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Les gués de l'isen
#1
Bonjour à tous,

Voici un petite nouvelle pour l'été.

Le vent soufflant du nord faisait frémir l'océan d'herbe qui terminait la forêt de Fangorn quand un cavalier vint à paraître à la lisière des bois. Sa monture était d'une robe grise pareille à celle des éoreds. Une courte épée ceignait son flanc gauche. Son dos était caché par un bouclier rond en bois renforcé en son centre par une pièce en bronze. Il tenait dans sa main droite une longue lance de cavalerie au bout duquel flottait l'oriflamme aux couleurs de la ville d'Alburg qui fut jadis la demeure des rois.

Il laissait derrière lui les contreforts brumeux pour galoper vers le sud quand un nuage de poussière attira son attention à l'ouest. Le soleil était déjà haut lorsque le moutonnement apparut à l'horizon non loin l'Isen, là où disparaissait les montagnes pour laisser place à la trouée du Rohan. Après une heure de chevauchée, le cavalier réduit son allure tandis que le nuage commençait à être éparpillé par le vent. Il connaissait bien les frontières du Westemnet et les limites de l'Isengard. Il choisit d'emprunter les chemins boisés afin d'éviter de s'exposer dans cette zone où régnait de vives tensions avec les troupes de Saruman. Il pouvait voir au sud les montagnes du Westfold mais la végétation l'empêchait d'apercevoir le gouffre de Helm.

Au bout d'une autre heure à faible allure, le chuchotement des flots de l'Isen parvint à ses oreilles. Bien que sur ses gardes, une angoisse le saisit au fur et à mesure de sa progression. Une terreur maléfique semblait demeurer en ces lieux. Il descendit de son cheval et dégaina sa courte épée, préférant fuir le chemin et couper à travers la forêt au milieu des maigres ronciers et de l'humus. Les fleurs des bois brillaient des éclats du soleil atténués par le feuillage grands arbres. La beauté du lieu contrastait avec l'étrange appréhension qui l’étreignait tout entier. « Ce maudit magicien a-t-il réduit la forêt à un triste sanctuaire pour mauvais démons » pensa l'éclaireur. L'eau était maintenant toute proche et le clapotis couvrait le bruit de ses pas. Il observait maintenant la plage de galet, courbé derrière un buisson. Elle était à plus d'une trentaine de mètre mais l'effroi le saisit...

Ce n'était plus un paisible gué mais un charnier recouvert de cadavres où l'on ne distinguait plus les hommes des autres créatures. Des lances brisés jonchaient le sol à côté de boucliers en morceaux. L'eau coulait encore rouge et noir du sang des créatures. Les armures des hommes tombés étaient percées de flèches et les heaumes brisés reposaient sur les galets. L'éclaireur oublia toute prudence et se précipita sur la plage, évitant les cadavres jusqu'à atteindre la rivière qui se divisait en deux branches laissant paraître une petit îlot de pierre et de faible végétation. Il n'eut pas de difficulté à reconnaître les insignes des cavaliers rohirrim de Théodred et Grimbold tandis qu'il franchissait le gué à pied. Les soldats gisant étaient mêlés au corps des hommes-orques et d'Uruk-hais frappés du sceau de l'Isengard.

Le tertre central était marqué par de nombreuses traces de luttes féroces, plus encore que la partie orientale du gué. Un gigantesque homme-orque gisait sur le sol, son corps criblé de flèches et frappés de coup d'épée. A côté, quatre hommes étaient allongés, tournés face contre terre et semblait avoir protégé un lieu à moitié noyé dans les eaux. Eohmund le cavalier se rapprocha et remarqua dans l'eau la forme d'un heaume qui lui était familière. Tandis qu'il marchait pour s'en saisir, son pied vint heurter un gant qui ne laissait aucun doute quand à son propriétaire... Il tomba à genou et souffla pour lui-même « Théodred » ! Le fils du roi théoden avait combattu ici et était probablement tombé sous les coups des hommes de l'Isengard. Il s'empara du gant et le serra dans sa main quand un voile couvrit son esprit.

Il tenta de se ressaisir mais fut emporter dans un torrent de pensée jusqu'à ce qu'apparut à ses yeux la berge ouest des gués de l'Isen. C'était la fin du jour et un groupe de cavaliers étaient surpris par de nombreux assaillants uruk-hai sortie de la brume qui couvrait les eaux. Les grognements gutturaux et les hurlements des hommes-orques raisonnaient dans sa tête. Eohmund sentit son cœur s'accélérer et de la sueur perlait maintenant sur son front malgré la fraîcheur de la rivière. Il était maintenant à genou au milieu du tertre, prostré par les visions qu'il ne contrôlait plus.

Les cavaliers étaient maintenant acculé sur l’îlot, un hommes aux cheveux blonds vêtu d'une cote de maille recouverte par une armure du westfold criait « à moi ! Grimbold ! » tout en combattant furieusement. Son épée virevoltait et pourfendait les féroces uruk-hai qui se ruaient sur le tertre. Malgré les efforts des cavaliers qui avaient maintenant mis pied à terre, un homme-orque armé d'une hache parvint à perler le groupe d'éored et lorsqu'enfin grimbold accompagné d'un petit groupe de soldat parvint à atteindre l'ilôt, ce ne fut que pour voir Théodred s'effondrer au milieu des assaillants. La fureur emplit alors le cœur de Grimbold. Il se rua sur ses ennemis le visage couvert de larme, hurlant de rage et trancha deux ennemis d'un seul coup d'épée. Les rohirrims, aveuglés par la douleur, luttèrent avec l'énergie du désespoir jusqu'à ce qu'à ce que la nuit fut bien installée. Une vague sombre hérissées de lances et de boucliers en bronze luisant sous la clarté lunaire dirigée par Elfhlem apparut alors et vint renversé les soldats de l'Isengard qui doutant déjà devant la férocité des éoreds s'enfuirent à travers l'Isengard.

Quand Eohmund revient à lui, son corps frissonnait dans la nuit qui s'était maintenant abbattue sur les gués. La brume commençait peu à peu à couvrir l'ilôt. Au loin brillait quelques flammes qui révélait la tour d'Orthanc. Il releva la tête vers les étoiles qui constellaient le ciel, loin au-dessus de la forêt qui prenait d'assaut les flancs des monts brumeux. Nul brise n'agitait les feuilles et seul le clapotis de la rivière venait troubler la quiétude nocturne. Quelques oiseaux de nuit émettait de doux chants. Dans la tête du rohirrim résonnait ces paroles : «  Laissez-moi ici - pour garder les gués jusqu'à la venue d'Éomer ».

***






Note : Une carte pour les géographes : http://servimg.com/image_preview.php?i=1&u=13248810
Pour les historiens, cette histoire fait référence à la première bataille des gués de l'Isen où Théodred perdit la vie. Plus d'information ici : https://www.tolkiendil.com/encyclo/evene..._de_l_isen
J'avais commencé le premier paragraphe il y a longtemps puis laissé dans un coin jusqu'à ce que je me décide à terminer l'histoire que récemment. Cela faisait longtemps que je voulais écrire sur les rohirrims ainsi que sur une bataille.
Je n'ai pas eu le temps de faire de recherches sur la tenue des rohirrims. Je rajouterai peut être plus de détails à ce sujet plus tard une fois les recherches effectuées (des promesses, des promesses...^^).
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#2
Très sympa ! Very Happy
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#3
Comme quoi le murissement en carton a parfois du bon !
Pouvons-nous espérer une suite avec veillée funèbre du héros tombé, fracas de la seconde bataille, désespoir dans la retraite, et gloire du ralliement final ?
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#4
Merci Irwin et Chiara pour vos commentaires.

Citation :Pouvons-nous espérer une suite avec veillée funèbre du héros tombé, fracas de la seconde bataille, désespoir dans la retraite, et gloire du ralliement final ?

Cela pourrait être intéressant de faire une suite en effet, peut être plus tard. Si je me souviens bien, les deux batailles (1ère et deuxième) sont décrites dans le troisième age des contes et légendes inachevées. Peter Jackson a tourné également de très belles scènes de l'inhumation de Théodred.

Tolkien n'est pas un écrivain d'héroic fantasy dans le sens où il s'attarde peu sur les combats mais décrit davantage la confusion qui règne dans les batailles comme cela avait été justement dit par un usager du forum. On peut comprendre son manque d'intérêt pour les détails des batailles compte tenu de sa participation à la première guerre mondiale et la perte de ses amis sur le front.
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#5
Pardon, j'étais passé à côté, ce que aurait été regrettable ! Merci aux commentateurs d'avoir remonté ce sujet fort sympathique et bien plaisant à lire.
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