06.03.2008, 22:00
Allez, la trad' pour les non-anglophones
:
(*) il ne s'agit pas d'une faute de frappe, comme je l'ai cru aussi, mais d'un terme employé en théologie, qui signifie... efficacité
Il y a donc certes, effet de la Providence. Mais, elle n'aurait pu s'exercer si Bilbo n'avait pas eu pitié de Gollum, aux racines de la Montagne, ni si Sam avait cédé à son dégoût pour lui, ni si Frodo avait profité de l'occasion au Lac interdit pour faire tuer cette créature... Tous ces mouvements de Pitié ont permis l'effet de la Providence. C'est l'"exercice" d'une valeur morale (la Pitié et le pardon) qui au dernier moment permettra la destruction de l'Anneau (mais non la réussite de la Mission, qui était de jeter l'Anneau dans le feu : personne ne l'a jeté, ne s'en est séparé volontairement, ç'eut été impossible. Il est tombé avec Gollum, par accident).

Lettre 191 a écrit :Si vous relisez tous les passages concernant Frodo et l'Anneau, vous verrez non seulement, je pense, qu'il lui était totalement impossible de se défaire de l'Anneau, en acte ou en pensée, surtout au moment où son pouvoir était le plus fort, mais que cet échec était annoncé depuis longtemps. Il a été reçu avec les honneurs parce qu'il avait accepté ce fardeau de son propre chef et avait ensuite accompli tout ce qui était dans les limites, extrêmes, de sa force physique et mentale. Lui (et la Cause) ont été sauvés -- par la Miséricorde, par la valeur et l'efficace(*) suprêmes de la Pitié et du pardon accordé à celui qui l'a blessé.
[...] Je pense plutôt aux dernières prières, mystérieuses, du "Notre Père" : "Ne nous soumet pas à la tentation, mais délivre-nous du mal." Une prière concernant une chose qui ne peut se produire n'aurait aucun sens. Il est tout à fait possible de se retrouver dans des situations qui dépassent notre contrôle. Auquel cas (c'est ce que je crois) être sauvé ou non de la catastrophe dépendra ou non d'une chose apparemment sans rapport : la sainteté d'ensemble (et l'humilité, la miséricorde) de l'individu sacrificiel. Je n'ai pas "combiné" la délivrance [du mal] dans ce cas-ci : une fois de plus, elle suit la logique de l'histoire. (Gollum a eu la possibilité de se repentir, et de rendre la générosité par de l'amour : il se trouvait sur le fil et il est tombé). [...]
Non, Frodo a "échoué". Il est possible qu'une fois l'anneau détruit il n'ait gardé que peu de souvenirs de la dernière scène. Mais il faut admettre ce fait : les créatures incarnées ne peuvent pas, au final, résister au pouvoir du Mal dans ce monde, aussi "bonnes" qu'elles soient ; et l'Auteur de cette Histoire n'est pas l'un d'entre nous.
(*) il ne s'agit pas d'une faute de frappe, comme je l'ai cru aussi, mais d'un terme employé en théologie, qui signifie... efficacité

Il y a donc certes, effet de la Providence. Mais, elle n'aurait pu s'exercer si Bilbo n'avait pas eu pitié de Gollum, aux racines de la Montagne, ni si Sam avait cédé à son dégoût pour lui, ni si Frodo avait profité de l'occasion au Lac interdit pour faire tuer cette créature... Tous ces mouvements de Pitié ont permis l'effet de la Providence. C'est l'"exercice" d'une valeur morale (la Pitié et le pardon) qui au dernier moment permettra la destruction de l'Anneau (mais non la réussite de la Mission, qui était de jeter l'Anneau dans le feu : personne ne l'a jeté, ne s'en est séparé volontairement, ç'eut été impossible. Il est tombé avec Gollum, par accident).
"[Faerie] represents love: that is, a love and respect for all things, 'inanimate' and 'animate', an unpossessive love of them as 'other'."
J.R.R. Tolkien, Essay on Smith of Wootton Major.
J.R.R. Tolkien, Essay on Smith of Wootton Major.