04.01.2015, 01:39
(03.01.2015, 20:53)Elendil a écrit : - p. 153 « [...] des phénomènes souvent mal connus des adultes comme les jeux de rôles... »
Compte tenu du fait que le premier jeu de rôle réellement célèbre, Dungeons & Dragons est paru en 1974 (traduction française en 1983), cette affirmation pouvait peut-être encore se défendre en 2006, date de parution de l'article d'où est tiré le chapitre « J.R.R. Tolkien est-il un auteur pour la jeunesse ? », mais je doute que ce soit encore le cas actuellement. Je ne suis l'univers des jeux de rôle que de très loin, mais pour le peu que j'en sache, il semble désormais y avoir plus d'adultes pratiquant les jeux de rôles que d'enfants ou d'adolescents.
La question que l'on peut se poser, au fond, c'est qui sont, ici, les « adultes » ? Est-ce vraiment une question d'âge, ou bien plutôt une question de mode de consommation vis-à-vis des industries de loisir ? Sans être un spécialiste de la question (loin s'en faut), et pour ne suivre également cet univers que de loin, je ne sais pas si l'on peut considérer le jeu de rôle comme étant spécifiquement a priori un loisir d'enfants ou d'adolescents, quelle que soit la période concernée : il faudrait sans doute quelque étude spécifique sur laquelle s'appuyer pour y voir éventuellement plus clair sur ce point, mais pour le peu que j'en sais, si le jeu de rôle passe généralement pour être un loisir de « jeunesse », c'est à mon avis à prendre ici dans un sens très large, à savoir celui de savoir rester jeune dans sa tête. Un passage du mémoire de Master 1 de sociologie de Nicolas Doduik, intitulé « Les jeux de rôle, laboratoire de la coordination sociale », invite en tout cas, semble-t-il, à regarder du côté de la position « marginale » du jeu de rôle par rapport au modèle économique dominant des industries de loisir :
Nicolas Doduik a écrit :La création de jeux [de rôle] [...] reste en marge des grandes industries de loisir pour plusieurs raisons :
1) En tant qu’activité culturelle, le JdR n’aboutit pas à la création d’une œuvre finie et reproductible, et induit un coût d’entrée important pour y jouer (lecture de manuel ou initiation, apprentissage de règles et connaissances de l’univers, parties longues, etc.).
2) En tant qu’activité ludique sans vainqueur ni perdants, il ne fournit pas de modèle d’épreuve qui permettrait l’organisation de tournois ou de championnats jugés valides par l’ensemble des joueurs : il n’existe pas de figures de champions qui pourraient devenir le levier de campagnes publicitaires.
3) En tant que produit commercial, le JdR reste une activité papier-crayon, ce qui ne donne pas d’avantage technologique aux grands éditeurs sur les plus petits. Le système économique du JdR s’est développé sur le modèle de celui du livre, alors que le mode de consommation en est différent (un lecteur/plusieurs joueurs, une lecture/support de nombreuses parties). Les éditeurs de JdR ont donc publié des extensions à leurs jeux pour rendre captifs leurs consommateurs, sans toujours y parvenir, ce qui a induit la faillite de nombreux d’entre eux.
Amicalement,
Hyarion.
All night long they spake and all night said these words only : "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish." "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish," all night long.
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)