06.11.2017, 16:59
Si l'on admet la véracité de l'ascendance de Narsil, il reste une coïncidence qu'il faut expliquer, car elle peut poser problème pour la crédibilité du récit : pourquoi Elendil nommerait ses enfants, et organiserait son royaume autour du nom et de l'apparence d'une épée, certes millénaire mais ni royale, ni divine ?
Dans les brouillons du SdA, Narsil n'apparaît pas, et "Branding" est l'épée brisée d'Elendil qui sera reforgée par le roi qui réunira les Hommes autour de lui. Tolkien a construit l'identité de Narsil en faisant coïncider la lumière qu'elle réfléchissait avec son rôle arthurien. Car, lorsque l'épée fut brisée, sa lumière aussi, une lumière ambivalente, qui évoquait la lumière du soleil et celle de la lune, fut perdue.
La coïncidence va un peu plus loin quand Elendil nomme ses enfants à la semblance de son épée, puisque Anarion va résider à Minas Anor en Anorien, et Isildur à Minas Ithil en Ithilien, cependant qu'ils gouverneront le Gondor ensemble depuis le Dôme des Etoiles dans la citadelle des Etoiles (Osgiliath), Elendil (ami des étoiles) étant en effet l'unique représentant légitime du pouvoir des Hommes au regard des dieux.
Cette fascination d'Elendil pour le soleil et la lune est donc indissociable de celle pour les étoiles et s'inscrit dans une conception plutôt aboutie de l'organisation politique. On pourrait parler de philosophie politique, mais même de religion politique tellement l'aspect divin de la lumière organise sa pensée - peut-être la lumière bénéficiait-elle aussi d'une sorte de culte des elendili de Nùmenor, mais cette idée n'est même pas nécessaire. De cette manière, on justifie le fait qu'Elendil, Fidèle parmi les Fidèles, ait nommé ses fils en référence à la lumière d'une épée, que sa maison possédait peut-être mais qui n'avait jamais été connue pour quelque haut fait, et qu'Elendil avait peut-être choisie pour son nom et sa lueur.
Une telle ferveur ne suffit néanmoins pas à expliquer la coïncidence entre, d'une part, la chute d'Elendil et d'Isildur entraînant la division définitive de l'Arnor et du Gondor, et d'autre part la perte de cette fameuse lumière de Narsil, si symbolique du pouvoir des Hommes, lorsque l'épée fut brisée (SdA II.2 "Narsil was broken and its light extinguished" : à noter qu'Elendil meurt en même temps que cette lumière, puisque c'est lui-même qui la brise en mourant). Ces deux choses dépassent de loin la seule volonté et vie d'Elendil, et la coïncidence ne peut être maintenue qu'en y voyant la main d'Eru, qui aurait fait correspondre cette religion avec sa lignée. Or, Isildur avait pris la tête des deux royaumes à la mort de son père (ou du moins s'apprêtait-il à le faire en rejoignant l'Arnor) : l'abandon de la lumière de Narsil était le signe manifeste que la faveur divine l'avait abandonné et que cette unité n'était pas possible. Davantage qu'une punition pour le péché d'orgueil d'Isildur, j'y distinguerais le plan général d'Eru, dont les grandes lignes se répercutaient dans les prophéties de Malbeth le Voyant. En ce sens, Elendil a été un instrument d'Eru, envoyé et sacrifié, dont la vie et la lignée sont si intimement mêlées avec les desseins d'Eru que la réponse à l'origine de Narsil se situe probablement dans cet entre-deux
Dans les brouillons du SdA, Narsil n'apparaît pas, et "Branding" est l'épée brisée d'Elendil qui sera reforgée par le roi qui réunira les Hommes autour de lui. Tolkien a construit l'identité de Narsil en faisant coïncider la lumière qu'elle réfléchissait avec son rôle arthurien. Car, lorsque l'épée fut brisée, sa lumière aussi, une lumière ambivalente, qui évoquait la lumière du soleil et celle de la lune, fut perdue.
La coïncidence va un peu plus loin quand Elendil nomme ses enfants à la semblance de son épée, puisque Anarion va résider à Minas Anor en Anorien, et Isildur à Minas Ithil en Ithilien, cependant qu'ils gouverneront le Gondor ensemble depuis le Dôme des Etoiles dans la citadelle des Etoiles (Osgiliath), Elendil (ami des étoiles) étant en effet l'unique représentant légitime du pouvoir des Hommes au regard des dieux.
Cette fascination d'Elendil pour le soleil et la lune est donc indissociable de celle pour les étoiles et s'inscrit dans une conception plutôt aboutie de l'organisation politique. On pourrait parler de philosophie politique, mais même de religion politique tellement l'aspect divin de la lumière organise sa pensée - peut-être la lumière bénéficiait-elle aussi d'une sorte de culte des elendili de Nùmenor, mais cette idée n'est même pas nécessaire. De cette manière, on justifie le fait qu'Elendil, Fidèle parmi les Fidèles, ait nommé ses fils en référence à la lumière d'une épée, que sa maison possédait peut-être mais qui n'avait jamais été connue pour quelque haut fait, et qu'Elendil avait peut-être choisie pour son nom et sa lueur.
Une telle ferveur ne suffit néanmoins pas à expliquer la coïncidence entre, d'une part, la chute d'Elendil et d'Isildur entraînant la division définitive de l'Arnor et du Gondor, et d'autre part la perte de cette fameuse lumière de Narsil, si symbolique du pouvoir des Hommes, lorsque l'épée fut brisée (SdA II.2 "Narsil was broken and its light extinguished" : à noter qu'Elendil meurt en même temps que cette lumière, puisque c'est lui-même qui la brise en mourant). Ces deux choses dépassent de loin la seule volonté et vie d'Elendil, et la coïncidence ne peut être maintenue qu'en y voyant la main d'Eru, qui aurait fait correspondre cette religion avec sa lignée. Or, Isildur avait pris la tête des deux royaumes à la mort de son père (ou du moins s'apprêtait-il à le faire en rejoignant l'Arnor) : l'abandon de la lumière de Narsil était le signe manifeste que la faveur divine l'avait abandonné et que cette unité n'était pas possible. Davantage qu'une punition pour le péché d'orgueil d'Isildur, j'y distinguerais le plan général d'Eru, dont les grandes lignes se répercutaient dans les prophéties de Malbeth le Voyant. En ce sens, Elendil a été un instrument d'Eru, envoyé et sacrifié, dont la vie et la lignée sont si intimement mêlées avec les desseins d'Eru que la réponse à l'origine de Narsil se situe probablement dans cet entre-deux