05.05.2009, 21:35
Je ne vais malheureusement pas faire un commentaire très détaillé. Guère le temps, hélas.
J'aime effectivement beaucoup le rythme octosyllabique. C'est une gageure que d'essayer de faire tout tenir dedans. Et tu y réussis fort bien, je trouve. On a effectivement le sentiment que tu vas au fond du poème et que tu en tires ce qu'il a d'essentiel.
En outre, ta versification a une musique qui est fort agréable à l'oreille, et ton inventivité lexicographique est généralement judicieuse (même si « butée » est peu heureux et si je te conteste formellement ce « maléfice » que tu emploies, et qui, rien que de le voir être appliqué à des Elfes, mériterait que je te donne rendez-vous dans le pré*).
Maintenant, côté surtraduction, il y en a aussi de ton côté (oui, je ne suis pas exempt – pour l'heure ) :
« allègre » : ne se justifie que pour la rime
« que l'on mesure » : en soit étonnant et ne s'intègrant guère au reste, je trouve
« pour que [...] tienne Finrod, l'hymne grandisse » : j'ai la compréhension inverse chez Tolkien. Ici, tu sous-entends que Finrod cherches à faire "grandir" le chant. Pour moi, il ne fait que réagir à l'attaque de Sauron, qui est elle de plus en plus violente, et Felagund dépassé est forcé de faire appel à la beauté de ses propres souvenirs, ce qui devient un piège quand Sauron retourne cela à son profit
« Le havre enténébré, désert, Quand les Noldor voguent sereins, Pleure les Chevaucheurs d’embruns. » : bouh. On atteint là les limites de l'octosyllabe : tu ne peux pas y faire tenir tout ce que Tolkien y a mis quand celui-ci abandonne les répétitions et va droit au but. Du coup, on est vraiment loin de l'original.
« pareilles aux reclus » : la comparaison devrait être implicite
Côté rime, je ne vais pas te reprocher de ne pas respecter la rime à l'œil : c'était simplement un défi que je me suis lancé.
Par contre, je ne suis pas sûr que « fermeté » rime vraiment avec « butée ». Rime masculine et féminine, c'est quand même différent, je trouve.
De même, j'ai toujours distingué les prononciations de « serein(s) » et « embrun(s) ». Mais là, j'imagine que c'est une question d'accent, et qu'en français "standardisé", ça reste acceptable.
De même, ça ne me gêne pas que tu modifies l'ordonnancement des rimes (avoir gardé l'ordre de Tolkien était un autre défi personnel), mais c'est plus ennuyeux quand tu désarticules la rime et qu'il faille attendre huit vers pour la retrouver. J'ai un peu le sentiment que ton vers s'échappe et qu'il me saute au visage.
* sérieusement. Très sérieusement. Nomme seulement deux témoins, pour voir.
J'aime effectivement beaucoup le rythme octosyllabique. C'est une gageure que d'essayer de faire tout tenir dedans. Et tu y réussis fort bien, je trouve. On a effectivement le sentiment que tu vas au fond du poème et que tu en tires ce qu'il a d'essentiel.
En outre, ta versification a une musique qui est fort agréable à l'oreille, et ton inventivité lexicographique est généralement judicieuse (même si « butée » est peu heureux et si je te conteste formellement ce « maléfice » que tu emploies, et qui, rien que de le voir être appliqué à des Elfes, mériterait que je te donne rendez-vous dans le pré*).
Maintenant, côté surtraduction, il y en a aussi de ton côté (oui, je ne suis pas exempt – pour l'heure ) :
« allègre » : ne se justifie que pour la rime
« que l'on mesure » : en soit étonnant et ne s'intègrant guère au reste, je trouve
« pour que [...] tienne Finrod, l'hymne grandisse » : j'ai la compréhension inverse chez Tolkien. Ici, tu sous-entends que Finrod cherches à faire "grandir" le chant. Pour moi, il ne fait que réagir à l'attaque de Sauron, qui est elle de plus en plus violente, et Felagund dépassé est forcé de faire appel à la beauté de ses propres souvenirs, ce qui devient un piège quand Sauron retourne cela à son profit
« Le havre enténébré, désert, Quand les Noldor voguent sereins, Pleure les Chevaucheurs d’embruns. » : bouh. On atteint là les limites de l'octosyllabe : tu ne peux pas y faire tenir tout ce que Tolkien y a mis quand celui-ci abandonne les répétitions et va droit au but. Du coup, on est vraiment loin de l'original.
« pareilles aux reclus » : la comparaison devrait être implicite
Côté rime, je ne vais pas te reprocher de ne pas respecter la rime à l'œil : c'était simplement un défi que je me suis lancé.
Par contre, je ne suis pas sûr que « fermeté » rime vraiment avec « butée ». Rime masculine et féminine, c'est quand même différent, je trouve.
De même, j'ai toujours distingué les prononciations de « serein(s) » et « embrun(s) ». Mais là, j'imagine que c'est une question d'accent, et qu'en français "standardisé", ça reste acceptable.
De même, ça ne me gêne pas que tu modifies l'ordonnancement des rimes (avoir gardé l'ordre de Tolkien était un autre défi personnel), mais c'est plus ennuyeux quand tu désarticules la rime et qu'il faille attendre huit vers pour la retrouver. J'ai un peu le sentiment que ton vers s'échappe et qu'il me saute au visage.
* sérieusement. Très sérieusement. Nomme seulement deux témoins, pour voir.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland