15.04.2009, 16:21
Ou le Gondor comme vous ne l'avez jamais vu !
Pas plus que mon ébauche théatrale, je ne sais pas si j'achèverai jamais cette histoire.
Mais elle commence cependant à me tracasser, et revient à mon esprit plus souvent qu'à son tour. Aussi, je vous en livre la seule partie qui soit à ce jour achevée... l'épilogue.
Épilogue : L'Intendant
Pelendur referma le mince volume avec un soupir, et le replaça soigneusement dans sa cassette. L'épaisse poussière recouvrant la Chambre des Archives frémit. Dans le silence de la pièce, au cœur de la demeure royale couronnant le septième cercle de la capitale du Gondor, l'Intendant se laissa aller à songer.
Les successeurs de Meneldil avaient poursuivi la politique qu'il avait esquissée. Prévenir l'Arnor de regagner sa supériorité d'antan était devenu un axiome, au même titre que monter la garde aux frontières désolées de ce qui fut jadis le Mordor. Longtemps la partie avait été facile pour le Gondor, plus fertile et populeux que son voisin du nord. Les rois avaient œuvré sans relâche pour intégrer les peuplades indigènes de Lebennin, garantissant une abondante main d'œuvre pour mettre en valeur les terres comprises entre les Cinq Rivières. Le royaume lui-même s'agrandit rapidement par la conquête des turbulentes nations voisines, clans tribaux de Rhovanion et cités corsaires du Harad. La lente mise en valeur des terres d'Eriador par les descendants de Valandil servait encore les desseins des maîtres du Gondor, plaque tournante du commerce entre les colonies númenóriennes et les peuples de l'Est et du Sud.
Le douzième roi, Tarannon Falastur, premier des Rois Navigateurs, jaloux du titre de Haut-Roi que conservaient les descendants d'Isildur, encouragea la dissension entre les fils d'Eärendur d'Arnor. Il soutint en sous-main les prétentions des deux cadets et noua des alliances avec les seigneurs méridionaux, qui bénéficiaient des revenus générés par la ville portuaire de Tharbad. Bientôt le Royaume du Nord fut divisé en trois états rivaux, régulièrement en conflits les uns avec les autres, brisant nets les ambitions du fils aîné d'Eärendur, qui, de chagrin, renonça à son nom quenya pour prendre celui d'Amlaith. En l'espace de quelques générations, la lignée d'Isildur finit par se tarir en Cardolan et au Rhudaur. Seuls subsistèrent les Rois d'Arthedain, s'agrippant à leur antique renom depuis leur capitale de Fornost. Divisés en trois, les royaumes des Dúnedain du Nord déchurent peu à peu. L'Arthedain, aux prises avec le royaume hyperboréen d'Angmar, qui avait déjà subjugué le Rhudaur, entra dans une longue agonie.
Pelendur revint alors invinciblement à la pensée qui l'obsédait. Car voilà que sous la pression exercée par des peuplades sauvages sortis de l'Est, Ondoher, trentième roi de Gondor, sentit l'utilité de renouer des relations amicales avec l'Arthedain. Pour prix et sceau de l'alliance, il offrit sa fille Fíriel à l'héritier d'Araphant, un homme austère mais courageux. Le malheur frappa alors avec soudaineté. Ondoher et ses deux fils furent tués au combat en l'espace d'une journée, laissant le royaume du Sud sans souverain. Mis au fait de ce développement, Arvedui, le mari de Fíriel, envoya ambassade à Minas Tirith, pour réclamer le trône qui, disait-il, lui était dû comme descendant d'Isildur en ligne directe et héritier d'Ondoher par sa femme.
Jamais les descendants d'Isildur ne doivent mettre la main sur les archives de nos Rois, résolut Pelendur, les conséquences seraient trop dramatiques. Bien qu'ayant dans ses mains les rênes du pouvoir et contrôlant le Conseil de Gondor, il n'osait détruire ces papiers, qui constituaient le testament des rois de Gondor depuis près de deux millénaires. Il n'était d'autre choix que de refuser les exigences d'Arvedui. Rares seraient ceux qui y trouveraient à redire. Le nom d'Arthedain ne signifiait plus grand-chose aux yeux des Gondoriens. Le temps était depuis longtemps passé où le commerce florissait entre les deux pays. Et si l'héritier d'Araphant osait presser sa revendication, il n'y aurait qu'à trouver un prétendant légitime à lui opposer. Pelendur pensa à Eärnil, le vaillant Capitaine de l'Armée du Sud, qui avait mis en déroute les envahisseurs, quelques heures à peine après qu'elles aient vaincu Ondoher. Il revit la parade triomphale qui avait suivi dans les rues de la cité royale et songea que l'homme avait un talent stratégique inné, qui dépassait le simple cadre de l'arène militaire. Oui, il n'aurait pas à chercher bien loin un candidat que tous approuveraient. Et la lignée d'Anárion garderait pour toujours la souveraineté sur les terres du Gondor.
Pas plus que mon ébauche théatrale, je ne sais pas si j'achèverai jamais cette histoire.
Mais elle commence cependant à me tracasser, et revient à mon esprit plus souvent qu'à son tour. Aussi, je vous en livre la seule partie qui soit à ce jour achevée... l'épilogue.
Épilogue : L'Intendant
Pelendur referma le mince volume avec un soupir, et le replaça soigneusement dans sa cassette. L'épaisse poussière recouvrant la Chambre des Archives frémit. Dans le silence de la pièce, au cœur de la demeure royale couronnant le septième cercle de la capitale du Gondor, l'Intendant se laissa aller à songer.
Les successeurs de Meneldil avaient poursuivi la politique qu'il avait esquissée. Prévenir l'Arnor de regagner sa supériorité d'antan était devenu un axiome, au même titre que monter la garde aux frontières désolées de ce qui fut jadis le Mordor. Longtemps la partie avait été facile pour le Gondor, plus fertile et populeux que son voisin du nord. Les rois avaient œuvré sans relâche pour intégrer les peuplades indigènes de Lebennin, garantissant une abondante main d'œuvre pour mettre en valeur les terres comprises entre les Cinq Rivières. Le royaume lui-même s'agrandit rapidement par la conquête des turbulentes nations voisines, clans tribaux de Rhovanion et cités corsaires du Harad. La lente mise en valeur des terres d'Eriador par les descendants de Valandil servait encore les desseins des maîtres du Gondor, plaque tournante du commerce entre les colonies númenóriennes et les peuples de l'Est et du Sud.
Le douzième roi, Tarannon Falastur, premier des Rois Navigateurs, jaloux du titre de Haut-Roi que conservaient les descendants d'Isildur, encouragea la dissension entre les fils d'Eärendur d'Arnor. Il soutint en sous-main les prétentions des deux cadets et noua des alliances avec les seigneurs méridionaux, qui bénéficiaient des revenus générés par la ville portuaire de Tharbad. Bientôt le Royaume du Nord fut divisé en trois états rivaux, régulièrement en conflits les uns avec les autres, brisant nets les ambitions du fils aîné d'Eärendur, qui, de chagrin, renonça à son nom quenya pour prendre celui d'Amlaith. En l'espace de quelques générations, la lignée d'Isildur finit par se tarir en Cardolan et au Rhudaur. Seuls subsistèrent les Rois d'Arthedain, s'agrippant à leur antique renom depuis leur capitale de Fornost. Divisés en trois, les royaumes des Dúnedain du Nord déchurent peu à peu. L'Arthedain, aux prises avec le royaume hyperboréen d'Angmar, qui avait déjà subjugué le Rhudaur, entra dans une longue agonie.
Pelendur revint alors invinciblement à la pensée qui l'obsédait. Car voilà que sous la pression exercée par des peuplades sauvages sortis de l'Est, Ondoher, trentième roi de Gondor, sentit l'utilité de renouer des relations amicales avec l'Arthedain. Pour prix et sceau de l'alliance, il offrit sa fille Fíriel à l'héritier d'Araphant, un homme austère mais courageux. Le malheur frappa alors avec soudaineté. Ondoher et ses deux fils furent tués au combat en l'espace d'une journée, laissant le royaume du Sud sans souverain. Mis au fait de ce développement, Arvedui, le mari de Fíriel, envoya ambassade à Minas Tirith, pour réclamer le trône qui, disait-il, lui était dû comme descendant d'Isildur en ligne directe et héritier d'Ondoher par sa femme.
Jamais les descendants d'Isildur ne doivent mettre la main sur les archives de nos Rois, résolut Pelendur, les conséquences seraient trop dramatiques. Bien qu'ayant dans ses mains les rênes du pouvoir et contrôlant le Conseil de Gondor, il n'osait détruire ces papiers, qui constituaient le testament des rois de Gondor depuis près de deux millénaires. Il n'était d'autre choix que de refuser les exigences d'Arvedui. Rares seraient ceux qui y trouveraient à redire. Le nom d'Arthedain ne signifiait plus grand-chose aux yeux des Gondoriens. Le temps était depuis longtemps passé où le commerce florissait entre les deux pays. Et si l'héritier d'Araphant osait presser sa revendication, il n'y aurait qu'à trouver un prétendant légitime à lui opposer. Pelendur pensa à Eärnil, le vaillant Capitaine de l'Armée du Sud, qui avait mis en déroute les envahisseurs, quelques heures à peine après qu'elles aient vaincu Ondoher. Il revit la parade triomphale qui avait suivi dans les rues de la cité royale et songea que l'homme avait un talent stratégique inné, qui dépassait le simple cadre de l'arène militaire. Oui, il n'aurait pas à chercher bien loin un candidat que tous approuveraient. Et la lignée d'Anárion garderait pour toujours la souveraineté sur les terres du Gondor.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland