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[Fan-Fiction] Les Chroniques du Faucheur
#2
La suite! Que certains trouveront peut-être au moins aussi cinglée ou décadente qu'un Alice au Pays des Merveilles! ^^
Sur conseil, j'ai également changé la police, afin de rendre le texte plus lisible. Wink



[Image: i890700_corbeaunoir.jpg]

- Ca ne va pas monsieur?

La faux retomba sur le sol boueux. Une main posée contre le mur de la ruelle, Lôkhî vomit et ses déjections vinrent se mêler à la pluie qui inondait le pavé.

-Va-t-en, petit, parvint à articuler l'homme d'une voix rauque. Je vais bien... mais laisse-moi tranquille. Je t'en prie.

- On ne dirait pas, répliqua la voix enfantine.

Mais lorsque Lôkhî tourna la tête sur le côté, le garçon avait disparu. Alors il se retourna et glissant contre le mur de pierre, il s'assit . Il tenait encore à la main le flacon de médecine écarlate qu'il avait bu. Le goût s'était révélé infect. Pas étonnant d'ailleurs pour du sang avarié : à température ambiante il ne pouvait se conserver plus de cinq jours. Il allait en manquer. Avec un reniflement de dépit, L'homme tourna sa main et vida le flacon sur le sol. Le liquide écarlate se mêla aux rigoles qui ruisselaient sur la ruelle en pente et qui menaient jusqu'aux portes de la cité.

Cela faisait à présent plus de deux jours que Lôkhî épiait les hommes qui les franchissaient, tout particulièrement les éclaireurs et les messagers.

- Une perte de temps, se morigéna-t-il. Et il referma le bouchon sur le flacon.

C'est alors qu'un croassement sinistre lui fit lever les yeux au ciel et qu'il découvrit une nuée de crébains survolant la cité. Tel un nuage noir parmi les nuages gris, ils se dirigeaient vers le Château d'Or. De sa main gauche, Lôkhî saisit aussitôt sa faux. Il se mit à courir, trébuchant, en direction du domaine royal. Puis dans un coin de rue, il l'aperçut. Les crébains tournaient autour, croassant, et certains vinrent se poser sur les boiseries sculptées de la toiture. Mais un seul osa descendre plus bas. Plus imposant que tous les autres, ni crébain, ni corneille, mais grand corbeau venu des Contrées Solitaires, une tâche blanche maculait son bec cendré. Se posant sur le rebors d'une fenêtre ouverte, il s'engouffra à l'intérieur de la demeure et disparut de la vue de Lôkhî.

La pierre à aiguiser crissait contre la lame de sa faux. Assis dos contre une roue de charette, Lôkhî passait ainsi le temps. Il se remémorait les légendes sanguinaires de peuples d'orient où les condamnées à mort étaient amassées dans une charette pour être menées à l'échafaud. Et tandis que ces sinistres cortèges se frayaient un chemin à travers des rues bondées de mendiants, un homme vêtu de sang et portant une faux à son épaule les précédait sous un nuage noir de charognards. Lorsque soudain le bruissement d'ailes cendrées le tira de sa rêverie. Une corneille se tenait sur le brancard de la charette, son regard sombre rivé sur lui. Lôkhî la fixa un instant, perplexe, s'attendant à la voir repartir. Mais l'oiseau ne remua que sa tête, poussant un bref cri rauque et lugubre. Alors les lèvres de l'homme esquissèrent un sourire.

- Bonjour à toi aussi ma belle! s'exclama-t-il. Comment se porte Mandos? Ses nouveaux pensionnaires le satisfont-ils? Il est vrai que je n'ai pas été très productif ces derniers temps... ajouta-t-il, la pierre grinçant de nouveau contre sa lame.

Mais la corneille était de marbre.

- Non, bien sûr, tu l'ignores, répliqua Lôkhî face à son mutisme. Tu ne voyages pas dans le pays des ombres, toi. Tu espionnes, du moins c'est ce que disent les légendes...

Il fixa alors son regard sur le Château d'Or.

- Tu vois cette demeure? demanda-t-il en pointant sa pierre à aiguiser vers elle. Voilà ce que j'espionne. Il y a l'intérieur un masque grimaçant qui siffle au pied du Roi, un serpent tissant sa toile autour de sa famille, une araignée qui hante le Rohan...

Et soudain il se leva, bousculant la charette. Surprise la corneille s'envola, tandis que la pierre à aiguiser retombait sur le sol. La faux se mit à fendre l'air et la pluie, puis heurta le sol. Elle le heurta, une fois, deux fois, dix fois. La terre volait sous son passage. La boue giclait sous les bottes du faucheur. Des sillons étaient creusés, des symboles se formaient. Enfin, la lame s'éleva un instant sous un ciel de ténèbres, avant de retomber et de tracer au milieu des graviers un long trait rectiligine. La corneille qui s'était posé sur une corniche au-dessus de l'homme put alors lire ceci sur le sol :
GRIMA


Aussitôt Lôkhî leva ses yeux vers le charognard. Ils n'étaient plus ternes comme tout à l'heure, mais brillaient à présent d'une lueur sauvage, tandis qu'un rictus se formaient sur ses lèvres. Soudain, pointant de sa faux la corneille, il s'écria :

- Que dis-tu de cela ma belle? Et vous, hurla-t-il les bras grand ouverts au milieu de la rue, que dites-vous de cela peuple du Rohan?!

Détournant le regard de son fils, une mère qui passait là s'en fut avec hâte. D'autres lui jetèrent un regard torve, osant à peine fixer son visage peinturé de rouge, effrayés par son rire démentiel. La corneille tournait à présent autour de lui, autour des signes tracés sur le sol, mêlant ses croassements aux grondements du tonnerre. Lorsque soudain l'entière nuée des crébains, qui était demeurée autour du Château d'Or, s'éleva dans le ciel. Aussitôt les regard se levèrent vers leur cohorte croassante et Lôkhî se tut. Comme un signe avant-coureur de calamités, ils recouvrirent de leur ombre un instant la Cité, avant de s'éloigner en direction du nord, guidés par un gigantesque corbeau au bec maculé de neige. Lôkhî se tenait silencieux, au milieu d'une ruelle soudain désertée, sa faux debout dans sa main droite. C'est alors qu'un bruissement d'ailes attira son attention, et qu'il découvrit la corneille perchée sur sa lame. Celle-ci le fixa un instant de son regard aussi noir et glacial qu'un puit sans fond. Puis ouvrant le bec elle poussa à son attention un dernier cri rauque avant de s'envoler. L'homme sourit.

- Bonne chasse à toi aussi, ma soeur, dit-il. Bonne chasse et à bientôt.

Puis sa main gantée de cuir saisit la pierre à aiguiser restée par terre. Ses doigts aux ongles noircis en essuyèrent la boue, avant de la ranger dans le coffin accroché à sa ceinture. Suffisamment aiguisée, sa faux était à présent prête à servir.
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