02.10.2009, 10:44
Et on continue...
Citation :Puis l'ombre se dissipa, la douleur s'estompa, et Adenor se retrouva de nouveau face à l'androgyne. Pendant un instant il resta sans voix, observant simplement l'autre à l'ouvrage. Celui-ci, avec un bout de tissu vert, pressait la plaie et en retirait le pus jusqu'à ce qu'il n'en sorte plus que du sang écarlate.
- Un maître dans mon pays, commença Adenor, m'avait dit que parmi les rangs des Gwaith-i-Mirdain se comptait un guérisseur de grand renom, un savant dont les pouvoirs dépassaient ceux-mêmes de l'anneau Vilya...
Puis il dévisagea l'androgyne dont le regard ne quittait pas l'avant-bras et demanda :
- Sagissait-il de vous?
Les doigts blancs s'immobilisèrent. La face bicolore du guérisseur se leva et ses yeux vitreux se posèrent sur Adenor.
- Non, répondit-il. L'elfe dont vous parlez n'est plus. Mort peut-être. Ou, à ce que l'on dit, il aurait quitté ces terres pour la mer et le pays de l'Ouest... Je ne sais. Quant à l'Anneau de Guérison, il n'y a rien d'étonnant à ce que la copie soit toujours plus imparfaite que le modèle.
- Voulez-vous dire que...
- Oui. Mais il n'a pas forgé l'anneau. Celebrimbor était l'artiste, lui le modèle. Il n'a fait que transmettre son savoir et sa volonté à l'objet, comme il me les a transmis à moi son disciple.
L'androgyne fouilla alors dans les plis de son manteau, en sortit trois épines bleues et dit :
- Il existe dans les forêts de l'est une fleur mortelle ; une fleur dont les épines changent de couleur selon les saisons. Au printemps elles viennent juste de naître, vertes et pratiquement inoffensives -du moins si l'on considère qu'une forte fièvre ne peut en rien causer la mort... Puis à l'été elles deviennent rouges ; ces épines ont alors un pouvoir anticoagulant très puissant et s'il est grièvement blessé, le guerrier se vide de son sang jusqu'à en mourir. Enfin à l'automne elles sont noires et à l'instar des rouges, les plaies qu'elles provoquent se referment très vite. En contre-partie le sang ne cesse de s'épaissir, provoquant la mort d'une crise cradiaque ou bien encore d'une attaque au cerveau. Quant aux bleues, commença-t-il...
L'androgyne ne finit pas sa phrase. Il planta brusquement les trois épines dans l'avant-bras d'Adenor qui se retint de gêmir. Mais aussitôt une effroyable pensée lui traversa l'esprit.
- Et les bleues? parvint-il à articuler d'une voix blême.
L'androgyne fixa alors son regard sur lui, et ce faisant ses lèvres esquissèrent un sourire narquois.
- Les bleues, dit-il, ne vous feront bien entendu aucun mal. Car à l'hiver cette fleur meurt, ses pétales tombent et il ne lui reste plus que des épines bleues. Celles-là seules ont le pouvoir de purifier toutes les plaies du corps ; même les plus mortelles.
L'elfe soupira, rassuré.
- Mais si je puis me permettre, suggéra le guérisseur qui commençait à panser la blessure, vous auriez pu choisir de mourir dans un endroit qui vous convienne mieux...