04.01.2017, 00:49
Pour le cent-vingt-cinquième anniversaire de la naissance de J. R. R. Tolkien, j'offre ce poème, qui traîne depuis un bon moment dans mes notes puisque l'essentiel en date du printemps 2015. Il s'agit d'une recréation sous forme française du Chant de Fíriel en qenya dans La Route perdue.
Chanson du temps et du monde
L’Un notre Père a fait chanter le monde,
Aux mains des Puissances l’a mis,
Qui d’âge en âge en ordonnent la ronde
Où lève et sèche leur semis.
Ils sont bénis, glorieux, vénérés,
Et reclus au-delà de l’onde –
Hormis l’Obscur, de rage dévoré,
Qu’ils ont déchu hors de ce monde.
Aux Belles Gens, ils ont donné la Lune,
Le Soleil aux Hommes commis.
Des Premiers-Nés est passée la fortune ;
Le monde aux Puînés est promis.
Le monde est beau, je veux en célébrer
Merveilles et choses communes :
Joie de lumière ou secret de l’ombrée,
Le chant premier vit en chacune.
Pourtant mon âme n’y a point demeure
Et n’y restera qu’un moment :
Déjà comptées, dénombrées sont mes heures –
Et du monde pareillement.
L’Un à tout Homme a donné ce destin :
Qu’il naisse et croisse et jouisse et meure.
De même un jour le monde prendra fin :
L’Un achèvera son labeur.
Alors, le long enchaînement des âges
De ce monde pris dans le temps,
Tout rassemblé, roulé comme un cordage,
Verra son accomplissement.
Mais si glorieux en son dessein
Qu’apparaisse alors cet ouvrage,
Il ne saura combler ma faim :
Mon âme espère davantage.
Prince qui viens, que m’accorderas-tu
Quand mon Soleil ne sera plus ?
B.
Chanson du temps et du monde
L’Un notre Père a fait chanter le monde,
Aux mains des Puissances l’a mis,
Qui d’âge en âge en ordonnent la ronde
Où lève et sèche leur semis.
Ils sont bénis, glorieux, vénérés,
Et reclus au-delà de l’onde –
Hormis l’Obscur, de rage dévoré,
Qu’ils ont déchu hors de ce monde.
Aux Belles Gens, ils ont donné la Lune,
Le Soleil aux Hommes commis.
Des Premiers-Nés est passée la fortune ;
Le monde aux Puînés est promis.
Le monde est beau, je veux en célébrer
Merveilles et choses communes :
Joie de lumière ou secret de l’ombrée,
Le chant premier vit en chacune.
Pourtant mon âme n’y a point demeure
Et n’y restera qu’un moment :
Déjà comptées, dénombrées sont mes heures –
Et du monde pareillement.
L’Un à tout Homme a donné ce destin :
Qu’il naisse et croisse et jouisse et meure.
De même un jour le monde prendra fin :
L’Un achèvera son labeur.
Alors, le long enchaînement des âges
De ce monde pris dans le temps,
Tout rassemblé, roulé comme un cordage,
Verra son accomplissement.
Mais si glorieux en son dessein
Qu’apparaisse alors cet ouvrage,
Il ne saura combler ma faim :
Mon âme espère davantage.
Prince qui viens, que m’accorderas-tu
Quand mon Soleil ne sera plus ?
B.
Le langage a à la fois renforcé l'imagination et a été libéré par elle. Qui saura dire si l'adjectif libre a créé des images belles et bizarres ou si l'adjectif a été libéré par de belles et étranges images de l'esprit ? - J. R. R. Tolkien, Un vice secret