09.11.2022, 22:44
(Modification du message : 13.11.2022, 14:03 par Chiara Cadrich.)
Merci Bladorthin !
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Le neveu du chef de clan, l’un des « grands », avait sans doute besoin d’asseoir son autorité vis-à-vis des petits. Levant son nez boutonneux, plein de morve et de morgue, le freluquet se mêla de l’affaire :
– Peuh ! Regardez ! Grumbar le marmonneur fait encore bande à part !
En effet, Grumbar ne semblait trouver plaisir que dans la compagnie de ces amis canins. Et ça, c’était pas normal. La plupart du temps, il baragouinait des choses que seuls semblaient comprendre les chiens, les poneys ou les bœufs. Pas normal du tout… D’ailleurs, Grumbar n’était pas son vrai nom : c’était un surnom signifiant « bougonneur ». Évidemment, ça non plus, c’était pas normal… et pourtant tous l’appelaient ainsi, tellement ça lui allait bien, lorsqu’il avait affaire aux humains !
– Peuh ! Tu ferais mieux d’apprendre sérieusement, avec nous les hommes ! Regarde-toi, tu nages comme tes chiens !
– Mêle-toi de tes affaires, Thorwald !
– En fait, les chiens nagent mieux que toi !
– Et que toi aussi !
La gardienne s’interposa, mais l’affaire s’envenima. Il fut question du père de Grumbar, qui avait été bizarre lui aussi, et pire encore. Encore un truc pas normal… Les enfants sont cruels. Thorwald prétendit même que « Ton père c’est un meurtrier ! » …
On ne sut pas vraiment comment, mais à la fin, le rayon de miel se retrouva projeté sur le nez de Thorwald, et aussitôt un essaim d’abeilles l’attaqua ! De très grosses abeilles…
La gardienne lança immédiatement des herbes dans le feu et plaça les enfants dans la fumée protectrice.
Trop tard pour Thorwald, qui était méconnaissable : ses petits yeux porcins se perdaient dans une face bouffie, congestionnée et cramoisie.
– Hé ben avec ça, t’auras même pas besoin de nager, tu vas flotter comme une baudruche ! ricana Grumbar.
Serrés les uns contre les autres, les autres enfants restaient pétrifiés, les yeux écarquillés, la mâchoire pendante.
La gardienne, les lèvres serrées, les sourcils froncés, contint sa fureur : elle rassembla et emmena les enfants avec des gestes doux, sans réveiller la vindicte des abeilles.
– Je ne te laisserai pas terroriser le clan, jeune Grumbar ! C’est assez de ton père ! Je vais prévenir ta mère et le Conseil des Anciens !
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