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09.04.2015, 11:28
(Modification du message : 09.04.2015, 15:48 par Sahne.)
Bonjour tout le monde!
Comme convenu avec les copains présents à Trolls & Légendes, je poste ici un appel à publication qui m'a été transmis par Modernités médiévales.
Pour résumer en quelques mots, le sujet porte sur les liens (ou non) entre médiévalisme et modernité. Et je pense qu'en tant que connaisseurs de l’œuvre de Tolkien mais aussi de sa vie, de son amour pour le Moyen-âge et de son rapport à la modernité, vous auriez des choses intéressantes à amener sur ce débat au travers de son exemple. Il faut écrire en anglais, 3000 mots avant le 1er août:
" Studies in Medievalism, a peer-reviewed print and on-line publication, seeks 3,000-word essays on how medievalism supports, parallels, resists, complicates, disrupts, denies, or otherwise relates to modernity.
How, if at all, do postmedieval responses to a middle ages intersect with the respondent’s and/or our assumptions about absolute and/or relative modernity? How have the terms “medievalism” and “modernity” come to be defined in relationship to each other?
Authors are encouraged to structure their essays around one or more examples and to consider not only whether medievalism could exist without modernity but also whether modernity could exist without medievalism. Please remember that our wide-ranging audience comprises generalists as well as specialists, and please send submissions in English and Word to Karl Fugelso (kfugelso@towson.edu) by August 1, 2015. For a style sheet, please visit the website http://www.medievalism.net/sim.html "
Certains étaient peut être déjà au courant, mais sait-on jamais.
Voilà !
à bientôt !
« Car il s'agit d'une "résistance" au monde, à l'évolution du monde donnée comme inévitable »
J.R.R. Tolkien, Du conte de fées
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Et bien, à première lecture du sujet me vient à l' esprit que déjà la poudre à canon marque à elle seule en grande partie l' abandon des armures et des armes blanches (qui ne sont peut-être pas à elles-seule le "médiéval", mais le temps et les habitudes forgent curieusement les choses).
L' autre modernité qui me vient est tout ce qui a trait aux engrenages qui peut-être ont trouvé leurs premières application dans une véritable science: l' horlogerie.
... Sinon ça sent le devoir scolaire cette histoire. On est tenté de se demander si le débat n' est pas orienté de manière un peu catégorique en lisant la requête. Il ne semble pas être question de Tolkien d' ailleurs.
... Et où sont les sous-sous ?
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10.04.2015, 13:45
(Modification du message : 10.04.2015, 13:46 par Tikidiki.)
Le médiévalisme n'est pas le Moyen Âge, mais sa recréation continue, et c'est là où Tolkien entre en scène. C'est un sujet intéressant, mais je doute de pouvoir m'y consacrer...
Pour la poudre à canon et l'horlogerie, elles sont toutes deux très utilisées au Moyen Âge, comme lors de la Guerre de Cent ans par exemple. Les inclure dans la modernité (selon ce que ce terme recouvre) tendrait à considérer que le Moyen-Âge n'a rien inventé.
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10.04.2015, 13:50
(Modification du message : 10.04.2015, 13:55 par Pelargien.)
Le sujet me rappelle le travail de Régine Pernoud sur la femme au moyen-âge et l'affirmation des droits des femmes au XXe siècle. Etonnant de voir comment la période médievale a fait preuve d'une étonnante modernité à leur égard à l'instar de nombreuses autres minorités (droit féodal, droits vassaliques, transmission du droit de propriété, droit du commerce, elligibilité) situation largement héritée des pratiques des peuplades celtes et reconnue par la religion, celle-ci, avec le retour du droit romain à la fin du XIVe a mis fin à cette situation et la femme est redevenue totalement inféodée à son mari et aux hommes de façon plus large... Mais peut-on considérer l'affirmation des droits de la femme au XXe siècle comme une survivance d'une modernité plus ancienne que l'on pourrait bien désigner comme une expression du médievalisme... quoiqu'il en soit, cette parenthèse médievale féministe est assez frappante en terme de modernité, mais de là à la traduire en anglais,...
L'autre question est de considérer la modernité... car cela recouvre bien des aspects, pas tous unanimes.
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10.04.2015, 15:51
(Modification du message : 10.04.2015, 16:15 par Crayon Volant.)
(10.04.2015, 13:45)Tikidiki a écrit : ...
Pour la poudre à canon et l'horlogerie, elles sont toutes deux très utilisées au Moyen Âge, comme lors de la Guerre de Cent ans par exemple. Les inclure dans la modernité (selon ce que ce terme recouvre) tendrait à considérer que le Moyen-Âge n'a rien inventé.
... Bien d' accord, les choses s' enchevêtrent. C' est pourquoi je n' aime guère les étiquetages.
Il me parait toutefois certain que le Moyen-Age n' a rien inventé: c' est une période où l' on retrouve des techniques et des sciences anciennes et où l' on prend le temps de les cultiver. Depuis, nous avons plus ou moins (plutôt plus), perdu de vue ce qui nous liait à l' essence des choses... C' est ça aussi la modernité !... Je vous laisse en juger. (... Quand on voit l' histoire de l' herboristerie en France depuis la dernière guerre, dont je crois le diplôme n' est remis au goût du jour qu' aujourd' hui et avec beaucoup de mal... Un exemple parmis d' autres).
(10.04.2015, 13:50)Pelargien a écrit : ...
L'autre question est de considérer la modernité... car cela recouvre bien des aspects, pas tous unanimes.
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10.04.2015, 16:47
(Modification du message : 10.04.2015, 17:27 par Faerestel.)
Certaines pratiques et discours du monde politique et de ses commentateurs contemporains font également référence à l'organisation politique du Moyen-Age à travers le fonctionnement des associations qui regroupent les hommes et femmes politiques. Il y a des Barons (souvent affublés du curieux épithète locaux), des actes d'allégeance ou d'alliance, des fiefs, des candidats sont adoubés... Et peut-être pourrait-on constater, à travers une étude sémiologique et d'histoire contemporaine, que nos sociales-démocraties ont une toile de fond fortement imprégnée de pratiques moyenâgeuses.
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10.04.2015, 21:06
(Modification du message : 10.04.2015, 21:08 par ISENGAR.)
(10.04.2015, 13:50)Pelargien a écrit : situation largement héritée des pratiques des peuplades celtes Ah mais pas que... et l'héritage du droit des peuples germaniques dans tout ça ? Et le droit romain ?
(10.04.2015, 13:50)Pelargien a écrit : L'autre question est de considérer la modernité... car cela recouvre bien des aspects, pas tous unanimes.
En effet
L'avis d'un spécialiste (et tous les regards se tournèrent vers Vincent F.) serait bienvenu
(10.04.2015, 16:47)faerestel a écrit : ... Et peut-être pourrait-on constater, à travers une étude sémiologique et d'histoire contemporaine, que nos sociales-démocraties ont une toile de fond fortement imprégnée de pratiques moyenâgeuses.
Arf ! pas tellement besoin d'une étude sémiologique. Dans les collectivités territoriales, l'essence même de l'activité administrative quotidienne et des politiques locales relèvent de pratiques médiévales
Mais je sors du sujet...
I.
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10.04.2015, 21:36
(Modification du message : 10.04.2015, 21:45 par Crayon Volant.)
(10.04.2015, 21:06)ISENGAR a écrit : ...
Ah mais pas que... et l'héritage du droit des peuples germaniques dans tout ça ? Et le droit romain ?
...
... Ah tiens, j' y pensais après mon dernier post: on peut se demander parmi de nombreux points communs comment la catapulte romaine (outil d' une puissance mécanique exceptionnelle, soit dit en passant) se retrouve au Moyen-Age sans transition. ...
D' ailleurs en y pensant, les romains pratiquaient les opération chirurgicales, avec bien des outils que nous utilisons aujourd' hui (griffes de chats pour maintenir les chairs, etc...). Le Moyen-Age ne semble pas connaître cela. Je crois qu' il faudrait définir le concept de civilisation pour le mettre en parallèle avec à la fois la "modernité" (et l' ingéniosité) et la "barbarie", les deux étant manifestement liés. C' est d' ailleurs ainsi qu' on donnait "du pain et des jeux pour le peuple" sous l' Empire romain pendant que les "grands" s' occupaient des affaires sérieuses... Comme aujourd' hui.
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10.04.2015, 22:32
(Modification du message : 10.04.2015, 22:38 par Pelargien.)
(10.04.2015, 21:06)ISENGAR a écrit : (10.04.2015, 13:50)Pelargien a écrit : situation largement héritée des pratiques des peuplades celtes Ah mais pas que... et l'héritage du droit des peuples germaniques dans tout ça ? Et le droit romain ?
(10.04.2015, 13:50)Pelargien a écrit : L'autre question est de considérer la modernité... car cela recouvre bien des aspects, pas tous unanimes.
En effet
L'avis d'un spécialiste (et tous les regards se tournèrent vers Vincent F.) serait bienvenu
(10.04.2015, 16:47)faerestel a écrit : ... Et peut-être pourrait-on constater, à travers une étude sémiologique et d'histoire contemporaine, que nos sociales-démocraties ont une toile de fond fortement imprégnée de pratiques moyenâgeuses.
Arf ! pas tellement besoin d'une étude sémiologique. Dans les collectivités territoriales, l'essence même de l'activité administrative quotidienne et des politiques locales relèvent de pratiques médiévales
Mais je sors du sujet...
I.
Effectivement c'est aux peuplades germaniques que l'on doit la tradition d'égalité hommes femmes, que les celtes et les francs intégreront lors de la christianisation, notamment avec l'essor des communautés religieuses (moniales) lesquelles communautés par l'intermédiaire des mères supérieures exerceront leurs droits féodaux. Il y aura une affirmation plus importante de ce droit avec les croisades où les seigneurs qui quittent leur fief transmettent leur droit à leur épouse (quoiqu'il faille là aussi être très prudent car l'image de la dame gérant le château et les terres pendant que son seigneur guerroye soit un cliché très répandu : les croisés partaient le plus souvent avec toute leur famille, armes et bagages en terre sainte, et beaucoup vendaient ou donnaient leur fief (le plus souvent à des monastères ou des évêques) avant de partir, tel Godefroy de Bouillon.
De grandes reines du moyen âge (Isabeau de Bavière, Aliénor d'Aquitaine, Mahaut d'Artois) ne s'en laisseront d'ailleurs pas non plus compter en terme d'exercice du pouvoir... Situation qui changera radicalement à la fin du moyen âge.
Le seul droit en fait où la femme n'est pas acceptée est l'université, réservé aux seuls escholiers... Quoique le pouvoir intellectuel comptat aussi quelques grandes figures féminines (Christine de Pisan, Claire d'Assise, Marie de France...)
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10.04.2015, 22:54
(Modification du message : 10.04.2015, 23:01 par Pelargien.)
Citation :Arf ! pas tellement besoin d'une étude sémiologique. Dans les collectivités territoriales, l'essence même de l'activité administrative quotidienne et des politiques locales relèvent de pratiques médiévales
Mais je sors du sujet...
I.
Euh, j'ai travaillé pendant 15 ans comme journaliste territorial dans plusieurs collectivités territoriales et je ne vois pas trop à quoi tu fais référence... Gérer l'urbanisme, les droits sociaux, les écoles, la circulation, les espaces verts, le développement économique, tout ça sans prélever aucun impot direct, c'est quand même très différent que de percevoir le cens, la taille et pratiquer la corvée, sans compter l'enrolement en cas de conflit... lesquels sont les aspects fondamentaux de l'exercice du droit féodal. Les situations et les époques ne sont vraiment guère comparables. Seuls les simplifications abusives d'une certaine presse généralisent à partir de situations locales extrêmement spécifiques en parlant de "barons" et de "fief d'untel"... L'emploi de tels termes sont a contrario preuve d'un archaisme de pensée illustrant parfaitement la "non modernité" médiatique actuelle. Ce qui vise à porter atteinte à notre démocratie locale largement décentralisée et dont nous devrions être fiers -ou du moins assez satisfaits-, comparés à certains pays soit disant plus évolués.
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11.04.2015, 00:05
(Modification du message : 11.04.2015, 08:45 par ISENGAR.)
Merci pour cette vision fraîche et positive d"une réalité beaucoup plus complexe et variée que ça, toute question fiscale ou guerrière mise à part.
Ceci dit j'avais mis à la fin de ma remarque un smiley " " qui n'était peut être ni assez visible, ni assez dés-archaïsant, mais quoiqu'il en soit, ce point précis reste toujours hors sujet
I.
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(10.04.2015, 15:51)Crayon Volant a écrit : Il me parait toutefois certain que le Moyen-Age n' a rien inventé:
Cette assertion me paraît rapide... même en excluant l'Islam et en ne comprenant que le Moyen Âge européen (mais pourquoi séparer l'Europe du reste du monde?).
J'ai déjà cité l'horlogerie, pourtant symbole brillant de l'avancée technique au XIIIe (qui mène à la montre à la fin XVe), et la poudre à canon, diffusée très rapidement du début à la fin du XIVe siècle (sans que la paternité asiatique soit prouvée).
C'est toute l'histoire de la navigation qu'il faudrait ensuite rappeler, avec ses inventions: avec gouvernail d'étambot et astrolabe sans doute inspirés par l'Orient, le Moyen Âge voit de nouveaux navires apparaître régulièrement, comme les caravelles portugaises au XVe, nourries par un savoir-faire dans la construction navale d'ampleur (pressée par le danger, Venise pouvait faire sortir de ses chantiers 150 galères en trois semaines) qui permettent à terme la traversée de l'Atlantique ou du Cap des Tempêtes (ensuite Cap de Bonne Espérance) au XVIe.
Parmi tant d'autres, j'ajouterai la musique, qui doit tout à son origine médiévale. On peut se rappeler de la musique grégorienne monodique, par exemple, ou de l'invention de la polyphonie à partir du IXe siècle. Au XIVe siècle perce l'Ars Nova, qui change radicalement la manière d'écrire et de penser la musique.
Bref, dire que le Moyen Âge n'a rien inventé est un peu court, et c'est souscrire à la vision des humanistes du XVIe qui créèrent le Moyen Âge pour mieux mettre en avant la Renaissance. Concevoir cette période comme un obstacle au savoir et à l'invention n'est pas faire honneur à l'histoire ou au savoir même.
(10.04.2015, 15:51)Crayon Volant a écrit : c' est une période où l' on retrouve des techniques et des sciences anciennes ...mais quelle époque ne bénéficie pas des inventions antérieures
(10.04.2015, 21:36)Crayon Volant a écrit : C' est d' ailleurs ainsi qu' on donnait "du pain et des jeux pour le peuple" sous l' Empire romain pendant que les "grands" s' occupaient des affaires sérieuses... Comme aujourd' hui. Panem et Circenses: l'ouvrage de Paul Veyne a bien montré qu'il ne s'agissait pas d'une "corruption" ou d'un achat de la plèbe par une aristocratie désireuse de conserver le monopole des affaires. Il s'agit d'un rouage propre à la société de ce temps, héritier d'un système liturgique, et toute comparaison rapide avec notre temps ne saurait soulever sa subtilité. La plèbe à Rome n'était pas tout, mais elle était bien quelque chose, notamment en politique.
De toute façon le sujet de l'appel aux publications n'est pas centrée sur ces inventions, puisqu'il s'agit de la récréation de notre conception et perception moderne du Moyen Âge.
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Quelques inventions civiles du moyen âge :
Aimant, collier d'épaule, chiffres arabes, fer à cheval, laminoir, lunettes de vue, papier, peinture à l'huile, sans oublier l'IMPRIMERIE !
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12.04.2015, 16:48
(Modification du message : 12.04.2015, 17:00 par Crayon Volant.)
La peinture à l' huile, puisque c' est mon rayon et que j' ai dépensé quelques années de pratique dans la recherche de la chimie des "anciens", bénéficie de tout l' apport que permettent les ouvertures des routes commerciales au 15eme siècle.
... Ce que vous appelez par le terme "peinture à l' huile", dont Hubert Van Eyck, frère de Jan Van Eyck, est le grand trouveur, est déjà très trompeur. Voilà une technologie de l' optique révolutionnaire... Certes. Mais c' est son enrichissement par le croisements de sources et de disciplines annexes qui en font ce qu' on peut convenir d' appeler une "invention". Car ce qui a mené à de tels résultats vient (en plus de l' enluminure) d' une autre grande discipline qu' il ne faut pas négliger: la distillation. Celle-ci a de particulier qu' elle peut amener de nouvelles informations à des matériaux et les *transformer*, sans parler de certaines dynamisations possibles par ce biais, ainsi que par des biais encore plus naturels (quoique les principes des distillations ne sont pas absentes de l' oeuvre de la nature elle-même).
... Mais nous pourrions citer tous les artisanats qui bénéficièrent de toutes ces techniques: l' art des verriers, le mobilier et la lutherie, et d' autres...
D' après ce que je lis, nous confondons un peu trop les "innovations" (et les retrouvailles), le fait de pousser et de raffiner le goût et la culture jusqu' à un certain point de perfection, avec une suprématie supposée par cet orgueil occidental "moderne", qui est malheureusement sa marque.
La naviguation ancienne a eu aussi ses hauts et ses bas, et ses oublis. La musique... Pareil. Les grecs n' étaient pas sur leur faim, surtout lorsqu' on apprend que la musique était enseignée selon des règles cosmiques dans certains temples privilégiés.
... Mais oui, Tikidiki, si vous parlez "civilisation", je suis tout à fait d' accord avec vos remarques. Il y a heureusement des periodes ou les convergences de progrès, c' est à dire le croisement des disciplines et l' ingéniosité, se portent les unes et les autres et nous font avancer !
Quel sujet vaste !
...
PS: les vikings peignaient leurs écu à l' huile au fait. Les huiles de lin et de noix sont d' ailleurs les anti-rouilles de choix depuis l' antiquité la plus reculée. Elle sert aussi à protéger les cuirs depuis longtemps, jointes d' une terre colorée, ou non. Les portraits du Fayoum de l' Egypte copte, contemporains de J-C, peints à la cire, sont aussi protégés ("vernis") à l' huile... Rien de neuf sous le soleil !
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(12.04.2015, 16:48)Crayon Volant a écrit : Rien de neuf sous le soleil !
Nihil noui ?
(12.04.2015, 16:48)Crayon Volant a écrit : D' après ce que je lis, nous confondons un peu trop les "innovations" (et les retrouvailles), le fait de pousser et de raffiner le goût et la culture jusqu' à un certain point de perfection, avec une suprématie supposée par cet orgueil occidental "moderne", qui est malheureusement sa marque.
Si c'est le cas, j'ai justement bon nombre d'exemples, tirés de toutes les époques et de toutes les sociétés, qui montrent que presque toutes les civilisations ont fait preuve d'un orgueil comparable les conduisant à penser que leur propre société était le parangon de toutes les qualités et que le reste du monde était pour l'essentiel un ramassis de barbares.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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Bien sûr, Il est rare qu' un peuple en conquiert un autre dans le seul but de lui faire profiter les lumières de quelque connaissance.
Mais regardons bien: le terme même de "modernité" dans nos bouches ou dans nos têtes n' affiche t' il pas comme une supériorité sur nos prédécesseurs, alors que plus nous "avançons", plus nous cherchons à maîtriser par la force et à posséder, au détriment de la nature ainsi que de la liberté du voisin ? L' orgueil est devenu bien plus sournois de nos jours, car les possibilités et les moyens de pouvoirs, ainsi que ses prétextes, sont devenus tentaculaires et s' appliquent à l' échelle du globe... Mais aussi parce-que l' intellect s' occupe plus que jamais d' alimenter tout un baragouin philosophique axé sur cet existentialisme égocentrique, visant à justifier la logique matérialiste du profit, en flattant au passage l' "intelligence" de ceux qui s' en réclament.
Je serais d' avis d' oublier ce terme de "modernité" qui n' est que la prostitution d' une idée (plutôt bonne telle que je la conçois) derrière laquelle se cachent l' ère industrielle et l' ère commerciale, gouvernées par l' argent et le profit. Elles nous ont mené à l' entrée d' une impasse qui montre la rupture entre l' Homme et la Nature, ainsi qu' à sa rupture avec Sa propre nature.
____
... Ca m' y fait penser... Pour rester dans le "bon sens hobbit" dont j' entends finalement très peu parler lorsqu' on aborde Tolkien, voici pour seul exemple de nôtre "modernité" face à la nature, un état des lieux triste mais clairement établi par un ingénieur de la micro-biologie des sols en ce qui concerne nôtre agriculture telle que le 20eme siècle l' a développé en France et ailleurs. C' est assez formidable tout ce que l' on peut apprendre en 15 minutes lorsque la personne est sérieuse, et c' est passionnant puisqu' on nous explique le VIVANT tel qu' il est, et tel que nos prédécesseurs le connaissait déjà:
... Pour le coup cet exposé me semble en adéquation avec le topic.
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(15.04.2015, 00:09)Crayon Volant a écrit : Pour rester dans le "bon sens hobbit"...
De fait, Claude Bourguignon semble avoir un petit côté Took, si j'en crois un des dessins postés dans un autre fuseau...
Merci pour cette vidéo.
Amicalement,
Hyarion.
All night long they spake and all night said these words only : "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish." "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish," all night long.
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)
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S'il vous plaît, on se recentre sur l'appel à textes posté et sur Tolkien. Merci d'avance.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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(Modification du message : 15.04.2015, 12:41 par Crayon Volant.)
(14.04.2015, 07:49)Elendil a écrit : Nihil noui ?
... Ce n' est pas ce que j' ai trouvé en faisant un copié-collé menant vers 3 variantes chez Wikipedia (inculte que je suis), mais peut-être est-ce un fait exprès. La Vulgate nous dit aussi heureusement "qui augmente sa science, augmente sa douleur". (... Pour se "recentrer" sur le sujet...).
... Je suis quand même étonné que le modérateur de ces lieux ne voit pas le rapport entre le constat que je partage et celui vers lequel mène le regard de Tolkien sur l' industrialisation et le béton coulé, un Saroumane en pleine Conté, ou l' allégorie du Mordor et sa propention à tout aseptiser sur fond de menace d' extinction. Tout cela est fait pour défendre l' amour des belles choses et pointe du doigt nos dérives.
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15.04.2015, 19:13
(Modification du message : 15.04.2015, 19:18 par Tikidiki.)
A nouveau, je tiens à revenir sur le fait que ce ne sont pas les liens entre Moyen Âge et Modernité chez Tolkien qui sont à étudier. Ce sont ceux entre médiévalisme et modernité, ce qui est absolument différent.
Comme le rappelle le site internet cité, "Studies in Medievalism is the oldest academic journal dedicated entirely to the study of post-medieval images and perceptions of the Middle Ages". Le médiévalisme est un terme anglais utilisé pour désigner la "présence" du Moyen Âge, par des créations, représentations, études au cours des XVI-XXIe siècles
Il s'agit donc de la recréation par Tolkien d'un "autre Moyen Âge", non pas en ce que la Terre du Milieu serait notre Moyen Âge, mais en ce qu'elle changerait notre perception de cette "époque" tout en s'en inspirant (le Moyen Âge devenant alors un lieu anhistorique). Ou comment et en quoi le Moyen Âge historique est l'objet au XXIe siècle d'une représentation différente de ce qu'il a été véritablement, donc d'une recréation, par maints auteurs. L'industrie n'est qu'un détail de cet ensemble chez Tolkien
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15.04.2015, 19:49
(Modification du message : 15.04.2015, 22:10 par Pelargien.)
Je ne sais pas vraiment si Tolkien envisage son oeuvre comme un rêve de moyen-âge idéalisé illustrant des valeurs qui pourraient passer pour modernes...
Tolkien semble prendre beaucoup de plaisir à developper ces théories "écolo-conservatrices" pour les opposer à la modernité technique, plus selon moi pour des questions personnelles liées à sa vie que par réelle conviction "politique".
Je pense en revanche qu'il croit sincèrement au ressort, à l'impact de certaines de ces valeurs, héritées du moyen âge ou des âges où la noblesse d'âme prévalait sur bien d'autres questions, nonobstant les injonctions religieuses, et que son souci d'en faire des thème universels font la force de son oeuvre.
Là est à mon avis son modernisme, l'universalité de valeurs humaines sobres et humbles, sans qu'il soit besoin de grandiloquence et de bravoure héroique pour en transcender l'expression.
Certes, les thème héroïques sont présents, mais ils sont toujours pondérés par le souci du respect des choses modestes et l'apport des coeurs simples.
Et rien n'est jamais gratuit dans Tolkien, c'est ce qui en fait le succès aujourd'hui et qui rend son oeuvre si attachante et fascinante.
Toujours au chapitre de l'universalité, la légitimité de l'autorité dans le monde de Tolkien renvoie à une certaine modernité d'analyse comparée avec notre démocratie, analyse qui met en avant que les dites formes d'autorités sont souvent "punies" dès lors qu'elles abusent de leur pouvoir où l'utilisent à des fins personnelles et/ou malveillantes. Il semble en effet que l'essence de ces autorités pourtant "non-démocratiques" soient rarement l'objet de discussions ou de remises en cause.
Même si ces royaumes gagnent leur légitimité en majeure partie grâce aux conflits, ceux qui en dépendent ne manifestent jamais de révolte populaire ou de révolution (au sens "française" me semble-t-il), les tyrans et les intrigues propres aux acteurs internes de ces pouvoirs n'apparaissent que de façon assez secondaire dans le récit (ex. : le nettoyage de la comté).
Le point sur lequel je ne me retrouve pas en revanche en terme de modernité (dont je comprends la nécessité et la logique mais pas forcément le choix) est le mythe messianique, sans doute un avatar catholique de T mais récurrent en terme de médievalisme.
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15.04.2015, 23:46
(Modification du message : 15.04.2015, 23:49 par Crayon Volant.)
... La Terre du Milieu ne change vôtre perception du Moyen-Age que si vous oubliez la différence entre le divertissement et l' étude / rendu rigoureux de l' Histoire. A mes yeux Tolkien ne s' en inspire pas tant que cela, encore que ce qui nous l' évoquerait plus que tout est la dimension chevaleresque des émotions tel que Pelargien le résume assez bien à tel que je le ressens:
(15.04.2015, 19:49)Pelargien a écrit : ... Je pense en revanche qu'il croit sincèrement au ressort, à l'impact de certaines de ces valeurs, héritées du moyen âge ou des âges où la noblesse d'âme prévalait sur bien d'autres questions, nonobstant les injonctions religieuses, et que son souci d'en faire des thème universels font la force de son oeuvre.
Il semble que beaucoup d' intervenants, par leurs louanges au *Professeur* Tolkien ont oublié que son oeuvre est un divertissement destiné à un public (quelqu' il soit), donc une création, et non une simple "re-création" ni une thèse universitaire (ni spécifiquement un objet fait pour, mais pourquoi pas si on aime se pencher sur la créativité et l' imaginaire). J' imagine que c' est justement là un bon moyen de fuir à la fois que d' enrichir le médium scolaire qui était son outil de travail au quotidien.
Quant à ce qui est de l' idée du "médiévalisme" telle que vous le rapportez, ceci ne date pas du 16eme siècle si l' on vérifie ce qu' observe Eugène Violet-le-Duc qui montre que déjà au Moyen-Age les batisseurs (au moins) s' inspiraient par exemple pour la statuaire des modes datant d' au moins 40 ans avant eux. Je pense qu' il fut toujours de coutume d' explorer le passé et de le rapporter à sa façon à travers les moyens de la créativité.
(15.04.2015, 19:13)Tikidiki a écrit : ... L'industrie n'est qu'un détail de cet ensemble chez Tolkien
... Un détail tellement dissonant qu' il prend des proportions inattendues dans le récit ! Les immeubles de la Comté, ses grilles, qui ressemblent vraiment aux cubes dans lesquels j' ai grandit, ne sont-ils pas en fait l' élément le plus fantastique dans cette oeuvre, et les forces naturelles et "surnaturelles" les choses les plus naturelles...? Ou ai-je raté quelque subtilité ?
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