31.08.2024, 12:09
Le problème, avec la question de la couleur de peau, c'est qu'elle est délicate à traiter. Il y a bel et bien de purs réactionnaires et des trumpistes à l'agenda clair et affiché qui ont pu conspuer la série - notamment en s'en prenant aux acteurs (ce qui est assez révélateur !) - autour de ce sujet, ce qui complique l'affaire. La promotion de la série a pu ensuite utiliser à l'envers cela pour essayer de se "défendre", ce qui a permis de faire passer la pilule aussi pour d'autres aspects, par exemple la question de l'inclusion d'éléments "actuels" dans la série (par exemple, la très étonnante scène où des Númenóréens déclarent que des Elfes sont prêts à leur voler leur travail !
La série assume de présenter les trois catégories d'enfants d'Ilúvatar comme des échos de nos sociétés brassées contemporaines, ce qui, évidemment, ne correspond pas à ce qu'on a dans l'œuvre originale, à sa recherche de vraisemblance antico-médiévale (si on met les Hobbits joliment "anachroniques" de côté) et à ses sources d'inspiration (par exemple, la conception des Elfes chez Tolkien reste très liée à un imaginaire originairement nordique/celtique). Pour moi, cela atténue la cohérence et la vraisemblance de l'univers de la série, mais il est vrai que je la regarde d'un point de vue qui ne peut laisser de côté tout ce que je sais des œuvres originales. On peut sans aucune difficulté proposer, dans un autre monde merveilleux, des conditions qui permettent d'avoir le brassage visible dans la série (notamment sous l'angle de la question elfique), mais le plaquer sur les situations "historiquement plausibles" et correspondant aux intentions auctoriales auxquelles on s'attend chez Tolkien, c'est au minimum compliqué. Encore une fois, je comprends absolument, par exemple, qu'une audience universelle soit gênée de voir que les Elfes, représentant une humanité plus pure, plus "parfaite", correspondent à des physiques européens, mais je ne pense pas que ce soit à l'intérieur d'un univers de fiction dérivé s'estimant "découler" de Tolkien qu'il faudrait "corriger" ce qui serait une "erreur" de Tolkien. Je doute qu'il ait jamais considéré, d'ailleurs, l'affaire sous cet angle.
Je pense aussi que cette approche réduit encore plus l'"historicité" fictionnelle de la série, qui n'a en outre guère les moyens de susciter l'impression de profondeur en dehors du prologue, de quelques références permises et de quelques exceptions (mais considérez la frilosité pour faire le lien direct entre Finrod et Beren, par exemple, permis par LoTR mais compliqué par la question des droits) - à plus forte raison dans la mesure où elle a chamboulé la chronologie.
Il est vrai que les autres défauts de la série ont été ensuite plus relevés que ce genre de sujet, mais il existe encore et n'est pas si secondaire que ça, à plus forte raison au regard de la situation très particulière de la série et de ses intentions. Il y a bel et bien une intention affichée de "modernisation" et de transformation : c'est d'ailleurs ce qui m'irritait dans les propos de l'actrice qui joue Disa (Sophia Nomvete), qui étaient clairement discutables (de mémoire, "à partir de maintenant, c'est comme ça qu'il faut considérer et lire Tolkien" - ce qui est très différent par rapport à un propos qui serait, par exemple "voilà notre proposition pour traiter de ces sujets dans la fantasy d'aujourd'hui").
La série assume de présenter les trois catégories d'enfants d'Ilúvatar comme des échos de nos sociétés brassées contemporaines, ce qui, évidemment, ne correspond pas à ce qu'on a dans l'œuvre originale, à sa recherche de vraisemblance antico-médiévale (si on met les Hobbits joliment "anachroniques" de côté) et à ses sources d'inspiration (par exemple, la conception des Elfes chez Tolkien reste très liée à un imaginaire originairement nordique/celtique). Pour moi, cela atténue la cohérence et la vraisemblance de l'univers de la série, mais il est vrai que je la regarde d'un point de vue qui ne peut laisser de côté tout ce que je sais des œuvres originales. On peut sans aucune difficulté proposer, dans un autre monde merveilleux, des conditions qui permettent d'avoir le brassage visible dans la série (notamment sous l'angle de la question elfique), mais le plaquer sur les situations "historiquement plausibles" et correspondant aux intentions auctoriales auxquelles on s'attend chez Tolkien, c'est au minimum compliqué. Encore une fois, je comprends absolument, par exemple, qu'une audience universelle soit gênée de voir que les Elfes, représentant une humanité plus pure, plus "parfaite", correspondent à des physiques européens, mais je ne pense pas que ce soit à l'intérieur d'un univers de fiction dérivé s'estimant "découler" de Tolkien qu'il faudrait "corriger" ce qui serait une "erreur" de Tolkien. Je doute qu'il ait jamais considéré, d'ailleurs, l'affaire sous cet angle.
Je pense aussi que cette approche réduit encore plus l'"historicité" fictionnelle de la série, qui n'a en outre guère les moyens de susciter l'impression de profondeur en dehors du prologue, de quelques références permises et de quelques exceptions (mais considérez la frilosité pour faire le lien direct entre Finrod et Beren, par exemple, permis par LoTR mais compliqué par la question des droits) - à plus forte raison dans la mesure où elle a chamboulé la chronologie.
Il est vrai que les autres défauts de la série ont été ensuite plus relevés que ce genre de sujet, mais il existe encore et n'est pas si secondaire que ça, à plus forte raison au regard de la situation très particulière de la série et de ses intentions. Il y a bel et bien une intention affichée de "modernisation" et de transformation : c'est d'ailleurs ce qui m'irritait dans les propos de l'actrice qui joue Disa (Sophia Nomvete), qui étaient clairement discutables (de mémoire, "à partir de maintenant, c'est comme ça qu'il faut considérer et lire Tolkien" - ce qui est très différent par rapport à un propos qui serait, par exemple "voilà notre proposition pour traiter de ces sujets dans la fantasy d'aujourd'hui").