la lecture de La Grande Anthologie de la Fantasy de Marc Duveau, parue en 2003 chez Omnibus. Depuis William Morris et Lord Dunsany jusqu'à Michael Moorcock et George R. R. Martin, en passant par Robert E. Howard, J. R. R. Tolkien, Fritz Leiber, Clark Ashton Smith, Thomas Burnett Swann, Jack Vance, Ursula K. Le Guin, Tanith Lee, Karl Edward Wagner, Marion Zimmer Bradley, et beaucoup d'autres auteurs de référence, cette Grande Anthologie de la Fantasy est un excellent recueil offrant une assez vaste vue d'ensemble de ce genre littéraire (à compléter, si possible, avec l'anthologie Légendes de Robert Silverberg, chez J'ai Lu, titre épuisé depuis un moment, mais qui peut se trouver assez facilement en occasion).
L'anthologie de Marc Duveau a été publié en 2003, mais je précise qu'il s'agit en fait d'une compilation issue de recueils parus assez longtemps auparavant, entre 1978 et 1982. Les textes les plus anciens de cette anthologie avaient en effet déjà fait l'objet, il y a plus de trente ans, d'une publication dans le cadre du "Livre d'or de la science-fiction" [sic], paru en quatre volumes de poche chez Pocket : Le manoir des roses, La citadelle écarlate, Le monde des chimères et La cathédrale de sang. Ces vieux volumes sont évidemment épuisés depuis bien longtemps, mais on peut encore en trouver en bibliothèque et chez les bouquinistes, ainsi qu'en occasion sur la Toile. Tous contiennent non seulement des nouvelles et des poèmes qui ont été repris dans l'anthologie de 2003 (avec des œuvres plus récentes ajoutées), mais aussi des textes qui n'ont pas été réédités depuis. Parmi ces textes non réédités figure une curiosité, un texte paru dans le volume Le monde des chimères et intitulé Le Joyau d'Arwen ( The Jewel of Arwen), écrit par Marion Zimmer Bradley, dont l'action se passe dans l'univers de Tolkien, et qui raconte l'histoire du joyau guérisseur venu de Númenor, conservé par les rois et intendants du Gondor puis par les elfes de la Lórien et qu'Arwen donne finalement à Frodo dans The Lord of the Rings. Comme quoi, même les auteurs qui se sont fait un nom en tant qu'écrivains peuvent naturellement être tentés par l'exercice de la "fanfiction"...
Je n'ai fait référence ici qu'aux possibles inspirations modernes, mais il faut aussi évidemment tenir compte des possibles inspirations plus anciennes, celles qui ont au moins pour partie inspiré des écrivains comme Tolkien : les récits mythologiques, la littérature médiévale, etc. Ce qui me fait d'ailleurs penser à un sondage que j'avais proposé au printemps dernier : http://forum.tolkiendil.com/thread-7533.html
Amicalement,
Hyarion.
(EDIT : correction de fautes.)
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Hyarion, j'apprécie ta culture livresque. Merci de nous la partager !
Voici quelques réflexions anodines :
Pourquoi chercher à se libérer de nos influences ? Elles sont plutôt sources d'inspiration. Pour ma part, j'aime Tolkien et je l'admirerai toujours. Parce que j'aime ce qu'il a écrit et comment il s'y est pris pour le dire. Il m'inspire ! Mais il n'est pas une fin en soi. Après moi le déluge, jamais Tolkien n'a pensé comme cela. C'était plutôt un homme qui a été hanté, à partir d'une certaine période de sa vie, par son Monde, lire la TdM. Les idées fusaient dans sa tête. Et, pour s'en libérer, il a écrit ses visions. Tolkien ne cherchait pas tant que cela à être lu. Il écrivait d'abord pour ses enfants, Et son Hobbit est tombé entre les mains de quelqu'une qui a aimé cette histoire et l'a présentée à un éditeur. Et pour le SdA, il s'est fait prier par l'éditeur pour écrire la suite du Hobbit.
Ce sont des membres de mon groupe d'écriture qui m'ont fait découvrir qu'elle était mon style d'écriture. Et à partir de là, j'ai acquis de la confiance. Comme quoi le partage est toujours gagnant pour avancer !
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28.08.2014, 04:30
(Modification du message : 28.08.2014, 04:45 par Hyarion.)
Merci pour ton message, Ingieris.
Disons qu'entre se libérer de ses influences et rester naturellement attaché à ses sources d'inspiration, l'idéal me parait être de trouver un point d'équilibre entre les deux.
Amicalement,
Hyarion.
P.S. : tant que j'y suis, et simplement pour signaler une autre possible source d'inspiration (francophone, pour changer... ...), je me permets de mentionner un fuseau que je viens d'ouvrir sur le forum de JRRVF à propos de l'écrivain Frédéric Werst, créateur de Ward, une œuvre de fiction sur un peuple imaginaire écrite dans une langue inventée et publiée avec sa traduction en français (Werst affirme ne pas avoir été influencé par Tolkien) : http://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic.php?id=7092
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Merci beaucoup Hyarion pour ce témoignage avec lequel je serais assez voire totalement d'accord.
Je voudrais rajouter quelque chose ; c'est que, je pense, quand Tolkien a inventé et écrit ses langues et ses récits, très peu d'auteurs, tels que lui, faisait la même chose (par "la même chose", je veux dire écrire de l'héroïque fantasy et des légendes, des mondes et tout ce qui va avec). Tolkien a peut être lui aussi pu s'inspirer de légendes et de récits mythologique ou médiévaux, mais nombreux sont ceux de nos jours qui font de même avec les anciennes légendes (les auteurs d'héroïc fantasy se sont beaucoup multipliés de nos jours !)
Mais venons en au fait ; le récit de Tolkien est extrêmement complet. Il a non pas exploité toutes les facettes de la fantasy, mais beaucoup d'entres elles. Et si on veux à notre tour s'inspirer des anciennes légendes, et écrire de la fantasy, on va nous accuser de plagia (envers les œuvres de Tolkien, car celles-ci ont marqué leur temps, vous êtes d'accord...) car beaucoup de ce qui se retrouvera dans notre texte à nous se retrouvera aussi dans les textes de Tolkien (sous d'autres formes, bien sûr, la plupart du temps).
C'est pour cela que je voudrais envoyer un message à ceux qui critiquent alors qu'ils n'ont pas d'expérience en matière de récits légendaires et médiévaux et d'inspiration (rassurez-vous, j'en fais souvent partie, mais vous pouvez me rejoindre dans ma conviction bien entendu !) : renseignez vous ! D'ailleurs, c'est bien pour me renseigner que je suis venu parmi vous. Et je vois que je suis bien tombé, car beaucoup ici ont une certaine "culture livresque" ou sont considérés par certains comme des "encyclopédies vivantes" ! (sans le nommer, je pense notamment à Hyarion [pour la première expression]).
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28.08.2014, 14:20
(Modification du message : 28.08.2014, 14:29 par Yirmeyah.)
Citation :l'œuvre de Tolkien, quelle que puisse être son importance, n'a pas vocation à être une fin en soi quand on se place dans le cadre d'un processus créatif.
D'abord, j'aimerais préciser que le terme "fin en soi" appartient plutôt au domaine de la philosophie... ici ce que tu veux dire, d'après ce que je comprends, c'est que Tolkien n'a nullement voulu être un modèle que tout le monde devrait s'efforcer d'imiter.
Citation :Tolkien n'est pas une sorte de monument isolé
Je ne sais pas...on pourrait défendre le contraire. Evidemment il n'est pas le seul auteur de fantasy, cependant il est "isolé" dans le sens où, ce n'était pas un "courant" à l'époque, et également dans le fait où il me semble être largement plus connu/étudié/lu/influant que les autres écrivains du genre. J'ai déjà vu Tolkien dans des manuels de français pour collégiens, mais jamais d'autres auteurs de Fantasy.
Citation :J'ai parlé précédemment de certains spécialistes (chrétiens) de Tolkien qui peuvent avoir tendance à vouloir tout ramener à la religion à propos de cet auteur. Je pourrais aussi évoquer, dans le même esprit, certains spécialistes des langues inventées par Tolkien qui peuvent, pour leur part, avoir tendance à vouloir tout ramener à l'invention des langues à propos de cet auteur.
D'une certaine façon, je comprends ces deux attitudes. Non pas que l'oeuvre de Tolkien se résume pour moi, à une simple "retranscription" de la vision chrétienne dans un autre temps fantasmé, ni à à la création d'un langage ; cependant j'avoue que je trouve que l'intérêt principal chez Tolkien réside à la fois dans le fait qu'il créé un mythe, càd qu'il y a une symbolique qui nous renvoie constamment, consciemment ou non, au monde réel, et notamment pour parler de choses intemporelles : la finitude humaine par ex. (et surtout pas pour faire des allégories avec un présent éphémère) ; et que son oeuvre, est une "fin en soi" au sens où elle est dotée de sa propre vie et semble se suffire à elle-même, notamment ses langues, qui ont leur propre existence, logique, progression. Ça peut sembler contradictoire (indépendance du récit et liens avec le réel) mais je ne pense pas.
En tant qu'écrivain, son style est surtout inspiré, à part de Morris, d'oeuvres antiques et médiévales (d'après ce que j'en sais en tout cas) : je n'ai jamais vraiment "analysé" le style de Tolkien, mais j'ai toujours eu le sentiment qu'il ne devait pas être très intéressant, pour la raison que Tolkien ne "répondait" pas à la majeure partie de l'histoire littéraire, qui a développé toute une série de réflexions sur l'oeuvre d'art, sur le rapport avec le lecteur, et qui s'est nourrie également de sciences.
Citation :ont tendance à engendrer un regrettable complexe d'infériorité à l'égard de Tolkien en tant qu'écrivain.
Dans le monde de la Fantasy j'imagine. Mais la plupart des professeurs de lettres, enseignants-chercheurs, critiques littéraires peut-être, à mon avis, vont considérer Tolkien comme un simple phénomène de mode, ou bien, s'ils sont un peu plus ouverts d'esprit et un peu plus savants sur la chose, comme un auteur populaire important, mais totalement à côté du reste de la plaque de l'histoire littéraire, j'entends en tant que "Culture". Il me semble avoir le même statut que Jules Verne, ou Conan Doyle avec Sherlock Holmes, et encore. Après tout, Tolkien n'avait presque rien lu comme œuvres qui ne soient pas antiques ou médiévales. Mais ce n'est que mon avis personnel, plus préjugé que réfléchi d'ailleurs, et si quelqu'un a des échos de la perception de Tolkien dans le milieu "savant" de la littérature, j'écouterais avec plaisir.
Enfin en tout cas ce que je veux dire, c'est que Tolkien ne me donne personnellement aucun complexe d'infériorité. (j'écris un peu, mais certes pas de fantasy)
Je me demande comment sera perçu Tolkien dans les décennies à venir, s'il restera étudié et lu, figurera dans des manuels d'histoire littéraire...je me demande également pourquoi Tolkien est tant apprécié, qu'est-ce que cela montre sur notre société, notre culture...d'ailleurs j'hésite à créer une discussion là-dessus, mais je doute que la plupart des membres trouvent ce sujet intéressant, ou considèrent qu'on puisse y apporter des réponses.
En tout cas merci pour tous tes liens !
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(28.08.2014, 14:20)Yirmeyah a écrit : En tant qu'écrivain, son style est surtout inspiré, à part de Morris, d'oeuvres antiques et médiévales (d'après ce que j'en sais en tout cas) : je n'ai jamais vraiment "analysé" le style de Tolkien, mais j'ai toujours eu le sentiment qu'il ne devait pas être très intéressant, pour la raison que Tolkien ne "répondait" pas à la majeure partie de l'histoire littéraire, qui a développé toute une série de réflexions sur l'oeuvre d'art, sur le rapport avec le lecteur, et qui s'est nourrie également de sciences.
Il y a eu quelques excellentes études sur le style de Tolkien, qui montrent que la réalité est beaucoup plus complexe que cela. Nous ne pouvons qu'espérer une nouvelle traduction du SdA qui mette pleinement en valeur la diversité des styles adoptés par Tolkien et permette au lecteur francophone de mieux juger des raisons stylistiques qui sous-tendent ses choix.
(28.08.2014, 14:20)Yirmeyah a écrit : Après tout, Tolkien n'avait presque rien lu comme œuvres qui ne soient pas antiques ou médiévales. Mais ce n'est que mon avis personnel, plus préjugé que réfléchi d'ailleurs, et si quelqu'un a des échos de la perception de Tolkien dans le milieu "savant" de la littérature, j'écouterais avec plaisir.
Ce qui est sûr, c'est que même si Tolkien a parfois tenté de faire croire qu'il ne lisait rien de contemporain, on sait désormais que c'est faux. Il aimait beaucoup la SF (notamment les récits d'Asimov), lisait de la fantasy et a écrit un long commentaire non publié sur Finnegan's Wake, ce qui prouve qu'il lisait même du roman d'avant-garde.
Quant à la réception de Tolkien en France, suffit de lire le Dictionnaire Tolkien de Vincent pour voir que les choses évoluent.
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D'accord, merci pour ces informations que je n'avais pas ! Quelles sont ces études dont tu parles ? J'imagine qu'elles sont en anglais... Et pour ses lectures "cachées", où puis-je en apprendre plus ?
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Hum, je m'excuse d'interrompre une conversation très intéressante (mais aussi, à force d'en causer ici plutôt qu'en section "oeuvre de Tolkien", je me permets un petit commentaire très égotiste (mais plus en rapport avec cette section) pour signaler que j'ai commencé sur le Warfo un récit où je me suis beaucoup investit et qui recherche feedback encourageant et commentaire efficace... Je mets le lien, à tout hasard, si certains veulent m'aider en me causant sur le Warfo, ou bien ici sur ce sujet, mon sujet présentation ou en MP... voilà...
http://www.warhammer-forum.com/index.php...try2623264
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Chercher l'équilibre entre les deux tendances est ce qu'il y a de mieux. Je suis de ton avis, Hyarion. Et merci pour ce lien intéressant sur F. Werst.
Réflexions:
M'est avis que Tolkien n'essayait pas d'écrire dans un genre spécifique. Son style personnel s'est précisé avec les années, lire ses premières poésies vraiment très éloignées de la Fantasy, et qui paraissent dans "Tolkien et la grande guerre". Puis, à partir du texte sur Erendel qu'il a découvert par hasard, tout s'est naturellement enchaîné et a donné l'immense œuvre que nous connaissons.
Aujourd'hui, on a tendance à tout catégoriser, à encarcaner dans de belles petites boites de conserve l'immense savoir humain, selon le genre, la forme, la couleur, etc... Ce n'est pas mal en soi, mais ça freine les élans.
Tolkien a été un auteur envahit par des visions formidables qu'il a traduit dans des livres célèbres. Dans dix ans, si nombre d'auteurs inventent des mondes aussi complexes, aussi bien ficelés et d'une profondeur aussi grandes, il sera considéré comme un précurseur parmi les autres, et le Hobbit et le SdA seront cités comme faisant partie du lot .
Mais, à date, et selon mon humble perception, personne, peut-être, n'est arrivé à construire un monde aussi bien élaboré. Même J.R.R. Martin n'a fait qu'ébauché la profondeur de son monde. Il l'évoque. Il ne l'a pas développé. C'est ce qui fait de Tolkien un auteur particulier et unique.
Cher Elendil, j'ai très hâte aussi que l'on mettre en lumière les différents styles de Tolkien, car la réalité est effectivement beaucoup plus complexe qu'on le dit. Merci d'évoquer les raisons stylistiques des choix de Tolkien. C'est un sujet qui me passionne depuis nombre d'années. J'attends cette traduction du SdA.
Bien amicalement !
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(28.08.2014, 21:35)Ingieris a écrit : Même J.R.R. Martin n'a fait qu'ébauché la profondeur de son monde.
Tu veux dire G.R.R Martin, sinon ça fait un mélange bizarre - mais sans doute pas anodin - entre J.R.R Tolkien et G.R.R Martin (simple anecdote, continuez, j'aime cette discussion ! ).
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Oui, oui ! G.R.R Martin. Je me suis fourvoyé, bien que je possède et les films et les livres du Trône de Fer. Paresse de regarder avant d'écrire.
Je mérite la mort... Ah ah ah !!!
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29.08.2014, 04:01
(Modification du message : 30.08.2014, 02:53 par Hyarion.)
(28.08.2014, 12:48)Cuthalion-64 a écrit : Et je vois que je suis bien tombé, car beaucoup ici ont une certaine "culture livresque" ou sont considérés par certains comme des "encyclopédies vivantes" ! (sans le nommer, je pense notamment à Hyarion [pour la première expression]).
Merci d'avoir précisé le renvoi à la première expression employée... Il est vrai que ma bibliothèque est bien garnie et que beaucoup de livres sont passés entre mes mains (je suis évidemment loin d'être le seul dans ce cas ici), mais cela ne m'empêche pas d'apprendre tous les jours... et d'être demandeur moi-même de suggestions de lectures.
(28.08.2014, 14:20)Yirmeyah a écrit : J'ai déjà vu Tolkien dans des manuels de français pour collégiens, mais jamais d'autres auteurs de Fantasy.
Tolkien me parait "bénéficier" d'un traitement particulier, en France comme ailleurs. D'une part, il est généralement perçu comme un auteur "pour public familial" (quand ce n'est pas comme un auteur "pour enfants", ce qui est extrêmement réducteur, même en considérant l'origine d'un livre comme le Hobbit), donc a priori compatible avec le corpus littéraire plutôt aseptisé des "auteurs que l'on peut étudier en classe" (en France, nous ne sommes pas encore complètement sortis, en ce sens, du contexte "moral" hérité du temps des manuels de Lagarde et Michard, même si les choses ont certes heureusement évolué : ce n'est, par exemple, qu'assez récemment que l'on s'est mis à parler enfin explicitement aux élèves de la cause de la mort de Guy de Maupassant et d'Alphonse Daudet, à savoir la syphilis, ou de la nature de la relation entre Rimbaud et Verlaine, etc.). Et d'autre part, Tolkien commence à être vraiment reconnu comme un auteur digne d'intérêt par le milieu universitaire francophone, même s'il y a sans doute encore des résistances, alors que c'est (encore) loin d'être autant le cas pour d'autres écrivains associés à la fantasy, ce que je regrette, car cela ne me parait nullement justifié.
Tout cela signifie-t-il que Tolkien sort vraiment du lot à tous les égards ? Je ne le pense pas. Que certains spécialistes soient soucieux de promouvoir Tolkien dans le domaine de la recherche me parait tout-à-fait positif et évidemment digne d'encouragements (c'est particulièrement le cas de Vincent [Ferré], qui a fait et continue de faire beaucoup dans ce sens). Par contre, que Tolkien fasse l'objet d'un traitement à part sous prétexte de vouloir l'extraire d'un domaine de la fantasy qui serait, lui, jugé peu digne de la recherche académique me paraitrait en revanche hautement discutable. Heureusement, là encore, les choses évoluent, et la fantasy elle-même fait aussi aujourd'hui l'objet de travaux de recherche et de publications universitaires (je pense en particulier aux travaux d'Anne Besson). Cependant, peut-être parce que Tolkien "présente bien" en raison du fait qu'il a lui-même été un professeur d'université, et peut-être aussi parce que les spécialistes de Tolkien ne s'intéressent simplement guère aux autres auteurs, Tolkien a pris en quelque sorte de l'avance sur ses collègues écrivains. Je pense qu'il est souhaitable que cette avance puisse se réduire à l'avenir, dans la mesure où elle participe à cette situation de notoriété donnant l'impression que Tolkien "domine" tout "naturellement" alors qu'une telle situation mérite d'être relativisée, quelles que soient les impressions "médiatiques" que chacun peut avoir, notamment depuis l'apparition des films de Peter Jackson (qui ont joué en France un rôle décisif dans la diffusion de l'œuvre de Tolkien, à la différence d'œuvres d'autres auteurs).
Par ailleurs, plus Tolkien sera traité de manière équilibré par rapport aux autres auteurs, moins le complexe d'infériorité dont j'ai parlé pour ce qui est d'écrire de la fantasy aura sans doute de raison d'exister.
(28.08.2014, 14:20)Yirmeyah a écrit : Mais la plupart des professeurs de lettres, enseignants-chercheurs, critiques littéraires peut-être, à mon avis, vont considérer Tolkien comme un simple phénomène de mode, ou bien, s'ils sont un peu plus ouverts d'esprit et un peu plus savants sur la chose, comme un auteur populaire important, mais totalement à côté du reste de la plaque de l'histoire littéraire, j'entends en tant que "Culture". Il me semble avoir le même statut que Jules Verne, ou Conan Doyle avec Sherlock Holmes, et encore.
Dans les milieux que tu évoques, il y a certes peut-être encore pas mal de défiance envers la culture dite populaire en général (culture dite populaire que l'on oppose - stupidement, à mon sens - à la culture dite "savante") et aux littératures de l'imaginaire en particulier (fantastique, science-fiction, fantasy), mais je crois que les choses ont tout de même évolué positivement depuis trente ans, tout simplement parce que les anciennes générations laissent peu à peu la place à de nouvelles, et que ces nouvelles générations ne sont pas forcément aussi formatées vis-à-vis de cette culture et de ces littératures que le sont les générations plus anciennes.
S'agissant de Tolkien, peut-être est-il perçu par certains comme un phénomène de mode en raison de l'impact médiatique des films de PJ, et il est vrai que les choses vont certainement se calmer sur un plan médiatique après la sortie en salles du dernier film de la dernière trilogie (chaque sortie d'un film en salles a toujours été accompagnée d'un lot de publications, stratégie éditoriale oblige). Mais tout ce battage aura au moins servi de rampe de lancement à tout un tas de projets de fond, et à mettre pleinement Tolkien sur les rails de la reconnaissance littéraire. On ne peut que souhaiter vivement que d'autres auteurs soient, à leur tour, aussi bien mis sur de tels rails à l'avenir...
(28.08.2014, 14:20)Yirmeyah a écrit : D'une certaine façon, je comprends ces deux attitudes. Non pas que l'œuvre de Tolkien se résume pour moi, à une simple "retranscription" de la vision chrétienne dans un autre temps fantasmé, ni à à la création d'un langage ; cependant j'avoue que je trouve que l'intérêt principal chez Tolkien réside à la fois dans le fait qu'il créé un mythe, càd qu'il y a une symbolique qui nous renvoie constamment, consciemment ou non, au monde réel, et notamment pour parler de choses intemporelles : la finitude humaine par ex. (et surtout pas pour faire des allégories avec un présent éphémère) ; et que son œuvre, est une "fin en soi" au sens où elle est dotée de sa propre vie et semble se suffire à elle-même, notamment ses langues, qui ont leur propre existence, logique, progression.
Les langues inventées par Tolkien ainsi que le rapport de cet auteur à la spiritualité sont des éléments majeurs pour appréhender son œuvre littéraire : il serait évidemment idiot de le contester. Personnellement, je pense que c'est en incluant les langues inventées et la réflexion théologique dans le cadre d'une analyse littéraire des récits de fiction tolkieniens que la connaissance et l'étude des langues comme de la dimension religieuse de l'œuvre me paraissent aujourd'hui prendre tout leur sens. Je regrette simplement que certains spécialistes puissent avoir tendance à négliger cette dimension littéraire... mais que l'on se rassure : je n'irai pas jusqu'à en faire une maladie ! Du reste, ceci étant dit, les choses évoluent, là encore, heureusement, et je pense d'ailleurs que nous connaissons aujourd'hui une période favorable au développement de la diversité des approches vis-à-vis de Tolkien et de son œuvre sans que soit perdue de vue la dimension littéraire du sujet.
(28.08.2014, 14:20)Yirmeyah a écrit : D'accord, merci pour ces informations que je n'avais pas ! Quelles sont ces études dont tu parles ? J'imagine qu'elles sont en anglais... Et pour ses lectures "cachées", où puis-je en apprendre plus ?
Sans vouloir couper l'herbe sous le pied d'Elendil s'il souhaite répondre, une étude de Michael C. Drout ( "Tolkien's Prose Style and its Literary and Rhetorical Effects") publiée en ligne, par exemple, aborde la question du style de Tolkien : https://muse.jhu.edu/journals/tolkien_st...drout.html
Pour ce qui est des lectures "cachées", j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire sur JRRVF : nous manquons d'informations sur les lectures contemporaines de Tolkien, y compris vis-à-vis du contenu de sa bibliothèque personnelle, lequel contenu n'ayant pas fait l'objet, à ma connaissance, d'une publication quelconque. Il serait éminemment souhaitable qu'un jour prochain, il puisse être effectué des recherches en ce sens, comme cela a été fait, par exemple, pour Robert E. Howard, avec des résultats très intéressants.
Concernant la fantasy en général, outre William Morris, Lord Dunsany et E. R. Eddison, on sait, par exemple, que Tolkien a lu des œuvres de Robert E. Howard, H. P. Lovecraft, Catherine L. Moore, Henry Kuttner, Poul Anderson, Clark Ashton Smith et Fritz Leiber, bien que ce fait n'apparaisse pas dans sa correspondance telle qu'elle a été publiée. Il connaissait également certaines œuvres d'Edgar Rice Burroughs.
Pour ce qui est de la science-fiction, on sait donc aussi que Tolkien a lu Isaac Asimov, comme Elendil l'a bien rappelé, mais à part Asimov (explicitement cité dans la lettre 294), nous ne disposons toutefois que de peu d'éléments précis pour illustrer le fait que Tolkien était particulièrement intéressé par la SF ou l'anticipation (dans la lettre 294 de 1967, il écrit simplement : "j'essaie de lire beaucoup de livres (en particulier de soi-disant Science-Fiction et Fantasy)" et parle en note seulement d'Eddison, d'Asimov et du roman Terre brûlée [ The Death of Grass] de John Christopher, si qui est certes mieux que rien pour ce qui est de mentionner des références précises)... La correspondance publiée de Tolkien ne nous renseigne pas, par exemple, sur ce qu'il pouvait penser des œuvres de Huxley, Orwell ou Bradbury.
Pour en savoir plus sur les rapports que Tolkien entretenait avec la littérature des XIXe et XXe siècles, on peut notamment consulter l'article "Literary influences, Nineteenth and Twentieth centuries" par Dale Nelson, figurant dans J.R.R. Tolkien Encyclopedia Scholarship and Critical Assessment dirigé par Michael C. Drout, le sujet étant également diversement abordé dans d'autres articles de l'ouvrage.
Amicalement,
Hyarion.
(EDIT : correction de fautes.)
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Pour compléter les informations très complètes données par Hyarion, on peut rajouter que Tolkien discute de science-fiction (et notamment de David Lindsay et H.G. Wells) dans les "Notion Club Papers". Il serait très surprenant qu'il n'ait pas lu les livres qu'il y mentionne.
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