29.12.2022, 12:43
(Modification du message : 30.12.2022, 17:58 par Chiara Cadrich.)
Mais trop de questions l’assaillent. Qui entretient ce lieu ? Y a déposé des réserves ? Veille à ce qu’une torche en garde l’entrée en permanence ? Pourquoi n’a-t-il pas connaissance de cet endroit, qui lui évoque les légendes de son peuple ?
Au fond de lui, Grumbar sait bien qui prend soin du sanctuaire. Il revoit sa mère penchée au-dessus de son petit chaudron de guérisseuse, exhorter l’esprit des ancêtres à lui accorder leur bénédiction dans la confection de ses baumes et potions. Il se rappelle ses absences au milieu de la nuit, ses vifs conciliabules avec ses sœurs et les palabres avec le chef de clan, lorsqu’il était petit. Il se souvient des rites de passage dont parlaient les jeunes gens de son âge et dont il était exclu. Au fond, il a toujours su qu’un tel endroit existait.
Traversé de sentiments ambivalents, entre rejet et découverte, le jeune homme se recroqueville sur lui-même, comme un œuf au sein de sa matrice. Il est revenu à la maison. Le hasard a retissé pour lui le fil qui s’était rompu. Longuement, Grumbar demeure prostré, avide de cette vie dont le nourrit ce cordon ombilical refaçonné pour lui.
Comme un damné qui retrouve sa dignité, comme un voleur qui s’aperçoit que son larcin lui a toujours appartenu, Grumbar se lève et accomplit le rituel qui l’attendait de toute éternité.
Lentement, sans hésitation aucune, il offre au feu le sacrifice de quelques herbes précieuses et s’imprègne des fumées de couleur qui s’élèvent dans la grotte.
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