07.01.2019, 14:12
Pour ma part, et je n'ai aucune hésitation là-dessus, c'est le Conseil d'Elrond (eh oui, j'ai été outrageusement grillé par Irwin ).
Pour moi, ce chapitre est une réussite absolue, à tous égards ; par sa structure, par ses procédés littéraires, par la richesse de son imaginaire, par son habileté à faire découvrir tout à coup un monde, sans que jamais cela ne paraisse pas forcé, sans que cela ne prenne un seul instant les allures d'un catalogue ou d'un guide touristique. C'est toute la géopolitique de la Terre du Milieu qui se révèle en quelques pages, avec une habileté, une intensité, une maîtrise, une force d'écriture, qui ne laissent pas de me subjuguer profondément.
Il faut le dire, aussi, j'affectionne particulièrement les récits dans le récit et ce chapitre en compte plusieurs, tous passionnants : le rêve et le voyage de Boromir, la captivité de Gandalf, les avertissements d'Elrond à Isildur... Chaque personnage semble avoir soudain sa part à jouer dans un grand et vaste ensemble dont les Hobbits comprennent n'être qu'une toute petite pièce. Les intentions rivales, antagonistes, se révèlent, on sent palpiter des motivations d'ordre divers, on sent s'affronter sourdement les intérêts de tel et tel. Et pourtant, rien n'est gratuit, il y a une progression dans l'ensemble, un récit qui se construit, presque un roman dans le roman, avec ses multiples facettes.
Ce chapitre pour moi brille par-dessus tout les autres. C'est à mes yeux le modèle de la réussite dans le champ des littératures de l'imaginaire. C'est le chapitre par lequel l'intrigue prend enfin tout son sens ; tout le reste me paraît n'en être que le long déroulé, mais le principe est posé là, d'emblée. On a déjà traversé le Gondor, le Rohan, le Mordor, et il ne reste plus qu'à suivre les chemins suggérés.
Mais il y a plus. Pour moi, ce chapitre est aussi un acte de naissance d'un nouveau genre littéraire - celui qu'on a appelé la "high fantasy". Car le Hobbit, tout comme le premier livre du Seigneur des Anneaux, sont des romans d'aventure, avec tout ce que cela comporte de plaisir et de merveilleux. Mais avec le Conseil d'Elrond, on passe à un tout autre registre. Il ne s'agit plus de partir à l'aventure sur les chemins, avec un vague objectif en tête (récupérer un trésor, apporter un Anneau chez un Elfe). Il s'agit de planifier une trajectoire (et plusieurs trajectoires en même temps, comme il se révèle) pour aboutir à cet objectif, en tenant compte, autant que possible, de toutes les contraintes. On sait plus ou moins déjà quels périls réserve le chemin ; ce qu'on ignore, c'est la manière dont on les surmontera. Il ne s'agit plus du tout, dès lors, d'un roman d'aventures. Le Seigneur des Anneaux change soudain de registre.
Bon, je me suis longtemps étendu, et je vous prie de m'en excuser, mais que voulez-vous, je suis fan de ce chapitre !
Bien en-dessous, j'affectionne aussi "La dissolution de la Communauté", "Les Uruk-hai", "Les choix de maître Samsaget", "Le Nettoyage du Comté" (forcément) et enfin "Les Havres Gris", qui constitue un excellent épilogue comme on en trouve rarement (et il m'avait semblé navrant il y a quinze ans d'en voir la version laborieuse et larmoyante de Peter Jackson, dont j'apprécie pourtant énormément le travail).
Pour moi, ce chapitre est une réussite absolue, à tous égards ; par sa structure, par ses procédés littéraires, par la richesse de son imaginaire, par son habileté à faire découvrir tout à coup un monde, sans que jamais cela ne paraisse pas forcé, sans que cela ne prenne un seul instant les allures d'un catalogue ou d'un guide touristique. C'est toute la géopolitique de la Terre du Milieu qui se révèle en quelques pages, avec une habileté, une intensité, une maîtrise, une force d'écriture, qui ne laissent pas de me subjuguer profondément.
Il faut le dire, aussi, j'affectionne particulièrement les récits dans le récit et ce chapitre en compte plusieurs, tous passionnants : le rêve et le voyage de Boromir, la captivité de Gandalf, les avertissements d'Elrond à Isildur... Chaque personnage semble avoir soudain sa part à jouer dans un grand et vaste ensemble dont les Hobbits comprennent n'être qu'une toute petite pièce. Les intentions rivales, antagonistes, se révèlent, on sent palpiter des motivations d'ordre divers, on sent s'affronter sourdement les intérêts de tel et tel. Et pourtant, rien n'est gratuit, il y a une progression dans l'ensemble, un récit qui se construit, presque un roman dans le roman, avec ses multiples facettes.
Ce chapitre pour moi brille par-dessus tout les autres. C'est à mes yeux le modèle de la réussite dans le champ des littératures de l'imaginaire. C'est le chapitre par lequel l'intrigue prend enfin tout son sens ; tout le reste me paraît n'en être que le long déroulé, mais le principe est posé là, d'emblée. On a déjà traversé le Gondor, le Rohan, le Mordor, et il ne reste plus qu'à suivre les chemins suggérés.
Mais il y a plus. Pour moi, ce chapitre est aussi un acte de naissance d'un nouveau genre littéraire - celui qu'on a appelé la "high fantasy". Car le Hobbit, tout comme le premier livre du Seigneur des Anneaux, sont des romans d'aventure, avec tout ce que cela comporte de plaisir et de merveilleux. Mais avec le Conseil d'Elrond, on passe à un tout autre registre. Il ne s'agit plus de partir à l'aventure sur les chemins, avec un vague objectif en tête (récupérer un trésor, apporter un Anneau chez un Elfe). Il s'agit de planifier une trajectoire (et plusieurs trajectoires en même temps, comme il se révèle) pour aboutir à cet objectif, en tenant compte, autant que possible, de toutes les contraintes. On sait plus ou moins déjà quels périls réserve le chemin ; ce qu'on ignore, c'est la manière dont on les surmontera. Il ne s'agit plus du tout, dès lors, d'un roman d'aventures. Le Seigneur des Anneaux change soudain de registre.
Bon, je me suis longtemps étendu, et je vous prie de m'en excuser, mais que voulez-vous, je suis fan de ce chapitre !
Bien en-dessous, j'affectionne aussi "La dissolution de la Communauté", "Les Uruk-hai", "Les choix de maître Samsaget", "Le Nettoyage du Comté" (forcément) et enfin "Les Havres Gris", qui constitue un excellent épilogue comme on en trouve rarement (et il m'avait semblé navrant il y a quinze ans d'en voir la version laborieuse et larmoyante de Peter Jackson, dont j'apprécie pourtant énormément le travail).