16.01.2010, 15:47
Grâce à Sigmin, j'ai pu découvrir un forum, qui je l'espère va me redonner le goût de l'écriture, et surtout d'une écriture rapide, où les extraits sont publiés les uns après les autres avec seulement quelques jours d'intervalles, afin de ne pas trop user les nerfs de nos précieux lecteurs.
Il s'agit sur ce forum, avec un personnage que l'on s'est créé, de mener à bien les diverses missions que l'on veut bien vous donner. Ainsi les Chroniques du Faucheur viennent-elles tout récemment de voir le jour. Leur récit début le 12 février d'un hiver ensoleillé, en l'An de Grâce 3019, dans la royale Cité de Meduseld. Théoden, son roi, n'est pas encore libéré du joug de Saruman. En voici pour vous le prélude.
L'archet se posa délicatement sur les cordes du violon et soudain, la musique fusa. D'abord douces, les notes émèrgèrent légères hors de l'instrument. Elles semblaient pareilles à d'évanescentes danseuses qui d'une gracieuse révérence saluaient le trône royal ; et glissant sur les entrelacs boisés des colonnes du Château d'Or, les accords s'envolaient. Les fresques et les tapisseries semblaient alors prendre vie et le monde tourner autour du petit homme au rythme de ses doigts aux gants percés. Son menton couvert d'une barbe hirsute reposait contre le bois du violon, l'accompagnait à chacun de ses mouvements, tandis que les yeux clos, Lôkhî, le violoniste s'envolait avec sa musique et se souvenait...
Elle était vêtue de noir et tendait désespéremment sa main brûlée en signe de supplication. De l'autre elle tenait son fils, un petit enfant, collé contre sa jambe. Il semblait terrifié d'entendre crier avec sa mère tous ces miséreux : le vieillard borgne et estropié rampant sur les marches, le frère et la soeur se soutenant mutuellement, l'orpheline en haillon et la veuve éplorée, le casque d'un orque pendant au bout de son bras. Tous gémissaient après leurs familles défuntes, leurs villages pillés par les hordes sauvages et imploraient le secours du Roi sur les marches de son palais. Mais sa porte était close et ses soldats la gardaient. Théoden, seigneur de la Marche, sénile et impotent, demeurait sourd à leurs prières...
Sur son trône d'or, il écoutait à présent, le regard vide, la bouche pendante, les notes du violon, leur accent étranger et les sentiments enfouis qu'elles décelaient. Assis à ses pieds, tel un serpent lové, un homme au teint livide leva un instant ses lourdes paupières pour fixer le musicien de ses yeux sombres. Lôkhî sentit alors toute l'aversion qu'exprimait ce regard venimeux, le même que le petit homme avait eu pour la pauvre veuve devant la porte du palais...
La femme fut projetée hors d'atteinte des battants. Sa chevelure d'ivoire maculée de sang heurta la pierre du perron et aussitôt deux paires de mains musclées la saisirent de part et d'autre. Elles la relevèrent, puis un solide poing lui martelant le ventre, elle retomba à genoux. À cet instant surgit une ombre de derrière les gardes, vêtue de cendre et au visage laiteux. Son regard noir fixait l'impudente qui avait tenté de franchir la porte du palais et de ses doigts livides, Grima, le conseiller du Roi, laissa tomber à ses pieds l'objet qu'elle avait apporté : le casque d'un orque marqué du signe de la main blanche. Alors dans un gémissement étouffé, les gardes la jetèrent hors du perron et son corps dévala les marches sous le regard des miséreux. C'est à ce moment qu'il apparut.
Son archet caressait les cordes de son violon, dans un air d'une tendre mélancolie. Il était vêtu tel un mendiant vielli et crasseux. Une faux était attaché derrière son dos. À sa vue, la foule s'écarta et il se fraya un passage à travers elle. Ses bottes usées passèrent près du corps inanimé de la veuve sans s'arrêter puis grimpèrent les marches de pierre. Et lorsqu'il parvint à hauteur de la porte, les gardes découvrirent son visage ravagé peinturé de rouge. Alors l'archet se tut. Ses yeux se posèrent sur Grima, comme pour le démasquer, puis ses lèvres esquissèrent un sourire. Et soudain, il ouvrit grand les bras tenant d'une main son violon, de l'autre son archet. À cet instant les doigts laiteux du conseiller se levèrent et ils auraient donné l'ordre de chasser l'importun si une douce main drapée de blanc n'avait arrêté son bras...
À ce souvenir, le violoniste sourit et brusquement sa musique se fit plus enjouée. Elle jaillissait à présent telle une myriade d'oiseaux multicolores qui emplissaient la salle de leurs pépiements et venaient voleter autour d'Eowyn, dame blanche d'Edoras. Pour elle, l'archet joua un air de liberté ; pour elles, les doigts du violoniste pincèrent les cordes de l'allégresse. Quand soudain naquit le regret : il regretta de ne pouvoir lui offrir la clé pour ouvrir la cage dorée qui l'enfermait ; il regretta sa faux sur le perron qui d'un trait sanglant aurait pu lui rendre cette liberté qu'elle désirait tant, elle, fière vierge du Rohan que couvait le regard venimeux mais amoureux de Grima. Alors la musique se tut et brusquement les portes du palais se refèrmèrent sur Lôkhî.
Il se tenait sur le perron à présent, une bourse à la main et la mélancolie au coeur. Il plaça le sac de pièces d'or dans le crâne attaché à sa ceinture. Puis se courbant il tendit sa main au gant percé pour ramasser sa faux. C'est alors que lui parvint le hennissement d'un cheval. Au bas des marches venait de surgir un cavalier, porteur d'un urgent message pour son souverain, qu'un page de Grima vint accueillir. Lôkhî comprit alors par où il devait commencer ses recherches. Il sourit sous le soleil radieux de cet après-midi de février : sa mission débutait.
Il s'agit sur ce forum, avec un personnage que l'on s'est créé, de mener à bien les diverses missions que l'on veut bien vous donner. Ainsi les Chroniques du Faucheur viennent-elles tout récemment de voir le jour. Leur récit début le 12 février d'un hiver ensoleillé, en l'An de Grâce 3019, dans la royale Cité de Meduseld. Théoden, son roi, n'est pas encore libéré du joug de Saruman. En voici pour vous le prélude.
L'archet se posa délicatement sur les cordes du violon et soudain, la musique fusa. D'abord douces, les notes émèrgèrent légères hors de l'instrument. Elles semblaient pareilles à d'évanescentes danseuses qui d'une gracieuse révérence saluaient le trône royal ; et glissant sur les entrelacs boisés des colonnes du Château d'Or, les accords s'envolaient. Les fresques et les tapisseries semblaient alors prendre vie et le monde tourner autour du petit homme au rythme de ses doigts aux gants percés. Son menton couvert d'une barbe hirsute reposait contre le bois du violon, l'accompagnait à chacun de ses mouvements, tandis que les yeux clos, Lôkhî, le violoniste s'envolait avec sa musique et se souvenait...
Elle était vêtue de noir et tendait désespéremment sa main brûlée en signe de supplication. De l'autre elle tenait son fils, un petit enfant, collé contre sa jambe. Il semblait terrifié d'entendre crier avec sa mère tous ces miséreux : le vieillard borgne et estropié rampant sur les marches, le frère et la soeur se soutenant mutuellement, l'orpheline en haillon et la veuve éplorée, le casque d'un orque pendant au bout de son bras. Tous gémissaient après leurs familles défuntes, leurs villages pillés par les hordes sauvages et imploraient le secours du Roi sur les marches de son palais. Mais sa porte était close et ses soldats la gardaient. Théoden, seigneur de la Marche, sénile et impotent, demeurait sourd à leurs prières...
Sur son trône d'or, il écoutait à présent, le regard vide, la bouche pendante, les notes du violon, leur accent étranger et les sentiments enfouis qu'elles décelaient. Assis à ses pieds, tel un serpent lové, un homme au teint livide leva un instant ses lourdes paupières pour fixer le musicien de ses yeux sombres. Lôkhî sentit alors toute l'aversion qu'exprimait ce regard venimeux, le même que le petit homme avait eu pour la pauvre veuve devant la porte du palais...
La femme fut projetée hors d'atteinte des battants. Sa chevelure d'ivoire maculée de sang heurta la pierre du perron et aussitôt deux paires de mains musclées la saisirent de part et d'autre. Elles la relevèrent, puis un solide poing lui martelant le ventre, elle retomba à genoux. À cet instant surgit une ombre de derrière les gardes, vêtue de cendre et au visage laiteux. Son regard noir fixait l'impudente qui avait tenté de franchir la porte du palais et de ses doigts livides, Grima, le conseiller du Roi, laissa tomber à ses pieds l'objet qu'elle avait apporté : le casque d'un orque marqué du signe de la main blanche. Alors dans un gémissement étouffé, les gardes la jetèrent hors du perron et son corps dévala les marches sous le regard des miséreux. C'est à ce moment qu'il apparut.
Son archet caressait les cordes de son violon, dans un air d'une tendre mélancolie. Il était vêtu tel un mendiant vielli et crasseux. Une faux était attaché derrière son dos. À sa vue, la foule s'écarta et il se fraya un passage à travers elle. Ses bottes usées passèrent près du corps inanimé de la veuve sans s'arrêter puis grimpèrent les marches de pierre. Et lorsqu'il parvint à hauteur de la porte, les gardes découvrirent son visage ravagé peinturé de rouge. Alors l'archet se tut. Ses yeux se posèrent sur Grima, comme pour le démasquer, puis ses lèvres esquissèrent un sourire. Et soudain, il ouvrit grand les bras tenant d'une main son violon, de l'autre son archet. À cet instant les doigts laiteux du conseiller se levèrent et ils auraient donné l'ordre de chasser l'importun si une douce main drapée de blanc n'avait arrêté son bras...
À ce souvenir, le violoniste sourit et brusquement sa musique se fit plus enjouée. Elle jaillissait à présent telle une myriade d'oiseaux multicolores qui emplissaient la salle de leurs pépiements et venaient voleter autour d'Eowyn, dame blanche d'Edoras. Pour elle, l'archet joua un air de liberté ; pour elles, les doigts du violoniste pincèrent les cordes de l'allégresse. Quand soudain naquit le regret : il regretta de ne pouvoir lui offrir la clé pour ouvrir la cage dorée qui l'enfermait ; il regretta sa faux sur le perron qui d'un trait sanglant aurait pu lui rendre cette liberté qu'elle désirait tant, elle, fière vierge du Rohan que couvait le regard venimeux mais amoureux de Grima. Alors la musique se tut et brusquement les portes du palais se refèrmèrent sur Lôkhî.
Il se tenait sur le perron à présent, une bourse à la main et la mélancolie au coeur. Il plaça le sac de pièces d'or dans le crâne attaché à sa ceinture. Puis se courbant il tendit sa main au gant percé pour ramasser sa faux. C'est alors que lui parvint le hennissement d'un cheval. Au bas des marches venait de surgir un cavalier, porteur d'un urgent message pour son souverain, qu'un page de Grima vint accueillir. Lôkhî comprit alors par où il devait commencer ses recherches. Il sourit sous le soleil radieux de cet après-midi de février : sa mission débutait.