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[fanfic] Les héritiers d'Anárion
#1
Ou le Gondor comme vous ne l'avez jamais vu ! Wink

Pas plus que mon ébauche théatrale, je ne sais pas si j'achèverai jamais cette histoire.

Mais elle commence cependant à me tracasser, et revient à mon esprit plus souvent qu'à son tour. Aussi, je vous en livre la seule partie qui soit à ce jour achevée... l'épilogue.

Épilogue : L'Intendant

Pelendur referma le mince volume avec un soupir, et le replaça soigneusement dans sa cassette. L'épaisse poussière recouvrant la Chambre des Archives frémit. Dans le silence de la pièce, au cœur de la demeure royale couronnant le septième cercle de la capitale du Gondor, l'Intendant se laissa aller à songer.

Les successeurs de Meneldil avaient poursuivi la politique qu'il avait esquissée. Prévenir l'Arnor de regagner sa supériorité d'antan était devenu un axiome, au même titre que monter la garde aux frontières désolées de ce qui fut jadis le Mordor. Longtemps la partie avait été facile pour le Gondor, plus fertile et populeux que son voisin du nord. Les rois avaient œuvré sans relâche pour intégrer les peuplades indigènes de Lebennin, garantissant une abondante main d'œuvre pour mettre en valeur les terres comprises entre les Cinq Rivières. Le royaume lui-même s'agrandit rapidement par la conquête des turbulentes nations voisines, clans tribaux de Rhovanion et cités corsaires du Harad. La lente mise en valeur des terres d'Eriador par les descendants de Valandil servait encore les desseins des maîtres du Gondor, plaque tournante du commerce entre les colonies númenóriennes et les peuples de l'Est et du Sud.

Le douzième roi, Tarannon Falastur, premier des Rois Navigateurs, jaloux du titre de Haut-Roi que conservaient les descendants d'Isildur, encouragea la dissension entre les fils d'Eärendur d'Arnor. Il soutint en sous-main les prétentions des deux cadets et noua des alliances avec les seigneurs méridionaux, qui bénéficiaient des revenus générés par la ville portuaire de Tharbad. Bientôt le Royaume du Nord fut divisé en trois états rivaux, régulièrement en conflits les uns avec les autres, brisant nets les ambitions du fils aîné d'Eärendur, qui, de chagrin, renonça à son nom quenya pour prendre celui d'Amlaith. En l'espace de quelques générations, la lignée d'Isildur finit par se tarir en Cardolan et au Rhudaur. Seuls subsistèrent les Rois d'Arthedain, s'agrippant à leur antique renom depuis leur capitale de Fornost. Divisés en trois, les royaumes des Dúnedain du Nord déchurent peu à peu. L'Arthedain, aux prises avec le royaume hyperboréen d'Angmar, qui avait déjà subjugué le Rhudaur, entra dans une longue agonie.

Pelendur revint alors invinciblement à la pensée qui l'obsédait. Car voilà que sous la pression exercée par des peuplades sauvages sortis de l'Est, Ondoher, trentième roi de Gondor, sentit l'utilité de renouer des relations amicales avec l'Arthedain. Pour prix et sceau de l'alliance, il offrit sa fille Fíriel à l'héritier d'Araphant, un homme austère mais courageux. Le malheur frappa alors avec soudaineté. Ondoher et ses deux fils furent tués au combat en l'espace d'une journée, laissant le royaume du Sud sans souverain. Mis au fait de ce développement, Arvedui, le mari de Fíriel, envoya ambassade à Minas Tirith, pour réclamer le trône qui, disait-il, lui était dû comme descendant d'Isildur en ligne directe et héritier d'Ondoher par sa femme.

Jamais les descendants d'Isildur ne doivent mettre la main sur les archives de nos Rois, résolut Pelendur, les conséquences seraient trop dramatiques. Bien qu'ayant dans ses mains les rênes du pouvoir et contrôlant le Conseil de Gondor, il n'osait détruire ces papiers, qui constituaient le testament des rois de Gondor depuis près de deux millénaires. Il n'était d'autre choix que de refuser les exigences d'Arvedui. Rares seraient ceux qui y trouveraient à redire. Le nom d'Arthedain ne signifiait plus grand-chose aux yeux des Gondoriens. Le temps était depuis longtemps passé où le commerce florissait entre les deux pays. Et si l'héritier d'Araphant osait presser sa revendication, il n'y aurait qu'à trouver un prétendant légitime à lui opposer. Pelendur pensa à Eärnil, le vaillant Capitaine de l'Armée du Sud, qui avait mis en déroute les envahisseurs, quelques heures à peine après qu'elles aient vaincu Ondoher. Il revit la parade triomphale qui avait suivi dans les rues de la cité royale et songea que l'homme avait un talent stratégique inné, qui dépassait le simple cadre de l'arène militaire. Oui, il n'aurait pas à chercher bien loin un candidat que tous approuveraient. Et la lignée d'Anárion garderait pour toujours la souveraineté sur les terres du Gondor.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#2
Début très intéressant en effet, et qui sort du domaine commun elfe-magie-fantastique, etc... À suivre de près donc! D'autant plus que ce début est très bien écrit! Very Happy

Quelques notes cependant :

Citation :Longtemps la partie avait été facile pour le Gondor, plus fertile et populeux que son voisin du nord. Les rois avaient œuvré sans relâche pour intégrer les populations indigènes de Lebennin
Remplacer le premier terme par peulé ferait moins sentir à l'oreille la répétition.

Citation :plaque tournante du commerce entre les dominions númenóriens
Dominions est un terme qui ne correspond pas le monde tolkiennien, mais avec le notre. J'ai vérifié dans le dico : dominion signifie membre du Commonwealth!

Citation :Et si l'héritier d'Araphant osait presser sa revendication, il n'était que de trouver un prétendant légitime à lui opposer.
J'ai compris le sens, mais je ne suis pas sûr qu'il faille formuler l'idée ainsi.

Et sinon, bonne continuation! Razz
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#3
J'ai reformulé dans les trois cas. Effectivement, on pouvait trouver mieux à chaque fois.

D'une façon générale, je n'aime que moyennement les histoires écrites du point de vue des Elfes. Comment mettre en scène intelligemment leurs réactions et leurs sentiments sans tomber dans l'anthropocentrisme ? Tolkien a soigneusement évité l'écueil, tous les écrits du Légendaires étant supposés écrits par les Hobbits. Et les chefs d'œuvre que sont Bilbo et le SdA ne comportant d'Elfes qu'à la marge, les héros principaux étant de type humain. Idem pour les "trois grands contes" que constituent les histoires de Tuor, de Túrin et (dans une moindre mesure) de Beren. Je compte bien faire de même.

Quant à la magie, moins elle apparaît, meilleure sera ma prose, je pense. Bien que je ne répugne pas à l'employer là où elle est nécessaire (on aura sans doute un aperçu des palantirí si je poursuis jusqu'au bout de l'histoire).
Rollant est proz e Oliver est sage.
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La Chanson de Roland
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#4
Mon voyage en avion d'hier a été profitable, et j'ai pu ajouter quelques lignes à une intrigue qui commence à se préciser.

Je me vois donc en mesure de partager avec vous la suite de l'histoire, ou plutôt son début :



Les Fils d'Anárion
ou
Le Prix du sang

Prologue : Veillée funèbre

La tente était obscure et seuls deux bougeoirs y projetaient un demi-jour incertain. Deux figures pleines d’ombre se tenaient non loin de l’entrée, contemplant la haute silhouette allongée sur le catafalque qui occupait la majeure partie de l’espace. Elles restèrent silencieuses un long moment, puis se détournant enfin, dirigèrent leurs pas vers l’extérieur. Les deux hommes continuèrent à marcher un long moment. Ils dépassèrent les alignements de tentes et les multitudes de feux où s’assemblaient les soldats affairés. S’arrêtant au-delà de la dernière ligne de sentinelles, ils se tournèrent vers l’Est et contemplèrent les montagnes lointaines, empourprées par les lueurs du crépuscule mourant.

Deux jours et deux nuits, ils avaient combattu sans relâche ; à l’aube du troisième jour, l’ennemi avait lâché pied. La poursuite avait mené les combattants à travers les lieues de la plaine désolée. Inexorables, ils avaient pourchassé et abattu les bataillons en déroute. Hommes, Nains et créatures plus noires encore, tous les peuples de la Terre du Milieu étaient tombés sous leurs épées. Tous sauf les Elfes, qui n’avaient jamais combattu pour le Seigneur Ténébreux ou pour ses serviteurs. Au bord de l’épuisement, l’armée avait enfin fait halte à la tombée du jour. Pendant que le soleil parcourait le ciel une fois de plus, le campement s’était lentement organisé. Les officiers avaient œuvré sans trêve, rassemblant les troupes éparses et s’efforçant de résoudre les problèmes causés par le difficile acheminement des vivres. Tâche plus sinistre, ils avaient aussi dû s’occuper de la collecte des morts et de leur sépulture.

Mortellement fatigués, leurs épaules affaissées, les deux hommes étaient au-delà des émotions ordinaires. Pareils à deux statues de marbre, ils demeurèrent longtemps sans parler, pendant que le ciel se piquetait d’étoiles. L’un d’eux prit enfin la parole : « Je suis profondément désolé pour ton fils. J’ai dans la bouche le goût amer de la défaite, comme si c’étaient les troupes de l’Alliance qui avaient pris la fuite, et non celles de l’Ennemi. Au milieu de tant de morts, il est presque étrange qu’une seule perte parvienne à nous toucher autant, fut-elle aussi proche de nous. Qu’il ait péri au plus fort de la mêlée, comme un vrai Dúnadan, ne parvient pas même à me mettre du baume au cœur. Oui, il va me manquer, et je suis heureux que notre père ait bien voulu nous décharger des tâches de commandement cette nuit. »

L’autre s’apprêtait à répondre, mais s’interrompit à la vue d’un homme qui marchait à pas vifs dans leur direction. Grand, le regard aigu, tout dans son allure démentait l’armure couverte de poussière qui trahissait un trajet effectué en grande hâte. « Mon père, mon oncle, les gardes m’avaient dit que vous étiez partis dans cette direction. »
- Tu me vois surpris. Je n’avais pas même idée que tu avais déjà reçu ma missive. »
- J’accompagnais jusqu’à Cair Andros les renforts venus d’Anfalas quand votre messager m’a rejoint. J’ai aussitôt piqué des deux pour vous rejoindre au plus vite. Mais je suis surpris de vous voir ici plutôt que dans la tente du Conseil. »
- Notre présence n’était pas indispensable, aussi avons-nous choisis de faire un dernier adieu à ton frère. Tu es jeune encore, et peut-être en es-tu moins affecté, mais ton oncle et moi avons senti le besoin de le pleurer en paix. »
- Je peux le comprendre. Il était votre bras droit et avait été à vos côtés dans toutes vos campagnes. C’était un homme vaillant, et son absence se fera sans doute cruellement ressentir. Mais l’heure n’est pas encore venue de pleurer nos morts, et vous me voyez à votre service. Sitôt les derniers préparatifs effectués, je me tiens prêt à escorter le convoi funéraire.
- Ne crois pas que je t’aie simplement appelé pour prendre en charge sa dépouille. Les funérailles effectuées, je tiens à ce que tu reviennes au plus vite. Si sa mort nous prive effectivement d’un valeureux combattant, j’espère que tu pourras y suppléer honorablement, Meneldil. »

Les trois hommes échangèrent encore quelques paroles, puis le plus jeune repris le chemin du camp. Ses deux aînés s’attardèrent encore un peu à contempler le paysage dessiné par le pinceau de la lune, avant de retourner vers les tâches du présent.
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