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Quenya Airamenta - une messe en quenya
#1
Il s'avère donc que l'on m'a dernièrement demandé de l'aide pour traduire en quenya les textes chantés de l'ordinaire de la messe, dans le but d'en composer une mise en musique. Quand on dispose de plusieurs dizaines de messes mises en musique dans son audiothèque, comme c'est mon cas (je compte aussi les Requiem), c'est une proposition tentante. Wink Qui plus est, j'avais déjà initié ce travail il y a quelques années de cela.

Bref, je m'y suis remis et voici où j'en suis. Au final, les textes concernés sont les suivants :
  • Kyrie
  • Gloria in excelsis Deo
  • Credo (Symbole de Nicée-Constantinople)
  • Sanctus
  • Pater Noster
  • Agnus Dei
  • Ave Maria

L'essentiel des traductions ne pose guère de souci. Notons que Tolkien avait déjà traduit en quenya le Pater et l'Ave Maria dans les années 1950. Ces deux traductions nécessitent seulement quelques ajustements pour tenir compte des modifications que Tolkien apporta aux pronoms personnels entre la première et la seconde édition du SdA. Tolkien avait aussi traduit les deux premières lignes du Gloria vers le milieu des années 1960, à l'exception du mot final. Pour plus de détails sur ces trois textes, je renvoie à l'A&H HS3, où ils figurent avec les autres prières catholiques composées par Tolkien. Bien évidemment, sorti des textes traduits par Tolkien, certains mots ou tournures posent des problèmes spécifiques. Je les évoquerai dans de courtes notes relatives à chaque traduction. J'accompagnerai les textes en quenya des prières en grec (pour le Kyrie) ou en latin (pour les autres), qui étaient les versions liturgiques en vigueur pendant l'essentiel de la vie de Tolkien. C'est certainement celles-là auxquelles il se serait référé en premier lieu s'il avait voulu les traduire (et de fait, le PE 20 prouve qu'il connaissait ces versions par cœur). Le texte français est aisé à trouver en ligne, au besoin.

Kyrie

Kyrie eleison,
Christe eleison,
Kyrie eleison.


(A) Heru órava (omessë),
(A) Hrísto órava (omessë),
(A) Heru órava (omessë).


Ce texte n'appelle guère de commentaire. Il suffit de se référer aux prières traduites en quenya par Tolkien pour en trouver tous les éléments constitutifs. Dans les Litanies de Lorette, Tolkien considère apparemment l'impératif a comme optionnel. L'inclusion de omessë dépend du choix retenu : sous-entendre le destinataire de la pitié divine, comme dans le grec ἐλέησον, ou l'inclure, comme dans le latin miserere nobis.

Gloria in excelsis Deo

Gloria in excelsis Deo,
et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
Laudamus te, benedicimus te, adoramus te, glorificamus te,
gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam,
Domine Deus, Rex cælestis, Deus Pater omnipotens.
Domine Fili Unigenite, Iesu Christe,
Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris,
qui tollis peccata mundi, miserere nobis ;
qui tollis peccata mundi, suscipe deprecationem nostram ;
qui sedes ad dexteram Patris, miserere nobis.
Quoniam tu solus Sanctus, tu solus Dominus,
tu solus Altissimus, Iesu Christe,
cum Sancto Spiritu, in gloria Dei Patris. Amen.


Alcar mi Tarmenel na Erun,
Ar mi cemen rainë i hínin
ar mára indómë,
Laitalmë lyë, manyalmë lyë, ainalmë lyë, alcaryalmë lyë,
quetilmë hantalë lyen rá tára alcarelyan,
(A) Heru Eru, Erumano Aran, Eru ilúvala Atar.
(A) Heru Ernóna Yondo, Yésus Hrísto,
(A) Heru Eru, Eruo Eulë, Ataro Yondo,
i aucolë hastar Ambarello, alyë órava omessë ;
i aucolë hastar Ambarello, alyë cavë arcandelmar ;
i harë formanna Ataro, alyë órava omessë.
An lyë rëa Ainu, lyë rëa Heru,
lyë rëa Arata, Yésus Hrísto,
yó Airefëa, alcaressë Eru Ataro. Násië.


En bleu, la partie rédigée par Tolkien. Ce dernier a certainement hésité quant à la manière de traduire εὐδοκία ou εὐδοκίας. La première variante correspond au type byzantin des manuscrits. C'est la plus répandue et c'est celle qui est devenue la base du texte liturgique. Cette version se traduit normalement par "paix aux hommes de bonne volonté", mais on trouve aujourd'hui des variantes plus éloignées de l'original, comme "paix aux hommes qu'Il aime". La seconde variante correspond au type alexandrin des manuscrits, moins répandu, mais généralement considéré comme plus proche du texte d'origine. Cela se traduirait approximativement par "paix (et) bonne volonté envers les hommes". J'ai opté pour cette dernière option pour différentes raisons, dont la moindre n'est pas la plus grande facilité à traduire cette formulation. Wink

Sinon, il n'existe pas de verbe "glorifier" en quenya, mais puisqu'egleria- est attesté dans ce sens en sindarin, cela suppose assez fortement l'existence d'un verbe q. *alcarya-. Le verbe ago est particulièrement polysémique en latin (mouvoir, emmener, poursuivre, conduire, pousser, séjourner, faire, agir...), aussi ai-je opté pour une traduction plus précise avec quetilmë hantalë lyen, lit. "nous disons une action de grâce pour toi", faute de disposer d'un idiomatisme comme le français "rendre grâce". Pour unigenite, j'ai considéré à propos de forger un néologisme sur nóna, puisque ce terme est attesté avec divers préfixes (ex. Apanónar "Hommes", lit. "Nés après"), même si une formule plus vague comme le français "Fils unique" aurait sûrement pu convenir (auquel cas, on pourrait y substituer erinqua Yondo).

Il y a encore l'expression qui tollis peccata qui n'est pas évidente. Déjà, tous les termes pour les péchés en quenya sont des actes plutôt que des résultats, ce qui ne convient guère. J'ai donc choisi de prendre *hasta "marrissement, maculage", forme hypothétique (mais vraisemblable) du verbe hasta- "marrir, maculer". Au moins, c'est un choix cohérent avec le Légendaire. Par ailleurs, puisqu'aucun verbe "ôter" n'est attesté, j'ai créé le néologisme aucolë, lit. "porter au loin (pour s'en défaire)". L'allusion à Frodo, le Porteur de l'Anneau (Cormacolindo) et par extension au Christ portant la croix me semble raisonnablement adéquate. Notons enfin qu'on ignore quelle préposition ou cas employer pour dire ad dexteram "à (la) droite". J'ai personnellement opté pour l'allatif formanna, lit. "vers la (main) droite", mais ça pourrait se discuter.

Il est tard, aussi je m'arrête là, mais j'ai également complété le Sanctus et l'Agnus Dei. Le Credo est toujours en cours de rédaction : c'est nettement plus long et on y rencontre quelques difficultés plus importantes que dans les autres textes.

P.S. : pas de terme en quenya pour traduire "messe". Je suis reparti de l'étymologie latine du terme (missa "envoi", donc menta, auquel j'ai préfixé aira "saint, sacré", sachant que le terme menta est attesté comme deuxième élément de mots composés (ex. sanwementa "message / envoi mental"). Cela traduit donc raisonnablement bien "sainte messe", me semble-t-il.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#2
Sanctus

Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra gloria tua.
Hosanna in excelsis.
Benedíctus qui venit in nomine Domini.
Hosanna in excelsis.


Airë, Airë, Airë Heru Eru Savaot.
Eruman yo cemen (pen)quantë alcarelyanen.
Hósanna mi Tarmenel.
Aistana i tulë Heruo essessë.
Hósanna mi Tarmenel.


La première question concerne le terme hébreu transcrit par Sabaoth en grec comme en latin. Compte tenu du choix de Tolkien d'opter pour une transcription plutôt qu'une traduction de Christ, il m'a semblé qu'une transcription était le plus logique. Une traduction par Hostoron aurait été envisageable, cela dit. Pour Hosanna, l'usage est de le laisser tel quel. On peut également se demander si le locatif essessë est bien la meilleure manière de traduire in nomine (Domini) "au nom (du Seigneur)", mais j'avoue ne guère voir de meilleure manière de procéder.

Agnus Dei

Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem.


(A) Eruo Eulë, i aucolë hastar Ambarello, órava (omessë).
(A) Eruo Eulë, i aucolë hastar Ambarello, órava (omessë).
(A) Eruo Eulë, i aucolë hastar Ambarello, anta rainë men.


Pas de remarques supplémentaires hormis celles déjà faites pour le Gloria.

Pater Noster

Le texte a été traduit par Tolkien. Pour l'adapter à la vision qu'il avait du quenya dans la seconde moitié des années 1960, il suffit de modifier la terminaison -mma de l'adj. pos. 1re pers. pl. excl. en -lma et de faire de même pour la terminaison du pron. pers. 1re pers. pl. excl., soit -mmë > -lmë. Cela occasionne les changements suivants : Átaremma > *Átarelma (l. 1), massamma > massalma (l. 5), úcaremmar > úcarelmar (l. 6), emmë > elmë et emmen > elmen (l. 7).

Ave Maria

Même commentaire, qui occasionne le changement firuvammë > firuvalmë (l. 7).

On peut y ajouter Héru > Heru (l. 2), car l'Aia María de Tolkien est le seul texte où heru "seigneur" figure avec une voyelle longue. Dans sa traduction en quenya de la Litanie de Lorette, le terme est bien employé avec une voyelle brève, de même que dans les autres textes où il ne désigne pas Dieu, mais un seigneur terrestre. (A noter que si l'on s'abstient de ce changement, il conviendrait de changer Heru en Héru dans toutes les autres prières où figure ce terme. Et dans ce cas, je serais tenté de réinterpréter la voyelle longue de Átar dans le Pater comme une marque spécifique destinée à distinguer Dieu le Père des autres pères terrestres -- à rebours de l'analyse du VT 43 -- ce qui impliquerait de changer ce terme aussi partout où il figure. Ce n'est pas le choix que j'ai voulu faire, mais il quelque soit l'option retenue, il me semble qu'il faut aller jusqu'au bout de la logique envisagée.)
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#3
Très amusant ! Et de fait, dans l'ensemble, il y a une certaine facilité liée à la proximité de Tolkien avec ces textes latins... et en même temps quelques défis !

Quelques remarques au fil de l'eau :
- [Gloria, Agnus] "Qui tollis" n'a pas juste le sens d'enlever, mais aussi de porter, assumer, prendre sur soi... Mais je crois que la justification de ton néologisme (Cormacolindo) suffit pour montrer que c'est au moins la bonne racine qui est utilisée. Mais peut-être sans préposition ?
- [Sanctus] Sabaot semble de très loin le meilleur parti pris !
- [Gloria] Pourquoi laisser le (a) optionnel dans "Domine Deus, Rex caelestis" ? Cela dépend de la manière dont tu découpes la phrase, mais il ne me semble pas qu'il y ait d'impératif avec ce vocatif.
- [Credo] Je réfléchissais un peu à ce qui t'attend pour le Credo... "Consubstantialem" sera amusant, car il n'y a guère de mot, à ce que je vois, qui s'apparente à la substance. Erma et hrón sont plutôt là pour parler de la matière, pas de la forme... Par contre, pour "Lumen de lumine", je crois que linquë est assez en phase avec la métaphore patristique à l'origine de ce passage. D'autant que linquë signifie aussi la rosée, autre image utilisée pour parler de la génération du Fils par le Père... Comme quoi !

Ce qui serait plus amusant, et sans doute bien plus complexe, ce serait de traduire une collecte, en gardant quelque chose de semblable dans le style ! Typiquement, celle de Pâques ; je dis ça Wink ...
Doctus cŭm libro
― Proverbe latin
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#4
(21.05.2025, 22:35)Dwayn a écrit : Très amusant ! Et de fait, dans l'ensemble, il y a une certaine facilité liée à la proximité de Tolkien avec ces textes latins... et en même temps quelques défis !

C'est exactement ça. Merci pour tes remarques, en tout cas.

(21.05.2025, 22:35)Dwayn a écrit : [Gloria, Agnus] "Qui tollis" n'a pas juste le sens d'enlever, mais aussi de porter, assumer, prendre sur soi... Mais je crois que la justification de ton néologisme (Cormacolindo) suffit pour montrer que c'est au moins la bonne racine qui est utilisée. Mais peut-être sans préposition ?

Oui, tollo peut aussi signifier "soulever, élever", mais également "détruire, annuler", etc. Il me semble que le sens est ici assez clair, comme en témoignent les traductions modernes (pas seulement le français) et que cela requiert la particule.

(21.05.2025, 22:35)Dwayn a écrit : Sabaot semble de très loin le meilleur parti pris !

En fait, je suis allé un peu trop vite sur la phonologie. Je vais devoir corriger en Savaot.

(21.05.2025, 22:35)Dwayn a écrit : Pourquoi laisser le (a) optionnel dans "Domine Deus, Rex caelestis" ? Cela dépend de la manière dont tu découpes la phrase, mais il ne me semble pas qu'il y ait d'impératif avec ce vocatif.

Justement, ce n'est pas un á impératif, mais un a vocatif.

(21.05.2025, 22:35)Dwayn a écrit : Je réfléchissais un peu à ce qui t'attend pour le Credo... "Consubstantialem" sera amusant, car il n'y a guère de mot, à ce que je vois, qui s'apparente à la substance. Erma et hrón sont plutôt là pour parler de la matière, pas de la forme... Par contre, pour "Lumen de lumine", je crois que linquë est assez en phase avec la métaphore patristique à l'origine de ce passage. D'autant que linquë signifie aussi la rosée, autre image utilisée pour parler de la génération du Fils par le Père... Comme quoi !

Consubstantialem : clairement un des points difficiles. J'ai préféré éviter un néologisme, vu qu'une telle construction aurait été hasardeuse. Je me suis plutôt inspiré de l'ancienne traduction française : imya nassë vë Atar "la même nature que (le) Père", qui me semble acceptable et peu susceptible d'être erronée. Par contre, linquë est intéressant. Pour l'heure, j'étais sur cálë cálello, mais ton idée mérite que j'y réfléchisse plus avant.

(21.05.2025, 22:35)Dwayn a écrit : Ce qui serait plus amusant, et sans doute bien plus complexe, ce serait de traduire une collecte, en gardant quelque chose de semblable dans le style ! Typiquement, celle de Pâques ; je dis ça Wink ...

Pas fou, aucun risque que je me lance un jour dans la traduction du Propre. Par contre, les textes du Requiem, je ne dis pas... Et traduire teste David cum Sibylla, ce serait amusant aussi. Wink
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#5
On va dire que c'est terminé, plus ou moins. Il y a sans doute quelques points à reprendre, mais autant poster le résultat actuel ici afin de bénéficier des suggestions des personnes intéressées. En tout cas, cela va appeler un certain nombre de remarques de ma part, car c'est un texte peu évident, somme toute.

Credo (Symbole de Nicée-Constantinople)

Credo in unum Deum,
Patrem omnipoténtem,
factórem cæli et terræ,
visibílium ómnium et invisibílium.
Et in unum Dóminum, Jesum Christum,
Fílium Dei unigénitum,
et ex Patre natum ante ómnia sǽcula.
Deum de Deo, lumen de lúmine, Deum verum de Deo vero,
génitum, non factum, consubstantiálem Patri :
per quem ómnia facta sunt.
Qui propter nos hómines et propter nostram salútem
descéndit de coelis.
Et incarnátus est de Spíritu Sancto
ex María vírgine, et homo factus est.
Crucifíxus étiam pro nobis sub Póntio Piláto ;
passus et sepúltus est,
et resurréxit tértia die, secúndum Scriptúras,
et ascéndit in coelum, sedet ad déxteram Patris.
Et íterum ventúrus est cum glória,
judicáre vivos et mórtuos,
cujus regni non erit finis.
Et in Spíritum Sanctum, Dóminum et vivificántem :
qui ex Patre Filióque procédit.
Qui cum Patre et Fílio simul adorátur et conglorificátur :
qui locútus est per prophétas.
Et unam, sanctam, cathólicam et apostólicam Ecclésiam.
Confíteor unum baptísma in remissiónem peccatórum.
Et exspécto resurrectiónem mortuórum,
et vitam ventúri sǽculi. Amen.


Savin Eru Er,
Ilúvala Atar,
tamo Eruman yo cemen,
ascénima ilúvë ar lacénima.
Ar Heru Er, Yésus Hrísto,
Eruo Ernóna Yondo,
ar Atarello ontanwa nó ilyë haranyer.
Eru Eruo, linquë linqueo, nanwa Eru nanwa Eruo,
nóna, lacarinwa, imya nassë vë Atar :
ter issë illi carinwa (nár).
Rá mé fírimain ar rá etelehtalvan
núnyes menello.
Ar mirröanwë nás Airefëanen
et María Vendello, ar fírima carinwa.
Së sarwetienwa entë rámen nu Pontius Pilatus,
nahtienwa ar caitayenwa hauranna,
ar enoronyes nelya réssë, epë i Parma,
ar oronyes menelda, hares formanna Ataro.
Ar entuluvaila (nás) alcaressë,
namien veor yo vanwar,
aranusserya nauva ú metto.
Ar Airefëa, Heru ar kuitaila :
i Atar yo Yondollo etementas.
I vë Atar yo Yondo olumë ainina ar yómalcarina :
i quétiéla ter apaquensor.
Ar er, aina, casolica ta apostolica Ocombë.
Náquetin pá er vaptimma apsenien hastar.
Ar palantirin enoryandë vanwaron,
ar coivië tuluvaila oia(la). Násië.


L. 7 : Pour natum, j'ai préféré dériver le participe perfectif d'onta- plutôt que d'employer nóna (qui est attesté), afin de maintenir la distinction avec genitum.
L. 11 : Ne voyant guère comment traduire salus, j'ai employé etelehta "libération".
L. 12 : Le verbe núya- a toutes les chances d'être irrégulier. Je soupçonne que son passé serait núnyë, mais ça pourrait se discuter.
L. 14 : Pour traduire homo, j'ai opté pour fírima "mortel".
L. 15 : Il n'existe évidemment aucun verbe pour "crucifier" en quenya tardif. Sarweta- est un néologisme fondé sur le qenya tarwesta- « crucifier » attesté dans le QL, rattaché à la racine révisée THAR- « à travers ».
L. 16 : On pourrait imaginer un néologisme haura- « enterrer » à partir de haura « réserve, magasin ; tertre funéraire », mais il me semble préférable de faire une périphrase. Je suppose que le verbe caita- attesté en PE 22, p. 164 est la forme intransitive et qu'il faut donc ici suivre la forme donnée pour le verbe orta- causatif ("ayant été allongé" plutôt "s'étant étendu").
L. 17 : Pas de verbe attesté non plus pour resurgo. Du coup, néologisme en-orta- « se lever à nouveau », sur la base de l’étymologie latine. De même pour la forme nominale en-oryandë (l. 28 ). A noter que le vocabulaire attesté ne permet pas d'employer deux racines verbales distinctes pour maintenir la dichotomie (re)surgo / ascendo (du moins, je ne vois pas quel terme employer à part orta- et ses dérivés). Par ailleurs, j'hésite entre nelya réssë et ré nelyassë, mais malheureusement, nous n'avons pas d'exemple attesté d'emploi d'ordinal pour qualifier un nom. Tolkien dit bien que les adjectifs numéraux viennent après le nom, mais j'ai l'impression que cela ne s'applique qu'aux cardinaux.
L. 19 : alcaressë "dans la gloire" pour traduire cum gloria (l'accompagnement est une formulation délicate en quenya).
L. 24 : Pour traduire simul, j'ai forgé le néologisme olumë « en même temps » (plus facile à exprimer que « de la même manière »), par analogie avec illumë, allumë, silumë, etc., ce qui est en fait une modernisation du moyen q. ollumë, onallumë, de même sens.
L. 25 : Toujours pas de traduction quenya pour prophetes, aussi j'ai forgé apaquenso suivant l’étymologie de ce terme ; alternativement, on pourrait opter pour náquenso, lit. « diseur de vérité » (cf. ad. inzindu-bêth), mais cela risquerait d’être confondu avec le sens de náquet- « être d’accord », que j'utilise d'ailleurs l. 27.
L. 26 : je préfère de simples adaptations phonétiques pour cathólicam et apostólicam, suivant l'usage. "Catholique" pourrait se traduire par ilúva « universel », et "apostolique" par un néologisme signifiant « envoyé au loin », mais ce serait un choix inhabituel par rapport aux traductions usuelles. Pareillement pour baptísma à la ligne suivante. Là encore, on pourrait traduire par « immersion », mais cela s'éloignerait des traductions en usage.
L. 27 : apsenien est ici un gérondif datif plutôt qu'un nom verbal au datif (car seul le verbe est attesté), ce qui explique la syntaxe.
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#6
Expérience surprenante !
De mon côté j'ai un faible pour le commun en hébreu des Béatitudes.
Tu lis ces textes ou il t'arrive de les parler/chanter ?
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.
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#7
Je vais à la messe tous les dimanches (ou presque... il arrive que j'ai un empêchement véritable). Wink Dans les petites villes de province, ce sont généralement des versions en français qui sont chantées, sauf pour le Kyrie (et encore). A moins d'habiter près d'une abbaye ou d'une communauté plus traditionnaliste, ce qui n'est pas mon cas. Au demeurant, avec quatre enfants jeunes, il me semble préférable que ce soient des textes qu'ils puissent comprendre.

Car la compréhension me semble essentielle, justement. J'aime beaucoup la messe en latin (du rite tridentin ou de Paul VI, peu m'importe), mais j'ai une compréhension suffisante de la langue pour la suivre. J'ai déjà assisté à une ou deux messes orthodoxes il y a longtemps, mais ça relève plutôt du spectacle, en ce qui me concerne, précisément parce qu'il est difficile de suivre la cérémonie, à moins d'avoir une bonne maîtrise du grec ou des autres langues liturgiques employées, ce qui n'est pas mon cas. Pareillement, j'ai assisté à quelques messes maronites, mais j'étais bien content d'avoir une traduction bilingue des textes en araméen. Comme pour les Béatitudes en hébreu -- que je n'ai jamais entendues --, il y a quelque chose d'émouvant à l'idée que c'est sans doute le texte même employé jadis par le Christ (quoique pour les Béatitudes, j'aurais eu tendance à croire qu'elles avaient aussi été prononcées en araméen, mais je ne suis pas expert du sujet), mais mieux vaut pouvoir suivre de tels passages au moyen d'une traduction que l'on comprend. Sinon, à quoi bon ? Après tout, si le Nouveau Testament a été mis par écrit en grec et si Jérôme a traduit la Bible en latin, ce n'est pas pour rien...

Quant aux versions en quenya, elles me semblent plutôt aisées à chanter. On pourrait certainement mettre cette version du Kyrie sur n'importe quelle mélodie existante. Cela dit, je n'ai jamais encore essayé.
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#8
Bonjour !

Est-ce que, selon Tolkien, les Elfes (ou Hommes, soyons fous) offrent à Eru des messes, dans le sens où on l'entend aujourd'hui dans le christianisme ?
Y a-t-il un ordinaire, un calendrier, des chants récurrents ou variants, et en interne une histoire littéraire/musicale de la manière de prier ?
Leur relation au divin, dans ces messes, serait-elle plus proche d'une méditation, d'une célébration ou d'un "envoi" - quel type de communication ?

Idem pour les Nains avec Aule...
j'aimerais bien, si vous en avez, quelques informations (même si cela sortirait du pur sujet linguistique de cette conversation par ailleurs très intéressante !)
U.
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#9
La religion dans le Légendaire est un long sujet. Je recommande vivement la lecture de Tolkien et la religion, de Leo Carruthers, en première approche. Il est aussi possible de consulter ces articles sur le site de Tolkiendil, spécialement ceux de Seeman et Delorme.

La réponse rapide serait négative. Les Elfes ne semblent que chanter des chants de louange (cf. A Elbereth Gilthoniel). Les Numenoréens ont trois fêtes sacrées annuelles (cf. CLI, "Une description de l'île de Numenor"), les Dunedain en exil en Terre du Milieu n'ont plus de grandes cérémonies, mais concervent certains rituels du quotidien (cf. SdA, IV, 5).
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#10
Merci de cette réponse.
Je prendrai le temps de lire tout ça (voire de lire, à ce sujet, les textes de Tolkien directement, si j'en ai la possibilité) !
Répondre
#11
L'Histoire retiendra qu'à un âge avancé de la Terre du milieu, un moine répondant au nom d'Elendil évangélisa la terre des Praeceptorius, traduisant en langue vernaculaire le commun de la divine messe...
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.
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#12
Il y a peut-être de quoi lancer une Réforme des religions elfiques ?
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