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[fanfic] Les héritiers d'Anárion
#4
Mon voyage en avion d'hier a été profitable, et j'ai pu ajouter quelques lignes à une intrigue qui commence à se préciser.

Je me vois donc en mesure de partager avec vous la suite de l'histoire, ou plutôt son début :



Les Fils d'Anárion
ou
Le Prix du sang

Prologue : Veillée funèbre

La tente était obscure et seuls deux bougeoirs y projetaient un demi-jour incertain. Deux figures pleines d’ombre se tenaient non loin de l’entrée, contemplant la haute silhouette allongée sur le catafalque qui occupait la majeure partie de l’espace. Elles restèrent silencieuses un long moment, puis se détournant enfin, dirigèrent leurs pas vers l’extérieur. Les deux hommes continuèrent à marcher un long moment. Ils dépassèrent les alignements de tentes et les multitudes de feux où s’assemblaient les soldats affairés. S’arrêtant au-delà de la dernière ligne de sentinelles, ils se tournèrent vers l’Est et contemplèrent les montagnes lointaines, empourprées par les lueurs du crépuscule mourant.

Deux jours et deux nuits, ils avaient combattu sans relâche ; à l’aube du troisième jour, l’ennemi avait lâché pied. La poursuite avait mené les combattants à travers les lieues de la plaine désolée. Inexorables, ils avaient pourchassé et abattu les bataillons en déroute. Hommes, Nains et créatures plus noires encore, tous les peuples de la Terre du Milieu étaient tombés sous leurs épées. Tous sauf les Elfes, qui n’avaient jamais combattu pour le Seigneur Ténébreux ou pour ses serviteurs. Au bord de l’épuisement, l’armée avait enfin fait halte à la tombée du jour. Pendant que le soleil parcourait le ciel une fois de plus, le campement s’était lentement organisé. Les officiers avaient œuvré sans trêve, rassemblant les troupes éparses et s’efforçant de résoudre les problèmes causés par le difficile acheminement des vivres. Tâche plus sinistre, ils avaient aussi dû s’occuper de la collecte des morts et de leur sépulture.

Mortellement fatigués, leurs épaules affaissées, les deux hommes étaient au-delà des émotions ordinaires. Pareils à deux statues de marbre, ils demeurèrent longtemps sans parler, pendant que le ciel se piquetait d’étoiles. L’un d’eux prit enfin la parole : « Je suis profondément désolé pour ton fils. J’ai dans la bouche le goût amer de la défaite, comme si c’étaient les troupes de l’Alliance qui avaient pris la fuite, et non celles de l’Ennemi. Au milieu de tant de morts, il est presque étrange qu’une seule perte parvienne à nous toucher autant, fut-elle aussi proche de nous. Qu’il ait péri au plus fort de la mêlée, comme un vrai Dúnadan, ne parvient pas même à me mettre du baume au cœur. Oui, il va me manquer, et je suis heureux que notre père ait bien voulu nous décharger des tâches de commandement cette nuit. »

L’autre s’apprêtait à répondre, mais s’interrompit à la vue d’un homme qui marchait à pas vifs dans leur direction. Grand, le regard aigu, tout dans son allure démentait l’armure couverte de poussière qui trahissait un trajet effectué en grande hâte. « Mon père, mon oncle, les gardes m’avaient dit que vous étiez partis dans cette direction. »
- Tu me vois surpris. Je n’avais pas même idée que tu avais déjà reçu ma missive. »
- J’accompagnais jusqu’à Cair Andros les renforts venus d’Anfalas quand votre messager m’a rejoint. J’ai aussitôt piqué des deux pour vous rejoindre au plus vite. Mais je suis surpris de vous voir ici plutôt que dans la tente du Conseil. »
- Notre présence n’était pas indispensable, aussi avons-nous choisis de faire un dernier adieu à ton frère. Tu es jeune encore, et peut-être en es-tu moins affecté, mais ton oncle et moi avons senti le besoin de le pleurer en paix. »
- Je peux le comprendre. Il était votre bras droit et avait été à vos côtés dans toutes vos campagnes. C’était un homme vaillant, et son absence se fera sans doute cruellement ressentir. Mais l’heure n’est pas encore venue de pleurer nos morts, et vous me voyez à votre service. Sitôt les derniers préparatifs effectués, je me tiens prêt à escorter le convoi funéraire.
- Ne crois pas que je t’aie simplement appelé pour prendre en charge sa dépouille. Les funérailles effectuées, je tiens à ce que tu reviennes au plus vite. Si sa mort nous prive effectivement d’un valeureux combattant, j’espère que tu pourras y suppléer honorablement, Meneldil. »

Les trois hommes échangèrent encore quelques paroles, puis le plus jeune repris le chemin du camp. Ses deux aînés s’attardèrent encore un peu à contempler le paysage dessiné par le pinceau de la lune, avant de retourner vers les tâches du présent.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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