Rien à voir avec une éventuelle prononciation entique. Il s'agit de ce qu'on appelle habituellement l'allongement prosodique du quenya. Il a pour effet d’allonger la voyelle finale du mot en question, ce qui permet de mieux marquer la frontière entre ce radical et le suffixe ou la désinence.
Conditions du déclenchement :
- Suffixe ou désinence ajouté à un mot d’au moins trois syllabes
- Le suffixe ou la désinence ajoute au moins une syllabe brève à ce mot
- Après suffixation, le mot se terminerait par trois syllabes brèves
- La voyelle finale du mot d’origine et la voyelle du suffixe ou de la désinence sont séparées par une unique consonne
Il est facile de voir que toutes ces conditions sont remplies pour
vanimálion, mais que ce n'est pas le cas pour
ciryalion, puisque le nom
cirya est dissyllabique.
Nota 1 : Le mot en question peut déjà avoir été suffixé une première fois. Ainsi cet allongement s'observe dans
ciryalínen, car cette fois
ciryali est trisyllabique. A noter que cela ne fonctionne toujours pas pour
ciryalion, car le suffixe génitif pluriel n'est pas séparé de ce qui précède par une unique consonne.
Nota 2 : Cet allongement fonctionne aussi pour les noms composés, comme
Cuiviénen. Là où ça devient amusant, c'est que les Ents semblent précisément
ne pas employer d'allongement prosodique dans ce cas, vu qu'on a
Tasarinan et
Nan-tasarion là où on s'attendrait à **Tasarínan, **Nantasárion. Alternativement, ce pourrait être une erreur de transcription de Merry ou Pippin, mais Tolkien ne mentionne rien de tel pour les passages où ces noms sont prononcés (encore qu'en PE 17, p 81, on ait bien
taþā̆ri- < √TAÞAR, ce qui semble sous-entendre que le second
a de
taþā̆ri- puisse devenir long dans certaines conditions, donc -- logiquement -- lorsqu'il est suivi d'un suffixe supplémentaire).
E.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland