15.12.2013, 16:23
Bien : je suis venu, j'ai vu, je suis déçu.
Commençons pas évacuer la question de l'adaptation : le film perd tout lien avec une œuvre de Tolkien (hormis quelques noms propres) à partir du moment où Beorn apparaît à l'écran. C'est-à-dire depuis le troisième plan visuel de ce nouveau volet, si ma mémoire ne me joue pas des tours. Il est donc inutile de creuser cet aspect plus avant.
Que vaut alors le film sur son terrain propre ? Un bon point d'abord, la question visuelle. En-dehors de l'or en fusion, dont l'aspect ne me convainc pas (mais je ne suis pas orfèvre, alors je peux me tromper), les effets spéciaux sont remarquablement réussis. Idem pour les décors, comme toujours. Le seul point faible de ce côté-là est l'omniprésence des montagnes à l'horizon, y compris en plein cœur de Mirkwood. Mais puisque c'est un aspect qui est en lien avec l'adaptation de l'histoire de Tolkien, je ne m'y attarderai pas. Au demeurant, le raccourcissement des distances est clairement voulu, puisque cela permet aux personnages de se téléporter à volonté là où est l'action, ce qui est quand même bien pratique.
Qu'en est-il des prises de vues elles-mêmes ? Je trouve que PJ a fait des progrès sur ce point. Les plans larges des paysages sont toujours bien tournés. Les combats sont un peu épileptiques, mais c'est une constante des films d'action modernes et on voit bien pire ces temps-ci. J'ai d'ailleurs trouvé PJ plus sobre qu'à certaines occasions antérieures. L'absence de bataille rangée contribue certainement à cette impression : j'ai toujours été d'avis que PJ ne savait filmer les batailles que comme une somme de combats individuels, ce que je considère généralement décevant. La 3D se justifie parfois fort bien pour certaines scènes, très réussies, mais je l'ai déjà vue mieux employée en moyenne dans d'autres films. Les 48 images par secondes rendent la 3D très fluides sans gâcher les couleurs de la pellicule, je n'ai donc rien à redire à ce sujet.
Globalement, le film est bien rythmé, surtout pour ceux qui aiment les courses-poursuites invraisemblables et les combats permanents ou presque. Tout cela est tenu par des ficelles aussi discrètes que des chaînes d'ancre, mais qu'importe : le rythme de l'action permet de mettre le sens critique en veilleuse, et c'est une bonne chose.
Car il reste justement à aborder l'aspect scénaristique. C'est évidemment là qu'est le drame. À ce niveau-là, on ne peut plus parler de failles, mais de gouffres de la dimension de la Moria. Trois exemples :
1) les personnages adorent agir sans raison, surtout si cela leur permet de faire le contraire de ce qu'ils faisaient la minute d'avant : Thorin est l'exemple-type, mais il est loin d'être seul, Gandalf et Azog sont d'excellents émules, tandis que Bard est un magnifique challenger ;
2) la présence ou l'absence de personnages (par exemple : des gardes, mais aussi des acteurs à part entière, comme le Maître de Lacville) n'est là que pour continuer à creuser les trous du scénario et lui faire prendre des directions aussi absurdes que caricaturales (un grand merci à notre fameux triangle amoureux, qui hausse considérablement le niveau de la compétition) ;
3) j'ai failli dire que le bruit est l'apanage des personnages qui sont visibles à l'écran, mais ce serait réducteur : le bruit émis par les personnages est juste inversement proportionnel à sa crédibilité. Bilbo seul fait un raffut de tous les diables, surtout quand on lui rappelle d'être silencieux. Treize Nains en armures en train de courir peuvent eux être aussi silencieux que les Orques-ninjas montés sur des Wargs qui montent des expéditions dignes des forces spéciales américaines. Autrement dit, les uns et les autres peuvent échapper à toute détection, quand bien même ils seraient visibles comme le nez au milieu de la figure. Mais comme tous les acteurs s'arrangent pour regarder du côté qui favorise la direction dans laquelle on fait aller le récit à coups de cravache, tout est bien qui fini bien.
Bref, en tant que film et en tant qu'adaptation, à l'exception toutefois de l'aspect visuel, ce deuxième volet ferait presque passer Eragon pour un chef d'œuvre du septième art. C'est dire...
Commençons pas évacuer la question de l'adaptation : le film perd tout lien avec une œuvre de Tolkien (hormis quelques noms propres) à partir du moment où Beorn apparaît à l'écran. C'est-à-dire depuis le troisième plan visuel de ce nouveau volet, si ma mémoire ne me joue pas des tours. Il est donc inutile de creuser cet aspect plus avant.
Que vaut alors le film sur son terrain propre ? Un bon point d'abord, la question visuelle. En-dehors de l'or en fusion, dont l'aspect ne me convainc pas (mais je ne suis pas orfèvre, alors je peux me tromper), les effets spéciaux sont remarquablement réussis. Idem pour les décors, comme toujours. Le seul point faible de ce côté-là est l'omniprésence des montagnes à l'horizon, y compris en plein cœur de Mirkwood. Mais puisque c'est un aspect qui est en lien avec l'adaptation de l'histoire de Tolkien, je ne m'y attarderai pas. Au demeurant, le raccourcissement des distances est clairement voulu, puisque cela permet aux personnages de se téléporter à volonté là où est l'action, ce qui est quand même bien pratique.
Qu'en est-il des prises de vues elles-mêmes ? Je trouve que PJ a fait des progrès sur ce point. Les plans larges des paysages sont toujours bien tournés. Les combats sont un peu épileptiques, mais c'est une constante des films d'action modernes et on voit bien pire ces temps-ci. J'ai d'ailleurs trouvé PJ plus sobre qu'à certaines occasions antérieures. L'absence de bataille rangée contribue certainement à cette impression : j'ai toujours été d'avis que PJ ne savait filmer les batailles que comme une somme de combats individuels, ce que je considère généralement décevant. La 3D se justifie parfois fort bien pour certaines scènes, très réussies, mais je l'ai déjà vue mieux employée en moyenne dans d'autres films. Les 48 images par secondes rendent la 3D très fluides sans gâcher les couleurs de la pellicule, je n'ai donc rien à redire à ce sujet.
Globalement, le film est bien rythmé, surtout pour ceux qui aiment les courses-poursuites invraisemblables et les combats permanents ou presque. Tout cela est tenu par des ficelles aussi discrètes que des chaînes d'ancre, mais qu'importe : le rythme de l'action permet de mettre le sens critique en veilleuse, et c'est une bonne chose.
Car il reste justement à aborder l'aspect scénaristique. C'est évidemment là qu'est le drame. À ce niveau-là, on ne peut plus parler de failles, mais de gouffres de la dimension de la Moria. Trois exemples :
1) les personnages adorent agir sans raison, surtout si cela leur permet de faire le contraire de ce qu'ils faisaient la minute d'avant : Thorin est l'exemple-type, mais il est loin d'être seul, Gandalf et Azog sont d'excellents émules, tandis que Bard est un magnifique challenger ;
2) la présence ou l'absence de personnages (par exemple : des gardes, mais aussi des acteurs à part entière, comme le Maître de Lacville) n'est là que pour continuer à creuser les trous du scénario et lui faire prendre des directions aussi absurdes que caricaturales (un grand merci à notre fameux triangle amoureux, qui hausse considérablement le niveau de la compétition) ;
3) j'ai failli dire que le bruit est l'apanage des personnages qui sont visibles à l'écran, mais ce serait réducteur : le bruit émis par les personnages est juste inversement proportionnel à sa crédibilité. Bilbo seul fait un raffut de tous les diables, surtout quand on lui rappelle d'être silencieux. Treize Nains en armures en train de courir peuvent eux être aussi silencieux que les Orques-ninjas montés sur des Wargs qui montent des expéditions dignes des forces spéciales américaines. Autrement dit, les uns et les autres peuvent échapper à toute détection, quand bien même ils seraient visibles comme le nez au milieu de la figure. Mais comme tous les acteurs s'arrangent pour regarder du côté qui favorise la direction dans laquelle on fait aller le récit à coups de cravache, tout est bien qui fini bien.
Bref, en tant que film et en tant qu'adaptation, à l'exception toutefois de l'aspect visuel, ce deuxième volet ferait presque passer Eragon pour un chef d'œuvre du septième art. C'est dire...
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland