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D'après un autre sujet, il semblerait que d'aucuns trouvent les traductions du poème décrivant le combat magique entre Felagund et Sauron inférieures à la VO de Tolkien.
Personnellement, la traduction en alexandrins est l'un des passages que je préfère dans le Silm. en VF. Mais je reconnais que l'original a une puissance autrement plus remarquable. Je l'insère ici à des fins de comparaison :
He chanted a song of wizardry,
Of piercing, opening, of treachery,
Revealing, uncovering, betraying.
Then sudden Felagund there swaying
Sang in answer a song of staying,
Resisting, battling against power,
Of secrets kept, strength like a tower,
And trust unbroken, freedom, escape;
Of changing and of shifting shape,
Of snares eluded, broken traps,
The prison opening, the chain that snaps.
Backwards and forwards swayed their song.
Reeling and foundering, as ever more strong
The chanting swelled, Felagund fought,
And all the magic and might he brought
Of Elvenesse into his words.
Softly in the gloom they heard the birds
Singing afar in Nargothrond,
The sighing of the Sea beyond,
Beyond the western world, on sand,
On sand of pearls in Elvenland.
Then the gloom gathered; darkness growing
In Valinor, the red blood flowing
Beside the Sea, where the Noldor slew
The Foamriders, and stealing drew
Their white ships with their white sails
From lamplit havens. The wind wails,
The wolf howls. The ravens flee.
The ice mutters in the mouths of the Sea.
The captives sad in Angband mourn.
Thunder rumbles, the fires burn—
And Finrod fell before the throne.
Ergo, il y a peut-être quelque chose à faire de ce côté-là. Je suis parti sur l'idée des décasyllabes, les vers héroïques classiques en versification française (et vers de référence avant d'être détrônés par les alexandrins).
Personnellement, je trouve qu'il permettent mieux de varier l'équilibre interne du vers (4/6, 5/5, 6/4), ce qui permet dans une certaine mesure de restituer les jeux de sonorité du poème de Tolkien.
Voilà déjà une proposition de traduction pour la première strophe. À vous de me dire si cela vaut la peine de continuer :
Il initia un chant de sorcellerie,
Pour percer, pour ouvrir, de fourberie,
Révéler, découvrir, déloyauté.
Or soudain Felagund déconcerté
Répondit par un chant de fermeté,
Résistance, luttant face à l'emprise
De secrets gardés, de ferme maîtrise,
Et constance, liberté, délivrance ;
D'altération, de changeante substance,
De pièges évités, de trappes forcées,
Le cachot s'ouvrant, les chaînes cassées.
EDIT : je recolle là la version actuelle du poème :
Il initia un chant de sorcellerie,
Pour percer, pour ouvrir, de fourberie,
Révéler, découvrir, déloyauté.
Or soudain Felagund déconcerté
Répondit par un chant de fermeté,
Résistance, luttant face à l'emprise
De secrets gardés, de ferme maîtrise,
Et constance, liberté, délivrance ;
D'altération, de changeante substance,
De pièges évités, de trappes forcées,
Le cachot s'ouvrant, les chaînes cassées.
D'arrière en avant oscillait leur chant.
Haché, heurté, mais toujours plus tranchant
L’hymne s'élevait, Felagund luttait,
D’Elfinesse dans ses mots il mettait
Féérie et force, arbres et roseaux.
Dans l'ombre ils entendirent les oiseaux
À Nargothrond chantant dans les lilas,
Le murmure de la Mer au-delà,
Par-delà, en occident, sur la grève,
La grève de perles en Eldarêve.
Puis l'ombre s’amassa, alla enflant
À Valinor, le sang rouge coulant
En bord de Mer, où les Noldor tuèrent
Les Coureurs d'écume et, voleurs, menèrent
Leurs blancs navires à la voile blanche
Loin des havres éclairés. Le vent flanche,
Le loup hurle. Les corbeaux fuient. Aux passes
De la Mer gémissent les mornes glaces.
Les tristes captifs en Angband frissonnent.
Le tonnerre gronde, les feux charbonnent –
Et tombe Finrod en face du trône.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
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Moi j'aime bien c'est rythmé, ça rime, c'est fidèle, c'est bien !
Mais il y a, si je puis me permettre, quelques vers boiteux : il leur manque un pied
Citation :Résistance, luttant face à l'emprise
[...]
Et constance, liberté, délivrance ;
j'en compte 9 (à cause de la virgule ).
quelque chose comme ça ? :
>Résistance, de lutte face à l'emprise
>confiance ferme, liberté, délivrance
"[Faerie] represents love: that is, a love and respect for all things, 'inanimate' and 'animate', an unpossessive love of them as 'other'."
J.R.R. Tolkien, Essay on Smith of Wootton Major.
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02.03.2009, 16:16
(Modification du message : 02.03.2009, 16:19 par Thrain.)
Il initia un chant de sorcellerie,
Pour percer, pour ouvrir, de fourberie,
Révéler, découvrir, déloyauté.
Or soudain Felagund déconcerté
Répondit par un chant de fermeté,
Résistance, luttant face à l'emprise
De secrets gardés, de ferme maîtrise,
Et constance, liberté, délivrance ;
D'altération, de changeante substance,
De pièges évités, de trappes forcées,
Le cachot s'ouvrant, les chaînes cassées.
La tâche est difficile. Traduire ce texte avec fidélité, en dehors de tout cadre esthétique, n'est pas forcément simple et tu montres parfaitement comment, avec ton scientisme poétique, on est forcé de réécrire le texte original pour satisfaire aux besoins de la métrique française.
Malgré toute les difficultés que tu t'imposes, je ne suis pas sûr que l'exercice soit pertinent.
"Come Frodo, there! Where be you a-going? Old Tom Bombadil's not as blind as that yet. Take off your golden ring! Your hand's more fair without it."
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J'aime bien ! C'est la première fois que je lis le poème en VO, c'est vrai qu'il a une grande classe.
Mais je suis d'accord avec la remarque de Laegalad, il me semble que la virgule empêche de faire la liaison, donc de prononcer la terminaison en -e, ce qui fait une syllabe de moins.
La règle est, il me semble, que devant une ponctuation, on compte les syllabes comme si cette ponctuation marquait un retour a la ligne et amorçait un nouveau vers.
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1. Imrahil et Laegalad : non, pas de raison d'oublier les terminaisons en -e avant la virgule. Cf. cet extrait des Fleurs du Mal (XV : L'Homme et la Mer) :
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Donc on a bien une décomposition (certes peu intuitive) en :
Ré/sis/tan/ce, / lut/tant / fa/ce à / l'em/prise
[...]
Et / cons/tan/ce, / li/ber/té, / dé/li/vrance ;
2. Thráin : Que l'exercice soit pertinent, je ne sais pas. Mais il a déjà été tenté par les traducteurs du Silm. et des Lais.
Par contre, pas sûr de comprendre ton code couleur :
- Rouge = ??
>>"chant de sorcellerie" est bien l'équivalent de "song of wizardry".
>> En revanche, il est vrai que le "pour" est répété deux fois, ce qui n'est pas tout à fait le cas dans la VO. Mais le rythme de l'anglais n'est pas celui du français, et il s'agit là d'une infidélité délibérée :
"Pour percer, pénétrer, de fourberie" serait plus exact (et respecterait quand même la métrique), mais ô combien plus laid.
- Noir = ???
>> "fourberie", "déconcerté", "fermeté", "emprise" sont toutes des traductions justes, même si ce ne sont probablement pas les premiers termes qui viennent à l'esprit (sauf peut-être "déconcerté" et "fermeté" qui sont vraiment des traductions plus exactes du sens imparti par Tolkien que les équivalents classiques)
>> "substance" est effectivement plus lointain : c'est un terme bien plus abstrait que "shape".
>>"cassées" : un pluriel pour un singulier. Indispensable pour la rime. Nombre de traductions en prose font couramment ce genre de changement, mais effectivement, on n'atteint pas le terme exact (encore que l'idée soit respectée, je pense).
Au demeurant, le vers le moins fidèle est le septième. Je n'arrive pas à traduire "strenght like a tower" autrement que par métonymie. Que je pense qu'il s'agisse du vers le plus faible du poème ne m'aide évidemment pas.
Bon, j'imagine qu'il me va falloir composer la suite pour que l'on puisse juger si mes idées tiennent la route...
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
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Pour le rouge : je comprends pas le changement de préposistions ("de" devient "pour").
Pour le gras : le sens est bon mais on sent quand même que tu forces (trop) le trait pour faire de la poésie, ce qui n'équivaut plus à de la traduction.
Pour "cassée" : problème de temps, mais on sait pourquoi
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Mais est-il possible de garder "de" à chaque fois ? On pourrait bien sûr mettre :
"De perçage, d'ouverture, de fourberie"
Cependant, on perdrait alors l'opposition entre les concepts (wizardry, treachery) et les actions (opening, piercing).
Cela dit, c'est effectivement plus une translation du poème qu'une pure traduction. Mais j'admets trouver de l'attrait à cette voix. Quand on voit la misérable semoule que donnent les magnifiques poèmes du SdA dans la traduction française...
PS : À cela, un bémol : si le premier couplet a déjà soulevé des objections, les autres risquent le pire. Faire rentrer le texte de Tolkien dans une structure poétique française relève vraiment de la gageure.
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Le bémol était approprié. La deuxième strophe reste assez faible, mais je ne vois pas comment faire mieux pour l'instant, sauf à changer le nombre de vers :
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L’hymne s'élevait, Felagund luttait,
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La troisième strophe est sans conteste ma préférée, avec juste une remarque pour le dernier vers :
Pourquoi ne pas avoir conservé : "Et tombe Felagund devant le trône ?"
L'image est, de mon opinion, plus forte avec cette formulation... A moins que le but n'ait été de retrouver Finrod et non Felagund ?
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Ben, l'original donne Finrod. J'essaie de rester fidèle, autant que possible. Et ça permet de retrouver l'allitération en f de la VO.
Mais c'est vrai que j'aime particulièrement cette phrase dans la traduction du Silm., même si j'ignore pourquoi le traducteur a choisi de remplacer "Finrod" par "Felagund".
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Félicitations Elendil!
Ta traduction nous fait accéder au style même de Tolkien, d'où sa richesse
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(03.03.2009, 21:50)manthanoménos a écrit : Ta traduction nous fait accéder au style même de Tolkien, d'où sa richesse
Si on veut :]
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Petit édit du titre afin que Laegalad remarque ce message et puisse me donner son avis.
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Juste pour dire que j'ai vu, lu, imprimé, mais que je ne suis pas sûre d'avoir le temps de faire un commentaire comme il faut avant de partir en vacances... J'emmènerai le tout en travail de chevet
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J’avais déjà noté ce machin il y a un bail (il faut dire qu’il y a une perle de commentaire qui me fait rêver cachée là-dessous) mais je n’avais su trouver le temps de rédiger une bafouille critique et mesquine. Il en est grand temps !
Procédons par ordre et sans souci de mise en forme, comme à mon habitude.
Mes remarques porteront essentiellement sur le caractère poétique de cette traduction ; le travail linguistique, je le laisse à d’autres. Mes remarques ne tiennent ici absolument pas compte de la difficulté du respect de Tolkien et font retomber toutes les fautes sur ce pauvre Elendil. Mais je reconnais ici solennellement que ‘y avait du job’ et qu’il a été, en définitive, plutôt bien abattu ; mais la tâche est je pense trop ardue pour être une réussite complète quoiqu’il en soit.
Remarque générale : la richesse visuelle des rimes est toute à ton honneur Elendil, et c’est un travail bien rare à admirer de nos jours ; mais enfin ça fait partie des grandes révolutions de la poésie que je comprends et approuve, son abandon. Pour moi c’est une contrainte qui ferme plus de portes qu’elle n’apporte de beauté formelle, et s’enfermer là-dedans quand on a déjà subir la contrainte de la traduction est un peu ‘suicidaire.’ J’applaudis à l’effort, mais je pense que le résultat en soufre. Des rimes tout aussi riches à la prononciation, mais visuellement plus faibles, te sauveraient parfois la mise j’imagine ; il y en a d’ailleurs quelques unes, alors autant céder complètement à ce penchant bien naturel. Tant que ça ne nuit pas à la musique des mots.
Strophe 1 :
v1> Commencer un poème en décasyllabe par un vers de onze pieds, non, ça ne peut pas passer. Je ne vois pas bien d’où vient la notion de commencement dans la VO ici, mais après ma connaissance de la langue de Tolkien est loin d’être ne serait-ce que bonne, et n’est d’ailleurs pas appelée à s’améliorer, grand bien lui en fasse. ^_^
v3> Ben là le ‘déloyauté’ tombe comme un cheveu sur la soupe, à mon goût à tout le moins. Ça rend je pense la syntaxe de la phrase, déjà fragile, trop alambiquée, surtout pour un début de poème. Faut bien voir que le décasyllabe, ce n’est plus un rythme qui nous est vraiment naturel, et il faut toujours un certain de nombre de vers avant que sa musicalité ne s’imprime dans l’esprit du lecteur. C’est pourquoi il faut préférer je pense (sauf si le désir est de choquer) les structures plus originales pour les passages plus avancés du texte, une fois le rythme bien imprimé : c’est vrai du décasyllabe, c’est tout aussi vrai de tout vers tordu de Verlaine, et d’ailleurs ce dernier se débrouille bien à ce jeu là, quand je trouve Rimbaud généralement trop abrupt.
v5> ‘chant de fermeté’ est malheureux je trouve… mais pour le coup ‘song of staying’ l’est aussi pour moi -_- Bref je trouve ça un peu faiblard et ç’aurait sans doute pu être mieux tourné.
v7> Dommage de trouver ‘ferme’ juste derrière ‘fermeté’
v9> Elendil, toi, tu ne diérèses pas ? ^_^
A y réfléchir, je ne suis pas convaincu que cet usage (la diérèse) corresponde au caractère plus archaïque que tu cherches à donner à ton poème donc j’aurai tendance à t’approuver. Mais cela me surprend quand même héhé.
Altération est très bon, « changeante substance » sonne étrangement.
v10> Même sans diérèse à pièges, on arrive à 11 pieds. Forcées est très bon, évités un peu faible (j’en ai un, de faible, pour éluder, mais ça ne résout pas la métrique).
Strophe 2 :
v2> On s’éloigne davantage ici de l’original il me semble ; je dois avouer que le participe présent passait difficilement mais du coup on abandonne une image active pour une image passive avec des participes passés… Ce que je reproche autrement à ton ‘tranchant’ c’est qu’on a l’impression qu’il ne se rapporte qu’à l’hymne quand le ‘ever more strong’ (pour moi, en tout cas) fait écho à la fois au chant et à la lutte de Felagund, admirablement juxtaposés.
v4&5> Là encore des libertés qui peuvent se justifier, mais qui tranche avec la strophe 1 qui se voulait beaucoup plus proche du texte. Je ne suis vraiment pas faon (Bambi ! ^_^) de l’inversion où Elfinesse se retrouve jetée en tête : ç’aurait pu passer sir le vers d’avant avait fini par un point et qu’une nouvelle proposition commençait de façon claire, mais là c’est déjà assez ‘perdant’ pour ne pas rajouter ce petit tour je pense…
Force est un peu dommage employé ici, où pour une fois l’anglais s’éloigne de ce matérialisme pour un univers de puissance plus incertaine et féérique.
Je trouve que ‘mot’ n’est pas assez mis en valeur autrement : c’est, j’en suis conscient, le comble de la chicane, mais je pense qu’on est là au cours de la magie du poème de Tolkien, tout ce autour du langage, du chant, de la parole, du Verbe. Jeu qu’on perd un peu dans ta version je trouve. Retrouver l’esprit de la litanie, de l’invocation en quelque sorte serait bénéfique je pense.
L’image des roseaux comme des lilas me plait assez mais…
Sur la suite de la strophe : dommage pour le au-delà/par-delà, conserver le même terme serait plus litanique (ça existe ce mot ?). En revanche je suis un très grand faon de ton Eldarêve, qui s’éloigne peut-être un peu du texte mais rend bigrement bien la monnaie de sa pièce à la grève roulante.
Strophe 3 :
v1&2> On dit en général que les participes présent sont laids en français ; je ne suis pas d’accord ; mais, comme les participes passés, ils ne sont décidément pas à leur place au niveau de la rime. Bof donc.
v4> ‘Coureurs d’écume’ est d’un très beau rendu. Voleurs, beaucoup moins.
v5&6> Les rimes blanche/flanche sont très belles. En revanche, ne me dis pas que tu n’es pas capable de trouver plus chouette que ‘éclairés’, tu n’abuserais personne.
La suite est très belle, très poétique, bien construite. Le rythme se fait enfin naturel et les images ne sont pas forcées. Pour le coup, je trouve même ta version plus intéressante que l’original sur cette courte longueur, alors que jusqu’ici, autant j’admire vraiment le travail, autant je n’accrochais pas vraiment.
Juste une remarque : pourquoi au dernier vers préférer un présent à un passé – alors que l’anglais fait justement la rupture entre une évocation du passé au présent et un combat ‘présent’ au passé ? De plus, le passé simple te permettra de refuser l’inversion sujet/verbe qui, si elle sonne bigrement bien dans la version « Et tombe Felagund… », me semble plus forcée dans la tienne.
Fini pour les méchancetés ! ^_^
J’ai quand même passé un bon moment va : continue, je pense l’exercice intéressant et formateur.
Divitiac
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Grillée ^^ bon, il me reste quelques remarques tout de même, pour compléter, et vite fait avant de me remettre au boulot (beuh )
Les vers 2 et 3 me gênent aussi... quelque chose comme De perce, ouverture, fourberie / pour révéler, pour trahir, dévoiler (je lance ça comme ça, j'ai même pas vérifié si le nombre de pieds était bon. Et oui ça donne une rime pauvre ^^) me semblerait 1. plus proche du sens, et 2. moins perturbant que le mélange verbe/nom dans un même vers.
Pour la strophe 2, idem que Divitiac :
Citation :D’Elfinesse dans ses mots il mettait
Féérie et force, arbres et roseaux.
Dans l'ombre ils entendirent les oiseaux
À Nargothrond chantant dans les lilas,
Le murmure de la Mer au-delà,
...La surtraduction ne m'enchante pas...
A titre d'essai : Et magie et pouvoir il apportait
D'Elfinesse pour mettre dans ses mots
Dans l'ombre ils entendirent les oiseaux
à Nargothrond qui chantaient doucement
mais après ça bloque pour la rime... c'est pas très bon, mais en tournant ça mieux, on pourrait avoir quelque chose de plus proche du texte (parce que les lilas les arbres et les roseaux, j'aime bien, mais c'est pas dans le texte ^^).
Eldarêve reste de la surtraduction aussi, mais jolie... Pays-des-Elfes est plus difficile à caser.
Strophe 3 : rien à redire
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