J'ai bien entamé la lecture de HoMe III (je vais commencer la Ve partie du Lai de Leithian), mais je ne peux pas m'empêcher de poster dessus dès à présent (et aussi parce que je comptais faire la même chose pour les Lettres, et que le temps m'avais manqué pour ce faire)
Première chose, j'aime toujours autant l'« objet » livre de Christian Bourgois. Un papier très agréable, une présentation très aérée font que l'on a plaisir à le lire (je voulais déjà le dire pour les Lettres)
Ayant passé beaucoup de temps et consacré beaucoup d'effort à traduire la chanson de Beren et Lúthien pour un poème pas trop long et un résultat bien moins perfectionné, je dois dire que je suis assez impressionné par le travail réalisé par Elen Riot sur le lai de Leithian. Cette traduction m'enthousiasme, en dépit de réserves assez importantes.
Le plus frappant, c'est la volonté de garder tout à la fois les rimes, le mètre (octosyllabes), et même, (ô combien appréciable !) un certain nombre d'allitérations. Je ne sais comment exprimer mon admiration pour avoir réalisé cela sur ces plus de 3000 vers. C'est d'autant plus agréable que le poème en devient merveilleusement agréable à lire, et coule facilement.
Cependant, une telle fidélité littéraire ne va pas sans des concessions, et c'est là que se placent mes réserves. Pourquoi tenir absolument à conserver le mètre (que Tolkien ne respecte pas toujours) et la rime, avec pour conséquence de parfois « déborder » dans la traduction littéraire ? Je suis le premier à préférer, à une traduction littérale morne, une traduction plus littéraire, mais je pense qu'il faut faire très attention en pareil cas.
Par exemple, vers 342, le « preux garçon » qui n'existe pas dans l'original ; ou encore « and lands he loved where laid his sire » qui devient « terre aimée de son propre père » (vers 361) ; ou enfin « the borders of the faëry land » qui devient « bordant Faëry en long ruban » (vers 400).
-> D'où ma question pour Vincent (et Elen Riot, si elle nous fait l'honneur de passer), la décision (mûrement réfléchie je me doute bien), de privilégier la forme et le style à la fidélité littérale au texte, si elle est légitime, n'a-t-elle pas conduit à aller parfois trop loin ?
-> C'est là, je suppose qu'intervient la version billingue en vis-à-vis, qui est très appréciable et un choix judicieux. Mais de là vient une question : pourquoi ne pas avoir adopté cette présentation pour les autres poèmes, comme le Lai des enfants de Húrin ?
-> Enfin, j'ai des erreurs à signaler
- p. 182 arbre numéro 2, on se doute que le Turgon n'est pas son propre père, et comme le signale la phrase qui l'introduit, le frère de Fëanor est bien Fingolfin
- p. 210/211 les numéro de page sont absents (?)
- p. 211 vers 80, je pense que « Dairon » ne rime pas avec « liserons » mais avec « Vérone », par exemple
- enfin, à vérifier, il me semble quil y a une incohérence entre les deux lais, puisque dans l'un on traduit « Faëry » par « Faërie » (ex. p. 16), comme le recueil du même nom, tandis que pour l'autre on conserve la forme anglaise (ex. p. 211). Vu que c'est référencé dans l'index, cela semble être conscient, mais je me demande quand même...
Merci et encore une fois bravo à tous les trois pour ce boulot gigantesque. Avant de l'ouvrir, je ne me rendais pas bien compte à quel point ce livre est à la fois important (tant du point de vue tolkienologique que par sa longueur) et difficile à traduire.
Première chose, j'aime toujours autant l'« objet » livre de Christian Bourgois. Un papier très agréable, une présentation très aérée font que l'on a plaisir à le lire (je voulais déjà le dire pour les Lettres)
Ayant passé beaucoup de temps et consacré beaucoup d'effort à traduire la chanson de Beren et Lúthien pour un poème pas trop long et un résultat bien moins perfectionné, je dois dire que je suis assez impressionné par le travail réalisé par Elen Riot sur le lai de Leithian. Cette traduction m'enthousiasme, en dépit de réserves assez importantes.
Le plus frappant, c'est la volonté de garder tout à la fois les rimes, le mètre (octosyllabes), et même, (ô combien appréciable !) un certain nombre d'allitérations. Je ne sais comment exprimer mon admiration pour avoir réalisé cela sur ces plus de 3000 vers. C'est d'autant plus agréable que le poème en devient merveilleusement agréable à lire, et coule facilement.
Cependant, une telle fidélité littéraire ne va pas sans des concessions, et c'est là que se placent mes réserves. Pourquoi tenir absolument à conserver le mètre (que Tolkien ne respecte pas toujours) et la rime, avec pour conséquence de parfois « déborder » dans la traduction littéraire ? Je suis le premier à préférer, à une traduction littérale morne, une traduction plus littéraire, mais je pense qu'il faut faire très attention en pareil cas.
Par exemple, vers 342, le « preux garçon » qui n'existe pas dans l'original ; ou encore « and lands he loved where laid his sire » qui devient « terre aimée de son propre père » (vers 361) ; ou enfin « the borders of the faëry land » qui devient « bordant Faëry en long ruban » (vers 400).
-> D'où ma question pour Vincent (et Elen Riot, si elle nous fait l'honneur de passer), la décision (mûrement réfléchie je me doute bien), de privilégier la forme et le style à la fidélité littérale au texte, si elle est légitime, n'a-t-elle pas conduit à aller parfois trop loin ?
-> C'est là, je suppose qu'intervient la version billingue en vis-à-vis, qui est très appréciable et un choix judicieux. Mais de là vient une question : pourquoi ne pas avoir adopté cette présentation pour les autres poèmes, comme le Lai des enfants de Húrin ?
-> Enfin, j'ai des erreurs à signaler
- p. 182 arbre numéro 2, on se doute que le Turgon n'est pas son propre père, et comme le signale la phrase qui l'introduit, le frère de Fëanor est bien Fingolfin
- p. 210/211 les numéro de page sont absents (?)
- p. 211 vers 80, je pense que « Dairon » ne rime pas avec « liserons » mais avec « Vérone », par exemple
- enfin, à vérifier, il me semble quil y a une incohérence entre les deux lais, puisque dans l'un on traduit « Faëry » par « Faërie » (ex. p. 16), comme le recueil du même nom, tandis que pour l'autre on conserve la forme anglaise (ex. p. 211). Vu que c'est référencé dans l'index, cela semble être conscient, mais je me demande quand même...
Merci et encore une fois bravo à tous les trois pour ce boulot gigantesque. Avant de l'ouvrir, je ne me rendais pas bien compte à quel point ce livre est à la fois important (tant du point de vue tolkienologique que par sa longueur) et difficile à traduire.