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Philosophie Magazine spécial Tolkien - été 2022
#1
Philosophie Magazine va bientôt sortir un numéro spécial Tolkien. La version allemande a déjà été annoncée, bien qu'elle soit traduite de la version française non encore annoncée :
https://www.philomag.de/archives/tolkien...ausgabe-22

Au programme, des interventions de Verlyn Flieger, Michael Devaux, Leo Carruthers, Isabelle Pantin, Irene Fernandez, Enrico Spadaro, entre autres. On espère en savoir plus rapidement sur la VF.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#2
Bonjour,
Ayant très directement participé à la préparation du numéro, je peux apporter quelques précisions :
- le numéro sortira mardi
- la version allemande est en partie une traduction de la française, mais en partie seulement : chacune comprend des contenus propres
Nous espérons que le hors-série plaira au Tolkiendili ! Je serais en tout cas ravi d'en discuter.
Octave.
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#3
Merci pour ces nouvelles !
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#4
Par contre, ça sort mardi, mais toujours aucune photo de la couverture ni le sommaire sur le site Sad
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#5
C'est donc la version allemande qui sort mardi ?
Oyez Elfes, vous tous, oyez ! Qu'on ne dise plus jamais des Nains qu'ils sont cupides et désobligeants ! Galadriel
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#6
La version française mardi. L'allemande est sortie jeudi dernier.
En effet, rien sur le site pour le moment.
Pour spoiler un peu plus : le numéro comprend aussi un entretien avec Marylin Maeso, des textes de Tristan Garcia et Vincent Ferré, des extraits (Timothy Morton, Slavoj Zizek, Barfield, Chesterton, Lewis, Boèce, et bien sûr de Tolkien), des portraits de personnages et de races, ainsi que quelques textes produits en interne (sur les possibles influences philosophiques de Tolkien, l'Anneau, l'OEil de Sauron, etc.) Le tout se répartit en gros en quatre parties : mythe et langage, éthique et politique, mal et résistance, espoir et foi. 
Octave.
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#7
Le sommaire de la version française : https://www.philomag.com/archives/hors-s...tomne-2022

On dirait qu'on y perd en contenu par rapport à la version allemande ou bien la page n'est pas complète.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#8
Le sommaire n'est pas complet sur le site, en effet ! Les hors-série ne sont jamais entièrement numérisés. La table des matières devrait être prochainement visualisable sur la boutique, mais il y a manifestement un peu de retard à ce niveau
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#9
Ayant déjà acheté le livre je peu d'ores et déjà indiquer le sommaire :

Une brève histoire de la terre du milieu (pp. 06-11)
Philosopher Chez les Elfes, entretien avec Marylin Maeso (pp. 12-17)
Chronologie, Le Seigneur des mots (pp. 18-23)
Dans la bibliothèque philosophique de Tolkien (pp. 24-25)

I. La Fabrique du Mythe

Races et histoires (pp. 28-31)
L'écho d'un monde perdu, entretien avec Isabelle Pantin (pp. 32-39)
Extrait : Qu'est-ce qu'un conte de fées ? (P. 35)
La grande famille de l'Anneau (pp. 42-47)
La magie des mots, entretien avec Verlyn Flieger (pp. 48-52)
Lecture croisée : Tolkien et Barfield, les profondeurs du langage (P. 53)

II. La tentation du refuge et comment y résister

Le mythe du désenchantement par Tristan Garcia (pp. 56-59)
Le héros jardinier par Vincent Ferré (pp. 62-63)
La guerre contre les machines, entretien avec Enrico Spadaro (pp. 64-66)
Lecture croisée : Tolkien et Chesterton, la beauté du monde (p. 67)

III. L'Histoire du monde est l'histoire du mal

Tenir à l'Œil (pp. 70-71)
La tentation du roi-dieu, entretien avec Michaël Devaux (pp. 72-77)
Extrait : L'énigme Tom Bombadil (pp.75)
"Mon précieux" : philosophie de l'Anneau (pp. 80-82)
Extrait : Un anneau néolibéral ? par Timothy Morton 
Lecture croisée : Tolkien et Boèce, le néant du mal (p.83)

IV. Comment l'espoir fait tenir le monde

L'épreuve du choix, entretien avec Irène Fernandez (pp. 86-91)
Extrait : Petits et grand écrits (p. 89)
Extrait : Le rêve du paganisme par Slavoj Zizek
Il était une foi... entretien avec Leo Carruthers (pp. 94-97)
Lecture croisée : Tolkien et C.S Lewis, la consolation de la joie (p. 98 )
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#10
Merci pour ces détails !
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#11
S'il est encore en vente (quand je rentre de vacances), j'essaierai ptetre de me le procurer celui-là tiens Smile !
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#12
Autant lire Les Mondes de Tolkien, reconnu par la Tolkien Society qui ne comporte quasiment aucune erreur et qui est le fruit d’un travail de recherche et de collaboration entre l’auteur et certains spécialistes de l’œuvre
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#13
(07.08.2022, 19:18)Forfirith a écrit : S'il est encore en vente (quand je rentre de vacances), j'essaierai ptetre de me le procurer celui-là tiens Smile !

Malgré quelques petites erreurs (confusion entre ainur et valar, les elfes qui s'éveillent lors du premier levé de soleil...) il est intéressant à plus d'un titre, notamment grâce (pour ma part) aux interventions de Verlyn Flieger et Leo Carruthers. Certaines interventions sont relativement dispensables j'ai trouvé mais bon. Pour un néophyte c'est pas mal parce que ça brasse quand même un certain nombre de réflexions importantes de l'œuvre. Mais bon après voilà si on a lu tous les bouquins et articles de Flieger ou de Devaux, de Ferré etc... ce sera des redites mais voilà. Il est plutôt bien fait.
Oyez Elfes, vous tous, oyez ! Qu'on ne dise plus jamais des Nains qu'ils sont cupides et désobligeants ! Galadriel
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#14
(07.08.2022, 23:23)latos a écrit : Autant lire  Les Mondes de Tolkien, reconnu par la Tolkien Society qui ne comporte quasiment aucune erreur et qui est le fruit d’un travail de recherche et de collaboration entre l’auteur et certains spécialistes de l’œuvre

De fait, c'est un très bon livre, mais il ne couvre pas vraiment les sujets abordés par ce magazine. Au demeurant, la plupart des intervenants du magazine sont d'excellents spécialistes de Tolkien.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#15
J'ai l'impression que Iatos parlait plutôt du livre d'Ilan Ferry, que du hors série, non ?

I.
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#16
J'ai acheté le numéro et je n'accroche pas vraiment à l'approche "philosophique" proposée. 
L'oeuvre de Tolkien est vue au prisme de "grand thèmes" philosophiques, le bien et le mal, l'art et la nature, le beau et le laid, etc, qui la recouvrent comme une épaisse couche de neige recouvrirait un paysage : on voit bien la neige, mais ce qu'il y a dessous est un peu "informe".
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#17
Je parlais du livre Des Mondes de Tolkien de John Gareth
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#18
(09.08.2022, 10:34)latos a écrit : Je parlais du livre Des Mondes de Tolkien de John Gareth
De John Garth même Wink

Mais on se demandait à quoi tu le comparais ?
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
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#19
Au début j’avais cru qu’il abordait les mêmes sujets que le magasine mais apparemment pas. D’un autre coté, Les Mondes de Tolkien parlent aussi de mythologie donc si le magasine les mentionne on peut faire une analogie
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#20
(11.08.2022, 00:39)latos a écrit : Au début j’avais cru qu’il abordait les mêmes sujets que le magasine mais apparemment pas. D’un autre coté, Les Mondes de Tolkien parlent aussi de mythologie donc si le magasine les mentionne on peut faire une analogie
Le magazine parle bien davantage de philosophies que de mythologies, de la forte influence qu'eut par exemple Barfield sur sa conception de la philologie, le rapport entre Bien et Mal, sur l'idée d'un désenchantement du monde, forte idée de la première moitié du XXe siècle, l'héroïsme de Frodo par rapport à Gollum etc...
Oyez Elfes, vous tous, oyez ! Qu'on ne dise plus jamais des Nains qu'ils sont cupides et désobligeants ! Galadriel
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#21
Très bien. Je pense qu’il est important et intéressant de voir les aspects philosophiques
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#22
J'ai lu le hors-série de Philosophie Magasine consacré à Tolkien et j'aimerais avoir votre avis sur un point qui m'a surpris dans l'article Philosopher chez les Elfes, car je n'ai pas compris la même chose en lisant le SdA. La philosophe interrogée dit : "Aragorn redoute de dévaler la même pente funeste que son ancêtre Isildur, qui garda l'anneau pour lui alors qu'il aurait pu le détruire, et cela amène plusieurs questions : qu'est-ce qu'être un bon gouvernant ? Le pouvoir corrompt-il nécessairement ? Peut-on choisir librement son destin ? Etc".

A la lecture du SdA, je n'ai pas du tout eu l'impression qu'Aragorn avait peur de suivre le même chemin qu'Isildur. Il me semble au contraire très déterminé, il combat Sauron depuis des années dans l'anonymat et ce qui'il dit à Boromir lors du conseil d'Elrond montre plutôt qu'il n'a pas peur de son destin :
‘The words were not the doom of Minas Tirith,’ said Aragorn. ‘But
doom and great deeds are indeed at hand. For the Sword that was
Broken is the Sword of Elendil that broke beneath him when he fell.
It has been treasured by his heirs when all other heirlooms were lost;
for it was spoken of old among us that it should be made again when
the Ring, Isildur’s Bane, was found. Now you have seen the sword
that you have sought, what would you ask? Do you wish for the
House of Elendil to return to the Land of Gondor?’

‘But now the world is changing once again. A new hour comes.
Isildur’s Bane is found. Battle is at hand. The Sword shall be reforged.
I will come to Minas Tirith.’


Par contre, dans les films de Peter Jackson, Aragorn est présenté comme ayant peur de s'engager sur le même chemin qu'Isildur. Selon moi, ce n'est pas le cas dans le livre. Il ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir (ce que montre bien sa décision de ne pas entrer dans Minas Tirith ni de se présenter comme roi après la bataille des champs du Pelennor), il peut avoir des moments d'hésitation (comme après la perte de Gandalf), mais il ne cherche pas à échapper à son destin (d'ailleurs, s'il ne devient pas roi, il ne retrouvera pas Arwen...).
Sinon, les questions posées par la philosophe sont intéressantes et je trouve que par ses paroles et par ses actes Aragorn (dans le livre de Tolkien) répond bien à la question  "qu'est-ce qu'être un bon gouvernant ?".

S'il y a quelque chose qui m'a échappé, j'aimerais bien que vous m'indiquiez les passages du SdA qui montrent qu'Aragorn redoute de se comporter comme Isildur.
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#23
(22.08.2022, 14:20)Erin a écrit : A la lecture du SdA, je n'ai pas du tout eu l'impression qu'Aragorn avait peur de suivre le même chemin qu'Isildur. Il me semble au contraire très déterminé, il combat Sauron depuis des années dans l'anonymat et ce qu'il dit à Boromir lors du conseil d'Elrond montre plutôt qu'il n'a pas peur de son destin :

[...]

Par contre, dans les films de Peter Jackson, Aragorn est présenté comme ayant peur de s'engager sur le même chemin qu'Isildur. Selon moi, ce n'est pas le cas dans le livre.

Exactement. Pas (encore) lu le magazine, mais il s'agit probablement d'une confusion entre livre et film, assez regrettable selon moi. On risque d'avoir le même genre d'erreur d'appréciation pour Faramir, au demeurant.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#24
Citation :Il s'agit probablement d'une confusion entre livre et film, assez regrettable selon moi. On risque d'avoir le même genre d'erreur d'appréciation pour Faramir, au demeurant.


N'ayant pas réalisé l'entretien, je ne peux me prononcer avec certitude mais : c'est tout à fait probable. L'échange à l'oral, à bâton rompu, tend à faciliter ce genre d'entrelacs des souvenirs.
Rien de tel concernant Faramir, en tout cas, à ma connaissance.
Pour en revenir rapidement à Aragorn : le personnage est assez profondément tordu par Jackson, c'est évident. Cela étant, il m'a toujours semblé que la version filmique touchait aussi en quelques occasions, peut-être involontairement, certains aspects probants, quoique relativement tacites dans le roman, du personnage. Lorsqu'Aragorn dit : "je ne veux pas de ce pouvoir" par exemple (il me semble que nous citons la phrase). Sans doute le Aragorn de Tolkien est il beaucoup plus déterminé à devenir roi que son homologue à l'écran, et n'hésite pas tellement - il a quelques bonnes raisons personnelles pour cela ! Mais il ne désire manifestement pas ce pouvoir pour lui-même. Il reconnait simplement la responsabilité qui lui est assigné d'assumer la charge pouvoir, sans être tenté de s'y soustraire (contrairement à ce que sous-entend Jackson). Il y a bien quelque chose d'assez juste à mon sens dans ce "je ne veux pas de ce pouvoir", même si c'est noyé dans une masse d'autres éléments très divergents. Parenthèse refermée !
Octave.
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#25
Ne refermons pas trop vite la parenthèse, cher Octave.

Ne pas désirer le pouvoir et ne pas le désirer pour soi-même, c'est très différent.

Que le script de Jackson prête des doutes à son personnage au travers d'une expression du style "je ne veux pas de ce pouvoir", grand bien lui fasse, mais ça reste une jacksonnerie.
Tolkien ne prête pas ce type de réflexion à Aragorn. Lorsqu'on rencontre Aragorn dans l'auberge de Bree, il est déjà dans sa maturité et prêt depuis longtemps à assumer ce pouvoir, pour les autres, comme pour lui-même. Il n'a pas de doutes, et chaque pas qui l'éloigne de son destin est pour lui une souffrance :

Citation :"Gondor ! Gondor ! s’écria Aragorn. Plût au Ciel que je te contemple de nouveau en une heure plus heureuse ! Ce n’est pas encore que ma route se dirige au sud vers tes claires rivières" (SDA, livre 3, chap II)


Le seul moment du récit ou ce personnage est en proie au doute en ce qui concerne la royauté, c'est lorsqu'il est sur la montagne avec Gandalf et qu'il s'interroge sur la pérennité de sa royauté, interrogation à laquelle Gandalf répond en l'orientant vers la découverte du rejeton de l'arbre blanc :

Citation :Mais je mourrai, dit Aragorn. Car je suis un mortel, et tout en étant ce que je suis et de la race de l’Ouest à l’état pur, j’aurai une vie beaucoup plus longue que celle des autres hommes (...) Qui, alors, gouvernera le Gondor et ceux qui regardent vers cette Cité comme vers leur reine, si mon désir n’est pas exaucé ? L’Arbre de la Cour de la Fontaine est encore desséché et stérile. Quand verrai-je un signe qu’il doive jamais être autrement ? (SDA, livre 6, chap V)

Les autres moments de trouble ont justement lieu lorsque un autre choix vient perturber la droite ligne qu'il s'était fixé. Par exemple quand il réalise qu'il va devoir guider Frodo à la place de Gandalf, alors que son projet a toujours été de se rendre en Gondor.

Citation :Les autres ne dirent rien, et Aragorn eut l’air indécis et troublé.
— Je vois que vous ne savez que faire, dit Celeborn. Il ne m’appartient pas de choisir pour vous ; mais je vous aiderai comme je le pourrai. (SDA, livre 2, chap VIII)

Rien n'empêche bien sûr au lecteur d'interprêter la personnalité d'Aragorn selon ses propres critères, car derrière une volonté ferme, une bienveillance manifeste, une haute conscience de son devoir, etc. Tolkien laisse finalement peu d’aspérité pour analyser "ce bon monarque" plus en profondeur. Mais utiliser du Jackson pour creuser une facette non exprimée par Tolkien, ce n'est vraiment pas une idée heureuse. Ça contribue à installer un amalgame non souhaitable dans l'esprit des lecteurs

Mais comme je l'ai dit dans le forum d’à côté à propos des illustrations de la revue, ce détail n'enlève rien à la qualité de l'ensemble.

I.

PS : Et merci à toi de te rendre autant disponible pour tous ces échanges
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#26
(22.08.2022, 22:04)rintrah a écrit :
Citation :Il s'agit probablement d'une confusion entre livre et film, assez regrettable selon moi. On risque d'avoir le même genre d'erreur d'appréciation pour Faramir, au demeurant.


N'ayant pas réalisé l'entretien, je ne peux me prononcer avec certitude mais : c'est tout à fait probable. L'échange à l'oral, à bâton rompu, tend à faciliter ce genre d'entrelacs des souvenirs.
Rien de tel concernant Faramir, en tout cas, à ma connaissance.
Pour en revenir rapidement à Aragorn : le personnage est assez profondément tordu par Jackson, c'est évident. Cela étant, il m'a toujours semblé que la version filmique touchait aussi en quelques occasions, peut-être involontairement, certains aspects probants, quoique relativement tacites dans le roman, du personnage. Lorsqu'Aragorn dit : "je ne veux pas de ce pouvoir" par exemple (il me semble que nous citons la phrase). Sans doute le Aragorn de Tolkien est il beaucoup plus déterminé à devenir roi que son homologue à l'écran, et n'hésite pas tellement - il a quelques bonnes raisons personnelles pour cela ! Mais il ne désire manifestement pas ce pouvoir pour lui-même. Il reconnait simplement la responsabilité qui lui est assigné d'assumer la charge pouvoir, sans être tenté de s'y soustraire (contrairement à ce que sous-entend Jackson). Il y a bien quelque chose d'assez juste à mon sens dans ce "je ne veux pas de ce pouvoir", même si c'est noyé dans une masse d'autres éléments très divergents. Parenthèse refermée !
Octave.
En effet, c'est dommage qu'il y ait cette confusion. Par ailleurs, d'après l'ensemble de l'entretien la philosophe semble bien connaître les œuvres de Tolkien.

A propos du mélange livre-films, j'ai regretté que dans l'article La grande famille de l'Anneau, les citations d'Aragorn soient issues uniquement des films (c'est indiqué clairement). Il y a pourtant beaucoup de citations d'Aragorn dignes d'intérêt dans le livre. Mais sinon, ce magasine est très intéressant, même si j'avoue qu'il faudra que je relise certains articles car mes connaissances en philosophie sont très limitées et je n'ai pas tout compris !
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#27
Cher ISENGAR, cher Erin,

Merci pour vos retours et remarques. Quelques éléments de réponse.



Citation :Ne pas désirer le pouvoir et ne pas le désirer pour soi-même, c'est très différent.




Je le concède d'autant plus volontiers qu'il y avait une ambiguïté dans mon message : quand j'écrivais "il ne désire manifestement pas ce pouvoir pour lui-même" je voulais dire "le pouvoir pour le pouvoir", "le pouvoir en tant que tel", et pas "le pouvoir pour lui, Aragorn". Il est assez clair, je pense, qu'Aragorn ne désire pas le pouvoir pour s'en servir dans son propre intérêt ou quelque chose de cet acabit.







Citation :Que le script de Jackson prête des doutes à son personnage au travers d'une expression du style "je ne veux pas de ce pouvoir", grand bien lui fasse, mais ça reste une jacksonnerie.






Tout à fait d'accord pour dire que - dans le cadre d'ensemble de la mise en scène d'Aragorn par Jackson - la phrase participe d'une interprétation hésitante qui n'a pas grand chose à voir avec le roman. Prise indépendamment, en revanche, elle me semble davantage consonante. Aragorn est manifestement déterminé à revendiquer ce qui lui revient de droit, il n'a pas tellement de doute à ce sujet. Mais j'ajouterais :





1. que son attitude relève moins du désir ou de l'envie (le terme de volonté est plus ambigu, certes) que du sentiment de devoir qu'il éprouve par rapport à cet héritage à prendre en charge, à endosser. Il est effectivement "prêt depuis longtemps à assumer ce pouvoir, pour les autres, comme pour lui-même"




2. que cette responsabilité dont il se sent investi vise non le pouvoir mais la restitution du titre qui lui revient, et par là la restauration de la royauté gondorienne (c'est à dire, pour paraphraser une lettre bien connue : d'un système politique qui, à défaut peut-être d'un fonctionnement purement anarchiste où il serait possible de se passer de pouvoir, ce qui est certainement impossible pour Tolkien dans un monde déchu, met en principe le pouvoir politique hors de portée des désirs humains en le conférant à des hommes qui, précisément, ne l'ont pas voulu mais ont seulement dû l'accepter).





Pour continuer la paraphrase de lettres (je n'ai pas le texte sous la main malheureusement) : je dirais qu'il est plus que possible que Tolkien accorde, sans le dire explicitement, au bon monarque Aragorn la sage conscience de ce qu'il écrit par ailleurs - qu'exercer le pouvoir sur d'autres est la tâche la plus impropre (et, pourrait-on dire, dangereuse puisque le pouvoir contient la possibilité de son abus) qui puisse incomber à l'homme. Gouverner (gouverner justement, en tout cas) est une tache terriblement exigeante. Celui qui en a conscience - et je dirais que c'est le cas d'Aragorn pour Tolkien - ne peut pas, de ce point de vue, désirer exercer le pouvoir. Désirer le pouvoir, c'est dans une certaine mesure toujours déjà s'écarter de son juste exercice et se placer dans l'horizon de son abus. Le bon souverain est nécessairement celui qui ne veut pas gouverner - mais le fera pourtant sans hésiter, par acceptation de son devoir. C'est exactement ce que dit Platon dans la République d'ailleurs (qu'a très probablement lue Tolkien). Et je crois que ça correspond assez bien à Aragorn (même si celui-ci a une motivation périphérique, celle de l'amour)




A ce (trop long) détour près, la phrase "je ne veux pas de ce pouvoir" (considérée isolément) me parait assez pertinente - plus en tout cas qu'une interprétation purement arbitraire qui creuserait "une facette non exprimée par Tolkien". L'interprétation de Jackson est, indiscutablement, une déformation. Mais cette phrase en particulier, sortie du contexte d'origine où elle participe à la déformation, n'est pas à mon avis dissonante avec le Aragorn de Tolkien, et dit en une certaine économie de mots une dimension probable de son attitude face au pouvoir qui, en croisant les textes. Ce n'est pas cette phrase, disons, qui est utilisée comme clef d'interprétation : elle n'est qu'une formule qui signe une grille de lecture à mon avis très légitime.



Citation :A propos du mélange livre-films, j'ai regretté que dans l'article La grande famille de l'Anneau, les citations d'Aragorn soient issues uniquement des films (c'est indiqué clairement).


C'est me semble-il justement de ce passage que nous discutons ci-avant. Je me permets, tout de même, de préciser que ces chevauchements sont extrêmement peu nombreux (par rapport à l'ensemble des textes cités notamment), il doit y en avoir 4 ou 5, et encore. Que, par ailleurs, comme j'ai essayé de l'expliquer plus haut, lorsque certaines citations des films ont été exceptionnellement choisies, c'est toujours parce que ces citations nous semblent exprimée de manière un peu percutante une dimension de telle ou telle question qui peut être largement étayée par d'autres éléments issus du matériau primaire. Il ne s'agit pas de mélanger la vision de Jackson et la vision de Tolkien, seulement de prélever très parcimonieusement chez Jackson quelques éléments qui résument un angle d'analyse qui nous parait fondé pour de multiples raisons indépendantes de la réécriture jacksonienne.




Citation :Et merci à toi de te rendre autant disponible pour tous ces échanges



C'est un réel plaisir de pouvoir échanger avec vous tous ! (Peut-être un peu trop extensivement ici sur une phrase qui n'était vraiment évoquée d'abord que comme un exemple) Tous les retours critiques sont les bienvenus, surtout s'ils peuvent donner lieu à des discussions.





Octave.
Répondre
#28
Il est vrai qu'Aragorn est très différent entre le livre et le film, mais pas que lui d'ailleurs, puisque son entourage a du coup aussi une vision très différente de lui selon le média.

Boromir, par exemple, ne reconnait Aragorn en tant que souverain légitime qu'aux portes de la mort, dans le film, en disant très clairement lors du conseil d'Elrond que le Gondor n'a pas de roi et n'en a pas besoin.

Or, dans le livre il me semble qu'il accepte assez facilement l'idée qu'Aragorn puisse revendiquer son trône.

Mais du coup tout cela découle directement du fait que dans un cas Aragorn assume dès le début son destin (Et est donc naturellement plus crédible aux yeux des autres), alors que dans l'autre cas non. Et ce qui semble être un détail n'en est plus un.

En vrai ce serait passionnant une comparaison des deux oeuvres sur le plan philosophique. Car je trouve que c'est surtout là que livre et films diffèrent.
On pourrait également citer le traitement de la défaite de Sauron lors de la dernière Alliance, mis à terre et battu à la loyale dans le livre, et vaincu par un gros coup de bol et un doigt tranché de façon opportuniste dans le film. Car là, ça change toute la philosophie du personnage, ses craintes, et donc les raisons de ses choix tactiques.
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#29
Je me suis inscrite sur ce forum après avoir lu le SdA pour en apprendre davantage sur l’œuvre de Tolkien. Je ne suis pas inscrite sur le forum de JRRVF mais je le lis de temps en temps. Or, je viens de découvrir qu’un message de ce forum comporte un lien vers mon message du 22/08 sur ce fil de discussion, concernant le numéro de Philosophie magazine sur Tolkien.

Mon message s’adresse donc principalement à Hyarion, auteur des phrases ci-dessous sur JRRVF, mais des personnes m’ayant gentiment répondu, je n’en fait pas un MP :
Comme je l'ai déjà laissé entendre, l'entretien avec Marylin Maeso est intéressant, même si j'ai vu, ailleurs, que l'on commençait déjà à traquer les "jacksonneries" dans ses propos, ce qui me semble tout de même un peu regrettable, vu que l'intéressée, sans être du "sérail" me parait tout de même bien connaître l'œuvre de Tolkien. J'ai lu qu'on lui reprochait une interprétation du personnage d'Aragorn apparemment, pour partie, influencée par les films de Jackson : s'il est naturellement juste et nécessaire de distinguer ce qui relève des livres de ce qui relève des films de PJ, ce n'est pas une raison pour prendre une posture de gardiens du Temple que je connais fort bien, au risque d'invalider pour quelques mots l'ensemble de l'entretien, qui peut certes être discuté, mais pas en réduisant le propos à l'habituel "confusionisme" entre livres et films que les experts aiment tant reprocher à tous ceux qui... ne sont pas des experts comme eux.

Hyarion, si tu relis attentivement mon message, tu verras que je ne traque pas les jacksonneries et que je ne me pose pas en expert. Bien au contraire, mes lectures sur la Terre du Milieu se limitent pour l’instant au Silmarillion, Hobbit, SdA et EdH. Et Marylin Maeso semblant en effet bien connaître l’œuvre de Tolkiien, je me suis demandé à la lecture de son interview si je n’avais pas raté quelque chose en lisant le SdA (j’en doutais quand même, car je l’ai relu il n’y a pas si longtemps et j’en relis régulièrement des passages, c’est donc assez frais dans mon esprit). Je posais donc une simple question sans arrière-pensée, et j’aurais posé la même question si je n’avais pas vu les films de P Jackson (la phrase sur les films en moins, bien sûr).

J’ai par ailleurs trouvé cet article très intéressant et tu en parles beaucoup mieux que je ne pourrais le faire sur JRRVF.

Tes propos ne s’adressent peut-être pas seulement à mon message mais également à ceux qui m’ont répondu, mais les réponses me semblent plutôt factuelles (pas « gardiens du Temple »), et le lien pointe sur mon message.
Je trouve que c’est un peu « fort de café » de faire un lien vers un autre site sur un forum où la personne n’est pas inscrite et ne peut donc pas répondre. Pour le dire plus clairement, je trouve même ça assez irrespectueux. Comme il existe un droit à l’image, il devrait y avoir un droit à choisir l’endroit où nos écrits figurent sur la toile (je ne fréquente pas les réseaux sociaux où les messages sont si facilement transférés ou retweetés).
Tout ça n’est pas bien grave, mon intention n’est pas de polémiquer, je ne suis pas venue sur ce forum pour ça. Mais je tenais à faire cette mise au point.
 
Amicalement quand même, hein  Razz
Répondre
#30
Chère Erin,
La remarque de Hyarion ne t'était pas directement adressée, pas plus qu'à moi, qui suis pourtant historiquement l'objet de commentaires contradictoires et fort à propos de sa part.

Derrière les flèches de cet archer aussi habile qu'un Legolas sous pression se cache un garçon prolixe et agréable, qui aime manier une forme de provocation dont le but est de faire réagir et réfléchir son interlocuteur Smile

Je culpabilise en écrivant ces lignes, car il va sûrement vouloir y répondre, en général à l'heure où tout le monde dort, et ça va encore le mettre en retard pour des projets d'écriture qui sont attendus avec impatience Wink

I.
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