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11.09.2008, 21:21
(Modification du message : 23.12.2008, 11:04 par Juliεη.)
En lisant les CLI2, une histoire m'est venue à l'esprit. Comme ici je n'ai fait que critiquer et commenter, il faut bien aussi que je me mouille un peu aussi!
L'histoire, je l'ai commencée avant-hier ; voilà ce que donne le début:
Citation : Pour l'Honneur
Des Mirdain
Fan-fiction inspirée de l'oeuvre de
J.R.R. Tolkien
A propos des Gwaith-i-Mirdain
Celebrimbor était fils de Curufin et descendant de Fëanor. Artisan Noldorin, il était obsédé à la manière des Nains par les travaux d'artisanat ; et bientôt il devint le premier artificier d'Eregion, se liant étroitement avec les Nains du Khazad-dûm, et parmi eux avec Narvi qui devint son meilleur ami. Les Elfes et les Nains tiraient grand profit mutuel de leur association ; et l'Eregion devint plus forte, et les Khazad-düm bien plus avenantes que si chacun était resté de son côté.
Sauron eut vent de ces entreprises, c'est pourquoi il laissa le pays d'Eriador pour un temps, et il choisit le pays Mordor, car tel devait être son nom plus tard. Lorsqu'il se sentit en sécurité, il envoya des émissaires en Eriador et finalement, vers l'année 200 du Second-Age, il vint en personne, ayant revêtu la plus avenante figure qu'il pût se donner.
Galadriel et Gil-Galad, pour leur part, refusèrent l'accès en leurs pays aux émissaires de Sauron et à lui-même. Mais celui-ci réussit mieux auprès des Noldor d'Eregion et plus particulièrement auprès de Celebrimbor qui en son coeur aspirait à la gloire de Fëanor et jalousait son savoir-faire. Sauron exerça ses noirs enchantements sur l'artisan Noldorin et ses compagnons forgerons, lesquels avaient formé une société ou confrérie très puissante en Eregion, les Gwaith-i-Mirdain ; mais ils travaillaient en secret et à l'insu de Galadriel et de Celeborn son époux. Bientôt, Sauron gagna pleine maîtrise sur les Gwaith-i-Mirdain, car au début ils tirèrent grand profit de ses enseignements touchant les pratiques de leur art. Et si forte fut son emprise qu'à la longue, il les persuada de se révolter contre Galadriel et Celeborn et de s'emparer du pouvoir en Ergion ; et cela se situe au second-Age, entre 1350 et 1400.
Sauron lui-même devait abandonner l'Eregion vers l'année 1500, après que les Mirdain eurent entrepris la fabrication des Anneaux du Pouvoir. Or Celebrimbor était loyal de coeur et d'allégeance, mais il avait accepté Sauron pour ce qu'il prétendait être ; toutefois il finit par découvrir l'existence du Maître Anneau, et alors se révolta contre Sauron et s'en alla au Lorinand (Lorien) solliciter à nouveau les conseils de Galadriel.
Lorsque Sauron apprit le repentir et la rébellion de Celebrimbor, il jeta bas le masque et donna libre cours à sa fureur, et rassemblant une puissante armée, il traversa le Calenardhon (Rohan) pour envahir l'Eriador, en l'année 1695. Lorsque gil-Galad apprit la chose, il envoya un fort détachement sous le commandement d'Elrond le Demi-Elfe ; mais Elrond avait du chemin à faire, et Sauron obliqua vers le nord et marcha droit sur Eregion. Ses éclaireurs et son avant-garde étaient déjà en vue, lorsque Celeborn fit une sortie et les refoula ; mais bien qu'il parvint à faire sa jonction avec Elrond, ils ne purent revenir en Eregion, car l'armée de Sauron était beaucoup plus considérable que leurs forces même réunies, une armée capable de les tenir, eux, à distance respectueuse, et d'investir étroitement l'Eregion.
A la fin, les assaillants s'engouffrèrent dans la place où ils emèrent la ruine et la dévastation, et tentèrent de s'emparer de ce qui avait été l'objectif principal de Sauron : la Maison des Mirdain.
( D'après Contes et Légendes Inachevées,
Le Second Age,
A propos de Galadriel et de Celborn )
Citation :Prologue
Lamentations
Pleure Ost-in-Edhil, pleure ton sein ravagé
Et ta terre calcinée. Les demeures de tes enfants
Brûlent et leurs corps gisent sans vie dans la cendre.
Tes yeux rougis par les larmes voient
Leurs visages défigurés, leur bouche entr'ouverte
Dans un cri d'horreur qu'aucun souffle
Jamais ne ranimera. Ils sont morts,
Les tronçons brisés de leur arme à la main ;
Et même les milliers de cadavres puants de leurs ennemis
Ne suffisent pas à te consoler.
Ils sont morts en héros,
Mais dans ton coeur tu te ris de cette vanité
Et de cette gloire qui désormais est leur.
Car tu eusses bien mieux préféré qu'ils vivent,
Dans la honte, mais qu'ils vivent,
Plutôt que de contempler ainsi leurs dépouilles.
Pleure Ost-in-Edhil, pleure
Car pour toi le pire reste à venir.
Déjà tes yeux se voilent et des tes voeux
Tu appelles la Mort qui jusque-là t'a épargnée.
Que cesse la Souffrance,
Et que vienne l'Oubli!
Mais le Destin est railleur
Et comme dans une mauvaise farce tu vois surgir
De l'ombre quatre silouhettes indistinctes.
Fières et nobles elles s'avancent,
Effleurant de leurs hautes bottes ta terre embrasée.
Leurs armures brillent des flammes
Qui te dévorent et leurs froides lames
Etincellent des rayons de la Lune.
Sous leurs casque luisants volent
Les longs cheveux d'or et d'argent
Et sur leurs visages couverts de sang
Tu aperçois le feu qui couve en leurs yeux.
Dans ta poitrine ton coeur ne fait qu'un bond
Et soudain, tu les reconnais
Tes enfants, les Mirdain.
A leur tête Celebrimbor,
Habile artisan et guerrier intrépide ;
Anedor son bien-aimé cousin l'accompagne
Ainsi que le fidèle Progonas
Et son jeune fils Anatïel.
Tous les quatre ils s'en vont
Affronter leur destin et en ton coeur
Tu les maudis, fous qu'ils sont :
Maudits soyez-vous Mirdains
Vous et vos oeuvres funestes!
Maudites vos oreilles qui crurent
Aux mensonges d'Annatar!
Maudit ce jour où vous, mes enfants
Vous mourrez!
Et dans ta colère tu retombes
Sans force et tu les vois partir
Happés par le Néant.
Pleure donc Ost-in-Edhil,
Pleure tant que tu le peux ;
Car aujourd'hui, funeste cité,
Ton agonie prend fin.
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Ce début est intéressant. Quelle bonne idée de s'adresser à une ville pleurant ces habitants morts!
Mais bon, c'est toujours aussi glauque pour moi, je trouve que ça manque un peu de fraîcheur... mais je sais que tu aimes ces thèmes, alors je me tais!
Vivement la suite! Celebrimbor n'est pas un personnage très connu...
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C'est très bien réussit ! Après l'avoir lus, en est tout comme ci comme ça !
Vivement la suite !
"C'est écrit avec mon sang, tel que, bien ou mal, c'est tout ce que je peux." J.R.R. Tolkien
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une fan-fiction qui m'a emportée encore une fois !
les images ont défilées à une allure folle, signe chez moi que la magie des mots a opéré
tu peux continuer, moi j'adore !
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cela me fait penser au passage de la communauté en Eregion , peut être t'a-t-il inspiré ?
Citation :Mais j'entends les pierres les pleurer : Profondément ils nous ont creusées, bellement ils nous ont travaillées, hautement ils nous dressées; mais ils sont partis. Il y a longtemps qu'ils sont partis chercher les Havres.
Livre II Chapitre 3
Je trouve aussi émouvant de donner des sentiments à une ancienne cité où débordait autrefois la vie.
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Glauque... C'est disons un domaine de prédilection (temporaire peut-être mais qui m'inspire le plus). Mais je suis capble de plus gai aussi! (rarement)
Sinon, merci pour vos impressions, mais j'ai le déplaisir de vous annoncer que la rédaction de la suite va être plus lente que prévue, car je viens de renter en Droit. C'est passionnant, mais pour dire vrai, j'ai jamais travaillé autant (pris de 9h du matin à 9h du soir!) Ca peut empirer... Mais rassurez-vous, les nuits portent conseil!
Quant à ton extrait, Degolas, je dois te répondre franchement que je ne le connaissais pas. Si j'ai utilisé ce procédé, c'est plus pour donner une dimension épique et rentrer dans le vif du sujet!
(excusez néanmoins mes difficultés en métriques et rimes, vous l'aurez constaté! )
En attendant, à la prochaine! (j'essaie avant Noël! Mais le chapitre sera assez long pour me faire pardonner )
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Je n'ai qu'un mot : Bravo !
J'en ai des frissons...
J'adore le dernier couplet ainsi que :
Citation :Que cesse la Souffrance,
Et que vienne l'Oubli!
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Merci!
Par contre, je préviens: la suite va être très longue à venir. Les études obligent!
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01.12.2008, 14:10
(Modification du message : 12.01.2009, 16:32 par Juliεη.)
EDIT : passage supprimé. Ne collait pas avec la suite.
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Après trois ou quatre versions du début, enfin une qui me plaît. Encore faut-il qu'elle plaise au public. Qu'en pensez-vous donc? (Ce n'est qu'un premier échantillon)
(Si vous ne savez pas trop quoi dire, sachez que j'attends plus des critiques concernant le style que l'histoire elle-même. C'est cela que je cherche à améliorer le plus, et qui m'a laissé pendant longtemps insatisfait )
Citation :Chapitre Premier
L'Anneau du Savoir
(1/2)
Ghost-in-Edhil. Heure inconnue. Jour inconnu.
Qu’importe d’ailleurs le mois ou l’année, cela ne change rien. La Cité est tombée ; nous ne sommes plus qu’une poignée d’elfes à défendre ses ruines, et si Elrond ne vient pas, tout espoir est perdu. Déjà le jour s’achève et le ciel embrasé s’estompe...
À mes soldats je dis : “Gardez espoir!” Mais eux me répondent : “À quoi bon?” Ils sont las. Et pourtant ils demeurent. Chacun s’affaire à la forge et le marteau frappe fort sur l’enclume. Les lames sont aiguisées, les arcs retendus, les explosifs vérifiés.
On attend l’assaut qui menace mais qui ne vient pas. Les orques ne vont plus jouer à saute-mouton avec nos mines. Ils ont peur. Et pourtant eux seuls ont le pouvoir de donner un sens à notre vie, transformer la honte en gloire, la défaite en victoire.
Car les Mirdain souffrent d’un mal ancien qui les ronge. Ils ont perdu leur honneur ; ils ont prêté l’oreille aux mensonges de Sauron et ils ont usurpé le pouvoir. Brigands, assassins, qui ira pleurer sur leurs dépouilles? Maudits! Maudits! Tel sera notre nom dans les mémoires, tel sera le mien. Celebrimbor l’orgueilleux, Celebrimbor le maudit.
Parfois j’entends la voie de l’antique guerrier qui disait : “Nos tours sont de plus en plus fortes et grimpent de plus en plus haut. Nos armes prolifèrent dans l’attente d’une guerre millénaire. Nos boucliers sont impénétrables, nos épées imparables, nos traits filent comme l’éclair sur des lieux entières sans jamais manquer. Mais ils laissent toute beauté derrière eux sur la terre, et les hommes bientôt n’auront plus d’amour ni d’attention pour la fabrication d’autres objets utiles ou agréables”.
Hélas l’histoire semble se répéter toujours.
Il est trop tard maintenant pour remédier au mal. Les grands anneaux de pouvoir sont disséminés de par le monde et notre destin est scellé.
Ici va s’achever notre histoire. Ici se referme le livre.
- Maître?
Dans l’encadrement de la porte se tenait un elfe. Il n’était plus très jeune. Ses traits étaient tirés et son regard était empreint de lassitude. Ses longs cheveux noirs dissimulaient tant bien que mal les rides, mais aussi les cicatrices de son visage. Si Eru semblait avoir doté les elfes d’une éternelle jeunesse, la guerre cependant n’en faisait pas de même. Son uniforme était sale et hideux. Le sang et la terre s’y mélaient et le tissu verdâtre se déchirait par endroits. Un vieux en haillons, voilà ce qu’on aurait dit. Mais pour Celebrimbor c’était plus que cela...
- Qu’y-a-t-il Progonas?
Ses lèvres remuaient à peine. Nul besoin d’ailleurs de crier : plongé dans l’obscurité, l’endroit était plus silencieux qu’un tombeau.
- Ce sont les orques, maître. Ils arrivent.
Un froid soudain pénétra dans la pièce et sur le bord de la table, la flamme de la bougie vacilla un instant. Aucune émotion, pourtant, ne transparaissait dans la voix rocailleuse de l’elfe. Il demeurait impassible, comme toujours. Quant à Celebrimbor, il n’avait pas bougé d’un pouce. Il tenait serré entre ses doigts une plume, et sur le papier jauni, une goutte d’encre s’écoulait. Saisissant un mouchoir blanc, Celebrimbor vint l’essuyer. Mais lorsqu’il retira le mouchoir, il vit que la tâche avait formé un cercle, et dans ce cercle il crut distinguer un crâne, souriant. Tristement l’elfe lui rendit son sourire. Puis d’un air résigné il referma le livre et se leva. Et dans le même moment sa main vint éteindre la bougie.
Progonas raviva le faisceau lumineux de sa lampe à cristal. Celui-ci émit un vif éclat vermeil, conférant aux murs sales et humides du couloir un aspect sanglant. Puis l’elfe avança suivi de son maître. Le couloir était long et étroit. Tous les cinq mètres ils découvraient sur leur droite une porte de fer forgé. La plupart étaient fermées, mais d’autres s’ouvraient sur de sinistres chambres.
À l’intérieur une femme elfe, aux yeux rougis par les larmes, tenait un enfant mort entre ses bras ; elle était aussi immobile et silencieuse qu’une froide statue de pierre. Ou alors c’était une petite fille en haillons écarlates, recroquevillée sous une table et occupée à dessiner des corbeaux dans la poussière.
- Pourquoi dessines-tu cela? demanda Celebrimbor en s’accroupissant devant elle.
- À cause d’une chanson que le vent m’a apportée, répondit la fille sans cesser de dessiner.
- Et que dit-elle cette chanson?
- “À l’est, dans la pénombre, gisent les héros,
Froides sont leurs tombes, ternes leurs épées.
À l’ouest, dans le matin gris, chantent les corbeaux,
Promise est la ruine, viennent les damnés.”
- Est-ce vrai ce que racontent aussi les étoiles? demanda-t-elle. Est-ce vrai que nous ne verrons pas la Soleil se lever?
Celebrimbor hésita avant de répondre :
- Je ne sais pas...
Le couloir paraissait interminable. Les deux elfes ne virent personne d’autre, sinon des portes closes, et sur leur gauche une rangée de fenêtres barricadées de bois. À l’extérieur le vent soufflait, lugubre, apportant l’angoissante rumeur des chants orques. Des incantations sinistres s’y mêlaient, qui disaient :
“Komut bruzumi-snagûl, thrakut gâsh agh thot
Brakut urduishi-tur, shtrakut lisht agh glob.
Venez esclaves des ténèbres, apportez le feu et la mort
Brisez la porte de ce monde, ôtez-en espoir et clarté”
Ou alors, elles reprenaient d’un air inlassable et moqueur cette sombre rengaine:
“À l’est dans la pénombre gisent les héros,
À l’ouest dans le matin gris chantent les corbeaux...”
Brusquement une brise vint ébranler les cloisons de bois. Le vent s’engouffra à travers les planches, insidieux, et se laissa glisser le long des murs. Puis il s’approcha des elfes. Ceux-ci crurent alors percevoir un murmure, des mots, que le vent leur soufflait à l'oreille. “Elfes noirs! Elfes noirs!” appelait-il. Mais il n’eut pas de réponse. Impassibles, les elfes continuaient leur marche. Ils refusaient d’écouter. Le vent reprit donc de plus belle :
“Elfes noirs! Elfes noirs! Que votre coeur est froid! Froid comme vos frères qui gisent au dehors! Froid comme la sorcière qui vous maudit en son coeur!”
Et les elfes silencieux s’affligeaient à ces paroles.
Quand soudain un bruissement d’aile retentit derrière eux. Il éparpilla le vent et sa voix moqueuse. Celebrimbor sentit alors une plume effleurer son visage. Il leva les yeux et aperçut un oiseau blanc qui volait à ses côtés. C’était un animal fabuleux, de la taille d’un corbeau, doté d’une tête d’aigle et de la queue d’un serpent. Il appartenait à la noble race des Galadres, oiseaux immaculés de Valinor. Mais Celebrimbor l’appelait tout simplement “l’albinos”, car il n’avait aucune coloration ni sur les ailes, ni sur le bec, ni sur la queue. Et pour une raison qu’il ignorait totalement, il était le seul parmi les Mirdain à voir cet oiseau...
- Nous arrivons à la forge, déclara soudain Progonas.
Et il éteignit sa lampe. Les deux elfes se trouvaient maintenant en haut d’un escalier, et de là ils pouvaient apercevoir la salle en contrebas. L’albinos vint se poser sur la rembarde, puis il porta son regard sur les artisans. Le visage couvert de suie, les mains remplies de charbon, ils s’affairaient aux fourneaux. “Elfes Noirs” chantait le vent, et elfes noirs ils étaient. Mais aussi marchands de mort et fidèles serviteurs du Grand Veneur, Celebrimbor. D’un air songeur celui-ci fit le tour des visages. Il se rappelait la ténébreuse histoire de chacun...
Il y avait Sidereù, l’Exilé, surgit de nulle part. De son passé, on ne savait rien, sinon qu’il était plus trouble que les ombres. À son arrivée on l’avait assigné à la fabrication de cottes de mailles. Mais lui s’était mit à créer des cottes d’écailles. Ecailles de serpent, écailles de caïmans, mais aussi plus rarement écailles de dragons. Et toutes il les dotait d’étranges enchantements, qui parfois tournaient en maléfices pour quiconque les portait trop longtemps... Mais les Mirdain l’estimaient pour cela, et depuis il n’était jamais reparti.
Ce qui était surtout le fait de Paragello. Lui, la guerre lui avait tout pris : sa femme, ses enfants, sa maison. Les épées qu’il forgeait étaient aussi froides et acérées que la vengeance qui consumait son coeur. Et lorsque Sidereù était apparu, il avait trouvé en lui une oreille attentive à ses malheurs. Logiquement faits pour se comprendre, ils n’était d’ailleurs pas rare qu’ils combinent leurs étranges dons, donnant ainsi naissance à des armes aussi sublimes que terrifiantes...
Quant à Cyphid, il n’entendait rien aux ombres et aux mauvais présages. Ce qui l’intéressait c’était la variété, les grands jets de flammes et les artifices hauts en couleur. Lorsque Sauron vint enseigner l’art de manipuler la poudre et de confectionner des explosifs aux elfes, il s’y adonna à coeur joie et devint l’un des meilleurs artificiers de la Cité. Il avait été en cela suivi par son frère jumeau, Kitonye, et tous deux avaient conçu les fameux Arcs des Mirdains. Tout de fer forgé, ils comportaient un mécanisme capable de tirer à grande vitesse leurs traits. Il suffisait simplement d’enclencher un chargeur en leurs milieux, chaque chargeur contenant dix traits sans empennage, longs d’une coudée et à peine plus épais qu’un doigt. Une fois la corde tendue, on laissait partir le coup et le trait explosait en rencontrant sa cible. Rapides, ingénieuses, mais aussi redoutablement efficaces, ces armes avaient fait la renommée des deux frères...
Mais aussi le malheur du vieil Hempeïro : il s’était un jour trouvé sur la trajectoire d’un de ces traits, et s’il avait pu éviter de justesse le coup, il en était ressorti borgne et défiguré. Depuis il avait paru froid et aigri, mais cela n’avait en rien altéré ses qualités d’orfèvre. Lui seul avait le don de fabriquer des boucliers aussi durs que la pierre, et dans le même temps plus magnifiques qu’aucune autre oeuvre d’art. L’elfe y gravait avec soin mille symboles et entrelacs, tous plus étriqués et plus scintillants les uns que les autres, qui pouvaient rendre fou quiconque les regardait de trop près. C’était lui qui d’ailleurs avait forgé la Porte des Mirdains, avec l’indispensable concours de son maître artisan, Celebrimbor...
- Maître?
Intrigué, Progonas observait son supérieur qui demeurait immobile, comme plongé dans un profond sommeil. Finalement Celebrimbor demanda:
- Quel est le plus important d’après toi, Progonas : le rêve ou la réalité?
L’elfe hésita un instant avant de répondre : il ne s’était pas attendu à ce genre de question. Enfin, il déclara :
- Les morts... ne rêvent pas! Je crois qu’en temps de guerre les rêves sont funestes.
Pensif, Celebrimbor leva alors son regard en quête de l’albinos. Mais l’oiseau blanc avait disparu.
- Et bien... répondit-il en caressant la rembarde déserte, faisons en sorte que cette guerre s’achève!
Et suivit de Progonas, il commença à descendre l’escalier. Les marches de fer résonnèrent sous ses pas, et l’échos métallique qu’elles produisirent se répandit dans toute la forge. Il n’était cependant pas suffisamment fort pour couvrir le vacarme du marteau sur l’enclume et des explosifs que testaient les artisans. Quelques uns malgré tout aperçurent la silhouette grisonnante de leur maître. Les larges pans de sa veste effleuraient l’escalier noir de suie. Ses habits n’étaient plus blancs mais tâchés de poussière et de sang. Même son haubert et ses cheveux d’argent ne réfléchissait plus les flammes de la forge. Pour autant, l’elfe ne semblait ni vieux ni fatigué. Il était au contraire doté d’une forte carrure, presqu’intimidante. Son pas était ferme et assuré. Et si l’éclat de ses armes s’était terni, ses yeux étincellaient encore d’une farouche détermination. Il émanait ainsi de lui une force et un charisme impressionants. Et lorsqu’il eut atteint le bas des marches, les plus proches elfes s’arrêtèrent pour le saluer.
“Maître” disaient-ils en inclinant la tête. Puis une fois Celebrimbor passé, ils retournaient à leur ouvrage. Cependant ils ne parlaient, ni ne riaient. Leurs visages étaient sombres et leurs marteaux sonnaient comme le glas. L’elfe passa au milieu d’eux. Il se faufila entre les établis, croisa leurs regards. Mais tous semblaient rêver. Tous étaient ailleurs, loin de la forge et de son vacarme, loin de la ville et de ses ruines, loin de l’enfer. Ils frappait le fer, machinals, et forgeaient les armes qui, peut-être, les en délivrerait.
Pendant ce temps, les enfants couraient pieds nus, entre les fourneaux. Certains apportaient de l’eau, d’autres des outils. Mais Celebrimbor eut préféré qu’ils leur apportent un sourire. Au lieu de cela, il croisa un jeune, trop jeune apprenti. Il était assis, replié sur lui-même, au pied d’un vieux fermier. Et dans ses yeux, l’elfe vit son innocence, presque éteinte, qui l’implorait.
À cet instant, le vieillard fit crisser la pierre entre ses doigts. Il aiguisait sa faux. Mais à l’inverse de tous, il paraissait complètement absorbé par son travail. Ses vieux doigts, couverts de cals, glissaient concencieusement sur la lame. On aurait dit même qu’ils y prenaient plaisir. Celebrimbor passa devant lui, mais il ne put voir son visage. Le fermier avait la tête couverte d’un vieux chapeaux, aux larges bords, tout cabossé. Et lorsque ce dernier leva son regard, l’elfe n’était plus là. Mais Progonas, qui venait juste derrière, l’aperçut, lui. Et cette vision le terrifia. Le sourire narquois du vieillard n’avait rien de naturel, ni même le feu qui couvait dans ses yeux. Ils étaient laids et avides ; avides de souffrances, avides de mort. Soudain ces horreurs s’effacèrent. Courbant la tête, le fermier salua Progonas, et de sa main ridée il lui indiqua Celebrimbor. L’elfe s’empressa alors de rejoindre son maître.
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"A l'est, les héros,
a l'ouest : les corbeaux ?"
Ce vent ne me dit rien qui vaille...
Deux détails qui me choquent : les mines et les explosifs des elfes ? C'est vrai que se sont les Mirdain mais quand même...
Et Celebrimbor s'éclaire avec une lampe a huile ? ? ? Le créateur des anneaux de pouvoir, une lampe a huile ?
Quoi que, ça donne quand même un certain style a l'histoire...
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Deux remarques sur l'intro sur les Mirdain (pas encore allé plus loin) :
- Celebrimbor, "fils de Finrund" ?? Fils de Curufin, plutôt.
- Les deux armées "ne purent revenir en Eregion" : absurde. Vous voyez déjà l'armée de Celebrimbor faire des dizaines de lieues jusqu'à sortir d'Eregion pour rejoindre Elrond ? En outre, dans mes souvenirs, les deux armées ne parviennent pas à faire jonction, car Elrond est refoulé vers le Nord avant même d'atteindre les Elfes d'Eregion. C'est d'ailleurs comme ça que Celebrimbor se fait enfermer dans Ost-in-Edhil.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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Merci pour vos conseils!
>> concernant les mines et explosifs, étant donné que certains étaient artificiers, qu'ils avaient reçu l'enseignement de Sauron, je me suis dit qu'ils pouvaient avoir atteint un certain niveau de technologie... c'est d'ailleurs un des thèmes de cette histoire : la corruption de l'Art elfique en Magia.
>> la lampe à huile est plus rustique et donne donc un certain style à une scène qui se veut peut éclairée... et puis, une lampe à huile qui diffuse une lumière rouge sang, vous en avez déjà vu beaucoup? Comme quoi, on peut faire de l'elfique avec du vieillot!
>> Merci pour l'erreur indiquée Finrud/Curufin
>> quant au pb des manoeuvres de troupes, je vais chercher une reformulation adéquate.
Et pour finir, j'ai ajouté au texte précédent un petit passage un peu plus long. Vous le repérerez : il commence par ce symbole: >>
N'hésitez pas à joindre vos commentaires!
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Je continue ma lecture :
Prologue - Lamentations
Citation :Anedor son bien-aimé cousin l'accompagne
Problème : As-tu réfléchi à sa relation avec Celebrimbor ? Utile de préciser de qui il est le fils (ce qui de plus donnera une indication sur son caractère, je pense).
Chapitre Premier
Citation :Maudits! Maudits! Tel sera notre nom dans les mémoires
Citation :Les anneaux de pouvoir sont disséminés de par le monde
Plutôt dire : les principaux anneaux. Celebrimbor n'avait dispersé que les Trois Anneaux. Il avait gardé les 16 autres Grands Anneaux, sans compter les anneaux mineurs qu'il avait fabriqué, soit qu'il n'avait pas eu le temps de s'en défaire, soit qu'il ne croyait pas vraiment à sa défaite, soit qu'il en eut besoin pour la défense de la cité.
Possible exception : l'Anneau des Longbeards, qui d'après les Nains leur avait été donné directement par les Elfes (cf. App. A).
Citation :Ses longs cheveux gris dissimulaient tant bien que mal les rides, mais aussi les cicatrices de son visage. Si les dieux semblaient avoir doté les elfes d’une éternelle jeunesse, la guerre cependant n’en faisait pas de même.
Non : les descendants de Feänor ont les cheveux noirs (ou brun sombre) ou roux. Pas gris. De plus, il n'y a pas de "dieux" qui aient dotés les Elfes de quoi que ce soit. Uniquement Eru Ilúvatar, comme Celebrimbor le sait fort bien.
Citation :le faisceau lumineux de sa lampe à huile.
Les Noldor sont les créateurs des merveilleuses lanternes feänoriennes, dont la lumière était générée par un cristal (cf. CLI). Logiquement, c'est ce que devrait utiliser un artisan aussi renommé que Celebrimbor.
Citation :une porte de fer rouillé
Est-on chez les Elfes ou chez les Orques ?
NB : Tu pourrais aussi réviser ton chant orque, qui ne respecte pas entièrement les (rares) indications que Tolkien a laissé sur la phonologie de ce langage.
Citation :C’était un animal fabuleux
Genre d'invention qui me laisse froid. Arda est la Terre (et la Terre du Milieu l'Eurasie). Donc les Galadres ne peuvent y exister. À la limite, une espèce spéciale à Valinor serait plus vraisemblable. Au surplus, vu qu'il s'agit d'un oiseau que peut seul voir Celebrimbor, pourquoi lui inventer une espèce spéciale, à laquelle il n'appartient même pas véritablement ?
Citation : Sidereù [...] Paragello [...] Cyphid
Pour paraphraser Pengolodh : "Ceci n'est pas de l'elfique".
Citation : Kitonye
Dénué de signification. De plus, Cyphid ressemble plus à du sindarin et Kitonyë à du quenya. Pas logique s'ils sont frères.
Citation :Hempeïro
Pareil, pas un vrai nom elfique. D'ailleurs, on se demande comment le type peut être encore vivant après avoir pris un carreau (explosif !) d'arbalète à répétition dans l'œil.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
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(13.03.2009, 09:38)Elendil a écrit : Problème : As-tu réfléchi à sa relation avec Celebrimbor ? Il risque d'y avoir un problème si tu le places comme cousin du côté paternel, car aucun des fils de Feänor (excepté Curufin) n'est connu pour avoir été marié. Une note indique que Maglor et Caranthir étaient aussi mariés (XII.318), mais te connaissant, j'imagine que tu as une excuse parfaitement valable pour l'ignorer.
The gods forgot they made me, so I forget them too
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Eh bien non. Erreur de ma part. Je corrige.
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(13.03.2009, 09:43)Meneldur a écrit : Une note indique que Maglor et Caranthir étaient aussi mariés (XII.318 ), mais te connaissant, j'imagine que tu as une excuse parfaitement valable pour l'ignorer.
Si je peux me permettre...
Menel...t'es dur...
(j'ai enfin compris le pourquoi de ton pseudo )
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Merci pour toutes ces infos:
>> Le lien Anedor-Celebrimbor, pas encore réfléchi en effet, mais comme Celebrimbor a un long passé (notamment qui inclut Gondolin) ça doit pouvoir se trouver. Tout ce que je sais, c'est que ce cousin est venu secourir Celebrimbor, et qu'il n'est donc pas originaire d'Eregion, mais plutôt du Royaume Sylvestre.
>> pour les cheveux, même ceux qui ont des cheveux noirs ou brun finissent avec des cheveux blancs ou gris en vieillissant. Pas les elfes?
>> pour la porte de fer rouillé, c'est vrai que c'est un peu exagéré. Même si un siège ne rends pas forcément en bon état une Cité (regardez Minas Tirith en quelques jours). Mais si j'avais mis "rouillé", c'était pour une unité de couleur. Le rouge dominant dans cette scène. Mais bon, tant pis.
Citation : Est-on chez les Elfes ou chez les Orques ?
Cette question m'amuse, car enfin, à un certain point de l'histoire, elle se posera dans l'esprit du lecteur...
>> Pour les langues, inutiles de vous cacher que je n'y connais rien. Aussi les elfes ont-ils pour l'instant des noms d'emprunt (inspiré du grec, une vieille habitude depuis que j'écris), et que je changerais pour la version finale, c'est prévu.
Par contre, pour le chant orque, je me suis risqué dans cette langue précisément parce que Tolkien n'en avait quasiment rien dit. Mais si tu peux me dire, Elendil, où se trouvent les précieuses indications de Tolkien à ce sujet, je suis preneur!
En attendant, n'oublions pas que ce sont des orques qui parlent, et qu'ils déforment forcément le Parler Noir (prenez l'exemple de Shagrat dans le SdA-Les Deux Tours). Et n'oublions pas non plus que cette histoire est antérieure de plusieurs siècles au SdA, et en autant de temps, les langues changent vite!
>> Pour le Galadre, je ne dirais qu'une chose : pas touche!^^
Certes, on peut douter de son existence dans le monde des TdM. Mais c'est précisément le but! D'où le fait que Celebrimbor soit le seul à le voir. Ainsi un scientifique pur et dur dira : c'est impossible! l'elfe est cinglé, schyzophrène voire! C'est une vision! Mais d'autres, qui auront la foi en la magie, y croiront.
Cet oiseau est, pour vous donner une comparaison, comme un ange dans notre monde. Les scientifiques ne croient pas aux anges. Les "rêveurs", si!
D'ailleurs, jamais cet oiseau n'interviendra au niveau physique dans ce monde, et nul autre que Celebrimbor le verra. Il tiendra ainsi le rôle d'ange gardien et symbolisera l'Art Elfique, l'Enchantement à l'état pur!
Enfin, pour répondre à une inquiétude d'Elendil, non, je ne crains pas les commentaires dans son genre. Au contraire j'en redemande! Je ne suis pas quelqu'un qui aprécis qu'on félicite quelquechose d'imparfait ou de nul! Soyez au contraire durs, acerbes, mais aussi réalistes, car mon but avec cette fan-fiction, est d'apprendre et d'améliorer au maximum mes compétences, pour à l'avenir écrire des romans, contes, qui plaisent et soient sérieusement travaillés!
Vous avez donc tous mes encouragements!
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(13.03.2009, 16:08)manthanoménos a écrit : >> Le lien Anedor-Celebrimbor, pas encore réfléchi en effet, mais comme Celebrimbor a un long passé (notamment qui inclut Gondolin) ça doit pouvoir se trouver. Tout ce que je sais, c'est que ce cousin est venu secourir Celebrimbor, et qu'il n'est donc pas originaire d'Eregion, mais plutôt du Royaume Sylvestre.
Difficile, je trouve. Je ne vois pas comment un descendant de Feänor se retrouverais là-bas. Ossiriand (Lindon) serait plus simple à concevoir, surtout s'il descend de Caranthir. Mais ça implique un caractère sombre, je pense, vu l'irascibilité de ce dernier.
Alternativement, le faire parent de la femme de Curufin (dont à mon souvenir – Meneldur me corrigera si je me trompe – on ne sait rien).
(13.03.2009, 16:08)manthanoménos a écrit : >> pour les cheveux, même ceux qui ont des cheveux noirs ou brun finissent avec des cheveux blancs ou gris en vieillissant. Pas les elfes?
Je ne pense pas. Tous les Elfes de Tolkien gardent leur couleur de cheveux, quel que soit leur âge (Celeborn et Círdan ont les cheveux argents, mais leur parent Thingol aussi : c'est héréditaire). Les Elfes ne deviennent pas chauves non plus.
De plus, un cousin de Celebrimbor ne pourrait guère être plus vieux que Galadriel, qui, quatre mille ans plus tard, n'avait toujours pas commencé à grisonner (de même qu'Elrond, d'ailleurs). Et qu'on ne vienne pas me dire que ces deux-là n'ont pas vu leur content de massacres, batailles et autres.
(13.03.2009, 16:08)manthanoménos a écrit : Citation : Est-on chez les Elfes ou chez les Orques ?
Cette question m'amuse, car enfin, à un certain point de l'histoire, elle se posera dans l'esprit du lecteur...
Et tu en profites pour oublier la lanterne feänorienne.
(13.03.2009, 16:08)manthanoménos a écrit : Mais si tu peux me dire, Elendil, où se trouvent les précieuses indications de Tolkien à ce sujet, je suis preneur!
Déjà, aller faire un tour sur Ardalambion, pour une intro au Noir Parler.
Ensuite, il y a une autre analyse qui existe et qu'il faudrait que j'exhume. Va peut-être voir le site de Lómelindë (Lambenórë), au cas où il l'ait traduite.
(13.03.2009, 16:08)manthanoménos a écrit : >> Pour le Galadre, je ne dirais qu'une chose : pas touche!^^
D'où ma suggestion de le faire originaire de Valinor. D'ailleurs, ça devrait encore plus induire le doute chez le lecteur. Et expliquerait élégamment d'éventuelles caractéristiques "magiques".
Mais c'est à toi de voir.
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Encore un petit bout de suite, pour clore ce début qui me sert à conditionner le lecteur. L'histoire pourra ensuite, et enfin, commencer à se mettre en route
Le petit bout, vous l'apercevrez dans le texte plus haut grâce à ce symbole: >>
Quoi qu'il en soit, merci pour vos conseils. Tout en espérant en profiter encore longtemps!
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Enfin un peu d'action : goûtez, savourez et n'hésitez pas à recracher!
Citation : Chapitre Premier (2/2)
Celebrimbor était arrivé devant une porte, au fond de la forge. Sans un mot il en tourna la poignée. Mais étrangement, celle-ci refusa de s’ouvrir.
- Quelque chose derrière doit la bloquer, suggéra Progonas. Et il donna un violent coup d’épaule contre la porte.
Soudain un bras inerte et sanglant s’étala devant l’interstice ouvert.
- Ah! s’écria Progonas dans un geste de recul. Qu’est-ce que cela?
Aussitôt Celebrimbor se glissa à l’intérieur de la pièce. Et il y découvrit, avec horreur, un terrible spectacle : le cadavre d’un elfe, allongé à plat ventre, qui entravait la porte. Celebrimbor s’accroupit près du corps. D’une main, il le fit basculer sur le dos. Mais ce fut pour découvrir son crâne, défoncé, et un visage affreusement défiguré. Comme si on l’avait écrasé à plusieurs reprises à coup de massue. Horrifié, l’elfe trébucha en arrière. Progonas vint aussitôt relever son maître.
- Qui était-ce? lui demanda Celebrimbor. Le sais-tu?
- Je l’ignore, lui répondit l’elfe. En tout cas, il n’a pas l’air d’avoir été abattu par surprise...
Et du doigt, il désigna les débris de chaises et de gravas qui jonchaient la mosaïque du sol. Quant à la table ronde, au milieu de la salle, elle avait été déplacée.
- On s’est battu par ici, ajouta-t-il.
Et Celebrimbor fut empli de tristesse. Les Gwaith-i-Mirdain les avaient finement ouvragées toutes deux, la table et la mosaïque, afin de décorer cette Salle du Conseil ; et non pour servir d’arène à ce genre de carnage!
La table avait la forme d’un cercle, ouvert au sud, à l’ouest et au nord. Mais à l’est, dos à la montagne, les artisans avaient placé un immense siège en bois d’ébène pour leur maître, Celebrimbor. Quant à la mosaïque, composée des plus précieuses et des plus rares pierreries de ce monde, elle représentait une unique étoile, à multiples rayons. Plus scintillante que le soleil, c’était là l’étoile de la Maison de Fëanor, ornée des cinq astres de la constellation du Pentangle, représentant les cinq collines sur lesquelles les Noldor avaient bâti leur cité. Et en son coeur était placée une enclume d’or et d’argent, sur laquelle reposait un marteau de mithril.
Tout autour de l’enclume et de l’étoile venait l’immense table ronde, puis les colonnes majestueuses qui soutenaient la voûte étoilée. Dessous, cinq fresques recouvraient de part et d'autre les murs de la salle, chacune figurant une colline en fonction de son orientation géographique.
Au sud-ouest Portefleurie, colline à l'herbe toujours verte où les berges venaient faire paître leurs troupeaux parmis les chalets de bois et de pierre. Au nord-ouest Terremère, habritant en son sein les demeures des elfes, et au sud-est Agora, véritable coeur commercial et économique de la cité.
Mais celles qui étonnaient le plus par leur finesse et leur beauté était au nord-est le Mont-de-Fer, et Château-de-Lune au sud.
En fait de colline, Château-de-Lune ressemblait bien plus à un immense promontoire jaillit de terre et défiant le vide au sud et à l'ouest. On l'avait ainsi nommée car dessus avait été bâtie l'une des magnifiques demeures que le Deuxième-Âge ait connu : un château étincellant, aux murs de marbre blanc veiné d'argent ; un enchevêtrement d'arcades et de piliers, de pinacles et de tourelles de nacre et d'ivoire. Défiant les nuages, ils s'élevaient tous autour d'une vertigineuse flèche de perle et d'argent, et les nombreux ornement fleuris taillés dans leur roc étaient faits d'ithildin. L'ensemble en était à ce point magnifique que les nuits de pleine lune, le château scintillait d'une blancheur plus éclatante encore que celle de l'astre en question.
Enfin venait le Mont de Fer, ses forges, ses demeures, sa falaise au nord et à son sommet la Maison des Mirdains. En son sein, derrière la Grande Porte et la Salle des Fêtes, derrière la Salle du Conseil et le trône d'ébène, se tenaient trois portes de pierre. Celle du centre était plus haute que les deux autres, mais toutes trois renfermaient les immenses richesses des Gwaith-i-Mirdain. Personne d’autre qu’eux ne pouvait y accéder. Et nul autre étranger n’avait à ce jour contemplé et touché ces trésors jalousement gardés. Du moins c’était ce que croyait Celebrimbor.
- Regardez maître! s’écria Progonas. Une des portes est demeurée ouverte!
Les deux elfes se précipitèrent aussitôt vers la Salle du Trésor, mais ils ne purent entrer. Une main, flétrie et tremblante, vint aggriper la veste de Celebrimbor et le retint. L’elfe se retourna et découvrit un vieillard qui suppliait à genoux:
- Par pitié mes seigneurs, n’entrez pas là-dedans!
Un filet de sang ruisselait sur son frond. Ses vêtements étaient déchirés par endroits. Faible, étourdi, le vieil homme s’affala dos à la porte.
- Que s’est-il passé, Salmar? s’écria Celebrimbor en le reconnaissant. Qui t’a fait cela?
Et il s’accroupit auprès de lui. Mais l’homme ne répondit pas. Il pleurait, la tête prise entre ses mains.
- Salmar, insista l’elfe, dis-moi ce qu’il s’est passé.
Malgré tout le vieillard continuait à gémir, prostré, replié sur lui-même. Soudain il marmonna :
- Un-deux-trois-quatre-cinq-six, oui six jours ils m’ont traîné, dans des cages ils m’ont enfermé, et je fus le jouet de leurs vices!
Et il pleurait en même temps, tout en se mordant les doigts. Celebrimbor aut alors pitié de lui ; il se souvint du jour où il l’avait accueilli en sa demeure. Il y avait quelques mois de cela, Sauron avait envahi le Calenardhon, pillé ses terres et déporté ses habitants. Par miracle, Salmar avait pu fuir les geôles des orques. Il était arrivé, tremblant de faim et de froid, à Ost-in-Edhil. L’elfe l’avait alors soigné du mieux possible, mais aucun remède n’avait pu le guérir des ombres qui tourmentaient. Or, tandis que Celebrimbor repassait ainsi ces souvenirs, Salmar avait repris ses lamentations :
- Un-deux-trois-quatre-cinq-six, six jours de malheur! Et puis quand ils se sont ennuyés ils sont dit: “Violez vos filles ou nous le ferons sur l’heure!” Et moi je l’ai étranglée, ma petite Izzie!
Pris de rage, l’homme éclata en sanglots déchirants. Il s’arrachait les cheveux et se frappait la tête contre le sol. Effrayé, Progonas voulut intervenir. Mais Celebrimbor s’était agenouillé et pressait le vieillard contre son épaule.
- Allons Salmar, calme-toi, tout cela est fini maintenant, lui murmura-t-il à l’oreille. Sèche ces larmes et viens te reposer.
Alors l’homme cessa de pleurer. Et se dégageant de l’étreinte de l’elfe, il reprit:
- Depuis, Un-deux-trois-quatre-cinq-six, six cauchemards Il m’a envoyé, et j’ai vu mourir les Premiers-Nés, et les Héritiers étaient déshérités! Alors je me suis dit sans malice: pourquoi donc ne pas sauver leur or? Et puis je fuirais avec ce trésor, loin, très loin dans les secrètes terres du nord...
Celebrimbor s’assombrit à ces paroles et demanda:
- Que dis-tu là Salmar? Qu’as-tu fait de mal?
- Non, ce n’est pas moi! se défendit l’homme. Un-deux-trois-quatre-cinq-six, c’est de sa faute : il ne m’a pas laissé passer! Et six coups sanglants je taillai dans sa vie, et je ne pris au passage qu’un seul objet.
- Oh non... murmura Progonas en entendant ces mots, et il se précipita à l’intérieur de la Salle du Trésor.
- Et quel est cet objet? demanda sèchement Celbrimbor.
Or comme le vieillard ne répondait pas, il s’écria plus fort tout en le secouant : “Quel est cet objet?!”
Mais soudain un cri lugubre et déchirant retentit dans ses oreilles. Lachant le vieil homme, l’elfe bondit à l’intérieur du trésor et il découvrit Progonas agenouillé aux côtés d’un autre elfe. Le cri s’était mué en amères lamentations tandis que bijoux et diamants rougissaient du sang qui s’écoulait sur eux.
- Daïmok, mon frère! gémit Progonas. Comment a-t-il pu? Comment a-t-il...
Puis il ôta le poignard enfoncé dans la poitrine encore chaude de son frère et le laissa tomber par terre. L’elfe était mort. Le Trésor n’était plus qu’un sinistre tombeau.
Alors la tristesse fit place à la colère dans le coeur de Celebrimbor. Il quitta ce lieu maudit et voulut saisir le vieillard au cou. Mais l’homme n’était plus aux pieds de la porte de pierre : il avait disparu.
- Salmar! rugit l’elfe. Montre-toi et viens répondre de tes actes devant moi!
Caché derrière un pilier, l’homme tressaillit. Mais au lieu d’obéir il prit la fuite. Celebrimbor se dirigea vers lui. Passant près du cadavre du premier elfe, il se saisit de son épée.
- Salmar! hurla-t-il encore, et sa voix résonna comme le tonnerre. Obéis-moi!
L’homme épouvanté se couvrit les oreilles et trébucha. Il gémissait et rampait tout à la fois. Tremblant, il atteint la Grande Porte, puis se glissa hors de la salle avant que l’elfe ne l’attrape. La porte de bois claqua derrière lui.
Aussitôt Celebrimbor l'ouvrit et se précipita à l'intérieur. Mais l'endroit était sombre et sinistre. C'était là la Grande Salle des Fêtes, autrefois gaie et riante, mais aujourd'hui plus désolée que les terres de cendre du Mordor. Seules deux torches brillaient encore, de part et d'autre de l'allée, qui éclairaient à peine deux mètres autour d'elles. Prudent, Celebrimbor s'avança, sa lame tendue par devant lui, guettant le moindre bruit de pas ou de respiration qui trahirait le vieil homme. Puis il se saisit d'une torche. À tâton il chercha une table et grimpa dessus. Il tendit la torche vers le plafond et heurta un lustre de fer noir, rempli d'une huile de fabrication naine. Il l'enflamme et aussitôt de vives flammes bleues se mirent à danser au-dessus de lui.Celbrimbor fit de même avec les cinq autres lustres et put enfin y voir plus clair. Il put voir la pierre froide et nue du sol, des murs sans fenêtres et des hauts piliers qui soutenaient la voûte imposante. Il put apercevoir une fontaine à l'entrée de la salle à droite, et à gauche un dépôt d'armes en tout genre : épées, arcs et haches. Il put même distinguer les moulures des arcades, en forme de fleurs, de feuilles ou de branches, et les statues qui du haut de leurs colonnes le fixaient impassibles. Mais le vieil homme et sa cachette, il ne put les percer à jour.
(>>) - Salmar! s'écria Celebrimbor. Où te caches-tu?
- Ici! résonna une voix qui semblait venir de droite.
- Ou peut-être là! résonna-t-elle encore venant de gauche.
L'elfe, troublé, se mit à tourner sur lui-même, guettant la moindre ombre mouvante.
- Qu'attends-tu Salmar pour te montrer? reprit-il les yeux levés au plafond. Serais-tu si lâche?
Lâche, oui! susurra l'invisible vieillard. Comme le serpent aux abois qui piège dans ses anneaux l'audacieuse proie!
Et surgissant de derrière un pilier, il fondit sur l'elfe, brandissant un énorme marteau. Celui-ci eut à peine le temps de se retourner. Dans un réflexe il tendit la torche qu'il tenait et frappa le vieillard au ventre. L'homme en eut le souffle coupé et son coup tomba dans le vide.
Aussitôt Celebrimbor se reprit et lança une nouvelle attaque. Mais l'homme esquiva. La pointe de l'épée vint frôler son cou, l'entaillant à peine, avant de crisser sur le pilier. Posant une main sur sa blessure, Salmar recula haletant. Puis il se mit à rire :
- Tu ferais mieux de me tuer Mirdain, lança-t-il goguenard dans une affreuse grimace. Du moins tant que je suis humain...
Et il s'avança vers l'elfe.
- Je ne comprends pas! s'exclama Celebrimbor. Qu'est-ce qui se passe?
- J'ai goûté leur sang Celebrimbor, répondit Salmar en se passant la langue sur les lèvres. Je l'ai goûté et je l'ai aimé. Et mon corps (nouveau coup de langue) en redemande encore! Mais le vrai problème là-dessus, c'est que je ne peux plus... m'arrêter! Non... murmura-t-il encore le regard fixé sur le marteau, je ne peux plus... je ne peux... plus...
Et brusquement il assena un formidable coup sur l'elfe. Alerte, Celebrimbor para son arme. Mais celle-ci émit un étrange son au contact de sa lame. Intrigué, l'elfe tourna son regard vers le marteau blanc ciselé d'argent. Alors il le reconnut et l'image, fugace, du visage défiguré de l'elfe lui revint à l'esprit.
- C'est donc avec le Marteau de Mithril que tu l'as tué, dit-il.
- Oui, susurra le fou tout près du visage de l'elfe. Tu veux y goûter toi aussi?
Pris de rage, Celebrimbor désarma en un tourne-main le vieil homme, et dans le même temps, il le frappa du plat de son épée au bas-ventre.
- Tue-moi, lâcha Salmar plié en deux. Tue-moi!
Mais l'elfe le frappa, plus violemment encore, aux jambes. Fauché, le vieillard retomba sur le dos.
- Qui es-tu? demanda Celebrimbor. Sa lame menaçait de transpercer les entrailles de l'homme.
- Un pantin, cracha-t-il, et un poète, qui tue. Une marionette, qui danse dans le Noir, folle! Avec son Savoir.
- Quel savoir?
Mais il ne répondit pas. Son regard devint malicieux ; ses lèvres esquissèrent un sourire. Alors l'elfe saisit son épée à deux mains. Il la leva au-dessus de lui, et violemment l'abattit sur le vieillard. Mais brusquement l'homme roula sur le côté et la mort le manqua. Vif, l'elfe se ressaisit et lança une deuxième attaque, puis une troisième. Salmar les évita toutes ; il se tenait debout, l'air moqueur, face à son adversaire.
- Comment est-ce possible? se demanda Celebrimbor.
Or à cet instant un étau de fer vint enserrer son poignet : une vieille main flétrie de vieillard. Sur l'annuaire de cette main brillait un anneau d'or, un anneau maudit : l'Anneau du Savoir. Celui-là même que Sauron avait forgé, le tout premier des anneaux, et soumis comme tous les autres au pouvoir de l'Unique. Stupéfié, l'elfe leva les yeux et rencontra ceux de Salmar : ils riaient. Dans un sourire l'homme lui tordit le poignet et le désarma. Puis comme une ombre il se glissa dans son dos, le fit tomber à genoux et enserra le cou de Celebrimbor entre son torse et ses mains. Ses vieux doigts décharnés de cadavre se crispèrent et lentement, la mort commença à étreindre l'âme de l'elfe.
- L'avenir... meurt avec toi ce soir, murmura l'homme à ses oreilles. Le monde que tu connais va disparaître. Il ne sera désormais plus qu'un puant marécage, un cimetière sans sépultures pour tous les tiens, pour tout ce sang que tu as sur les mains. Pense à ta honte Mirdain! Vois-tu les corps de tes victimes croupir dans les marais? Vois-tu l'eau froide et noire, les arbres morts, la terre calcinée? Les survivants de ta race gisent adossés à ces ruines, le regard vide, drogués! Lentement ils s'enfoncent dans le sable mouvant ; et ils rêvent. À la beauté, à l'immortalité, au Pouvoir... Les yeux pleins d'étoiles, ils dansent sur la cendre, et à leurs doigts brillent les Anneaux des Elfes, les Anneaux de Sauron! Le vois-tu au bord du marais, hilare, et son outil, son prophète, juste à ses côtés : toi! Il n'a plus qu'à te pousser dans l'eau, te noyer parmi tes frères, te faire sombrer à jamais dans l'Oubli. Meurs, Celebrimbor, meurs! Et avec toi l'avenir!
Alors le vieillard pressa plus fort encore sur la gorge de l'elfe, et la Mort abattit sur lui sa faux. Mais à sa grande stupeur, l'elfe ne mourut pas. Une lame blanche s'interposait entre elle et sa proie. Elle vit le regard froid, glacial de Progonas défier sa volonté. Alors la Mort se retira -pour le moment seulement.
- On a tort de croire en la fatalité, ironisa Salmar.
Mais en fait, la stupeur le disputait à la frayeur dans son regard. Progonas se tenait face à lui, sa lame fichée dans le bras du vieillard. C'était là la seule parade qu'avait trouvé Salmar : l'elfe avait surgi par surprise derrière lui et sa tête aurait roulé sur le dallage s'il n'avait interposé son bras. Celebrimbor, qui s'était dégagé de l'étreinte mortelle, inspirait à grand bruit pour retrouver son souffle. Devant lui la scène était comme figée. Salmar demeurait immobile, et livide, plus pâle encore qu'une statue de craie. Et le long de la lame d'argent coulait son sang écarlate.
- Il ne te reste plus longtemps à vivre, déclara froidement Progonas. Autant en finir maintenant!
Et d'un coup sec il décrocha son épée du radius humain. Salmar hurla sous le coup de la douleur. Mais en même temps l'elfe s'apprêtait à l'achever.
- Jamais! hurla-t-il. Et il plongea sur le côté.
Aussitôt les deux elfes se ressaisirent. Celebrimbor empoigna son épée et bondit à la poursuite du vieillard. Plus rapide, Progonas avait dégainé sa deuxième lame et était déjà aux prises avec Salmar. Celui-ci avait saisi de son bras valide un chandelier qui reposait sur une table. Il parait chacune des attaques de l'elfe et hurlait tel un enragé, pour oublier la douleur. Mais lorsque Celebrimbor fut sur lui, il ne put leur résister plus longtemps. Soudain, il bondit sous une table, la renversa sur Progonas, atterit près du dépôt d'arme, saisit une hache, hurla, chargea et affronta Celebrimbor. Il n'avait plus rien d'humain. La rage et la folie consumaient son regard. Le sang noir séché, le sang frais écarlate, les cendres, la poussière, les rides se mêlaient inextricables sur son visage. Ses habits étaient en lambeaux, son esprit en ruines lacéré par la douleur. Et il hurlait, effroyable, démentiel. Le râle d'un possédé.
Malgré toute sa force, Celebrimbor ne put tuer le démon. Chacune de ses attaques étaient parées. Chacune de ses ripostes esquivées. L'Anneau du Savoir faisait son oeuvre. Et lorsque l'elfe feinta pour mieux l'attaquer par surprise, l'homme plongea sur le côté, dépassa son adversaire, et lui assena un formidable coup à l'arrière du crâne. Heureusement, il n'avait frappé que du plat de son arme et assomé, Celebrimbor s'effondra sur le dépôt d'arme.
Aussitôt surgit Progonas. Il se fit parer sa première lame pour mieux trancher de la seconde le bras armé du vieillard. Celui-ci retira à temps sa main, mais ne put éviter le coup de pied fulgurant qui l'atteint au bas-ventre et le fit glisser à l'autre bout de la salle.
En même temps, Celebrimbor qui demeurait encore sonné, tentait de se saisir d'un Arc de Fer. Sa chute avait éparpillé les armes sur le sol et il avait perdu son épée. Mais lorsqu'il eut l'arc en main, il s'aperçut que le chargeur était vide. De l'autre côté de la salle, Salmar, désarmé, zigzagait entre les colonnes, les utilisant comme bouclier contre Progonas. Jusqu'à ce qu'il aprçoive le Marteau de Mithril oublié par terre. Aussitôt il le ramassa et affronta ouvertement son adversaire. Enfin une arme qui lui convenait! Celebrimbor éparpillait les armes pour trouver un chargeur. Un regard sur le côté l'informa qu'une première attaque, puis une seconde venaient de désarmer Progonas à coups de marteau sur ses lames. Vite, il tenta d'enclencher le chargeur ; mais ses mains tremblaient et le chargeur refusa de s'engager. Progonas gémit. Un coup de pied venait de le renverser à terre. Aussitôt Salmar avait grimpé sur une table et bondissait sur Progonas Furieux, Celebrimbor évantra le chargeur qui vomit ses flèches. Suant, il engagea une des flèches. L'homme volait à présent au-dessus de l'elfe. Dans sa chute, le marteau allait s'écraser contre son crâne millénaire. Aux côtés de Celebrimbor, la Mort sourit. Finalement, elle aurait sa victime.
- Non! hurla Celbrimbor. Et le coup partit.
La flèche et la Mort filèrent de concert jusqu'à leur cible, et le carreau explosa entre l'homme et l'elfe. La salle trembla un instant ; ses pierres se couvrirent de sang ; et dans les ténèbres résonna une voix qui riait...
- Qu'est-ce que c'était?
Un elfe avait soudain surgit de la nuit.
Mais personne ne lui répondit.
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15.04.2009, 11:26
(Modification du message : 15.04.2009, 11:40 par Degolas Mortefeuille.)
J'ai vraiment apprécie ce premier chapitre. Il me fait un peu penser à une enquête policière, au moment où on découvre le crime. Et tu sais entretenir un suspens " Qu'a-t-il pris ?".
Sinon quelques petites remarques :
(15.04.2009, 07:53)ManThanoMénos a écrit : Et Celebrimbor fut empli de tristesse. Les Gwaith-i-Mirdain les avaient finement ouvragées toutes deux, la table et la mosaïque, afin de décorer cette Salle du Conseil ; et non pour servir d’arène à ce genre de carnage!
Je trouve ça "marrant", il est plus choqué par la destruction de ces biens que par la mort de l'elfe. Mais c'est sûrement une réaction plausible pour ce forgeron.
Sinon je ne me rappelle pas d'avoir vu un elfe traité de vieillard. Il a subit d'horrible tourments. Mais je suis sceptique. Mais je ne pense pas que 6 jours soient suffisants pour transformer à ce point un elfe. Ils sont censés être assez résistants.
Sinon je trouve que la Grande Porte des demeures Mirdain n'est pas trop gardée en temps de guerre.
Enfin je te souhaite de bien continuer.
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J'approuve Degolas sur la question du vieillard. D'autant que Gwindor était encore vaillant après plusieurs années de tourment dans les geôles d'Angband.
Quand au viol des Elfes, on sait que c'est de toute façon impossible (cf. « Laws and Customs »). Salmar n'avait nul besoin d'étrangler sa fille, elle pouvait renoncer à son enveloppe charnelle à volonté.
Pour terminer, il me semble que le climat d'Eregion n'est pas favorable à la pousse de l'ébène. Et qu'aucun elfe (exceptés les Avari [peut-être] et les habitants de Valinor) n'habite là où on peut en trouver. Évidemment, ce n'est pas entièrement impossible, mais il faudrait préciser d'où ça vient (ou éviter de donner le nom du bois en question). Ça pourrait être le fruit du négoce avec les Númenóriens.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
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Oulah! C'est une grosse méprise de ma part. Le veillard est humain. En fait comme il vient du Clenardhon (=Rohan) ça semblait évident pour moi!
Et quant à la Grande Porte, si elle n'est pas gardée, c'est parce qu'elle ouvre sur une autre plus grande encore. On reste à l'intérieur, parce qu'au final, j'ai conçu la maison des Gwaith-i-Mirdain assez grande pour recueillir des forges, des chambres, des cuisines, un trésor, une salle du conseil, et une salle des fêtes. Ca fait un assez gros bâtiment au final!
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Et un vieillard humain va abattre deux Elfes à lui seul.
Un, s'il ne se méfie pas, à la rigueur (et encore, vous savez la force qu'il faut pour tuer un Elfe sur le coup). Mais deux...
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15.04.2009, 14:44
(Modification du message : 15.04.2009, 14:48 par Degolas Mortefeuille.)
(15.04.2009, 07:53)ManThanoMénos a écrit : Et six coups sanglants je taillai dans sa vie, et je ne pris au passage qu’un seul objet.
Il me semble qu'il était armé car cela fait penser à des coups d'épée. Et rien n'indique que ses victimes l'étaient également. Mais il reste en effet une certaine ambiguïté.
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Ça reste un vieillard. Un Elfe, même désarmé, aurait eu l'agilité nécessaire pour (a) le désarmer (b) le neutraliser à mains nues (c ) éviter ses coups et prendre la fuite (d) donner l'alarme.
Et les deux Elfes en question paraissent avoir été les gardes de la salle du trésor. Ce qui laisse à penser qu'ils étaient armés.
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Mais j'ai pensé à tout, car là est la clé de l'énigme!
“Quel est cet objet?!” demandait Celebrimbor. Un objet magique assurément, terrible... assez efficace pour tuer deux elfes, assez pour pouvoir tuer par la suite Celebrimbor et Progonas!... Mais je ne vais pas vous gâcher la surprise maintenant. Il faudra attendre pour savoir ce que c'est!
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[align=justify]Parce qu'on ne peut pas faire que réviser ses partiels (sous peine de devenir cinglé! ) –au passage, je m’excuse auprès de la direction pour cette absence prolongée-, voici enfin la suite, et le premier duel (triel?) de cette histoire !
Ce n'est pas un genre que j'ai beaucoup l'habitude de pratiquer (les scènes de combat) -je ne suis d'ailleurs pas pleinement satisfait de ce premier essai- et j'aimerais savoir ce que vous en pensez, ce qui vous déplaît, ce que vous veriez bien modifié...
Par contre je préviens : ça n'a plus rien de glauque ; ce n'est pas non plus gore ou amoral, mais un brin violent. Si vous trouvez cela même un peu trop exagéré, n'hésitez pas à le dire
EDIT : pour plus de clarté, j'ai collé cet extrait à la fin du Chapitre Premier (2/2). Vous le remarquerez aisément, précédé par ce symbole : (>>)
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Pour les besoins de la suite, il m'a fallu remodifier un extrait du chapitre 1 (en bleu). Le voici dans sa version finale :
Citation :Celebrimbor était arrivé devant une porte, au fond de la forge. Sans un mot il en tourna la poignée. Mais étrangement, celle-ci refusa de s’ouvrir.
- Quelque chose derrière doit la bloquer, suggéra Progonas. Et il donna un violent coup d’épaule contre la porte.
Soudain un bras inerte et sanglant s’étala devant l’interstice ouvert.
- Ah! s’écria Progonas dans un geste de recul. Qu’est-ce que cela?
Aussitôt Celebrimbor se glissa à l’intérieur de la pièce. Et il y découvrit, avec horreur, un terrible spectacle : le cadavre d’un elfe, allongé à plat ventre, qui entravait la porte. Celebrimbor s’accroupit près du corps. D’une main, il le fit basculer sur le dos. Mais ce fut pour découvrir son crâne, défoncé, et un visage affreusement défiguré. Comme si on l’avait écrasé à plusieurs reprises à coup de massue. Horrifié, l’elfe trébucha en arrière. Progonas vint aussitôt relever son maître.
- Qui était-ce? lui demanda Celebrimbor. Le sais-tu?
- Je l’ignore, lui répondit l’elfe. En tout cas, il n’a pas l’air d’avoir été abattu par surprise...
Et du doigt, il désigna les débris de chaises et de gravas qui jonchaient la mosaïque du sol. Quant à la table ronde, au milieu de la salle, elle avait été déplacée.
- On s’est battu par ici, ajouta-t-il.
Et Celebrimbor fut empli de tristesse. Les Gwaith-i-Mirdain les avaient finement ouvragées toutes deux, la table et la mosaïque, afin de décorer cette Salle du Conseil ; et non pour servir d’arène à ce genre de carnage!
La table avait la forme d’un cercle, ouvert au sud, à l’ouest et au nord. Mais à l’est, dos à la montagne, les artisans avaient placé un immense siège en bois d’ébène pour leur maître, Celebrimbor. Quant à la mosaïque, composée des plus précieuses et des plus rares pierreries de ce monde, elle représentait une unique étoile, à multiples rayons. Plus scintillante que le soleil, c’était là l’étoile de la Maison de Fëanor, ornée des cinq astres de la constellation du Pentangle, représentant les cinq collines sur lesquelles les Noldor avaient bâti leur cité. Et en son coeur était placée une enclume d’or et d’argent, sur laquelle reposait un marteau de mithril.
Tout autour de l’enclume et de l’étoile venait l’immense table ronde, puis les colonnes majestueuses qui soutenaient la voûte étoilée. Dessous, cinq fresques recouvraient de part et d'autre les murs de la salle, chacune figurant une colline en fonction de son orientation géographique.
Au sud-ouest Portefleurie, colline à l'herbe toujours verte où les berges venaient faire paître leurs troupeaux parmis les chalets de bois et de pierre. Au nord-ouest Terremère, habritant en son sein les demeures des elfes, et au sud-est Agora, véritable coeur commercial et économique de la cité.
Mais celles qui étonnaient le plus par leur finesse et leur beauté était au nord-est le Mont-de-Fer, et Château-de-Lune au sud.
En fait de colline, Château-de-Lune ressemblait bien plus à un immense promontoire jaillit de terre et défiant le vide au sud et à l'ouest. On l'avait ainsi nommée car dessus avait été bâtie l'une des magnifiques demeures que le Deuxième-Âge ait connu : un château étincellant, aux murs de marbre blanc veiné d'argent ; un enchevêtrement d'arcades et de piliers, de pinacles et de tourelles de nacre et d'ivoire. Défiant les nuages, ils s'élevaient tous autour d'une vertigineuse flèche de perle et d'argent, et les nombreux ornement fleuris taillés dans leur roc étaient faits d'ithildin. L'ensemble en était à ce point magnifique que les nuits de pleine lune, le château scintillait d'une blancheur plus éclatante encore que celle de l'astre en question.
Enfin venait le Mont de Fer, ses forges, ses demeures, sa falaise au nord et à son sommet la Maison des Mirdains. En son sein, derrière la Grande Porte et la Salle des Fêtes, derrière la Salle du Conseil et le trône d'ébène, se tenaient trois portes de pierre. Celle du centre était plus haute que les deux autres, mais toutes trois renfermaient les immenses richesses des Gwaith-i-Mirdain. Personne d’autre qu’eux ne pouvait y accéder. Et nul autre étranger n’avait à ce jour contemplé et touché ces trésors jalousement gardés. Du moins c’était ce que croyait Celebrimbor.
La suite du Chapitre Premier la semaine prochaine!
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