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Octobre 2009 : Les Étymologies
#28
Bonjour à tous,

D’abord, vous dire que j’ai composé ce message avant d’avoir lu la réponse de Vincent. Je vous donne ma réponse quand même : vous aurez deux points de vue au lieu d’un ! Mais je pense qu’il se rejoignent… Alors voici :

Sur l’invitation de Lomelinde, je prends part à ce fuseau. D’abord, pour réitérer ce simple fait : ma traduction est la traduction française de The Lost Road and Other Writings de J.R.R. Tolkien, édité par Christopher Tolkien. Je pense que vous avez bien compris cela. Je n’ai pas été engagé pour produire une nouvelle édition des Étymologies. Je n’en avais ni la permission, ni le mandat, ni la capacité.

Mais, voulant bien faire, j’ai tenu compte des corrigenda de VT. Il faut remercier Didier Willis pour cela, car c’est lui qui m’a signalé leur existence. Je vais vous raconter comment cela s’est passé, pour que tout soit bien clair. Didier a commencé par me montrer quelques exemples en me signalant certaines erreurs typographiques à corriger. Convaincu du bien-fondé de cette démarche, j’ai tout de suite demandé la permission du Tolkien Estate. À ce stade, je n’avais pas encore consulté les corrigenda, et je pensais qu’il serait possible de les intégrer complètement. La réponse que nous avons reçue, Vincent et moi, fut la suivante : il y avait possibilité de tenir compte des corrigenda de VT pour corriger certaines coquilles ou erreurs, mais il était souhaitable que l’édition de Christopher Tolkien ne soit pas complètement ignorée. Elle avait sa valeur historique et méritait d’être traduite telle quelle, dans le contexte de l’Histoire de la Terre du Milieu. Cette réponse était formulée comme une recommandation, non comme une directive. C’était, ni plus ni moins, le souhait du Tolkien Estate. Inutile de vous dire qu’une telle réponse a été bien reçue.

Quand j’ai enfin mis la main sur une copie des deux numéros de Vinyar Tengwar, j’ai compris que cette réponse était des plus logiques. Si j’intégrais toutes les entrées du corrigenda, je me retrouvais avec une nouvelle édition des Étymologies, revue et corrigée par Carl Hostetter et Patrick Wynne. Ce n’était pas ce que j’envisageais. Si ces deux chercheurs souhaitent publier leur travail sous une forme différente, en l’intégrant au texte des Étymologies, à eux de le faire, s’ils en ont la permission, et s’ils le désirent.

Je n’ai jamais douté de la qualité de leur travail. Ils m’étaient recommandés par Didier Willis, et le Tolkien Estate donnait indirectement sa bénédiction. J’ai donc corrigé toutes les « coquilles » évidentes en suivant leurs indications à la lettre. J’ai considéré que j’avais l’autorité morale de suivre cette démarche en tenant compte du principe suivant : si j’avais de fortes raisons de croire qu’une erreur s’était glissée dans le texte contre la volonté de Christopher Tolkien, j’entrais la correction. J’ai donc pu, à certains endroits, ramener un terme ou une glose qui manquait, corriger une mauvaise lecture, rétablir un astérisque ou une abréviation. J’ai pu me tromper parfois en écartant ou en retenant telle ou telle correction. Mais l’important était que je ne m’écarte pas du principe de base que je m’étais fixé. J’y tenais. Il me satisfaisait, et j’étais convaincu qu’il satisferait le Tolkien Estate. D’ailleurs, il n’y a pas eu de bras de fer entre nous. Le TE était convaincu de la bonne volonté des éditeurs et du traducteur, et j’ai agi avec une entière liberté, selon ce que me dictait ma conscience.

Les Étymologies sont donc parues sous cette forme. Quand on m’a informé de la décision de Dominique Bourgois de publier les Étymologies séparément, il y a quelques mois, le projet était déjà enclenché. On ne m’a pas demandé si je voulais produire une nouvelle édition. Dominique Bourgois n’avait peut-être même pas conscience de cette possibilité. Et la maison Bourgois publie de la littérature : un projet semblable ne relève pas de son champ d’activité. Mais si néanmoins on m’avait fait cette proposition, j’aurais dit non, puisque comme je l’ai dit plus haut, ce travail, qui dépasse mes compétences, revient à Carl Hostetter et Patrick Wynne, qui ont consulté le manuscrit et ont rendu disponible un condensé de leurs observations.

J’espère que j’aurai réussi à clarifier un peu la situation. Vous comprendrez que c’est tout ce que j’ai à dire sur le sujet. Je comprends la déception de certains, qui ont appris la parution de ce livre et pouvaient s’attendre à quelque chose de différent. Mais voilà, ce n’est pas le cas : tout ce qu’il vous reste à faire est de ne pas l’acheter, si vous n’en avez pas besoin. L’éditeur propose et le lecteur dispose, non ?

Pour finir, je vous demanderais une chose, c’est de bien lire ce qui suit et de ne pas avoir peur de me citer si, comme moi, cette situation vous exaspère. Chaque fois que Bourgois publie un nouveau livre de Tolkien, il faut toujours qu’on y voie quelque intention malhonnête, ou un coup de marketing. Pour Les Enfants de Húrin, c’est du raclage de fonds de tiroirs. Pour Les Étymologies, c’est une tentative de duper le lecteur pour lui faire acheter deux fois le même livre. En publiant HoMe ou The Children of Húrin, croyez-vous que le but de Christopher Tolkien est d’enrichir HarperCollins ? Ou d’ajouter à sa fortune déjà considérable pour… quoi ? racheter Walt Disney et faire cesser ses activités ? La famille Tolkien, contrairement à celle de Mickey, pour ne citer qu’un exemple, se préoccupe essentiellement d’une chose : la mémoire de J.R.R. Tolkien et la postérité de ses œuvres. Quiconque pense autrement est soit très mal informé, soit déconnecté du réel.

Quant à la maison Bourgois, elle publie des livres. Je doute fortement que Dominique Bourgois ambitionne de « traire » la vache à lait Tolkien jusqu’à assèchement, et d’ouvrir des bureaux à Londres, New York et Ouagadougou pour absorber la compétition et faire rayonner « une certaine littérature » dans le monde entier ! C’est totalement méconnaître la vocation de cette maison que de lui faire un tel procès… Et si je puis me permettre de vous donner le point de vue d’un étranger : les Français peuvent se considérer très gâtés et chanceux d’avoir encore aujourd’hui une vie culturelle aussi diverse et vivante. Comparativement à ce qui se produit ailleurs, chez vous, la culture est en pleine santé. Elle n’est pas complètement étouffée par les grands conglomérats comme en Amérique du Nord et probablement au Royaume-Uni. Chez moi, toute forme de culture qui ne relève pas des géants du marché est entièrement subventionnée par l’État ; autrement, elle n’existerait pas. Les maisons d’éditions indépendantes qui ont les reins solides, comme c’est le cas avec Bourgois, se comptent désormais sur les doigts de la main. Et je parle bien d'une seule main ! Particulièrement dans ce domaine, les Français sont privilégiés, mais je crois bien qu’ils ne s’en rendent pas compte.

En vous souhaitant une bonne journée !
Daniel
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