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De la hiérarchie des écrits au sein du Légendaire
#1
Hier, dans la section jeux (fuseau "enigme… suite…"), une discussion a eu lieu :

Ereinion Gil-galad a écrit :Cher Dior, toutes les infos des HoME ne sont pas vraies, cependant celles venant du Silmarillion sont irréfutables. Par exemple, je pourrais te dire que Mandos et Nienna sont époux (dixit HoME I), cependant est-ce exact ? Ou alors que dire de Makar ?

Ce à quoi j'ai répondu :

Dior a écrit :Ce débat est HS ici, et je serai fort heureux de le continuer avec toi dans une autre section, si tu le désires. Mais je ne suis absolument pas d'accord, le Silmarillion étant le seul écrit non entièrement rédigé par Tolkien.

Je me permets de revenir sur cette discussion dans la section qui me semble appropriée Smile

Or donc, je ne suis doublement pas d'accord avec Ereinion Gil-galad, tant au niveau de l'interprétation internaliste du Légendaire qu'au niveau de son interprétation externaliste.

Interprétation internaliste :

Comme me le répétait Edouard Kloczko il n'y a pas si longtemps sur un autre forum, au sein du Légendaire, "rien n'est à jeter". Nous sommes en effet en présence de textes, dont plusieurs portent sur les mêmes sujets, et qui semblent parfois se contredire, et c'est normal : ils ont été écrits en fonction des connaissances, des idées et au travers du prisme de la perception de leur auteur. Nous avons en effet au sein du Légendaire des textes d'origine saxonne (ainsi le Livre des Contes perdus, via Eriol), hobbitique (ainsi le Seigneur des Anneaux, le Hobbit, et le Silmarillion de 1977), elfique (ainsi Quendi and Eldar), … Pour la submersion de Númenor, nous avons même trois versions, une d'influence elfique, une núménoréenne et une mixte. Ces différents textes, au sein du Légendaire, ne peuvent donc être rejetés et, a priori, ils se valent tous.

Dans la discussion citée ci-dessus, Ereinion Gil-galad se basait sur le Silmarillion de 1977, alors que je tirais mes informations du Shibboleth of Fëanor (HoMe XII). En interprétation internaliste, ces deux textes, d'origines différentes (hobbitique pour l'un, elfique pour l'autre), se valent et ne sont ni à rejeter, ni irréfutables. Néanmoins, il me semble logique que, quand on débat d'un point strictement elfique (comme c'était le cas pour l'énigme qui nous occupait), le second ait plus d'autorité que le deuxième.

Interprétation externaliste :

Il en va ici assez différemment : certains textes contiennent parfois des conceptions que Tolkien a parfois explicitement rejeté dans d'autres textes subséquents. Par exemple, Laws and customs among the Eldar consacre la théorie de la renaissance pour le retour à la vie des Elfes morts, alors qu'un texte subséquent, The Converse of Manwë and Eru, la rejette explicitement en faveur de la théorie de la reconstitution de la hröa. Fort bien.

On sait aussi que Tolkien a toujours donné la priorité à ses écrits publiés sur ses écrits non publiés. Fort bien encore.

Cela fait-il du Silmarillion de 1977 une œuvre irréfutable ? A mon sens, doublement non : premièrement, ce Silmarillion n'a pas été entièrement rédigé par Tolkien (ainsi, le chapitre sur la chute de Doriath est, comme il l'explique - et s'en repend - dans HoMe XI, en grande partie de la main de Christopher Tolkien; un autre exemple est la filiation de Gil-galad, sur laquelle Christopher revient en HoMe XII). Rendre le Silmarillion irréfutable me semble donc déjà exagéré en ce sens. Mais deuxièmement, et dans le cas qui nous attarde ici, le Shibboleth a été rédigé après les passages utilisés par Christopher pour le Silmarillion de 1977. En ce sens, et sur certains points, le Shibboleth peut exprimer le rejet de conceptions antérieures contenues dans le Silmarillion.


Ainsi, donner la priorité absolue au Silmarillion sur les écrits des HoMes me semble à tout le moins imprudent et questionnable, tant d'un point de vue internaliste que d'un point de vue externaliste.

Cordialement,

Dior.
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#2
Tout à fait d'accord avec toi sur le fond, Dior, mais je voudrais ajouter un mot sur ce que tu dis au sujet de la renaissance des Elfes et de la Converse of Manwë and Eru. Tu dis que ce texte rejette explicitement la renaissance des Elfes. Or :
Tolkien a écrit :Eru answered: 'Let the houseless be re-housed! '
Manwë asked: 'How shall this be done?'
Eru answered: 'Let the body that was destroyed be re-made. Or let the naked fëa be re-born as a child.'
La renaissance n'est donc pas totalement écartée. Cependant, la règle générale sera la reconstruction du hröa, et les quelques candidats à la renaissance devront être considérés par Eru lui-même :
Tolkien a écrit :Then Manwë asked further: 'O Ilúvatar, hast Thou not spoken also of re-birth? Is that too within our power and authority? '
Eru answered: 'It shall be within your authority, but it is not in your power. Those whom ye judge fit to be re-born, if they desire it and understand clearly what they incur, ye shall surrender to Me; and I will consider them.'
Voilà, c'était juste une petite précision au sujet de ce concept difficile, et qui a beaucoup évolué, du retour des Elfes chez les vivants.
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#3
Aglarond : autant pour moi, ça m'apprendra à être plus précis Rolling Eyes

Ce qui rejette explicitement la théorie de la renaissance, c'est un manuscrit intitulé Reincarnation of Elves, et que Christopher mentionne dans ses commentaires sur The Converse of Manwë and Eru.
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