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[Fan-Fiction] Les Chroniques du Faucheur
#1
Grâce à Sigmin, j'ai pu découvrir un forum, qui je l'espère va me redonner le goût de l'écriture, et surtout d'une écriture rapide, où les extraits sont publiés les uns après les autres avec seulement quelques jours d'intervalles, afin de ne pas trop user les nerfs de nos précieux lecteurs.

Il s'agit sur ce forum, avec un personnage que l'on s'est créé, de mener à bien les diverses missions que l'on veut bien vous donner. Ainsi les Chroniques du Faucheur viennent-elles tout récemment de voir le jour. Leur récit début le 12 février d'un hiver ensoleillé, en l'An de Grâce 3019, dans la royale Cité de Meduseld. Théoden, son roi, n'est pas encore libéré du joug de Saruman. En voici pour vous le prélude.






[Image: i889372_violonnoir.jpg]

L'archet se posa délicatement sur les cordes du violon et soudain, la musique fusa. D'abord douces, les notes émèrgèrent légères hors de l'instrument. Elles semblaient pareilles à d'évanescentes danseuses qui d'une gracieuse révérence saluaient le trône royal ; et glissant sur les entrelacs boisés des colonnes du Château d'Or, les accords s'envolaient. Les fresques et les tapisseries semblaient alors prendre vie et le monde tourner autour du petit homme au rythme de ses doigts aux gants percés. Son menton couvert d'une barbe hirsute reposait contre le bois du violon, l'accompagnait à chacun de ses mouvements, tandis que les yeux clos, Lôkhî, le violoniste s'envolait avec sa musique et se souvenait...

Elle était vêtue de noir et tendait désespéremment sa main brûlée en signe de supplication. De l'autre elle tenait son fils, un petit enfant, collé contre sa jambe. Il semblait terrifié d'entendre crier avec sa mère tous ces miséreux : le vieillard borgne et estropié rampant sur les marches, le frère et la soeur se soutenant mutuellement, l'orpheline en haillon et la veuve éplorée, le casque d'un orque pendant au bout de son bras. Tous gémissaient après leurs familles défuntes, leurs villages pillés par les hordes sauvages et imploraient le secours du Roi sur les marches de son palais. Mais sa porte était close et ses soldats la gardaient. Théoden, seigneur de la Marche, sénile et impotent, demeurait sourd à leurs prières...

Sur son trône d'or, il écoutait à présent, le regard vide, la bouche pendante, les notes du violon, leur accent étranger et les sentiments enfouis qu'elles décelaient. Assis à ses pieds, tel un serpent lové, un homme au teint livide leva un instant ses lourdes paupières pour fixer le musicien de ses yeux sombres. Lôkhî sentit alors toute l'aversion qu'exprimait ce regard venimeux, le même que le petit homme avait eu pour la pauvre veuve devant la porte du palais...

La femme fut projetée hors d'atteinte des battants. Sa chevelure d'ivoire maculée de sang heurta la pierre du perron et aussitôt deux paires de mains musclées la saisirent de part et d'autre. Elles la relevèrent, puis un solide poing lui martelant le ventre, elle retomba à genoux. À cet instant surgit une ombre de derrière les gardes, vêtue de cendre et au visage laiteux. Son regard noir fixait l'impudente qui avait tenté de franchir la porte du palais et de ses doigts livides, Grima, le conseiller du Roi, laissa tomber à ses pieds l'objet qu'elle avait apporté : le casque d'un orque marqué du signe de la main blanche. Alors dans un gémissement étouffé, les gardes la jetèrent hors du perron et son corps dévala les marches sous le regard des miséreux. C'est à ce moment qu'il apparut.
Son archet caressait les cordes de son violon, dans un air d'une tendre mélancolie. Il était vêtu tel un mendiant vielli et crasseux. Une faux était attaché derrière son dos. À sa vue, la foule s'écarta et il se fraya un passage à travers elle. Ses bottes usées passèrent près du corps inanimé de la veuve sans s'arrêter puis grimpèrent les marches de pierre. Et lorsqu'il parvint à hauteur de la porte, les gardes découvrirent son visage ravagé peinturé de rouge. Alors l'archet se tut. Ses yeux se posèrent sur Grima, comme pour le démasquer, puis ses lèvres esquissèrent un sourire. Et soudain, il ouvrit grand les bras tenant d'une main son violon, de l'autre son archet. À cet instant les doigts laiteux du conseiller se levèrent et ils auraient donné l'ordre de chasser l'importun si une douce main drapée de blanc n'avait arrêté son bras...


À ce souvenir, le violoniste sourit et brusquement sa musique se fit plus enjouée. Elle jaillissait à présent telle une myriade d'oiseaux multicolores qui emplissaient la salle de leurs pépiements et venaient voleter autour d'Eowyn, dame blanche d'Edoras. Pour elle, l'archet joua un air de liberté ; pour elles, les doigts du violoniste pincèrent les cordes de l'allégresse. Quand soudain naquit le regret : il regretta de ne pouvoir lui offrir la clé pour ouvrir la cage dorée qui l'enfermait ; il regretta sa faux sur le perron qui d'un trait sanglant aurait pu lui rendre cette liberté qu'elle désirait tant, elle, fière vierge du Rohan que couvait le regard venimeux mais amoureux de Grima. Alors la musique se tut et brusquement les portes du palais se refèrmèrent sur Lôkhî.

Il se tenait sur le perron à présent, une bourse à la main et la mélancolie au coeur. Il plaça le sac de pièces d'or dans le crâne attaché à sa ceinture. Puis se courbant il tendit sa main au gant percé pour ramasser sa faux. C'est alors que lui parvint le hennissement d'un cheval. Au bas des marches venait de surgir un cavalier, porteur d'un urgent message pour son souverain, qu'un page de Grima vint accueillir. Lôkhî comprit alors par où il devait commencer ses recherches. Il sourit sous le soleil radieux de cet après-midi de février : sa mission débutait.
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#2
La suite! Que certains trouveront peut-être au moins aussi cinglée ou décadente qu'un Alice au Pays des Merveilles! ^^
Sur conseil, j'ai également changé la police, afin de rendre le texte plus lisible. Wink



[Image: i890700_corbeaunoir.jpg]

- Ca ne va pas monsieur?

La faux retomba sur le sol boueux. Une main posée contre le mur de la ruelle, Lôkhî vomit et ses déjections vinrent se mêler à la pluie qui inondait le pavé.

-Va-t-en, petit, parvint à articuler l'homme d'une voix rauque. Je vais bien... mais laisse-moi tranquille. Je t'en prie.

- On ne dirait pas, répliqua la voix enfantine.

Mais lorsque Lôkhî tourna la tête sur le côté, le garçon avait disparu. Alors il se retourna et glissant contre le mur de pierre, il s'assit . Il tenait encore à la main le flacon de médecine écarlate qu'il avait bu. Le goût s'était révélé infect. Pas étonnant d'ailleurs pour du sang avarié : à température ambiante il ne pouvait se conserver plus de cinq jours. Il allait en manquer. Avec un reniflement de dépit, L'homme tourna sa main et vida le flacon sur le sol. Le liquide écarlate se mêla aux rigoles qui ruisselaient sur la ruelle en pente et qui menaient jusqu'aux portes de la cité.

Cela faisait à présent plus de deux jours que Lôkhî épiait les hommes qui les franchissaient, tout particulièrement les éclaireurs et les messagers.

- Une perte de temps, se morigéna-t-il. Et il referma le bouchon sur le flacon.

C'est alors qu'un croassement sinistre lui fit lever les yeux au ciel et qu'il découvrit une nuée de crébains survolant la cité. Tel un nuage noir parmi les nuages gris, ils se dirigeaient vers le Château d'Or. De sa main gauche, Lôkhî saisit aussitôt sa faux. Il se mit à courir, trébuchant, en direction du domaine royal. Puis dans un coin de rue, il l'aperçut. Les crébains tournaient autour, croassant, et certains vinrent se poser sur les boiseries sculptées de la toiture. Mais un seul osa descendre plus bas. Plus imposant que tous les autres, ni crébain, ni corneille, mais grand corbeau venu des Contrées Solitaires, une tâche blanche maculait son bec cendré. Se posant sur le rebors d'une fenêtre ouverte, il s'engouffra à l'intérieur de la demeure et disparut de la vue de Lôkhî.

La pierre à aiguiser crissait contre la lame de sa faux. Assis dos contre une roue de charette, Lôkhî passait ainsi le temps. Il se remémorait les légendes sanguinaires de peuples d'orient où les condamnées à mort étaient amassées dans une charette pour être menées à l'échafaud. Et tandis que ces sinistres cortèges se frayaient un chemin à travers des rues bondées de mendiants, un homme vêtu de sang et portant une faux à son épaule les précédait sous un nuage noir de charognards. Lorsque soudain le bruissement d'ailes cendrées le tira de sa rêverie. Une corneille se tenait sur le brancard de la charette, son regard sombre rivé sur lui. Lôkhî la fixa un instant, perplexe, s'attendant à la voir repartir. Mais l'oiseau ne remua que sa tête, poussant un bref cri rauque et lugubre. Alors les lèvres de l'homme esquissèrent un sourire.

- Bonjour à toi aussi ma belle! s'exclama-t-il. Comment se porte Mandos? Ses nouveaux pensionnaires le satisfont-ils? Il est vrai que je n'ai pas été très productif ces derniers temps... ajouta-t-il, la pierre grinçant de nouveau contre sa lame.

Mais la corneille était de marbre.

- Non, bien sûr, tu l'ignores, répliqua Lôkhî face à son mutisme. Tu ne voyages pas dans le pays des ombres, toi. Tu espionnes, du moins c'est ce que disent les légendes...

Il fixa alors son regard sur le Château d'Or.

- Tu vois cette demeure? demanda-t-il en pointant sa pierre à aiguiser vers elle. Voilà ce que j'espionne. Il y a l'intérieur un masque grimaçant qui siffle au pied du Roi, un serpent tissant sa toile autour de sa famille, une araignée qui hante le Rohan...

Et soudain il se leva, bousculant la charette. Surprise la corneille s'envola, tandis que la pierre à aiguiser retombait sur le sol. La faux se mit à fendre l'air et la pluie, puis heurta le sol. Elle le heurta, une fois, deux fois, dix fois. La terre volait sous son passage. La boue giclait sous les bottes du faucheur. Des sillons étaient creusés, des symboles se formaient. Enfin, la lame s'éleva un instant sous un ciel de ténèbres, avant de retomber et de tracer au milieu des graviers un long trait rectiligine. La corneille qui s'était posé sur une corniche au-dessus de l'homme put alors lire ceci sur le sol :
GRIMA


Aussitôt Lôkhî leva ses yeux vers le charognard. Ils n'étaient plus ternes comme tout à l'heure, mais brillaient à présent d'une lueur sauvage, tandis qu'un rictus se formaient sur ses lèvres. Soudain, pointant de sa faux la corneille, il s'écria :

- Que dis-tu de cela ma belle? Et vous, hurla-t-il les bras grand ouverts au milieu de la rue, que dites-vous de cela peuple du Rohan?!

Détournant le regard de son fils, une mère qui passait là s'en fut avec hâte. D'autres lui jetèrent un regard torve, osant à peine fixer son visage peinturé de rouge, effrayés par son rire démentiel. La corneille tournait à présent autour de lui, autour des signes tracés sur le sol, mêlant ses croassements aux grondements du tonnerre. Lorsque soudain l'entière nuée des crébains, qui était demeurée autour du Château d'Or, s'éleva dans le ciel. Aussitôt les regard se levèrent vers leur cohorte croassante et Lôkhî se tut. Comme un signe avant-coureur de calamités, ils recouvrirent de leur ombre un instant la Cité, avant de s'éloigner en direction du nord, guidés par un gigantesque corbeau au bec maculé de neige. Lôkhî se tenait silencieux, au milieu d'une ruelle soudain désertée, sa faux debout dans sa main droite. C'est alors qu'un bruissement d'ailes attira son attention, et qu'il découvrit la corneille perchée sur sa lame. Celle-ci le fixa un instant de son regard aussi noir et glacial qu'un puit sans fond. Puis ouvrant le bec elle poussa à son attention un dernier cri rauque avant de s'envoler. L'homme sourit.

- Bonne chasse à toi aussi, ma soeur, dit-il. Bonne chasse et à bientôt.

Puis sa main gantée de cuir saisit la pierre à aiguiser restée par terre. Ses doigts aux ongles noircis en essuyèrent la boue, avant de la ranger dans le coffin accroché à sa ceinture. Suffisamment aiguisée, sa faux était à présent prête à servir.
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#3
On peut diminuer la police aussi ? Confused
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#4
Comme ça?
Bien que ça ne me satisfasse guère en fin de compte de trop réduire.
Je trouve désagréable de lire un récit dont les lignes dépassent la quinzaine de mots...
Quoique seul le plaisir du spectateur doit compter.
S'il faut encore réduire, je réduirai donc Wink
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#5
C'est que je trouve ça très gros, et ça me gêne pour lire. Mais comme je suis sur un PC portable, c'est peut-être normal ^^
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#6
Pour mon portable, c'est tout le contraire en fait : écran 16/9 18''
Idéal pour la vidéo, moins pour les e-books! Mr. Green
Mais en réduisant de moitié mon écran, je vois ce que tu veux dire. je réduis encore un chouillas de suite! :p
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#7
C'est bien comme ça merci Wink
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#8
Continues comme ça, Mantha, j'adore ton récit !
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#9
Récit intéressant et bien mené jusque là.

Une remarque sur la forme : police encore beaucoup trop grosse pour moi. Ça fait mal aux yeux.

Trois sur le fond :
Citation :L'archet se posa délicatement sur les cordes du violon

Dans la Marche des Cavaliers, ça me semble déplacé. À la rigueur au Gondor, ou mieux, à Imladris. Mais là... Je verrais mieux une viole, une harpe, ou un autre instrument un peu plus rustique.

Citation :La femme fut projetée hors d'atteinte des battants. Sa chevelure d'ivoire maculée de sang heurta la pierre du perron et aussitôt deux paires de mains musclées la saisirent de part et d'autre. Elles la relevèrent, puis un solide poing lui martelant le ventre, elle retomba à genoux.

Mmmh. On est à Edoras, là, pas à Dachau. Si Gríma a rendu le Roi sénile, il n'en n'est pas de même de sa maisonnée. Même le soldat de garde possède de l'honneur, en dépit de sa méfiance (cf. arrivée de Gandalf et Cie.). Un soldat qui se comporterait ainsi serait sûrement écharpé dans l'heure. Bref, ça m'apparaît relativement hors de propos.

Sans parler du fait que si l'on parle du livre et non du film, les forces d'Isengard ne commencent à se répandre au Rohan que la nuit où Gandalf arrive, après la seconde bataille des Gués de l'Isen. Les Orques ne commencent à pouvoir massacrer des civils qu'après que le Roi lui-même soit parti en guerre. Oui, je sais, c'est moins palpitant ainsi. Wink

Citation :dans une charette pour être menées à l'échafaud.

Tu me fais penser à Berlioz et à la Révolution. Pas exactement la bonne période. Des alternatives : décapitation à la hache, pendaison, écartèlement, supplice de la roue, mise en croix, pal (très populaire [sic] en Russie), et évidemment bûcher. On était inventif, à l'époque. Si tu recherche quelque chose de plus baroque et répugnant, je peux te détailler les méthodes asiatiques aussi.

Pour terminer, j'ajouterais que le nom du protagoniste, Lôkhî, fait très peu vieil-anglais. Dans un pays en guerre qui n'accepte pas de laisser pénétrer les étrangers s'ils ne parlent pas la langue locale, ça fait bizarre. Je ne sais pas si le dieu Loki possède un équivalent connu en vieil-anglais (j'en doute), mais tu pourrais toujours utiliser la forme adoptée par Wagner : Loge (prononcé Logué, bien sûr).
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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