02.05.2016, 13:57
Il semble que cette interview de Guy Gavriel Kay faite en octobre 2014 soit passée inaperçue sur le sol français. Gavriel Kay revient sur sa vie d'auteur et notamment sur ses débuts, lorsqu'à 26 ans, il fut amené à aider Christopher Tolkien a mettre le Silmarillion en forme. Bien que les passages soient assez courts, ça donne une certaine vision de la façon de travailler du duo.
Des détails à mettre en relation avec les quelques mots de Christopher Tolkien, notamment dans son interview de 2012 :
http://www.lemonde.fr/culture/article/20..._3246.html
Citation :Il avait seulement 26 ans. [...] Il venait de passer un an, entre 1974 et 1975, à Oxford pour aider Christopher Tolkien a mettre en forme Le Silmarillion, l'histoire de la Terre du Milieu de Tolkien. [...]
Ce travail lui est parvenu par l'intermédiaire d'une relation de famille - la seconde femme de Christopher Tolkien [NdT: Baillie Klass] était canadienne, et les deux familles se connaissaient. Quand Tolkien fut nommé exécuteur littéraire à la succession de son père, il décida qu'il aurait besoin d'aide et Kay finit par être enrôlé.
"C'était un vaste, très vaste projet" explique Kay. "Et il ne voulait pas d'autre universitaire à part entière pour travailler avec lui. Vie privée familiale, anxiété, éléments d'ego entraient en jeu. Et à ce moment-là, il voyait le processus d'édition du point de vue classique de 'l'universitaire chevronné travaillant avec le brillant étudiant juste diplômé', ce qui est le modèle pour de tels travaux académiques."
Kay n'a pas voulu discuter des détails du processus d'édition - c'est une "décision personnelle" - mais on a le sentiment qu'il ne souhaitait pas être critique ou insensible. [...]
Au lieu de cela, il décrit l'expérience du Silmarillion comme "stupéfiante de façons qui résonnent encore aujourd'hui". "Je suis passé de la ville canadienne à la campagne anglaise" dit-il. "Et l'intensité de l'effort intellectuel durant cette année fut un exemple pour moi, de la manière dont je pouvais absolument me limiter et me concentrer sur quelque chose. Je fus un étudiant chanceux car je n'avais pas été un étudiant très travailleur. Je trouvais cela relativement facile - ça glissait si vous voulez. Cette année-là, ça ne glissait pas. Cela demandait beaucoup de concentration et d'attention, et j'ai découvert des choses en moi-même dans ce processus."
Mettre le Silmarillion en forme fut "une exaltation tranquille" - et presque entièrement secrète. Kay dû passer ses jours dans une grange derrière la maison, à huit miles d'Oxford, soit seul soit avec Christopher, et très occasionnellement avec le biographe de J.R.R. Tolkien, Humphrey Carpenter. "Ce fut une concentration d'une année solitaire et au calme" dit Kay. "Et j'en appris beaucoup sur les faux départs en écriture. Je le dis avec sérieux. Ses faux départs [de Tolkien]. Vous apprenez que les grandes œuvres ont des chapitres bâclés et désastreux, que les grands auteurs reconnaissent qu'ils ne fonctionnent pas. Donc je regardais les brouillons du Seigneur des Anneaux et les débuts grossiers du Silmarillion et j'en vins à réaliser qu'ils ne naissent pas à part entière, intégralement, complètement formés dans la brillance. Ils arrivent là par l'écriture et la réécriture, le dur labeur et les erreurs, et finalement si vous y passez des heures et y mettez de la patience, quelque chose peut peut-être se produire. Ce fut une leçon très très immédiate que d'étudier le matériel de Tolkien. Ce n'est pas instantanément magnifique. Ça l'est laborieusement, mais cela arrive. Ce fut une très grande et toujours importante leçon"
Des détails à mettre en relation avec les quelques mots de Christopher Tolkien, notamment dans son interview de 2012 :
http://www.lemonde.fr/culture/article/20..._3246.html
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?